Eucharistie 7 octobre 2018

L’autre : un don, toujours surprenant, de Dieu

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7 octobre 2018 : 27ème Semaine du Temps Ordinaire — Année B

Première lecture

C’est probablement vers la moitié du dixième siècle avant Jésus Christ, à l’époque de David ou de Salomon, qu’un grand écrivain compose la page que nous allons écouter ce matin. Cet auteur réfléchit sur la condition humaine. Elle ne se réalise pas dans la solitude. Voilà pourquoi le narrateur fait dire à Dieu lui-même : « II n’est pas beau – pour l’humain, fragile et terrestre – d’être seul » (v. 18).
Même si l’homme est entouré des animaux qui l’aident dans ses activités, Dieu (sujet sous-entendu dans le verset 20) « pour l’humain fragile et terrestre ne trouve pas une aide comme son vis-à-vis ». Après ce constat, voilà que Dieu donne à l’homme la femme.
La femme pour l’homme, comme l’homme pour la femme, doit être une aide comme son vis-à-vis. La relation entre les deux n’est pas celle d’un seigneur et d’une servante. Le texte le souligne très clairement : l’homme peut appeler les animaux, leur donner un nom, leur imposer son autorité. Mais dans le cas de la femme, ce n’est pas l’homme qui l’appelle, qui exerce une autorité sur elle. Elle – nous dit le narrateur – « sera appelée » (v. 3) par Dieu. Seulement Dieu peut avoir autorité sur elle. L’homme peut seulement constater que la femme est faible comme lui, elle est chair et faiblesse comme lui. Et en reconnaissant la faiblesse de son partenaire, en l’acceptant et en la caressant, l’homme reconnaît aussi sa propre faiblesse et se réconcilie avec elle. Mais dans le couple chacun découvre aussi que l’autre est « os de mes os » (v. 23). Dans l’autre il y a donc une solidité, une profondeur égale, une solidité qui dure et qui peut durer même au-delà de la mort. Et dans une rencontre d’amour, en se livrant à l’autre, « l’humain – fragile et terrestre – et sa femme » (v. 25) s’accueillent réciproquement comme personnes fragiles (chair) et, en même temps, constantes et solides (os).
Une dernière remarque. Au verset 21, nous avons – en hébreu – le mot « tardéma ». C’est un mot rare, il évoque un sommeil spécial, un sommeil à la fin duquel une personne se réveille devant une surprise. Le souhait que le narrateur nous livre avec ce mot, c’est que chacun et

chacune de nous, devant son partenaire puisse toujours être surpris ou surprise par le don que l’autre est pour nous.

Du livre de la Genèse (2,18-25)

18 Et dit Adonai Elohim : « II n’est pas beau – pour l’humain, fragile et terrestre – d’être seul. Je ferai pour lui une aide comme son vis-à-vis ». 19 Et Adonai Elohim modèle, à partir de la terre, tout animal de la campagne et tout oiseau des cieux, et il les fait venir vers l’être humain, fragile et terrestre, pour voir comment il les appellera. Et tout ce que l’humain, fragile et terrestre appelle comme nom pour un être vivant, cela devra être son nom. 20 Et appelle, l’humain fragile et terrestre, des noms pour toute bête et pour l’oiseau des cieux et pour tout animal de la campagne, mais pour l’humain fragile et terrestre il ne trouve pas une aide comme son vis-à-vis. 21 Et fait tomber, Adonai Elohim, un sommeil spécial sur l’humain, fragile et terrestre, qui s’endort. Et il prend l’une de ses côtes et referme la chair à sa place. 22 Et bâtit, Adonai Elohim, la côte qu’il avait prise à l’humain, fragile et terrestre, en une femme et il la fait venir vers l’humain fragile et terrestre. 23 Et dit, l’humain fragile et terrestre : « Cette fois, celle-ci, os de mes os et chair de ma chair. Celle-ci sera appelée Isha, femme, car de l’homme – Ish – elle a été prise ».
24 C’est pourquoi un homme abandonne son père et sa mère et s’attache à sa femme, et ils deviennent une seule chair. 25 Et les deux sont nus, l’humain – fragile et terrestre – et sa femme, sans se faire mutuellement honte.

Psaume

Le psaume 128 fait partie des « chants des montées », des chants qui accompagnent ceux et celles qui se rendaient à Jérusalem et au mont Sion.
Sur ce chemin vers Jérusalem, il y a un homme qui n’est pas au pouvoir, il n’appartient pas à l’élite culturelle ou à la classe sacerdotale. C’est un homme du peuple, un croyant qui, comme chacune et chacun de nous, veut être fidèle à Dieu et se comporter d’après sa volonté. Et le poète du psaume – dans la première strophe – lui adresse le mot « ’ashréi », c’est-à-dire « heureux et en marche ! » (vv. 1 et 2).
Dans la deuxième strophe (v. 3), la personne qui vit une profonde relation
à Dieu nous est présentée comme une personne vraiment épanouie, une personne qui vit une relation

 harmonieuse avec Dieu mais aussi avec le monde, avec les autres et avec soi-même . Son travail permet – à lui et à sa famille – de se nourrir autour de sa table. Pour lui, sa femme est comme « une vigne féconde » (v. 3) qui le remplit de joie.
Enfin, dans la troisième strophe (vv. 4-6), son regard vers l’avenir est plein de confiance. Son intimité avec Dieu sera toujours sous la bénédiction. Et le poète du psaume peut lui dire : « Que Yahvéh te bénisse depuis Sion ! Que tu puisses voir le bien de Jérusalem tous les jours de ta vie ! (v. 5). Et le psaume se termine avec un double souhait adressé, directement, à la personne qui respecte profondément le Seigneur : « Que tu puisses voir les fils de tes fils ». Quant à ta vie dans la communauté, que tu puisses voir, jour après jour, le bien de la ville et la paix dans le pays. En effet, dans ses engagements, l’individu est solidaire non seulement avec sa famille mais aussi avec la communauté , et la paix de la communauté sera, elle aussi, sa joie.
Une dernière remarque. Le message global de ce psaume complète celui du psaume précédent . En effet, le psaume 127 présentait la vie heureuse d’un homme comme un don de Dieu, mais le psaume de ce matin souligne que l’homme peut et doit donner sa contribution personnelle à ce « bien » et à cette « paix ».
Quant à nous, avec le protagoniste du psaume 128, nous voulons nous engager pour respecter profondément Yhwh. Et, dans cet engagement, nous pouvons faire nôtre le souhait exprimé par le poète au verset 5 : « Que Yhwh te bénisse … tous les jours de ta vie ! ». En reprenant ce souhait, nous pourrons prier, à la fin de chaque strophe, avec ce refrain :
Que le Seigneur nous bénisse
tous les jours de notre vie !

 

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