Eucharistie, 3 décembre 2017

« Ah ! Si tu déchirais les cieux, si tu descendais ! »
(Isaïe 63,19b)

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Eucharistie, 3 décembre 2017 : premier dimanche de l’avent

Première lecture

La dernière partie du livre d’Isaïe (Is 56-66) contient des poèmes dont nous ne connaissons pas l’auteur. En tout cas, nous sommes après l’exil à Babylone, et le peuple vit une situation très difficile. Et, dans cette situation, le poète adresse à Dieu une supplication très, très intense. Elle s’ouvre avec une déclaration pleine de tendresse : « C’est toi, Yahvéh, qui es notre père ». Oui, le père n’est pas Abraham, n’est pas Jacob. Ces “pères” sont seulement un rappel, une affaire de mémoire, non une présence. Mais le peuple a besoin d’un père responsable de son peuple, un père qui, dans son amour pour ses filles et ses fils, s’engage et libère son peuple : « “Notre-libérateur-depuis-toujours”, tel est ton nom » (63,16b).
Mais ce père qui a libéré son peuple de l’esclavage en Egypte et, plus tard, de l’exil à Babylone, maintenant se comporte d’une façon incompréhensible. Voilà pourquoi le poète, s’adressant à ce père, semble le rendre responsable de la situation tragique que le peuple est en train de vivre. Comme dans un reproche, il lui dit : « Pourquoi nous fais-tu errer, Yahvéh, hors de tes chemins ? Pourquoi rends-tu dur notre cœur ? » (v. 17). Et dans cette phrase, la souffrance qui habite le poète le pousse à s’adresser à Dieu comme si c’était Dieu – et non le peuple – le responsable de toute l’histoire du peuple et aussi de son actuel égarement. Mais souvent les traductions modernes et aussi celle de la liturgie de ce matin, évitent la dureté du texte original et traduisent : « Pourquoi nous as-tu laissé nous égarer loin de tes chemins ? ».
Toujours dans sa supplication, le poète s’adresse à Dieu avec une requête qui insiste sur le lien intime qui unit Dieu et son peuple : « Reviens, par amour pour nous tes serviteurs, pour nous, le peuple qui t’appartient ! » (v. 17). Après la requête « Reviens », « shub » en hébreu, la strophe se termine en souhaitant la venue de Dieu en personne : « Ah ! Si tu déchirais les cieux, si tu descendais ! » (v. 19b). Dans ces mots, la marche du Seigneur qui s’avance à la rencontre du monde est comme un triomphe spectaculaire, accompagné d’une tempête

qui secoue les montagnes.
Dans la deuxième strophe (64,2b-4a) que la liturgie nous propose, le poète voit s’accomplir le souhait qu’il a exprimé il y a un instant. En reprenant les mots de la strophe précédente, il déclare : « Voici : tu es descendu et devant ta face les montagnes tremblent. (64,2b). Et la strophe continue en soulignant l’intervention de Dieu comme exceptionnelle : « Jamais on n’a appris, jamais on n’a entendu » une intervention pareille de Dieu. Et cette intervention de Dieu est pour ceux qui mettent leur confiance en Dieu et « se réjouissent de pratiquer la justice » (v. 4a).
Enfin la troisième strophe (64,4b-7). En prenant la parole au nom du peuple, le poète avoue les fautes de sa communauté : « Te voilà irrité, car nous avons dévié. Mais nous serons sauvés en suivant les chemins d’autrefois (v. 4b)». Et ces chemins d’autrefois sont les chemins sûrs, que Dieu a indiqué aux ancêtres.
Mais, au lieu de suivre ces chemins et de s’engager pour la justice, le peuple a dévié, radicalement. Par conséquent, la justice qu’on pratique dans la ville est une justice apparente : « et toutes nos prétendues actions de justice sont aussi dégoûtantes qu’un habit taché de sang ». Voilà pourquoi les habitants se sentent « fanés comme des feuilles desséchées » (v. 5) et emportés par leurs « fautes » (v. 5) comme par le vent. D’ici la réaction de Dieu : « Oui, tu as caché ta face loin de nous, et tu nous as livrés – découragés– au pouvoir de nos fautes ».
Ecoutons attentivement cette page qui nous présente une ville pas tellement différente de la nôtre aujourd’hui.

Lecture du livre du prophète Isaïe (63,16b-17.19b ; 64,2b-7)
6316b C’est toi, Yhwh, qui es notre père ;
“Notre-libérateur-depuis-toujours”, tel est ton nom.
17 Pourquoi nous fais-tu errer, Yhwh, hors de tes chemins ?
Pourquoi rends-tu dur notre cœur, qui refuse de te respecter ?
Reviens, par amour pour nous tes serviteurs,
pour nous, le peuple qui t’appartient !
19b Ah ! Si tu déchirais les cieux, si tu descendais !
Devant ta face, les montagnes trembleraient.

642b Voici : tu es descendu

et devant ta face les montagnes tremblent.
3 Jamais on n’a appris,
jamais on n’a entendu dire,
jamais l’œil n’a vu un dieu, toi excepté,
agir de cette manière pour ceux qui lui font confiance.
4a Tu viens rencontrer ceux qui se réjouissent de pratiquer la justice,
et qui pensent à suivre les chemins que tu as tracés.

4b Te voilà irrité, car nous avons dévié.
Mais nous serons sauvés en suivant les chemins d’autrefois.
5 Nous sommes comme des gens impurs, nous tous,
et toutes nos prétendues actions de justice
sont aussi dégoûtantes qu’un habit taché de sang.
Tous, nous nous sommes fanés comme des feuilles desséchées
et nos fautes, comme le vent, nous emportent.
6 Il n’y a personne qui invoque ton nom, qui se réveille pour s’attacher à toi.
Oui, tu as caché ta face loin de nous,
et tu nous as livrés – découragés – au pouvoir de nos fautes.
7 Et pourtant, Yhwh, tu es notre père, toi.
Nous sommes l’argile, et tu es le potier,
tu nous as tous façonnés et caressés de tes mains.

Psaume

Le psaume 80 est une supplication que le peuple a adressée à Dieu dans les moments les plus tragiques de son histoire. Mais en même temps, ce psaume est un témoin de la passion et de l’espoir que le peuple a mis constamment en Dieu.

Quant à nous, ce matin nous allons lire trois strophes de ce poème.
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