Carême 2019 : troisième semaine

« Que ton règne vienne ! » (Luc 11, 2)

Carême 2019 :troisième semaine

Nous sommes à la troisième semaine de ce carême. Et je veux prendre en considération la partie finale de Luc 11,2, là où Jésus nous apprend à prier. Voici la traduction de ce verset :

2 Quand vous priez, dites :
Père,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne ! (Luc 11, 2).

Ici, Jésus nous demande de dire au Père : « que ton règne vienne ! ». Le règne de Dieu est un thème fréquent dans la prédication de Jésus. En effet, Jésus est conscient d’être envoyé « pour annoncer la bonne nouvelle du règne de Dieu » (Luc 4,43). Et, en faisant route à travers villes et villages, « il annonçait la bonne nouvelle du règne de Dieu » (Luc 8,1; cf. aussi 9,11).

La prédication de Jésus nous permet aussi de comprendre que le règne de Dieu est une réalité dynamique. Elle ne s’impose pas. Elle se concrétise selon notre disponibilité à l’accueillir et à mettre en œuvre la parole de l’évangile. C’est ce que Jésus nous dit à travers le récit du semeur.

5 « Le semeur est sorti pour semer sa semence.
Comme il semait, du grain est tombé au bord du chemin ;
on l’a piétiné et les oiseaux du ciel ont (tout) dévoré.
6 D’autre grain est tombé sur la pierre ;
il a poussé et fut desséché, parce qu’il manquait d’humidité.
7 D’autre grain est tombé au milieu des épines ; et en poussant avec lui, les épines l’ont suffoqué.
8 D’autre grain est tombé dans la bonne terre ; et il a poussé et produit du fruit au centuple».
En disant cela, Jésus s’écriait : « Celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende ! »
9 Ses disciples lui demandaient ce que signifiait cette parabole.

10 Il dit : « A vous a été donné – don définitif – de connaître les mystères du Royaume de Dieu;
mais pour les autres, c’est en paraboles,
de cette façon ils voient sans voir et ils entendent sans comprendre (Luc 8,5-10).

La parabole, comme l’explication que Jésus nous donne dans les versets suivants (Luc 8,11-15), souligne comment on peut réagir à la parole de Dieu. On peut réagir comme les non-croyants : ils entendent la parole de Dieu, mais un adversaire, comme les oiseaux de la parabole, arrive et vole la parole. Il y a aussi des personnes faibles, faibles comme une terre sans eau. Il y a aussi les personnes suffoquées par les richesses et les plaisirs qui sont comme des épines qui empêchent la croissance du grain. Mais, après ces trois accueils manqués, il y a aussi un résultat excellent, le résultat donné par « la bonne terre » (v. 8). Et, en revenant sur ce résultat, Jésus va le présenter en ces termes : le grain « qui est dans la belle terre, ce sont ceux qui, ayant entendu dans un cœur beau et bon, tiennent fortement la parole et portent du fruit à force de persévérance » (v. 15). Et ce quatrième groupe de personnes sont les disciples de Jésus, celles et ceux qui accueillent la parole de Jésus et qui, de cette façon , peuvent « connaître les mystères du Royaume de Dieu » (v. 10). Quant aux autres, les juifs qui n’accueillent pas la parole de Jésus, ils s’arrêtent à la surface de son message et ne veulent pas découvrir le message profond qu’il y a derrière la parabole : par conséquent, ils « voient sans voir » et « ils entendent sans comprendre » (v. 10). Avec cette phrase, l’Evangile nous présente le royaume de Dieu dans ses deux aspects : d’un côté la décision de Dieu qui porte à l’accomplissement son projet de salut, de l’autre la responsabilité – décisive elle aussi – de la volonté humaine. S’adresser à Dieu et lui dire « que ton règne vienne » est en même temps, s’engager à accueillir la parole de Jésus « dans un cœur beau et bon » et à porter « du fruit à force de persévérance ».

Le thème du royaume ou de la royauté de Dieu nous est présenté, très fréquemment, aussi dans le Coran. Et le Coran, lui aussi, souligne le lien entre le royaume de Dieu et notre engagement personnel. Je pense à la sourate 6 à propos d’Abraham et de son père nommé Térah dans la Bible et Azar dans le Coran.

74 Abraham dit à Azar, son père :
« Prends-tu des idoles pour des dieux ?

Je te vois, toi et tes gens, dans un égarement manifeste ».
75 Ainsi nous avons montré à Abraham le royaume des cieux et de la terre,
afin qu’il soit au nombre des croyants (Sourate 6,74-75).

Dans ce passage du Coran, « le royaume des cieux et de la terre », c’est-à-dire la domination que Dieu exerce sur l’univers et sur l’humanité, est présenté comme l’un des fondements de la foi du vrai croyant. Au contraire, si une personne prend des idoles – les richesses, le pouvoir, le plaisir – comme des divinités, elle vit dans un égarement manifeste.
Quant à nous, la page de l’Evangile avec le récit du semeur et l’explication donnée par Jésus, un peu comme la page du Coran avec Dieu qui montre à Abraham le royaume des cieux et de la terre, nous responsabilise. Prier c’est, en même temps, s’engager : accueillir la force que Dieu nous donne et agir.

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