Carême 2018 : Troisième semaine

Revenez à Dieu « dans tout votre cœur » (Joël 2,12)

Carême 2018 : Troisième semaine

Pendant cette troisième semaine, je veux me laisser prendre, avec toi, ma chère et avec toi, mon ami, par une page de Joël. Le livre de ce prophète est un des plus courts de l’Ancien Testament, un livre petit mais fascinant. Le livre s’ouvre avec cette phrase : « Parole de Yhwh, (parole) qui a été adressée à Joël fils de Petouël » (1,1).
Quant à Joël, nous ne savons presque rien de sa personne : nous savons seulement que son nom, « Joël », signifie « Yhwh est Dieu». Mais Joël est un nom porté aussi par plusieurs autres personnes en Israël . Quant à son père, le nom « Petouël » est utilisé seulement dans ce verset de la Bible.
Les seules informations que nous avons sur ce prophète, nous sont données – indirectement – dans son livre. Nous sommes, probablement, dans la première moitié di quatrième siècle. C’est une période tragique. En effet, il y a une menace qui traverse tout le livre de Joël, la menace d’un assaut des peuples voisins contre Jérusalem. En plus, le livre (dans 4,4-8) mentionne aussi la traite des esclaves : les villes de Tyr et de Sidon et certaines villes des Philistins vendent des Juifs et des habitants de Jérusalem . C’est dans cette situation très douloureuse que le prophète écrit :

12 « Et même maintenant — déclaration de Yhwh —
revenez à moi dans tout votre cœur,
dans les jeûnes, dans les pleurs et dans les lamentations ».
13 Et déchirez vos cœurs et non vos vêtements,
et revenez à Yhwh votre Dieu ;
car c’est lui qui fait grâce et est compatissant,
lent à la colère et plein d’amour, toujours prêt à renoncer à ses menaces.
14 Qui sait ? Peut-être reviendra-t-il, et vous comblera de bénédiction.
Vous pourrez alors apporter des offrandes de blé et de vin pour Yahvéh votre Dieu
(Joël 2,12-14).

La page se compose de deux parties. Au verset 12, nous avons une « déclaration » de Dieu. Et cette déclaration commence avec les mots « et même maintenant », donc malgré les circonstances tragiques que le peuple est en train de vivre . Même dans ces circonstances, les contemporains du prophète sont invités à « revenir » à Dieu. Et ce retour doit être effectué « dans tout votre cœur ». Dieu demande donc aux membres de son peuple de prendre une décision lucide, de réfléchir sur leur situation avec la ferme volonté de se retourner vers Yhwh, de reconnaître leurs erreurs et de suivre fidèlement sa volonté . Et les rites qu’on accomplit – au niveau des jeûnes, des pleurs et des lamentations – doivent être l’expression d’un vrai changement intérieur, au niveau de « tout » le cœur.
Dans la seconde partie du texte (vv. 13-14), Joël explique la déclaration faite par Dieu. Ce retour à Dieu n’est pas au niveau extérieur, au niveau des vêtements. Joël le dit en commençant avec l’impératif : « Déchirez vos cœurs et non vos vêtements ». Tout de suite après, le prophète revient sur l’impératif annoncé par Dieu : « revenez à Yhwh votre Dieu ». Et à cet impératif il ajoute la motivation. Ce retour est cohérent par rapport aux caractéristiques de Dieu. Dieu « fait grâce et est compatissant ». Dieu n’agit pas en calculant nos mérites. Il « fait grâce », donc il intervient gratuitement. Il est « compatissant » (« rahoûm » en hébreu), il est donc poussé seulement par ses entrailles maternelles (« rahamîm » en hébreu). En poursuivant son ‘portrait’ de Dieu, Joël nous donne encore trois caractéristiques : Dieu est celui qui laisse à côté sa colère et ses menaces et se laisse guider par son amour.
Enfin, dans le dernier verset, Joël utilise une nouvelle fois le verbe « revenir » en l’appliquant à Dieu. Avec une phrase pleine de délicatesse, il dit à ses contemporains : « Qui sait ? Peut-être reviendra-t-il, et vous comblera de bénédiction » (v. 14). Le retour, le changement d’attitude de la part du Seigneur, n’est pas simplement la conséquence du changement vécu par le peuple . Ce retour jaillit de sa miséricorde et il prend la forme d’une bénédiction donnée au peuple. Et à cette « bénédiction » donnée par Dieu, les croyants pourront réagir en lui apportant « des offrandes de blé et de vin ».
A côté du message de ce prophète que nous connaissons seulement grâce à son livre, je veux rappeler le message d’un autre prophète qui n’est pas mentionné dans la Bible. Il s’agit du prophète Sâlîh. Le Coran le présente comme envoyé à ses frères, les Thamûd, une des plus anciennes peuplades de l’Arabie . Voici, d’après le Coran, les mots de Dieu à propos de

 

ce prophète :

Aux Thamûd nous avons envoyé leur frère Sâlîh. Il leur dit :
« Ô mes gens ! Adorez Dieu. Pour vous, pas d’autre dieu que lui.
Il vous a formés de la terre, et il vous y installa pour l’entretenir.
Demandez-lui pardon et, mieux encore, revenez à lui.
Mon Seigneur est tout proche et il répond (aux appels) » (Sourate 11,61).

Le Coran nous rappelle notre lien à la terre – donc notre faiblesse – et aussi notre devoir de prendre soin d’elle. Mais il nous invite aussi à prendre conscience de nos errements et, par conséquent, à demander pardon à Dieu. Mais cette requête de pardon ne suffit pas. Pour qu’elle soit vraie, nous devons surtout changer, « revenir » de nos errements et « revenir à Dieu ». Et ce retour, loin d’être un retour superficiel, doit s’accomplir, pour le dire avec Joël, surtout « dans tout votre cœur ».

 

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