Carême 2015 : première semaine

Distinguer la vérité de l’erreur et agir en conséquence

Carême 2015 : première semaine

 

Le mot « carême », en latin « quadragesima », évoque le chiffre quarante, donc les quarante jours qui nous conduiront à Pâques. Ces quarante jours sont un temps de réflexion, une réflexion qui doit provoquer en nous un changement.

Le changement est un thème qui traverse la Bible entière. Déjà l’Ancien Testament, les prophètes en particulier, ont souligné la nécessité d’un changement, d’une nouvelle orientation vers Dieu. Mais fréquemment les prophètes devaient constater que le peuple, au lieu de changer son attitude, persistait dans l’infidélité à Dieu.

C’est ce que je lis, cette semaine, dans une page du prophète Jérémie :

9 « Sur les montagnes je laisse éclater mes pleurs et gémissements

et sur les pâturages du désert j’entonne un chant de deuil.

Car tous ces lieux ont été brûlés, plus personne n’y passe,

et ces terres n’entendent plus le bêlement des troupeaux.

Depuis les oiseaux du ciel jusqu’aux bêtes,

tout s’en est allé, tout s’en est enfuis.

10 Et je ferai de Jérusalem un tas de pierre, un abri pour les chacals,

et des villes de Juda, je ferai des lieux désolés, sans habitants.

11 Quel est l’homme sage qui comprend cela ?

Qu’il proclame la parole que la bouche de Yahvéh lui a adressée,

pourquoi le pays est détruit,

pourquoi il est brûlé comme le désert où personne ne passe ».

12 Et dit, Yahvéh ;

« C’est parce qu’ils ont abandonné l’enseignement que j’avais mis devant eux

et ils n’ont pas écouté ma voix, ils ne se sont pas comportés d’après elle

13 et ils sont allés derrière l’obstination de leur cœur » (Jérémie 9).

Nous sommes vers les années 585 : une partie des habitants de Jérusalem a dû partir en exil et la ville a été détruite par les Babyloniens. Dans cette situation, Jérémie ne peut que laisser la parole à Dieu, Dieu qui, en première personne, exprime son deuil : « je laisse éclater mes pleurs et gémissements » (v. 9). Dieu partage ainsi la douleur que Jérémie vit devant la ville détruite et abandonnée ; Dieu partage aussi la douleur que les exilé(e)s vivent à Babylone en recevant la nouvelle de la destruction de Jérusalem et de son temple.

A la fin de ce poème, qui nous rappelle aussi les quartiers de Bujumbura pendant les moments tragiques d’il y a deux décennies, Dieu prend à nouveau la parole pour donner l’explication fondamentale. La ville a été détruite par les Babyloniens, pour des ‘raisons’ politiques et militaires. Jérémie avait bien mis en garde les autorités et la ville, dans leur politique aveugle. Mais il n’avait pas été écouté. Et derrière ce refus de la parole de Jérémie, il y avait, au fond, le refus de la parole de Dieu : les habitants « ont abandonné l’enseignement que j’avais mis devant eux et ils ne m’ont pas écouté ma voix, ils ne se sont pas comportés d’après elle et ils sont allés derrière l’obstination de leur cœur » (vv. 12-13).

Revenons donc au changement. Le changement que la page de Jérémie nous propose est de ne pas aller derrière l’obstination de notre cœur mais de nous mettre à l’écoute de la voix, de la parole que le Seigneur, aujourd’hui encore, nous adresse jour après jour.

Et sur ce point, je me souviens aussi du Coran qui mentionne ceux qui se repentent. Je lis :

70 Ceux qui sont revenus , et croient en Dieu et font une œuvre vertueuse,

Dieu changera leurs mauvaises actions en actions bonnes,

car Dieu est toute miséricorde et toute indulgence.

71 Quiconque est revenu et a fait une œuvre vertueuse,

c’est à Dieu qu’il revient.

72 ceux qui ne portent pas de faux témoignages

et qui, devant des réalités vaines, s’en écartent avec décision,

73 ceux qui ne deviennent ni sourds ni aveugles

lorsqu’on leur rappelle les signes de leur Seigneur (Sourate 25 : La distinction / Al Furqân).

Cette sourate, on l’a appelée « La distinction », et le Coran en entier, comme aussi la Bible, nous permet de distinguer la vérité de l’erreur1, un comportement fidèle à l’enseignement de Dieu de l’obstination de notre cœur. Profitions de cette semaine pour y réfléchir.


1 Cf. Le Coran. Traduction française et commentaire, par Si Hamza Boubakeur, Maisonneuve & Larose, Paris. 1995, p. 1145.

 

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