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«Approchez-vous de Dieu et il s’approchera de vous» (Jacques 4,8a)

Carême 2015 : sixième semaine

 

Pendant cette dernière semaine de carême, je veux lire avec toi, mon amie, mon ami, une page de la lettre de Jacques. Sur l’auteur de la lettre qui se présente comme « Jacques, serviteur de Dieu et de notre Seigneur Jésus Christ » (Jc 1,1) nous ne savons presque rien. Mais nous savons bien, grâce à la lettre, comment se comportent les destinataires auxquels l’auteur s’adresse. Les conflits sont là, des luttes qui naissent de la volonté de satisfaire de mauvais désirs. Je lis :

“1 D’où viennent les guerres ? D’où viennent les luttes entre vous ?

Est-ce qu’elles ne viennent pas des désirs mauvais qui luttent dans votre corps tout entier ?

2 Vous voulez quelque chose et vous ne pouvez pas l’avoir ? Alors vous êtes prêts à tuer.

Vous êtes pleins de désirs sans rien pouvoir obtenir ?

Alors vous vous lancez dans des querelles et des conflits.

Vous n’avez pas ce que vous voulez, parce que vous ne savez pas demander !

3 Vous demandez et ne recevez pas parce que vous demandez mal ;

vous demandez seulement pour satisfaire vos mauvais désirs.

4 Infidèles que vous êtes !

Ne savez-vous pas que l’amitié pour ce monde de l’injustice est inimitié contre Dieu ?

Celui qui veut être ami du monde de l’injustice se rend donc ennemi de Dieu.

5 Pensez-vous que l’Ecriture parle en vain lorsqu’elle dit :

« Dieu aime très vivement l’esprit qu’il a mis en nous » ?

6 Il donne d’ailleurs une grâce encore plus grande. Car l’Écriture dit aussi :

 « Dieu résiste aux orgueilleux, mais il donne sa grâce aux pauvres » (Prov 3,34).

7 Alors obéissez à Dieu, mais résistez au diable, au diviseur, et il va fuir loin de vous.

8 Approchez-vous de Dieu et il s’approchera de vous.

Purifiez vos mains, peuple coupable ;

nettoyez vos cœurs, vous qui êtes des personnes intérieurement partagées !

9 Reconnaissez votre misère, prenez le deuil, pleurez ;

que votre rire se change en deuil, et votre joie en tristesse !

10 Prenez conscience de votre pauvreté devant le Seigneur, et il vous élèvera” (Jacques 4).

 

La situation que ces chrétiens vivent est totalement incohérente par rapport à la volonté de Dieu. Au lieu d’accepter la souveraineté de Dieu, ils préfèrent l’amitié pour le monde, « ce monde de l’injustice » (v. 4 ; cf. 3,6). Voilà pourquoi un changement s’impose : s’ouvrir à Dieu et résister « au diable, au diviseur » (v. 7), à celui qui veut nous séparer de Dieu. C’est l’invitation que Jacques adresse à ses destinataires. Et l’auteur nous encourage : « Approchez-vous de Dieu et il s’approchera de vous » (v. 8a).

Après cet encouragement, voilà sept impératifs (vv. 8b-9). Il faut changer nos comportements, il faut changer notre cœur. Nous devons reconnaître notre misère. Et encore : « Prenez conscience de votre pauvreté devant le Seigneur, et il vous élèvera » (v. 10). Et avec cet impératif, Jacques revient sur le livre des Proverbes cité au verset 6 : « Dieu résiste aux orgueilleux mais il donne sa grâce aux pauvres ».

Jacques nous invite aussi à abandonner les joies, les satisfactions que nous avons cherchées en nous présentant comme des personnes importantes et révérées, des personnes qui s’imposent sur les autres : «que votre rire se change en deuil, et votre joie en tristesse !» (v. 9).

Ce changement me rappelle aussi le changement auquel le Coran exhorte :

“70 … ceux qui se repentent, qui croient sincèrement en Dieu et qui font de bonnes œuvres :

ceux-là, Dieu transformera leurs mauvaises actions en excellence,

car Dieu est tout pardon, toute miséricorde.

71 Celui qui se repent et accomplit une bonne action, il revient à Dieu d’un véritable repentir.

72 Ceux-là ne portent pas de faux témoignages

et, se trouvant en présence des choses vaines, s’en écartent avec dignité,

73 et, quand on leur rappelle les signes de leur Seigneur,

ils ne sont ni sourds ni aveugles devant eux” (Sourate 25 : al-Furqân, Le critère).

 

Le message est très clair : il faut mettre en Dieu toute notre confiance, il faut nous engager dans des œuvres bonnes et vraies. Il faut éviter tout ce qui, dans nos relations sociales comportent de faux-semblants, de mensonges, des insultes et des jugements injustes : des réalités qui, à la racine, nous séparent de Dieu. Voilà le ‘repentir’, le changement auquel le Coran nous invite. Voilà aussi le rire et la joie par rapport auxquelles – comme Jacques nous le rappelait – nous devons prendre la distance.


Pour la signification di mot ‘diable’ ou ‘diviseur’, cf. La bible, Bayard /Médiaspaul, Paris / Montréal, 2001, p. 3146-3148
Pour l’impératif « Reconnaissez votre misère » du v. 9, cf. F. Mussner, La lettera di Giacomo, Paideia, Brescia, 1970, p. 265.
Cf. Le Coran. L’Appel. Traduit et commenté par A. Chouraqui, Ed. Robert Laffont, Paris, 1990, p. 724.
Pour ce verbe très fréquent dans le Coran, cf. A. Godin – R. Foehrlé, Coran thématique. Classification thématique des versets du Saint Coran, Editions Al-Qalam, Paris, 2004, pp. 876ss. Cf. aussi Dictionnaire du Coran, sous la direction de M. A. Amir-Moezzi, Laffont, Paris, 2007, pp. 742s.

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