Dimanche des rameaux

Dimanche des rameaux

(Eucharistie, 13 avril 2014)

La page de l’Evangile que nous allons écouter dans un instant nous parle de Jésus qui entre à Jérusalem. En effet, au début de la page (v. 1) et aussi à la fin (v. 10), Matthieu insiste sur le nom de la ville.

Dans la première partie du récit (vv. 1-7), Jésus s’adresse à deux disciples et leur demande d’aller chercher une ânesse et son petit. La mention de ces deux animaux rappelle la bénédiction adressée par Jacob à son fils Juda : « l’abondance sera telle qu’il attachera à la vigne son âne et le fils de son ânesse » (Gen 49,11). Mais la mention de ces deux animaux permet à Matthieu, surtout, de présenter Jésus comme messie prince de la paix et « plein de douceur ». Voilà le message pour Sion, qui est comme une jeune fille qui attend son roi.

Dans la seconde partie de la narration (vv. 8-11), il y a la foule très nombreuse, et ensuite les foules, qui accompagnent Jésus et l’acclament avec les mots du psaume : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ». Et, à la ville bouleversée par ce qui est en train de se passer, les foules confessent l’identité de Jésus : « C’est le prophète Jésus, de Nazareth en Galilée ». Et nous aussi, ce matin, avec notre cortège, nous voulons reconnaître Jésus comme prophète, celui qui – à travers sa parole et sa vie toute entière – nous parle de Dieu.

De l’Evangile selon Matthieu (21,1-11)

1 Jésus et ses disciples approchent de Jérusalem. Ils

arrivent près de Bethfagé, vers le mont des Oliviers. Alors Jésus envoie deux disciples, 2 en leur disant : « Allez au village qui est devant vous. Et là, vous trouverez tout de  suite une ânesse attachée avec une corde, et son petit âne avec elle. Détachez-la et amenez-les-moi. 3 Et si quelqu’un vous dit quelque chose, vous répondrez : “Le Seigneur en a besoin”, et il les laissera partir tout de suite ». 4 Cela arriva afin que se réalise ce que le prophète a dit de la part du Seigneur :
5 « Dites à Sion, qui est comme une jeune fille (Is 62,11) :Voici : ton roi vient vers toi !
Il est plein de douceur.
Il est monté sur une ânesse et sur un ânon,
le petit d’une bête qui porte des charges” » (Za 9,9 grec).
6 Les disciples partent et ils font comme Jésus leur a ordonné. 7 Ils amènent l’ânesse et l’ânon. Ils posent des vêtements sur eux, et Jésus s’assoit dessus.
8 La foule, très nombreuse, étend ses vêtements sur le chemin. D’autres coupent des branches d’arbres et ils les étendent sur le chemin. 9 Les foules qui marchent devant Jésus et celles qui le suivent crient disant : « Gloire au Fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur (Ps 118,26) ! Gloire à Dieu au plus haut des cieux ! ».

10 Et, quand Jésus entre à Jérusalem, toute la ville est bouleversée et se demande : « Qui est cet homme ? ». 11 Et les foules répondent : « C’est le prophète Jésus, de la ville de Nazareth en Galilée ».

Du récit de la passion et de la mort de Jésus, nous allons écouter sept sections.

Dans la première (vv. 1-2), nous avons Jésus conduit devant Pilate. Et Matthieu souligne que cette décision a été prise par « tous les grands prêtres et les anciens du peuple ensemble ». Ce sont eux qui ont pris « la décision de faire mourir Jésus ». Voilà pourquoi ils le conduisent à Pilate « lié », lié comme une personne qui représente une menace.

Dans la deuxième section (vv. 3-10), Judas prend conscience du mal qu’il vient d’accomplir. Aux grands prêtres et aux anciens, il avoue : « J’ai erré, j’ai livré un innocent à la mort ». Il restitue l’argent reçu. Ensuite, dans son désespoir, il se suicide. Quel contraste avec l’insensibilité des grands prêtres, qui n’ont aucun remord ! Ils acceptent les trente pièces d’argent (vv. 3.9) liées au sang de Jésus et ils achètent le champ du sang. Et, à travers une référence à l’Ancien Testament (Za 11,12s ; Jér 32,6-15), Matthieu voit dans ces trente pièces la valeur misérable à laquelle les grands prêtres ont réduit Jésus : trente pièces pour son sang, voilà « le prix du précieux ».

Dans la troisième section (vv. 11-26), Jésus est devant Pilate. Le gouverneur parle d’abord à Jésus (vv. 11-14), ensuite à la foule (vv. 15-26). A Pilate qui lui demande s’il est le roi des Juifs, Jésus répond en prenant les distances. Quand Pilate lui mentionne les accusations exprimées par les autorités juives, Jésus ne répond pas. Et le contraste est évident : les accusations portées par les méchants et le silence du juste1.

Quant à la foule, qui est manipulée par les autorités juives, elle est de plus en plus incontrôlée. Matthieu parle d’abord de la foule et des foules (vv. 15.20) ; ensuite il y a

le mot « tous » et enfin « tout le peuple » (vv. 22.25). En effet, c’est tout le peuple qui perd la tête et veut s’assumer, avec ses fils, la responsabilité de la mort de Jésus : « Que son sang soit sur nous et sur nos enfants ! » (v. 25).

