Eucharistie : 30 août 2020

Seigneur, tu m’as fasciné, tu m’as séduit

Eucharistie : 30 août 2020 : 22ème Dimanche du Temps Ordinaire — Année A

Première lecture
Avec la première lecture, nous sommes vers l’année 600 avant la naissance de Jésus. Le prêtre Pashehour, responsable du temple de Jérusalem, gifle le prophète Jérémie et le fait attacher, pendant toute la nuit, à un poteau à l’entrée du temple (Jér 20,2). C’est après cette expérience que Jérémie s’adresse à Dieu en évoquant sa condition de prophète. Jérémie s’est laissé séduire par Yhwh. C’est ainsi qu’il est devenu son prophète. Il avoue à Dieu : « Tu m’as séduit et je me suis laissé séduire ; tu m’as saisi et tu as vaincu » (v. 7).
Comme prophète de Dieu, Jérémie doit dénoncer ce qui se passe à Jérusalem. Deux mots résument tout : « violence et pillage » (v. 8). Voilà comment une minorité au pouvoir terrorise le peuple et tout le pays . Ces mots du prophète suscitent des réactions de refus. On se moque du prophète, on l’insulte. On l’appelle « La-peur-est-partout ». On veut le dénoncer à l’autorité, on veut le prendre au piège, le séduire avec des mensonges pour le châtier et prendre la revanche sur lui (v. 10). Même les amis intimes du prophète, ceux qui devraient rechercher la paix de Jérémie et prendre soin de lui « attendent que je tombe » (v. 10). Au fond, la parole de Dieu, qui dénonce toute illusion et tout mensonge, ne donne pas au prophète un titre de gloire ; au contraire – dans les personnes qui écoutent le prophète – elle provoque, presque toujours, le refus .
Dans cette situation, Jérémie voudrait se taire, il voudrait ne plus annoncer la parole de Dieu. Mais la force de la parole de Dieu est plus forte que le prophète. Et Jérémie doit avouer : « Mais tout au fond de mon cœur, il y a comme un feu qui me brûle enfermé dans mes os. Je me fatigue à le contenir, mais je n’arrive pas à le vaincre » (v. 9). Oui, la parole de Dieu brûle dans les os du prophète comme un volcan en éruption, et rien ne peut le contenir .

Du livre du prophète Jérémie (20,7-9)
7 Tu m’as séduit, Yhwh,
et je me suis laissé séduire ;

 

tu m’as saisi et tu as vaincu.
Tous les jours on rit de moi,
tout le monde se moque de moi.
8 En effet, chaque fois que je parle,
je dois crier et annoncer :
« Violence et pillage ! ».
Oui, la parole de Yhwh m’expose tout le jour
aux moqueries et aux insultes.
9 Je me dis alors :
« Je ne ferai plus mention de Yhwh,
je ne parlerai plus en son nom ».
Mais tout au fond de mon cœur,
il y a comme un feu qui me brûle
enfermé dans mes os.
Je me fatigue à le contenir,
mais je n’arrive pas à le vaincre.

Psaume
Le psaume 63 est une prière très personnelle. Elle peut être ma prière, ta prière, la prière de n’importe qui. Elle est la prière d’une personne en recherche, une recherche amoureuse : je te cherche (v. 2), j’ai soif de toi, je soupire vers toi, sans toi je suis une terre aride, sans eau ; j’aimerais te voir, me serrer à toi, me rassasier de ta présence ; même pendant la nuit je pense à toi .
Cette recherche, nous dit le titre du psaume (v. 1), est comparée à l’expérience de David : menacé par son fils Absalom (2 Sam 15,13-17,23), il a dû chercher refuge dans le désert .
Après le titre, le poème se déroule en plusieurs strophes.
La première (v. 2) évoque la recherche de Dieu, une recherche « dès l’aube » . Le poète cherche Dieu comme – lorsqu’on est dans le désert – on cherche l’eau. Trois termes caractérisent la sécheresse de cette terre : « aride », « épuisée », « sans eau ». C’est ainsi que le poète nous fait comprendre la soif et le besoin vital qui l’habitent. Et lui, il se présente avec trois mots : « je », « mon âme », « ma chair ». Donc, tout son être est en attente de Dieu , intensément.

