Carême 2015 : troisieme semaine

Chercher Dieu et prendre son chemin

Carême 2015 : troisième semaine

 

Pendant deux semaines, je me suis arrêté sur le prophète Jérémie. Maintenant – et aussi pendant la prochaine semaine – je veux prendre mon temps pour lire des versets d’un autre prophète, le prophète Amos. Il est un berger originaire de Teqoa, une petite ville au sud de Jérusalem, mais Dieu le pousse à aller vers le nord, spécialement à Béth-El, un sanctuaire royal. Dans son message, Amos dénonce le luxe des riches oppresseurs des pauvres. Il dénonce aussi un culte qui donne des illusions : les gens imaginent que l’essentiel est de faire des pèlerinages dans les différents sanctuaires : à Béth-El, à Guilgal, à Béer-Shéva. Mais Dieu veut autre chose : il veut que les personnes le cherchent et s’ouvrent à ses exigences fondamentales, en premier lieu la pratique de la justice. Voilà comment on s’ouvre vraiment à la vie.

 4 Oui, ainsi a dit, Yhwh, à la maison d’Israël : Cherchez-moi et vous vivrez.

5 Et ne cherchez pas au temple de Béth-El, et au sanctuaire de Guilgal, n’entrez pas,

ne faites pas de pèlerinage au lieu saint de Béer-Shéva ;

car le Guilgal sera exilé, oui, il sera exilé,

et Béth-El, qui signifie “maison de Dieu”, deviendra Béth-Aven, “maison de faillite”.

6 Cherchez Yhwh et vous vivrez.

Sinon, il viendra comme un feu dans la famille de Joseph,

il brûlera tout à Béth-El, et personne ne pourra l’éteindre.

7 – Hélas : il y a ceux qui changent le droit en poison et jettent à terre la justice ! –

8 Celui qui a fait les groupes d’étoiles, les Pléiades et Orion,

celui qui change l’ombre épaisse en lumière du matin,

celui qui obscurcit le jour pour faire venir la nuit,

celui qui appelle l’eau de la mer et la répand sur la terre,

Yhwh est son nom (Amos 5).

 

La page du prophète est très dure : le culte sans la justice mène à la mort ; c’est ainsi que le temple de Béth-El, « Béth-El, qui signifie “maison de Dieu”, deviendra Béth-Aven, “maison de faillite” » (v. 5). Au lieu d’un culte qui donne des illusions, il faut chercher Dieu : « Cherchez Yhwh et vous vivrez » (v. 6). Et la recherche de Yhwh est aussi la recherche de la justice. Si on ne cherche pas la justice, on change le droit en poison, on jette à terre la justice (v. 7), on refuse Dieu qui prend soin de l’humanité en donnant la lumière et la nuit, et l’eau qui permet la vie.

 

Une invitation à rechercher Dieu et à ne pas nous laisser égarer par des choses futiles et passagères, je la lis aussi dans le Coran. Voici une petite section de la sourate 76 :

25 Et invoque le nom de ton Seigneur, à l’aube et à la fin de l’après-midi.

26 Prosterne-toi devant Lui une partie de la nuit. Glorifie-le longuement la nuit.

27 Mais ils aiment ce qui est éphémère et ne songent pas au jour bien lourd qui les attend.

28 C´est nous qui les avons créés et avons fortifié leur constitution.

Lorsque nous le souhaitons, nous les échangeons contre ses semblables à eux.

29 Ceci est un rappel. Que celui qui souhaite,

qu’il prenne le chemin vers son Seigneur! (Sourate 76 : al-’Insân ; L’homme).

 Les versets 25 et 26 nous indiquent la source à laquelle puiser la force pour faire le bon choix dans notre vie : Dieu. C’est lui qui nous aidera à ne pas nous laisser égarer par ceux qui s’attachent à des choses futiles, passagères, dont il ne restera rien, et qui oublient de s’occuper de la seule chose qui importe : l’heure grave du bilan, devant Dieu. Ces personnes oublient de reconnaître qu’elles sont une création de Dieu. Si nous jouissons d’une bonne santé et d’une certaine position sociale, tout cela est, à la racine, le fruit d’un choix opéré par Dieu, mais la situation pourrait bien se renverser d’un jour à l’autre (v. 28) . Et cette prise de conscience doit nous pousser à un changement : « qu’il prenne le chemin vers son Seigneur » (v. 29). Prenons donc au sérieux cette invitation au changement, une invitation qui retentit fréquemment dans la Bible et dans le Coran.



Cf. La voix „Amoç“, dans O. Odelain et R. Séguineau, Dictionnaire des noms propres de la Bible, Cerf, Paris, 2002, p. 25s. Sur Amos on pourra lire aussi S. Butticaz, Amos, dans T. Römer – J.-D. Macchi – C. Nihan (éd.), Introduction à l’Ancien Testament, Labor et fides, Genève 2004, p. 405ss.

Sur cette page on peut lire L. Alonso Schökel – J.L. Sicre Diaz, I profeti, Borla, Roma 1989, p. 1108ss.

Je dois ces considérations à Meriam-Herzog Tourki, Paroles du Coran pour aujourd’hui, Mediacom, Amiens 1998, p. 401s.

 

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