Eucharistie 5 février 2017

Fais en morceaux ton pain… et tu seras lumière

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Eucharistie, 5 février 2017

Première lecture

La première lecture de ce matin est une page d’un prophète sans nom, une page qu’on a conservée dans le livre d’Isaïe.

Après l’exil à Babylone, le peuple imagine que Dieu exige des pratiques rituelles et des jeûnes. Mais Dieu n’a pas besoin de ça. Dieu – à travers le prophète – nous demande de prendre soin des personnes marginalisées, celles qui ont faim, celles qui sont sans abri, celles qui sont accusées injustement et écrasées par la corruption et le pouvoir dominant. Oui, Dieu nous demande d’ouvrir nos yeux sur ces personnes. En effet, nous dit le prophète, elles sont « ta chair » (v. 7), faiblesse comme toi.

Et si tu prends soin de ces personnes, « si tu offres ta vie à l’affamé, et si tu rassasies la vie de l’indigent » (v. 10), le Seigneur rassasiera ta vie. « Il rassasiera ta vie même dans des lieux arides » (v. 11) et dans ta détresse ; et « ta blessure ne tardera pas à se cicatriser » (v. 8).

La présence du Seigneur auprès de toi sera comme celle qui a accompagné le peuple à la sortie de l’esclavage. Il y aura un nouvel exode, un cortège ouvert par « ta justice », un cortège auquel Dieu lui-même participera : il « fermera la marche derrière toi » (v. 8).

Quant à toi, tu deviendras lumière : « ta lumière jaillira comme l’aurore » (v. 8), « ta lumière se lèvera sur les ténèbres » (v. 10). Et ta lumière, ton engagement pour la justice, donnera du courage aussi aux autres : « Grâce à toi, on rebâtira les dévastations du passé » (v. 12) et tout ce que la guerre et la violence ont détruit, à Jérusalem comme ici chez nous. Une reconstruction, à travers ta justice et loin de la corruption et de ses chaînes, « pour rendre le pays habitable » (v. 12).

Du livre du prophète Isaïe (58,6-12)
Ainsi parle le Seigneur :
6 Voici le jeûne que j’aime :
libérer les gens enchaînés injustement,
enlever le joug qui pèse sur eux,
rendre la liberté à ceux qui sont opprimés,
bref, supprimer tout ce qui les rend esclaves.
7 C’est faire en morceaux ton pain avec celui qui a faim,
faire venir à ta maison les pauvres sans foyer,
habiller ceux qui n’ont pas de vêtements,
c’est ne pas te détourner de celui qui est ta chair, ton frère.
8 Alors ta lumière jaillira comme l’aurore,
et ta blessure ne tardera pas à se cicatriser.
Ta justice marchera devant toi
et la gloire de Yhwh
fermera la marche derrière toi.
9 Alors tu appelleras et Yhwh répondra,
tu crieras au secours et il dira : « Me voici ! ».
Si tu fais disparaître de ton pays
le joug qui pèse sur les autres,
les gestes de menace et les paroles blessantes,
10 si tu offres ta vie à l’affamé, et si tu rassasies la vie de l’indigent,
alors ta lumière se lèvera sur les ténèbres,
et ton obscurité sera comme le midi.
11 Yhwh sera toujours ton guide,
il rassasiera ta vie même dans des lieux arides,
il donnera de la vigueur à tes os, au fond de toi-même.
Et tu seras comme un jardin bien arrosé,
comme une source dont les eaux ne déçoivent pas.
12 Grâce à toi, on rebâtira les dévastations du passé,
les fondations abandonnées de génération en génération, tu les relèveras ;
on t’appellera : «Réparateur des brèches»,
«Restaurateur des ruelles» pour rendre le pays habitable.

Parole du Seigneur.

Psaume
Le psaume 112 est un psaume ‘alphabétique’. En effet, la première ligne commence avec la première lettre de l’alphabet, la deuxième ligne avec la deuxième lettre, et ainsi jusqu’à la fin du poème et de l’alphabet. Pourquoi cette structure ? Le motif est simple : le poète a besoin de tout l’alphabet pour nous montrer que le monde, tel qu’il est, peut être transformé par ceux et celles qui s’engagent pour la justice et la solidarité avec les marginaux.
La structure du psaume est claire : nous avons quatre strophes. La première et la quatrième se correspondent. La première (vv. 1-3) nous présente l’avenir de celui qui respecte Dieu : celui qui prend plaisir à vivre les commandements de Dieu s’engage pour une justice qui subsistera pour toujours. La quatrième strophe (v. 10) nous met devant les yeux l’avenir qui attend le méchant. Ses désirs ne mènent à rien : en effet, « les désirs des méchants disparaîtront en fumée ».
Ces deux strophes, nous ne les lirons pas ce matin. Nous allons nous arrêter sur les deux strophes centrales.
Une strophe (vv. 4-6) nous donne le portrait de celui qui respecte Dieu : il est l’image vivante de Dieu à l’intérieur de son quartier. En effet, il est plein de pitié et miséricordieux (v. 4) : deux mots que la Bible hébraïque utilise toujours pour parler de Dieu et que seulement ici sont appliqués à un homme, le juste. La strophe souligne aussi qu’est-ce que piété et miséricorde : c’est ouverture aux pauvres, en leur faisant des prêts sans intérêt. En temps de crise et quand tout est obscur, celui qui agit ainsi « est une lumière », un signe d’espoir pour les gens droits.
L’autre strophe (vv. 7-9) souligne la solidité et la constance du juste. Son cœur, c’est-à-dire son regard sur la vie et ses décisions, « son cœur est ferme, solide est son cœur » (vv. 7-8). Sa générosité et son ouverture aux pauvres sont constantes. Et même dans un milieu hostile, il garde sa sérénité, une sérénité qui a ses racines dans le Seigneur : en effet, « sa confiance est dans Yahvéh ».
Ce psaume n’est pas une prière adressée à Dieu ; c’est une page qui nous apprend à vivre […]

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