Eucharistie, 3 février 2019

« Avec toi moi je suis, pour te délivrer » (Jérémie 1,8)

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3 février 2019 : 4ème dimanche du Temps Ordinaire – Année C

Première lecture
Dans le premier chapitre de son livre, Jérémie nous raconte sa vocation prophétique qui a eu lieu vers les années 627-626. Dieu communique à Jérémie de l’avoir choisi, déjà avant sa naissance, comme prophète des nations (vv. 4-10). Le sens de sa mission prophétique lui est indiqué à travers deux visions (vv. 11-16). Enfin, dans la troisième partie du récit (vv. 17-19), Dieu invite son prophète à affronter sa mission en toute confiance.
Ce matin, nous allons écouter la première et la dernière section de cette page.
Dans la première (vv. 4-10), la relation entre Dieu et son prophète est exprimée avec la plus grande intensité : c’est Dieu lui-même qui a « formé » Jérémie dans le ventre de sa maman. Mais, déjà avant cette ‘formation’, Dieu a connu et consacré (v. 5) Jérémie. A propos du verbe « connaître » il faut se rappeler que, en hébreu, connaître est le verbe qui indique la relation la plus intime entre deux personnes, un peu comme dans un couple dans lequel une personne se communique et se livre entièrement à son partenaire (cf. Gen 4,1). Quant au verbe « consacrer » ou « sanctifier », il évoque une relation dans laquelle une personne est entièrement transformée et devient tout autre ; désormais, elle participe à la caractéristique fondamentale de Dieu, la sainteté.
Cette relation avec Dieu est en vue de la mission de Jérémie : il est « établi » (v. 5) comme prophète pour les nations. Et le verbe établir, qui reviendra aussi ai v. 18, exprime ici la nouvelle identité de Jérémie . En effet, dans la bouche du prophète Dieu a placé ses paroles. Et ces paroles vont provoquer un changement profond : déraciner et renverser, ruiner et démolir, mais aussi bâtir et planter (v. 10). Une mission difficile, celle du jeune Jérémie. Mais Jérémie ne doit pas avoir peur : « Que tu ne craignes pas devant eux, car avec toi moi je suis, pour te délivrer. Déclaration de Yhwh» (v. 8).
La même invitation à la confiance, nous la retrouvons aussi dans la partie finale de notre texte : « avec toi moi je serais – déclaration de Yhwh – pour te délivrer » (v. 19). Et Jérémie aura besoin de cette proximité de Dieu ; en effet il devra affronter les rois de Juda, ses princes, ses prêtres et le peuple (v. 18).


Enfin, un dernier détail. Dans ce prophète contesté, le peuple trouvera aussi sa protection : la vraie protection de la ville sera Jérémie lui-même. En effet, Dieu va le placer comme « ville fortifiée » (v. 18). Mais Dieu va le placer aussi comme « colonne de fer ». Le vrai temple de Jérusalem, dont les colonnes seront volées et déplacées à Babylone (Jér 52,17-22), sera Jérémie lui-même.

Lecture du livre du prophète Jérémie (1,4-10. 17-19)

4 Et fut, la parole de Yhwh, à moi pour dire : 5 « Avant que je te forme dans le ventre (de ta maman), je t’ai connu, et avant que tu sortes de la matrice, je t’ai consacré ; (comme) prophète pour les nations, je t’ai établi ».
6 Et je dis : « Ah! Seigneur Yhwh, voici, je ne sais pas parler, car un jeune garçon, moi ».
7 E dit, Yhwh mon Dieu : « Ne dis pas : “un jeune garçon, moi”. Car contre tout ce que je t’enverrai, tu iras, et tout ce que je t’ordonnerai, tu (le) diras. 8 Que tu ne craignes pas devant eux, car avec toi moi je suis, pour te délivrer. Déclaration de Yhwh».
9 Et envoya, Yhwh, sa main et il toucha sur ma bouche et dit, Yhwh, à moi : « Voici, j’ai mis mes paroles dans ta bouche. 10 Vois, je t’ai préposé, aujourd’hui, sur les nations et sur les royaumes, pour déraciner et pour renverser, et pour ruiner et pour démolir, pour bâtir et pour planter.
17 Et toi, tu ceindras tes reins et tu te lèveras et tu parleras à eux (disant) tout ce que moi je t’ordonne. Ne te laisse pas intimider par eux, sinon je te rendrai timide devant eux.
18 Et moi, voici : je t’établis, aujourd’hui, comme ville fortifiée et comme colonne de fer et comme murailles de bronze sur tout le pays face aux rois de Juda, face à ses princes, face à ses prêtres et face au peuple du pays. 19 Et ils combattront contre toi, et ils ne l’emporteront pas sur toi, car avec toi moi je serais – déclaration de Yhwh – pour te délivrer ».

Psaume
L’auteur du psaume 71 est un chanteur et un musicien. Il est âgé et il vit une situation difficile et très pénible ; il est menacé par des gens méchants, des criminels et des violents, des personnes qui en veulent à sa vie et qui font un plan pour l’éliminer. Et dans cette situation tragique, le poète ne peut que mettre sa confiance en Dieu et lui demander d’être sauvé. Voilà ce que ce chanteur exprime dans la première partie du psaume (vv. 1-11), une partie dont nous allons lire trois strophes .

* La première strophe (vv. 1-2) s’ouvre avec une déclaration de confiance : « En toi, Yhwh, c’est en toi que je trouve un abri ». Et, fort de cette confiance, le poète peut regarder vers l’avenir et dire à Dieu : « Dans ta justice, tu me délivreras et me libéreras ». Et la strophe se termine avec deux impératifs : « Tends vers moi ton oreille, et sauve-moi ! ».
* La deuxième strophe (v. 3) revient sur l’impératif : « Sois pour moi le solide rocher qui m’accueille ». Et ici, à travers l’image du « solide rocher », le poète évoque le temple de Jérusalem, le temple auquel il veut se rendre habituellement . Il veut s’y rendre car il sait que Dieu veut le sauver. Oui, Dieu veut le sauver, Dieu qui est sa « forteresse ».
* Dans la troisième strophe (vv. 5-6ab), le poète présente sa vie toute entière, une vie toujours vécue dans l’espoir et la confiance en Dieu. Le poète peut avouer : « tu es mon espoir, Yhwh Seigneur, ma confiance est en toi, dès ma jeunesse ! » Et, toujours à propos de sa vie, le poète peut remonter bien au-delà de sa jeunesse : il remonte à sa naissance et encore plus en arrière. Comme pour Jérémie, pour notre poète Dieu est le soutient et la référence fondamentale: « Sur toi je me suis appuyé depuis le ventre de ma maman ; tu m’as fait sortir de ses entrailles ».
Après ces trois strophes de la première partie, nous allons lire aussi une strophe de la seconde partie du psaume (vv. 12-24). De cette partie, qui est un chant d’espoir, la liturgie nous propose une strophe qui résume toute la vie du poète. D’abord son avenir qui veut être le récit des actions de Dieu : sa justice, son salut (v. 15ab). Ensuite le passé et le présent : le passé dans lequel – dès sa jeunesse -, il a été instruit et éduqué par Dieu. Et cette action de Dieu continue jusqu’au présent et permet au poète d’annoncer les actions surprenantes de Dieu : ses « merveilles » , ses actions magnifiques.
En écoutant ces quatre strophes, je vous invite à revenir sur les mots du verset 15. Notre refrain sera :

Sans fin, je proclamerai
ta justice et ton salut.


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