Solennité du Christ, Roi de l’univers

Solennité du Christ, Roi de l’univers

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Eucharistie, le 26 novembre 2017

Première lecture

Ezéchiel est un prêtre qui, avec une partie importante des habitants de Jérusalem, a été exilé à Babylone. Et à Babylone, pendant l’hiver de l’an 586-585, il reçoit l’annonce que Jérusalem, d’abord assiégée par les Babyloniens, a été conquise et détruite. Et, devant cette catastrophe , le prophète en dévoile les responsables. Il y a, chez les Babyloniens, la volonté d’élargir leur pouvoir. Mais il y a aussi la mauvaise politique des guides d’Israël, de ses bergers qui n’ont pas pris soin du peuple et se sont enrichis en s’imposant sur lui. Et le prophète les accuse : « Les brebis qui étaient faibles, vous ne les avez pas fortifiées ; et celle qui était malade, vous ne l’avez pas guérie ; et celle qui était réduite en morceaux, vous ne l’avez pas soignée ; et celle qui s’était éloignée, vous ne l’avez pas fait revenir, et celle qui était perdue, vous ne l’avez pas cherchée ; mais vous les avez dominées avec force et avec cruauté. Et elles se sont dispersées par manque de berger ; elles sont devenues la nourriture de tous les animaux sauvages de la campagne ; elles se sont dispersées » (Ez 34,4s).
Après avoir dénoncé la mauvaise politique des guides juifs qui ont profité de leur peuple et l’ont ainsi livré aux animaux sauvages, c’est-à-dire aux troupes de Babylone, Ezéchiel présente la réaction de Dieu.
Dieu intervient personnellement, il se présente : « Me voici » (v. 11). Il prend soin de ceux et celles qu’il qualifie comme « mon petit bétail » (vv. 11.12.15.17). Même dans l’exil, même « dispersées » (v. 12) dans ces jours « de nuées et de ténèbres » (v. 12), elles sont ses brebis. Et Dieu prend soin d’elles, de celle qui est perdue, de l’égarée, de la blessée, de la malade. Donc : Dieu est le berger de son peuple. Il s’occupe des pauvres, des malades, il prend soin aussi de la « nishbèrèt », littéralement de la brebis « réduite en morceaux » (v. 16).
Quant aux enrichis, aux juifs qui ont profité des autres, Ezéchiel les évoque à travers l’image de la bête grasse et bien portante. Et le prophète attribue à Dieu cette affirmation : « Celle qui est grasse et vigoureuse, je la supprimerai ». C’est ce qu’on lit dans le verset 16, en hébreu. Mais l’ancienne traduction grecque et aussi la traduction française qu’on lira dans

un instant utilisent un autre verbe qui change totalement le sens de la phrase : « Celle qui est grasse et vigoureuse, je la garderai ». Mais cet acte positif a un but très précis : « Je la garderai, je la ferai paître selon le droit ». Oui, Dieu veillera sur elle afin qu’elle ne s’impose pas sur les autres.
Le message est clair : l’amour de Dieu pour nous qui sommes ses brebis exige, de la part de chacune et de chacun de nous, le respect des autres et de leurs faiblesses ; quant aux guides et aux puissants, Dieu exige la justice. Autrement, le jugement de Dieu est sûr. Il nous assure : « Me voici, je vais juger entre brebis et brebis, entre béliers et boucs » (v. 17).

Lecture du livre d’Ézéchiel (34,11-12. 15-17

11 Oui, ainsi parle Yhwh le Seigneur : « Me voici : moi, je chercherai mon petit bétail et je prendrai soin de lui. 12 Quand un berger se trouve au milieu d’un troupeau dispersé de tous côtés, il prend soin de son petit bétail. De la même façon, je prendrai soin de mon petit bétail. Je les prendrai de tous les lieux où ils ont été dispersés un jour de nuées et de ténèbres.
15 Moi-même je serai le berger de mon petit bétail, c’est moi qui le ferai se reposer. Moi, Yhwh le Seigneur, je le déclare. 16 La brebis perdue, j’irai la chercher, et celle qui s’est égarée, je la ferai revenir, et celle qui a été réduite en morceaux, je la soignerai, et celle qui est malade, je la fortifierai. Celle qui est grasse et vigoureuse, je la garderai, je la ferai paître selon le droit. 17 Quant à vous, mon petit bétail, ainsi parle Yhwh le Seigneur : Me voici, je vais juger entre brebis et brebis, entre béliers et boucs » (v. 17).

Psaume

Avec le psaume 23 nous sommes après l’exil à Babylone. Le poète fait partie d’une communauté un peu comme la nôtre : une communauté de pauvres qui s’engagent pour la paix et l’unité. Ici, nous sommes en train de construire une unité entre les personnes séparées par les conflits, par des préjugés et par l’appartenance à des groupes politiques ; de même, le poète du psaume vivait dans une ville où ceux qui rentraient de l’exil et les autres restés sur place devaient apprendre à vivre et à travailler ensemble. Et, devant cette tâche difficile, le poète exprime sa confiance en Dieu.
Cette confiance s’appuie sur l’histoire : l’histoire de Dieu qui a libéré son peuple de l’esclavage en Egypte, l’histoire de Dieu qui a guidé son peuple pendant les décennies

passées en traversant le désert.
La structure du poème est simple : cinq strophes. Dans la première strophe (vv. 1-2ab), dans la deuxième (vv. 2c-3) et dans la dernière (v. 6), le poète parle de Dieu. Au contraire, dans la troisième (v. 4) et la quatrième strophe (v. 5), il parle à Dieu. La première, la deuxième et la dernière insistent sur la tranquillité que Dieu assure, la troisième et la quatrième évoquent les dangers que le poète doit affronter et les adversaires qui le menacent .
Quant aux images, les trois premières strophes (vv. 1-4) développent l’image du berger, un berger qui est un compagnon de voyage, une personne qui partage avec moi les mêmes risques, la même soif. Sa présence et sa solidarité me libèrent de la peur et me réconfortent. Au contraire, les deux dernières strophes (vv. 5 et 6) développent l’image de l’hospitalité. Dieu est celui qui prépare la table, les parfums, le vin ; Dieu est celui qui me fait revenir et qui m’accueille dans sa maison .
Déjà aujourd’hui, « ma force vitale, il la fait revenir » (v. 3) . Et, à la fin de ma vie, « je reviendrai » (v. 6) vers lui, et il m’accueillera pour toujours, littéralement « pour de longs jours » (v. 6), donc même au-delà de la mort.
Quant à nous, laissons-nous prendre par ce psaume et par la confiance qu’il fait jaillir en nous. Voilà pourquoi je vous invite à intervenir avec le refrain :
Le Seigneur est mon berger :
rien ne saurait me manquer.
[…]

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