Enfin, toujours dans cette section, il y a aussi un autre contraste : si Pilate n’a pas le courage d’assumer ses responsabilités et se lave les mains, sa femme, une femme païenne, reconnaît Jésus comme un homme « juste » (v. 19).

Dans la quatrième section (vv. 27-31), les soldats se moquent de Jésus à la présence de toute la troupe (environ 600-1000 hommes). D’abord, Jésus est habillé comme un roi : un habit rouge, une couronne de branches épineuses, un roseau dans la main. Ensuite les soldats se mettent à genoux devant lui, se moquent de lui et le saluent comme roi : « Salut, roi des Juifs ». Enfin, après la dérision, il y a les mauvais traitements : ils crachent sur lui et le frappent. Et, après cela, ils l’emmènent pour le crucifier.

La cinquième section (vv. 32-44) nous présente le chemin de la croix, la crucifixion et la dérision du crucifié. Jésus est sans force et les soldats obligent un homme de Cyrène à porter la croix. Arrivé au Golgotha, on donne à Jésus du vin mélangé avec un liquide amer : comme dans le Psaume, donner du poison comme nourriture et du vin mélangé avec du fiel, sont des formes d’insulte (Ps 69, 21-22). Plein de respect pour Jésus, Matthieu ne mentionne pas le geste des soldats qui le déshabillent, et pour la douleur de la crucifixion, il se limite à dire « Après

l’avoir crucifié » (v. 35). Au contraire, le narrateur souligne la dérision dont Jésus est fait objet : c’est la dérision exprimée par les gens qui passent et par les trois groupes qui composent le sanhédrin : les chefs des prêtres, les maîtres de la loi, les anciens. Enfin, il y a aussi les bandits, crucifiés avec lui, qui l’insultent. 

Dans la sixième section (vv. 45-56), Matthieu nous parle de la mort de Jésus. Il mentionne d’abord le cri de Jésus : « Éli, Éli, lema sabaktani ? ». C’est le début du psaume 22. Et dans cette phrase, le mot « lema » exprime une interrogation-reproche : « pourquoi ? ». Jésus s’adresse à Dieu ; il ne l’appelle plus « abba, papa » comme au Gethsémani, mais Dieu, « mon Dieu » (« Eli » en hébreu), le Dieu qui m’a abandonné. Voilà les derniers mots de Jésus, et, ensuite, encore un grand cri, et… Jésus « rend l’esprit » (v. 50).

Et, à la mort de Jésus, « le grand rideau qui est dans le temple se déchire en deux morceaux, depuis le haut jusqu’en bas » (v. 51). C’est donc dans la mort de Jésus que la présence de Dieu, une présence cachée et voilée dans le temple, se manifeste à la terre toute entière. Les païens, l’officier romain et ses soldats, reconnaissent Jésus comme un « Fils de Dieu » (v. 54), et la nouvelle humanité libérée de la mort2, « beaucoup d’amis de Dieu, qui étaient morts », se manifeste (v. 53). Quant au groupe de Jésus, les hommes, déjà au Gethsémani, tous l’ont abandonné et ont pris la fuite (26,56) ; mais les femmes, elles sont là, depuis toujours et jusqu’à la fin (27,55s).

Enfin, la septième section (vv. 57-61) : la mise au tombeau. C’est seulement un inconnu, Josephd’Arimathée, qui s’occupe de la sépulture de Jésus. Il enveloppe le corps nu de Jésus dans un drap propre, il lemet dans le tombeau tout neuf qu’il vient de faire creuser pour lui-même. Il ferme l’entrée de la tombe avec une pierre, et il s’en va. Et ça, sous les yeux de Marie de Magdala et l’autre Marie, assises en face de la tombe. Et ces femmes, témoins de la mort et de la sépulture de Jésus, nous les retrouverons dans une semaine, comme femmes témoins de la résurrection.

De l’Evangile de Matthieu (26,14-27,61)

Jésus emmené devant Pilate

1 Le matin venu, tous les grands prêtres et les anciens du peuple prirent ensemble la décision de faire mourir Jésus. 2 Et après l’avoir lié, ils l’emmènent et le livrent à Pilate, le gouverneur romain.

Remords et suicide de Judas – pas de remords chez les prêtres

3 Judas, celui qui a livré Jésus, voit qu’on l’a condamné. Alors il regrette ce qu’il a fait et il va rendre les trente pièces d’argent aux chefs des prêtres et aux anciens. 4 Il leur dit : « J’ai erré, j’ai livré un innocent à la mort ». Ils lui disent : « Que nous importe ? Cela te regarde ». 5 Judas jette l’argent dans le temple et il part. Ensuite il s’éloigne et va se pendre.

6 Les chefs des prêtres ramassent l’argent en disant : « Il n’est pas permis de le mettre avec les offrandes du temple. En effet, c’est le prix du sang ». 7 Ils se mettent d’accord et avec cet argent, ils achètent le champ du potier pour en faire un cimetière des étrangers. 8 Voilà > continua a leggere