Ramadan 2015: deuxième semaine

Celui qui vous a façonné(e)s

Ramadan 2015: deuxième semaine

 di Renzo Petraglio

Pendant cette deuxième semaine, je veux savourer avec toi, mon amie, mon ami, un autre des beaux noms de Dieu. En arabe, ce beau nom est Al-Mûsawwir, qui signifie Celui qui façonne, le Formateur, le Modeleur. Il s’agit d’un mot très rare dans le Coran. Je le lis dans la sourate 59.

D’après la tradition, cette sourate est d’époque médinoise, au temps d’un conflit très dur entre Muhammad et un groupe de Juifs, les Banu Nadir. Après avoir évoqué ce conflit (vv. 1-10), la sourate parle des hypocrites (vv. 11-17). Il s’agit de certains habitants de Médine qui avaient promis de soutenir les Banu Nadir et, ensuite, les ont abandonnés à leur sort. Enfin, la dernière partie (vv. 18-24) de la sourate est un chant de louange à Dieu. Voici les derniers versets de ce chant, des versets qui peuvent aider profondément les croyants et les croyantes dans leur relation avec Dieu :

22 Il est Dieu ! Il n’y a de Dieu que lui !

Il est celui qui connaît ce qui est caché et ce qui est apparent.

Il est celui qui fait miséricorde, le Miséricordieux.

23 Il est Dieu ! Il n’y a de Dieu que lui !

Il est le Roi, le Saint, la Paix,

celui qui témoigne de sa propre véridicité,

le Vigilant, le Tout-puissant, le Très-fort, le Très-grand.

Gloire à Dieu !

Il est très éloigné de ce que les hommes lui associent !

24 Il est Dieu, le Créateur,

celui qui donne un commencement à toute chose,

celui qui façonne.

Les noms les plus beaux lui appartiennent.

Ce qui est dans les cieux et sur la terre célèbre ses louanges.

Il est le Tout-puissant, le Sage (Sourate 59,22-24).

 

Cette page nous parle de Dieu : « Les noms les plus beaux lui appartiennent ». Ces noms, ces paroles humaines, sont notre seul moyen pour parler de Dieu, pour dire quelque chose de sa ‘réalité’ qui nous dépasse totalement.

Au terme de cette sourate qui s’ouvrait en évoquant le conflit avec un groupe de Juifs, je retrouve des images qui parlent de Dieu conformément à la tradition juive. C’est le cas des expressions le Miséricordieux, le Roi, le Saint, le Tout-puissant, Le Créateur, la Paix. Comme je te disais en commençant cette page, au verset 24 tu trouves, parmi ces beaux noms,

Al-Mûsawwir. Quand ce terme est utilisé pour parler d’un homme, il signifie le peintre. Mais Mûsawwir, dans  la sourate 59,24, est appliqué à Dieu le désignant comme celui qui façonne.

Et ce verbe me rappelle une page de la Bible. Je traduis :

4b Au jour où Yhwh Elohim fit la terre et le ciel,

5 et il n’y avait encore aucun arbuste de la campagne sur la terre,

et aucune herbe de la campagne ne poussait encore

car le Yhwh Elohim n’avait pas fait pleuvoir sur la terre,

et il n’y avait pas un humain pour cultiver la terre,

6 et une vapeur montait de la terre et arrosait toute la surface de la terre,

7 Yhwh Elohim façonna – comme en le caressant – l’humain poussière de la terre

et il souffla dans ses narines un souffle de vie, et l’humain devint un être vivant (Genèse 2,4b-7).

 Ici, l’écrivain me tient et te tient en suspens jusqu’à la fin du verset 7. Mais à la fin il nous livre l’affirmation fondamentale au sujet de l’humain: chacune et chacun de nous est et reste faiblesse, mais une faiblesse façonnée et caressée par Dieu lui-même, et animée par son souffle. Voilà comment la Bible et le Coran nous encouragent et nous invitent à mettre en Dieu notre confiance.



Cf. Le Coran, par Si Hamza Boubakeur, Maisonneuve & Larose, Paris, 1995, p. 1737.

Cette expression est présente aussi dans d’autres passages du Coran: 7,180; 17,110 ; 20,8.

Cf. Le Coran. Volume II. Traduction de D. Masson, Gallimard, Paris 1967, note à la sourate 59.

Cf. Encyclopédie de l’Islam. Volume XIII. Index, Brill, Leiden – Boston 2007, p. 432.

 

> testo in pdf

> Ramadan 2015