 

Dans la deuxième strophe (vv. 3-4), la relation avec Dieu est présentée différemment. Le regard vers Dieu est le regard vers une présence qui me dépasse, comme celle de Dieu dans le temple. C’est une présence qu’on ne peut pas décrire, c’est une présence glorieuse, une présence qui nous communique sa force, et surtout… c’est une présence d’amour, une présence que nos lèvres essaient de chanter.
La troisième strophe (vv. 5-6) revient sur le besoin de chanter à Dieu, de le bénir. Et ce chant va naître d’une vie que seulement Dieu peut rassasier. De l’intervention de Dieu, le poète en est sûr : « comme de viandes grasses, mon âme, ma vie se rassasiera » (v. 6). Et la conséquence est tout à fait évidente : « et, par des lèvres criant la joie, ma bouche te louera » (v. 6).
La dernière strophe qu’on lira ce matin (vv. 8-9) évoque l’intensité de la relation – une relation réciproque – entre Dieu et le poète. Au début et à la fin de la strophe, l’accent est sur l’action de Dieu. Le poète avoue « Oui, tu as été une aide pour moi », et il constate : « ta main droite me soutient fermement ». Et, entre ces deux affirmations, le poète présente sa relation avec Dieu : il se sent protégé par Dieu, par les « ailes » de Dieu. Il peut donc regarder vers l’avenir et dire : « et dans l’ombre de tes ailes je crierai de joie ». Enfin, dans un regard global sur sa vie, il avoue : « Je suis attaché à toi de toute mon âme, de toute ma vie ». Et ici, il faut remarquer le verbe hébreu « dabaq » « attacher », « s’attacher », un verbe qui évoque une relation très intime, comme celle d’un homme qui « s’attache à sa femme » (Gen 2,24). En pensant à ce récit, le psaume évoque l’union du poète avec Dieu : Dieu et le fidèle sont comme deux êtres unis, unis dans le même amour au point de constituer, pour ainsi dire, « une seule chair » .
Quant à nous ce matin, nous qui risquons de perdre tout espoir devant les difficultés du présent, nous qui vivons la gorge serrée et le cœur sec à cause de la peur, nous voulons intervenir avec le refrain qui revient sur la strophe initiale :

Mon âme a soif de toi, Seigneur,
ma chair épuisée soupire vers toi.

Psaume 63 (versets 2. 3-4. 5-6. 8-9)
2 Dieu, tu es mon Dieu ! Dès l’aube je te cherche ;
mon âme, ma vie a soif de toi ;
ma chair soupire vers toi,

 

comme une terre aride et épuisée, sans eau.
Refr. Mon âme a soif de toi, Seigneur,
ma chair épuisée soupire vers toi.

3 Ainsi dans le sanctuaire je t’ai contemplé
pour voir ta force et ta présence glorieuse.
4 Parce que ton amour est bon plus que la vie,
mes lèvres te célébreront.
Refr. Mon âme a soif de toi, Seigneur,
ma chair épuisée soupire vers toi.

5 Ainsi, je te bénirai dans ma vie,
dans ton nom, je lèverai les paumes de mes mains.
6 Comme de viandes grasses, mon âme, ma vie se rassasiera,
et, par des lèvres criant la joie, ma bouche te louera.
Refr. Mon âme a soif de toi, Seigneur,
ma chair épuisée soupire vers toi.

8 Oui, tu as été une aide pour moi,
et dans l’ombre de tes ailes je crierai de joie.
9 Je suis attaché à toi de toute mon âme, de toute ma vie,
et ta main droite me soutient fermement.
Refr. Mon âme a soif de toi, Seigneur,
ma chair épuisée soupire vers toi.

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