Ramadan 2015: première semaine

« LE TOUT MISERICORDE »

Ramadan 2015: première semaine

 di Renzo Petraglio

Pendant ces semaines de Ramadan, je veux réfléchir avec toi, chère amie, cher ami, sur « les plus beaux noms » de Dieu. En effet, à partir du Coran, la tradition islamique nous rappelle des noms, des attributs ou des caractéristiques de Dieu. Et chacun de ces noms est, mystérieusement, évocateur d’un aspect de la nature divine. Il s’agit de 99 noms différents, mais on est bien conscients du fait que Dieu dépasse tout ce que nous pouvons dire de lui. Voilà pourquoi on dit que, après ces 99 noms, il y en a un autre que Dieu seul connaît.

Personnellement, pendant cette semaine, je veux prendre mon temps pour ‘goûter’ deux parmi ces noms de Dieu. Il s’agit de deux noms très proches l’un de l’autre : en arabe Ar-Rahman et Ar-Rahim. Fréquemment, en français, on les traduit par « Le Tout miséricorde » et « Le Miséricordieux ». En arabe, comme en hébreux, ces mots font référence à l’utérus, au ventre maternel. Ar-Rahman est la Miséricorde toute-embrassante, celle qui contient, comme en une matrice maternelle suprême, tout ce qui existe dans l’univers. Quant à Ar-Rahim, ce terme nous présente Dieu en train d’exercer sa miséricorde envers le fidèle pour lui pardonner ses fautes. On pourrait dire que le premier nom est la maman qui englobe dans son amour tous les enfants, alors que le second est la maman qui court au secours de l’un d’entre eux en difficulté.

Cette idée de la miséricorde est fréquemment commentée par le Coran lui-même. Et dans cette semaine je veux me laisser mettre en question, avec toi, chère amie, cher ami, par les premiers versets de la sourate 55.

1 Le Tout miséricorde

2 a enseigné le Coran,

3 a créé l’être humain

4 et lui a appris à s’exprimer clairement.


5 Le soleil et la lune se suivent selon un calcul rigoureux,

6 les étoiles et les arbres se prosternent (devant lui).

7 Il a élevé le ciel, et il a établi la balance

8 afin que vous ne trompiez pas dans les pesées.

9 Tenez la balance de manière précise et ne trichez pas.

10 Quant à la terre, il l’a aménagée pour les êtres vivants,

11 avec ses fruits et ses palmiers aux régimes bien protégés,

12 ainsi que le blé dans ses épis et la plante aromatique.

13 Vous deux, lequel donc des bienfaits de votre Seigneur oserez-vous renier ?

 Cette page très fine et délicate – on l’a parfois présentée comme « la fiancée du Coran » – n’a pas besoin de commentaire. Elle nous invite, nous deux, à contempler ce que Dieu fait pour l’humanité et à découvrir, dans ses actions, l’expression de sa miséricorde. Mais elle nous engage aussi, elle nous engage à la justice dans nos relations avec les autres.

Cette page, qui nous parle de Dieu comme « Le Tout miséricorde », m’invite aussi au dialogue interreligieux. En effet, la miséricorde de Dieu retentit aussi dans la Bible, Ancien et Nouveau Testament. Et l’expression « le Miséricordieux » est devenue un terme pour s’adresser à Dieu. C’est ainsi que le Siracide, en terminant son livre, nous parle du culte dans le temple de Jérusalem en ces termes:

17 Tout le peuple se pressait ensemble et tombait face contre terre,

pour se prosterner devant le Très-Haut, devant le Saint d’Israël.

18 Puis un chant s’élevait, intense

et au-dessus de la foule la mélodie se faisait douce.

19 Et tout le peuple du pays chantait en prière devant le Miséricordieux (Siracide 50,17-19).

 Et que la prière au Miséricordieux ne soit pas seulement une prière ; qu’elle fasse de nous

des humains – des femmes et aussi des hommes – de miséricorde et de tendresse, des personnes aux entrailles maternelles à l’image de Dieu.


L’expression «Les plus beaux noms» revient plusieurs fois dans le Coran. Cfr. sourate 7,180 ; 17,110 ; 20,8, 59,24.

Cfr. S. Sultan – M. Chebel, Le Coran pour les nuls, First éditions 2009, p. 132.

Ainsi Amadoû Hampâtébâ, écrivain du Mali, dans son livre: Jésus vu par un musulman, Stock, Paris 2000, p. 78s. Cette différence entre ces deux noms était déjà présente dans l’ancienne tradition islamique. Cf. Tabari. Commentaire du Coran. Abrégé, traduit et annoté par P. Godet, Editions d’art les heures claires, Paris, 1983, Vol. I., p. 40.

Cfr. Le Coran. Essais de traduction par J. Berque, Albin Michel, Paris 1995, p. 582.

En arabe, le pronom « vous deux » du v. 13 peur être compris comme interpellant l’homme et la femme, le lecteur et la lectrice du Coran. Cf. Le Coran, par Si Hamza Boubakeur, Maisonneuve & Larose, Paris 1995, p. 1693.

 

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