Avent 2018 : première semaine

Jésus, Fils de Marie

(Avent 2018 : première semaine)

Cette année, pour nous préparer à Noël, je veux me pencher, avec toi mon ami, avec toi ma chère, sur le livre d’Isaïe, le Nouveau Testament et le Coran. Ces livres, bien différents entre eux, peuvent nous aider à vivre d’une façon positive les différences religieuses et à construire ensemble un monde de paix.
Pour cette première semaine, voici, dans le livre d’Isaïe, une petite section du chapitre 7. Ici le prophète évoque un temps de crise. C’est l’année 734 avant la naissance de Jésus. La ville de Jérusalem, où siège le roi Akhaz, est assiégée par une coalition des Israélites du Royaume du Nord et des Syriens. Akhaz pense demander le secours de l’Assyrie, en lui livrant les trésors du Temple. Mais le prophète Isaïe l’invite à se confier à Dieu seul. Au roi et aux habitants de la ville il adresse ce message :
14 Le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici, la jeune femme sera enceinte et elle mettra au monde un fils, et elle criera son nom : « Emmanuel » c’est-à-dire « Dieu-avec-nous ». 15 Il se nourrira de beurre et de miel jusqu’au moment où il sera capable de rejeter le mal et choisir le bien. 16 Oui, avant même que l’enfant sache rejeter le mal et choisir le bien, la terre dont les deux rois te font si peur sera abandonnée (par ses habitants) » (Isaïe 7,14-16).

Avec ces mots, Isaïe évoque une intervention de Dieu. Dieu interviendra afin que la situation change, qu’elle change au plus vite. Et l’échéance est exprimée avec une image. « La jeune femme » – probablement la jeune femme du rois – bientôt sera enceinte, elle mettra au monde un enfant et l’appellera «Emmanuel », qui signifie « Dieu avec nous». Et avant que cet enfant arrive à l’âge adulte, avant qu’il sache – à différence de son père – choisir de faire le bien et refuser le mal, la situation des deux pays qui maintenant menacent Jérusalem sera changée. Voilà la surprise, le « signe » que Dieu prend soin de son peuple.
Cette annonce surprenante dépassera toute mesure un demi millénaire plus tard, quand, en Égypte, les Juifs traduiront la Bible en grec. Dans cette traduction, au lieu d’utiliser l’expression “la jeune femme”, ils utiliseront l’expression “la vierge”. En effet, les Hébreux en Égypte traduisent ainsi la phrase centrale d’Isaïe:

Voici: la vierge aura dans son ventre et mettra au monde un fils et tu appelleras – son nom – Emmanuel.

Cette traduction du livre d’Isaïe permet de comprendre le récit de l’annonciation à Marie que nous lisons dans l’Evangile de Luc.
30 Et l’ange (Gabriel) dit à (Marie) : « Sois sans crainte, Marie ; car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. 31 Et voici : tu concevras dans ton ventre et tu mettras au monde un fils. Et tu appelleras – son nom – Jésus. 32 Celui-ci sera grand, et il sera appelé Fils du Très-Haut. Et lui donnera, le Seigneur Dieu, le trône de David, son père. 33 Et il régnera sur la maison de Jacob, éternellement, et de son règne il n’y aura pas de fin ».
34 Marie dit à l’ange : « Comment sera cela, puisque je n’ai pas de relations avec aucun homme ? ».
35 Et, répondant, l’ange lui dit : « Esprit saint viendra sur toi et une force du Très-Haut te prendra sous son ombre. C’est pourquoi celui qui va naître, saint, sera appelé Fils de Dieu » (Luc 1,30-35).

Dans la page de Luc, l’ange reprend, presque mot par mot, la traduction grecque d’Isaïe 7,14. La différence fondamentale est la substitution du nom « Emmanuel » avec « Jésus ». Et, en parlant de Jésus, le texte insiste sur ses caractéristiques : « Celui-ci sera grand, et il sera appelé Fils du Très-Haut (v. 32). Et encore : « il régnera… et de son règne il n’y aura pas de fin » (v. 33).  Et ensuite, lorsque Marie évoque sa virginité, le messager reprend : « Esprit saint viendra sur toi et une force du Très-Haut te prendra sous son ombre » (v. 35). Voilà pourquoi l’Evangile nous présente le fils de Marie comme fils d’une vierge : Jésus sera la manifestation d’une « force du Très-Haut ». Aucun homme peut être le papa d’un fils comme Jésus. Jésus est un fils exceptionnel, unique, né d’une femme comme chacun et chacune de nous et – en même temps – don de Dieu, de la « force du Très-Haut ».

Cette page de l’Evangile a un parallèle dans le Coran. Ici, dans la sourate 3, on lit :
(Rappelle) quand les anges dirent : « Ô Marie ! Dieu, en vérité, t’annonce la bonne nouvelle d’une parole qui vient de lui, (une parole) dont le nom sera le Messie, Jésus, fils de Marie. Il sera illustre dans la vie d’ici-bas et dans la vie future, et comptera parmi les élus (de Dieu) (Sourate 3,45).

Ici, le mot « anges » est un pluriel pour évoquer un des anges les plus importants, Gabriel.

Dans la suite du texte, Jésus est présenté comme « une parole qui vient de lui » (en arabe « kalima minhu »), une parole qui vient de Dieu. Jésus est présenté aussi comme « le Messie », l’Oint (« al-masîh » en arabe). Sans entrer dans les détails discutés dans les différents commentaires du Coran, ici, comme dans la page de Luc, Jésus, le fils de Maria, apparaît comme un point de référence fondamental dans la vie des humains, dans notre vie ici-bas, et dans la vie future. Accueillons donc avec joie, toutes et tous ensemble, ce don du ciel.

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