Eucharistie, 17 mars 201

« Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi pour toujours, écoutez-le » (Luc 9,35)

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Eucharistie, 17 mars 2019 : 2ème dimanche de carême – Année C

Première lecture
Dans le livre de la Genèse, nous allons lire une narration très originale : celle de Dieu qui promet une descendance à Abram et qui fait alliance avec lui.
Il y a d’abord (vv. 5-6) une promesse : une descendance nombreuse comme les étoiles du ciel. Et la réaction d’Abram est immédiate: « Abram eut confiance en Yhwh, et pour cela Yhwh le considéra comme juste » (v. 6). Abram est juste dans la mesure où il met sa confiance en Dieu. C’est la foi, et seulement la foi, à mettre Abram dans une juste relation avec Dieu .
La suite du texte nous présente l’alliance que Dieu fait avec Abram. En français, le mot “alliance” peut évoquer un accord : deux personnes s’engagent à se comporter d’une certaine façon. Dans l’antiquité, il y avait un rituel pour conclure un accord. On coupait en deux parties un animal. On mettait les deux moitiés une en face de l’autre. Ensuite, les deux personnes passaient entre les deux moitiés de l’animal en disant : si je ne respecte pas cet engagement, que mon avenir soit comme celui de cette bête coupée en deux.
Dans notre récit, le rituel pour conclure l’alliance est un peu semblable. Le narrateur dit qu’Abram vient avec des animaux, il les coupe en deux et « place les moitiés l’une en face de l’autre » (v. 10). Il y a aussi des oiseaux rapaces qui descendent sur les animaux tués et coupés en deux, et Abram les chasse. Mais le narrateur prend ses distances par rapport au rituel. Il ne fait pas passer Abram entre les bêtes tuées. Seulement « un four fumant et une torche de flammes passent entre les animaux partagés » (v. 17). A travers les images du four et de la torche, le narrateur veut évoquer Dieu. C’est donc seulement Dieu qui s’engage dans l’alliance avec Abram et qui, pour ainsi dire, sera maudit s’il ne la respectera pas .
Et Abram ? Devant cet engagement unilatéral de Dieu, Abram ne peut que rester surpris. La décision prise par Dieu, c’est une décision qu’Abram ne peut même pas imaginer. Voilà pourquoi le narrateur, en évoquant Dieu qui prend cette décision, nous dit : « Et il advient : au coucher du soleil, un sommeil mystérieux tombe sur Abram » (v. 12). Dans cette phrase, le

détail du sommeil est fondamental. En effet, le mot hébreu ‘tardemah’ évoque un sommeil spécial. C’est le sommeil à la fin duquel la personne se réveille devant une réalité imprévue et inimaginable, totalement surprenante. La Genèse avait déjà utilisé le même mot pour parler du sommeil de l’homme quand Dieu met à côté de lui… la femme (Gn 2,21).
Et dans la page de ce matin, le sommeil sera suivi d’un réveil surprenant : le don d’une terre à Abram et à ses descendants.

Du livre de la Genèse (15,5-12.17-18)
5 Yhwh fit sortir Abram dehors. Il lui dit : « Regarde vers le ciel et compte les étoiles si tu peux les compter ». Puis il lui dit : « Telle sera ta descendance ». 6 Abram eut confiance en Yhwh, et pour cela Yhwh le considéra comme juste.
7 (Yhwh) lui dit : « C’est moi Yhwh qui t’ai fait sortir d’Our en Chaldée pour te donner ce pays en possession ». 8 Et Abram dit : « Yhwh Seigneur, comment pourrai-je savoir que j’en prendrai possession ? » 9 Yhwh lui dit : « Amène-moi une jeune vache de trois ans, une chèvre de trois ans, un bélier de trois ans, une tourterelle et une jeune colombe ». 10 Abram amène ces animaux. Il les coupe en deux et il place les moitiés l’une en face de l’autre. Mais il ne coupe pas les oiseaux. 11 Des oiseaux rapaces descendent sur les cadavres des animaux, mais Abram les chasse.
12 Et il advient : au coucher du soleil, un sommeil mystérieux tombe sur Abram ; une terreur, une obscurité grande tombe sur lui.
17 Et il advient : le soleil se couche et une obscurité profonde advient. Et voici : un four fumant et une torche de flammes passent entre les animaux partagés. 18 Ce jour-là, Yhwh fait alliance avec Abram. Il lui dit : « Je donne ce pays à tes enfants et aux enfants de leurs enfants. Il s’étendra depuis le fleuve d’Égypte jusqu’au fleuve Euphrate, le grand fleuve ».

Psaume

Dans la première partie (vv. 1-6), de laquelle nous lirons seulement le premier verset, le poète exprime sa confiance et sa joie en Dieu. Et il le fait à travers trois affirmations : Yhwh est « ma lumière », « mon salut », « la forteresse de ma vie ». D’abord, l’image de la lumière. Elle permet de souligner la grandeur de Dieu, une grandeur qui, un peu comme le soleil, nous dépasse totalement. Mais, en même temps, cette lumière nous embrasse, nous caresse, nous réchauffe. Cette image se précise avec l’affirmation de Dieu comme « mon salut ». La

proximité de Dieu nous protège dans toutes nos difficultés : voilà pourquoi le poète vit sans aucune « crainte ». En effet, le poète se sent libéré de toute crainte, de toute terreur car « Yhwh est la forteresse de ma vie », totalement.
Dans la seconde partie (vv. 7-13) du psaume, la confiance que le poète a en Dieu est exprimée dans la forme d’une supplication. Voilà pourquoi la deuxième strophe que la liturgie nous propose s’ouvre avec l’impératif : « Écoute, Yhwh, ma voix ». Et à cet impératif le poète en ajoute encore deux : « et prends pitié de moi et réponds-moi ». Toujours dans cette même strophe, le poète présente sa vie comme une recherche du visage de Dieu : « Pour toi, mon cœur a décidé : Cherche son visage » . Cette décision n’est pas une décision quelconque, elle est enracinée au fond, dans le cœur-même du poète, et elle est la réponse à la parole, à un ‘ordre’ de Dieu.
Dans la strophe suivante (v. 9), le poète revient sur le visage de Dieu : le visage de Dieu est un visage souriant ; et si Dieu cachait son visage, cela serait un signe d’un Dieu en colère. Mais la nouveauté de cette strophe est surtout sur la façon que le poète a de comprendre soi-même : il est « serviteur » de Dieu. Le mot « serviteur » n’est pas un titre humiliant ; au contraire, il exprime la dignité du poète, qui a été appelé au service de Dieu, qui accepte de servir Dieu et de collaborer avec lui, totalement lié à lui. Et cette relation intime avec Dieu, le poète l’a déjà constatée : « mon secours tu as été ». D’ici la dernière, double requête : « ne me délaisse pas et ne m’abandonne pas, Dieu de mon salut ! »
Dans la strophe finale (vv. 13-14) du psaume, le poète exprime sa certitude : « J’en suis sûr, je verrai la bonté de Yhwh dans la terre des vivants » (v. 13). Et à partir de cette certitude, le poète peut adresser à soi-même des impératifs, des impératifs axés sur l’espoir : un espoir qui a son fondement dans le Seigneur : « Espère en Yhwh » c’est l’impératif qui ouvre et qui termine le dernier verset.
Quant à nous, en écoutant ces quatre strophes du psaume, nous sommes invité(e)s à partager et à faire nôtre l’attitude du poète, une attitude de confiance que nous allons l’exprimer avec ce refrain
Le Seigneur est ma lumière et mon salut.[…]

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