Eucharistie, 17 septembre 2017

Pardonner et ne pas garder rancune

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Eucharistie, 17 septembre 2017: 24ème dimanche du Temps Ordinaire — Année A

 

Première lecture

La première lecture de ce matin est une page d’un livre composé par Jésus fils de Sirac, dit aussi ‘Siracide’. Le Siracide est un maître juif. Il a beaucoup voyagé et il s’est ouvert aussi à la civilisation grecque. Et, vers l’année 180 avant la naissance de Jésus, il décide d’écrire un manuel pour les jeunes de Jérusalem : c’est un manuel de sagesse, enrichi par les expériences, les voyages et les rencontres que l’auteur a faits.
Dans la page que nous allons lire ce matin, nous avons deux petits poèmes: le premier nous parle des mauvais comportements par rapport au prochain (27,30-28,1). Dans les deux versets précédents l’auteur a parlé de l’orgueilleux qui aime insulter et se moquer des autres ; il a parlé aussi de la joie du méchant devant la souffrance d’un homme pieux. Et maintenant, l’auteur met devant nos yeux des personnes qui sont habitées par la rancune et la colère. Et il termine son petit tableau en évoquant ceux qui se vengent. Devant ces comportements, le Siracide nous met en garde, il nous demande d’éviter ces comportements : ils sont « des choses détestables » (27,30). Et, à propos des personnes qui se vengent, il affirme : Dieu les traitera de la même façon. En effet, « celui qui se venge trouvera la vengeance du Seigneur » (28,1).
Dans le deuxième poème (28,2-7), le Siracide nous exhorte à pardonner. En effet, le poème s’ouvre avec l’impératif : « Pardonne à ton prochain l’injustice commise ». Cet impératif abolit, entre les humains, la loi du talion, la loi de « l’œil pour œil et dent pour dent » (Ex 21,24 ; Lév 24,20 ; Deut 19,21). L’exhortation au pardon est suivie d’une conséquence : « quand tu prieras, tes errements seront remis ». Et cette même ligne de pensée, deux siècles après notre auteur, sera suivie par Jésus. En effet, l’Evangile nous dit que, pour pouvoir demander le pardon du Père, nous devons avoir pardonné à nos frères : « Pardonne-nous nos torts envers toi, comme nous-mêmes nous avons pardonné à ceux qui avaient des torts envers nous » (Mt 6,12).

En poursuivant son exhortation, le Siracide formule trois interrogations (vv. 3-5). Dans chacune, l’auteur souligne l’incohérence de celui qui demande à Dieu d’être pardonné mais qui, en même temps, refuse de pardonner et conserve sa colère contre un humain. En effet, comment demander à Dieu « la guérison » (v. 3), c’est-à-dire la reprise d’une relation confiante avec Dieu, et refuser la reprise d’une relation sereine avec un frère ?
Enfin, dans les derniers versets du poème (vv. 6-7), l’invitation à ne pas conserver de la haine envers son frère est accompagnée de deux autres motivations : d’abord la référence à la dimension mortelle qui nous caractérise. La pensée de la mort qui nous attend doit nous pousser à « cesser de haïr ». Plus encore soulignée est la motivation religieuse : c’est surtout la fidélité aux commandements qui doit nous pousser à pardonner et à ne plus penser au mal qu’un autre nous a fait. Ici, la version grecque du Siracide utilise le verbe « par-orao » qui signifie « ne pas tenir compte », « passer par-dessus ». En effet, pardonner ne signifie pas oublier ou ignorer un passé qu’on ne peut ni oublier ni ignorer. Pardonner signifie passer par-dessus l’offense, et essayer de survivre et de renouer la relation qui a été coupée par l’offense. D’autre part, le mot « pardon », étymologiquement, veut bien dire cela ; il s’écrit en deux parties « par-don » : c’est-à-dire le don parfait, parachevé, le don par-delà l’offense. Et, parce qu’il est parfait, il ne peut être en nous que l’œuvre de l’Esprit Saint.

Lecture du livre du Siracide (27,30-28,7)

2730 La rancune et la colère, voilà aussi des choses détestables.
L’homme méchant est maître en ce domaine.
281 Celui qui se venge trouvera la vengeance du Seigneur
qui de ses errements tiendra un compte rigoureux.

2 Pardonne à ton prochain l’injustice commise
et, quand tu prieras, tes errements seront remis.
3 Si un humain conserve de la colère contre un humain,
comment peut-il demander au Seigneur la guérison ?
4 D’un humain qui est son semblable il n’a pas pitié
et pour ses propres errements il supplie ?
5 Lui, qui est chair et faiblesse, conserve sa rancune,
qui lui obtiendra le pardon de ses propres errements ?

6 Souviens-toi de la fin qui t’attend, et cesse de haïr,
souviens-toi de la mort, de la décomposition du corps,
et reste fidèle aux commandements.
7 Souviens-toi des commandements,
et ne garde pas rancune à ton prochain,
souviens-toi de l’alliance du Très-Haut,
et passe par-dessus l’offense.

Psaume

Avec le psaume 103, nous sommes au cinquième ou au quatrième siècle. L’exil à Babylone est terminé depuis longtemps et les prophètes vécus après l’exil ont fréquemment insisté sur l’amour et la compassion que Dieu a pour nous. Et maintenant, avec le psaume 103, c’est un poète qui revient sur Dieu qui nous aime et nous pardonne.
Quant à nous, ce matin nous allons lire quatre strophes de ce psaume. Dans la première (vv. 1-2), le poète s’adresse à soi-même. Avec son âme et avec tout soi-même, il veut bénir Dieu, il veut discerner, dans sa vie, tous les bienfaits que Dieu a accomplis, il veut prendre conscience d’être embrassé par l’amour miséricordieux du Dieu très saint.
La deuxième strophe (vv. 3-4) évoque d’abord notre fragilité humaine, nos fautes, nos maladies, nos expériences de la mort. A tout ça, Dieu répond avec le pardon, la guérison, avec son amour, sa tendresse. Dans cette strophe, le poète insiste sur les actions de Dieu avec quatre phrases : Dieu est celui qui pardonne, qui guérit, qui libère, qui couronne d’amour. Toutes ces actions ne font que manifester les deux caractéristiques fondamentales de Dieu, son amour et sa « tendresse », littéralement – en hébreu – ses « entrailles maternelles ».
Dans la troisième strophe (vv. 9-10), le poète regarde le présent à la lumière du passé, à la lumière des expériences que le peuple a vécues au moment de l’exode et de la pérégrination dans le désert. Dieu qui, dans le passé, a pardonné à son peuple et ne l’a pas châtié en mesure de ses infidélités, Dieu « n’agit pas envers nous selon nos errements, il ne nous rend pas selon nos fautes » (v. 10).
Enfin, dans la quatrième strophe (vv. 11-12), le poète essaie d’évoquer la présence inimaginable de Dieu auprès de ses fidèles. Les dimensions sans limites comme la distance entre le ciel et la terre et entre l’orient où le soleil se lève et l’occident où le soleil se couche,

ces dimensions sans limites peuvent nous dire quelque chose de la distance entre les humains avec leurs fautes et l’amour de Dieu qui nous pardonne et qui « éloigne de nous nos offenses » (v. 12).
Quant à nous, ce matin, nous allons intervenir avec les mots que le poète utilise dans un autre verset (le v. 8) de ce même psaume. C’est le refrain que nous acclamerons à la fin de chaque strophe :

Le Seigneur est tendresse et pitié,
lent à la colère et plein d’amour.

[…]

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