Avent 2015_I-semaine

Miséricorde: l’Ancien Testament
et le Coran

(Avent 2015 : première semaine)

 

Pendant ces quatre semaines de l’avent, je veux lire avec toi, chère amie, cher ami, des textes de l’Ancien Testament à propos de la miséricorde. Et je pense commencer avec une page du Pentateuque, qui est la première partie de l’Ancien Testament en hébreu. Il s’agit d’un petit passage du livre de l’Exode.

Le mot exode signifie ‘sortie’. En effet, ce livre biblique nous parle d’Israël que Dieu fait sortir de l’Egypte, « le la maison de servitude» (13,3.14 et 20,2). Mais le peuple, malgré l’intervention de Dieu en sa faveur, se tourne vers d’autres divinités et veut avoir un dieu construit par des mains humaines : un veau fabriqué en métal fondu, en or (32,1ss). Mais, malgré cette infidélité du peuple, Dieu rencontre Moïse et se manifeste comme Dieu de miséricorde. Je lis :

5 Et descend, Yhwh, dans une nuée et il se tient là, avec Moïse,

et Moïse proclame son nom : « Yhwh ».

6 Et passe, Yhwh, devant Moïse et proclame :

« Yhwh, oui, je suis Yhwh,

 Dieu, qui a miséricorde et qui fait grâce, qui est lent à la colère, plein d’amour et de fidélité,

7 qui conserve sa fidélité pour des milliers de générations

et supporte la faute, la révolte et les errements, mais sans considérer innocent celui qui ne l’est pas,

et examinant la faute des pères chez les fils et chez les petits-fils

jusqu’à la troisième et la quatrième génération » (Exode 34,5-7).

Cette page, on peut la considérer comme la meilleure ‘définition’ de Dieu dans tout l’Ancien Testament. En elle, Dieu proclame son nom, Yahvéh, et se présente comme Dieu miséricordieux et qui fait grâce, Dieu plein d’amour et de fidélité dans sa relation avec les humains. La miséricorde de Dieu est exprimée, en hébreu à travers le verbe raham, qui signifie, à la lettre, avoir des entrailles maternelles.

En soulignant la bonté extraordinaire de Dieu, le verset 7 utilise une comparaison entre la fidélité de Dieu et son regard sur nos fautes. Le regard de Dieu sur nos fautes s’arrête à trois ou quatre générations : est-ce que mes fils et mes petits-fils vont éviter de commettre les mêmes fautes que moi ?

Mais la fidélité de Dieu, son pardon et sa miséricorde vont bien au-delà de trois ou quatre générations. Sa fidélité et son amour dépassent tout ce que nous pouvons imaginer. En effet, Dieu « conserve sa fidélité pour des milliers de générations » (v. 7).

En lisant cette page de la Bible sur la miséricorde, spontanément me vient à l’esprit aussi le Coran. En effet le Coran au commencement de la première sourate et de toutes les suivantes sauf une, commence par ces mots :

1 Au nom de Dieu, le tout miséricordieux, le très miséricordieux.

2 Louange à Dieu, le Seigneur du monde,

3 le tout miséricordieux, le très miséricordieux,

4 possesseur du jour du jugement.

5 C’est toi que nous adorons, c’est toi dont nous demandons l’aide.

6 Dirige-nous vers le chemin droit,

7 le chemin de ceux que tu as gratifiés, contre lesquels pas en colère

et qui ne sont pas égarés (La liminaire / Sourate 1,1-7).

Derrière les mots « le tout miséricordieux » et « le très miséricordieux », je retrouve errahmân et er-rahîm, deux termes arabes très proches de l’hébreu raham que j’ai lu dans l’Exode. Sur ces deux racines, je veux laisser la parole à un écrivain musulman du Mali : Amadou Hampâté Bâ. Dans une conférence faite à Niamey devant la commission épiscopale des relations avec l’Islam, Hampâté Bâ disait : « Errahmân est la Miséricorde tout-embrassante, celle qui contient, comme en une matrice maternelle suprême, tout ce qui existe dans l’univers. Le second nom, plus actif, est censé s’exercer envers le fidèle pour lui pardonner ses fautes. On pourrait dire que le premier nom, c’est la maman qui englobe dans son amour tous ses enfants, alors que le second, c’est la maman qui court au secours d’un d’entre eux en difficulté ».

A ce Dieu tout miséricorde et au ventre maternel, nous ne pouvons que nous abandonner plein confiance. Et, en lui, nous allons nous rencontrer, ma chère sœur, mon cher frère, dans une accolade de tendresse.


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