La promesse de Dieu: une terre… et une vie nouvelle

La promesse de Dieu: une terre …
et une vie nouvelle

(Carême 2014 : sixième semaine)

Pour cette dernière semaine de carême, je veux te proposer, chère amie et cher ami, une page un peu difficile. Elle nous parle de Dieu qui fait alliance avec Abram et lui promet une terre : du Nil à l’Euphrate. Le fait que Dieu décide de faire alliance avec un homme est très surprenant. Pour quelle raison Dieu s’intéresse-t-il des humains ? Pourquoi  prend-il soin d’eux ? Nous, les humains, nous sommes faiblesse, sans consistance, sans avenir. Et c’est à nous, c’est à un humain, que Dieu va faire une promesse ? En plus, tu le verras, dans la page que je vais lire avec toi, la forme de cette promesse est déconcertante. En effet, dans cette narration, celui qui fait sa promesse souhaite, à soi-même, la mort s’il n’accomplira pas sa promesse.

A l’époque des patriarches, dans une alliance bilatérale, les deux contractants passaient entre les morceaux d’un animal tué, en appelant sur eux-mêmes le sort fait aux animaux, au cas où ils seront infidèles aux engagements du contrat1. Mais, dans le texte de la Genèse, il y a une promesse unilatérale, un engagement unilatéral de Dieu. Voici:

9 dit à Abram : «Amène-moi une jeune vache de trois ans, une chèvre de trois ans, un bélier de trois ans, une tourterelle et un jeune pigeon ». 10 Abram amène tous ces animaux. Il les coupe en deux et il place les moitiés l’une en face de l’autre. Mais il ne coupe pas les oiseaux. 11 Des oiseaux rapaces descendent sur les cadavres, mais Abram les chasse.

12 Au coucher du soleil, une torpeur saisit Abram. Et voici : une terreur et une grande ténèbre tombent sur lui.13 Et dit à Abram : «Tu dois savoir ceci: ta descendance demeurera dans un pays comme immigrée. Ils deviendront des esclaves, et on les écrasera pendant quatre cents ans. 14 Je serai juge aussi de la nation qu’ils serviront, ils sortiront alors avec de grands biens. 15 Toi, en paix, tu rejoindras tes pères et tu seras enseveli après une heureuse vieillesse. 16 A la quatrième génération, ta descendance reviendra ici ».

17 Et il advient : le soleil se couche. Et c’est l’obscurité. Et voici : un four fumant et une torche de feu passent entre les morceaux des animaux partagés. 18 En ce jour, Yhwh conclut une alliance avec Abram en ces termes : « C’est à ta descendance que je donne ce pays, du fleuve d’Egypte au grand fleuve, le fleuve Euphrate » (Genèse 15).

Le narrateur nous présente d’abord le décor, le scénario : Abram tue les animaux et les partage en deux, « les moitiés l’une en face de l’autre » (v. 10). Soudainement une menace apparaît qui pourrait tout faire échouer2 : « Des oiseaux rapaces descendent sur les cadavres » (v. 11) des animaux. Abram les chasse et, ensuite, il est saisi par une « torpeur » (v. 12).

Pour « torpeur », en hébreu il y a un mot très rare, « tardémâh », un mot utilisé seulement huit fois dans toute la Bible. Et il est utilisé seulement pour parler d’un sommeil qui se termine par une surprise, une surprise énorme. En effet, dans notre page, quand Abram se réveille, Dieu, comme « un four fumant et une torche de feu » (v. 17), passe entre les morceaux des animaux qu’Abram a tués. Voilà comment, d’après notre narrateur, Dieu exprime sa promesse : en souhaitant – pour ainsi dire – d’être partagé comme les animaux s’il ne la maintiendra ! Nous avons ici, bien sûr, un récit poétique, un récit imaginaire. Mais à travers cette image et ce récit, le narrateur biblique nous dit que Dieu s’engage, de son initiative et pour toujours, à maintenir sa promesse : le don d’une terre.

Une image semblable, tu va la retrouver aussi dans le Coran3 :

260 lorsque Abraham dit : « Seigneur! Montre-moi comment tu ressuscites les morts ».

Dieu dit : « Ne crois-tu pas encore ? ».

« Si, ! – dit Abraham – Mais ce n’est que pour la sérénité de mon cœur ».

« Prends donc – dit le Seigneur – quatre oiseaux. Découpe-les et mets un morceau sur chaque montagne. Puis appelle-les. Ils viendront à toi en toute vitesse. Et sache que Dieu est tout-puissant et sage » (Sourate 2)4.

Le récit du Coran nous donne un message très clair : à une personne morte, même à une personne tuée et faite en morceaux par la violence des humains, Dieu va donner une vie nouvelle, la résurrection.

C’est le moment de terminer. Et je t’invite, mon amie, mon ami, à affronter la vie et l’avenir avec confiance. En effet, Dieu s’engage pour chacune et chacun. Il se préoccupe de nous donner une terre, un espace qui nous permet de vivre aujourd’hui. Et, à la fin de notre vie ici-bas, Dieu ne nous oubliera pas. Dieu ne nous abandonnera pas dans la mort. D’une façon nouvelle et inimaginable, nous serons encore ensemble. En ayant pleine confiance dans ce ‘rêve’ de Dieu, et comme signe de cet avenir que Dieu nous donnera au moment de notre mort, à toi, chère amie et cher ami, une accolade de tendresse.

Renzo


1 Cf. W. Vogels, Abraham et sa légende. Genèse 12,1-25,11, Cerf – Médiaspaul, Paris – Montréal, 1006, p. 182.

2 Cf. ibidem, p. 180.

3 Pour la proximité entre ce récit de la Bible et celui du Coran, on peut lire Dictionnaire du Coran, sous la direction de M. Ali Amir-Moezzi, Laffont, Paris, 2007, p. 10. Cf. Le Coran. Traduction et commentaire. Sourate I-V, par Si-Hamza Boubakeur, Enag, Alger, 1994, p. 281. Cf. aussi Il Corano, a cura di A. Ventura, Mondadori, Milano, p. 460.

4 Une traduction presque identique dans Cf. Le Coran. Traduction et commentaire. Sourate I-V, par Si-Hamza Boubakeur, Enag, Alger, 1994, p. 281.