Eucharistie, 15 octobre 2017

Une invitation pour tous les peuples

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Eucharistie, 15 octobre 2017 : 28ème dimanche du Temps Ordinaire — Année A

Première lecture

Dans l’histoire d’Israël, le livre d’Isaïe a été considéré comme un ‘livre ouvert’ , une bibliothèque prophétique dans laquelle on a inséré aussi des textes postérieurs à l’activité d’Isaïe. En effet, l’activité prophétique d’Isaïe s’étend au moins sur quatre décennies à partir de l’année 740 avant la naissance de Jésus. Mais dans le livre d’Isaïe on a inséré aussi des textes plus récents, composés pendant l’exil babylonien et encore plus tard, vers la fin du cinquième siècle et au quatrième . C’est le cas des chapitres 24-27. Ces chapitres nous montrent les Juifs qui désespèrent d’un changement dans le cours de l’histoire. Ils ne croient plus que les forces humaines puissent préparer quelque chose de vraiment nouveau . L’humanité et tout ce qui pourrait donner de la joie aux humains est en deuil : « Est en deuil le vin nouveau, la vigne dépérit, tous les vivants au cœur joyeux gémissent. L’allégresse des tambourins a cessé, le tumulte de ceux qui exultent a pris fin » (Is 24,7s).
Mais, dans cette situation sans issue, un prophète annonce une intervention de Dieu qui ébranlera le monde entier. Dieu prépare un banquet pour tous les peuples. Dieu « fera disparaître le voile de deuil qui voile tous les peuples ; il anéantira la mort pour toujours ; il essuiera les larmes sur tous les visages » (25,7-8). Voilà ce que Dieu promet à l’humanité entière. Et il n’a pas fait une promesse plus grande dans tout l’Ancien Testament. Laissons-nous réconforter par ces paroles du prophète.
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Lecture du livre d’Isaïe (25,6-10a)
6 Yhwh le Seigneur de l’univers
fera pour tous les peuples, sur cette montagne,
un banquet de viandes grasses,
un banquet de vins fins,
de viandes tendres et grasses
et de vins fins, excellents.

7 Il fera disparaître, sur cette montagne,
le voile de deuil qui voile tous les peuples,
la couverture – couverture de tristesse – qui couvre toutes les nations ;
8 il anéantira la mort pour toujours ;
Yhwh le Seigneur essuiera
les larmes sur tous les visages ;
il fera disparaître de toute la terre
la honte de son peuple
– oui, c’est Yhwh qui parle.
9 Et ce jour-là, on dira : « Voici notre Elohim.
Nous avons espéré en lui, et il nous sauve.
C’est Yahvéh. En lui nous avons espéré :
soyons dans l’allégresse,
et réjouissons-nous à cause de son salut ! »
10a Oui, la main de Yhwh intervient fortement sur cette montagne.

 

Psaume

Le psaume 23 est une prière très simple : elle ne demande rien à Dieu, elle n’est pas un remerciement ou une louange. Elle est un moment dans lequel une personne prend conscience de ce qu’elle vit.

Le poème chante Dieu d’abord (vv. 1-4) comme berger, ensuite (vv. 5-6) comme hôte.

Dans les deux premières strophes, le poète célèbre Dieu à la troisième personne : il est mon berger, il me fait reposer, il me conduit, il me guide. L’image est celle d’un berger qui n’a pas de résidence fixe. Il est toujours en marche, avec sa brebis, pour la guider où il y a de l’eau, de l’herbe fraîche, un endroit pour lui permettre le repos. Mais, si en Palestine d’habitude le berger s’occupe de plusieurs brebis, le poète se sent comme la seule brebis, et le berger s’occupe toujours d’elle, en lui révélant son amour, « son intimité » (v. 3).

Dans la troisième strophe (v. 4), le poète ne parle plus à Dieu à la troisième personne : il utilise la deuxième personne, il lui dit ‘tu’ : « tu es avec moi » (v. 4). Et cette présence de Dieu

permet au poète de ne pas avoir peur. Il n’a pas peur même s’il va « dans une vallée d’obscurité profonde » comme il y en a dans le sud de la Palestine, des vallées escarpées et très dangereuses. Plus tard, dans la traduction grecque, cette image de la vallée sera profondément transformée : en changeant une petite voyelle de l’hébreu, on traduira : « Même si je vais au cœur de l’ombre de la mort, … tu es avec moi ».

Aussi dans la quatrième strophe (v. 5), le poète s’adresse à Dieu en lui disant ‘tu’ : « tu prépares un banquet pour moi, tu m’accueilles, tu remplis ma coupe jusqu’au bord ». Ces images correspondent à celles de la première partie : nourriture, boisson, repos. Mais ces actions ne visent plus une brebis. Le poète ne s’identifie plus à une brebis dont le berger prend soin. Le poète se présente désormais comme une personne que Dieu accueille comme hôte, un hôte de respect.

Enfin, dans la dernière strophe (v. 6), le poète revient sur Dieu. Il en parle en utilisant la troisième personne : Dieu lui-même, sa bonté et sa fidélité « m’accompagneront tous les jours de ma vie ». Si le verset 5 pouvait faire penser à Dieu qui, une seule fois, accueille l’homme comme son hôte, le dernier verset élimine toute ambiguïté : Dieu accueille les humains pour toujours. Et quand nous, les humains, nous quitterons ce monde, nous reviendrons « à la maison de Yhwh pour de longs jours », une expression biblique qui signifie ‘pour toujours’. Voilà le banquet que Dieu a préparé, pour nos morts et aussi pour nous. En écoutant ce psaume, nous pouvons donc exprimer à Dieu notre confiance et intervenir – à la fin de chaque strophe – avec ce refrain :

J’habiterai la maison du Seigneur
pour de longs jours. 

[…]

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