Eucharistie, 24 mars 2019

Dieu nous est proche… d’une façon toujours surprenante

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Eucharistie, 24 mars 2019

Première lecture
Dans un instant, nous allons lire une page fondamentale du livre de l’Exode : Dieu se manifeste à Moïse et lui avoue son projet. Dans la première partie du texte (vv. 1-8), Moïse arrive à la montagne de Dieu et est surpris en voyant un arbuste, un buisson qui brûle et qui « n’est pas dévoré par le feu » (v. 2). C’est dans cette expérience surprenante que Moïse rencontre le messager de Yahvéh (v. 2) et, dans la suite de la narration, Yahvéh lui-même. Dieu appelle Moïse et Moïse lui répond : « Me voici ! » (v. 4).
A Moïse qui déclare à Dieu sa disponibilité, Dieu se présente comme le Dieu des pères, et surtout comme le Dieu bien conscient de la misère et des souffrances de son peuple. Enfin, Dieu avoue à Moïse son projet : délivrer le peuple du pouvoir des Égyptiens et « le faire monter vers un pays beau et ouvert » (v. 8). Et Moïse doit collaborer à ce projet de Dieu. Dieu lui dit : « Maintenant, va ! Je t’envoie chez Pharaon : fais sortir d’Égypte mon peuple » (v. 10).
Dans la seconde partie du texte (vv. 13-15), Moïse n’est plus seulement le confident auquel Dieu communique son projet. En effet, dans les derniers versets, Moïse est celui qui – comme envoyé de Dieu (vv. 13.14.15) – doit parler de Dieu au peuple. Dieu se présente comme « JE SERAI QUI JE SERAI » (v. 14) . D’une façon très cohérente, Moïse, en parlant de la mission que Dieu lui a confiée, devra dire : « JE SERAI m’a envoyé vers vous ».
Avec l’expression « JE SERAI QUI JE SERAI », le narrateur ne veut pas nous donner une définition de Dieu. Il veut respecter l’identité de Dieu, identité qui nous échappe totalement et que Dieu seul connaît. Mais l’emploi de la forme verbale « JE SERAI QUI JE SERAI » veut suggérer que le peuple, jour après jour, pourra découvrir que Dieu est celui qui l’accompagnera dans les expériences les plus diverses. En effet, en hébreu, le verbe “être” n’est pas un verbe abstrait, philosophique. Au contraire c’est un verbe d’action, un peu comme, en français, “être actif” .
Et pour nous, aujourd’hui et demain ? Nous ne connaissons pas l’identité ou la nature de Dieu. Mais, dans nos expériences, de jour en jour, nous pourrons découvrir que Dieu nous est

proche, il est un Dieu fidèle et sensible à nos souffrances, actif et toujours surprenant. Oui, il est et il sera toujours solidaire avec nous, tout près de nous, de chacune et de chacun . A lui on pourra « faire appel » (v. 15)

Du livre de l’Exode (3,1-8a. 10. 13-15a)
1 Moïse faisait paître les moutons et les chèvres de Jéthro, son beau-père, prêtre de Madiân. Un jour, il conduit les moutons et les chèvres au-delà du désert et il arrive à la montagne de Dieu, à l’Horeb. 2 Là, dans une flamme de feu, au milieu d’un buisson, se laisse voir – le messager de Yahvéh – à Moïse. Moïse regarde, et voici : le buisson brûle dans le feu, mais le buisson n’est pas dévoré par le feu. 3 Moïse se dit : « Je vais faire un détour pour voir cette grande vision. Pourquoi le buisson ne brûle-t-il pas ? »
4 Et voit, Yahvéh, que Moïse a fait un détour pour voir, et l’appelle, Dieu, du milieu du buisson et lui dit : « Moïse ! Moïse ! » Et Moïse dit : « Me voici ! ». 5 Et Dieu dit : « N’approche pas d’ici ! Retire tes sandales de tes pieds, car le lieu où tu te trouves est une terre sainte. 6 Et il dit : « Moi, je suis le Dieu de ton père, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob ». Moïse se cache le visage parce qu’il a peur de regarder vers Dieu. 7 Et dit Yahvéh : « J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple en Égypte. J’ai entendu ses cris devant ses oppresseurs. Oui, je connais ses souffrances. 8a Et je suis descendu pour le délivrer du pouvoir des Égyptiens, pour le faire monter hors de ce pays, vers un pays beau et ouvert, vers un pays qui déborde de lait et de miel.
10 Maintenant, va ! Je t’envoie chez Pharaon : fais sortir d’Égypte mon peuple, les fils d’Israël».
13 Et dit, Moïse, à Dieu : « Voici ! J’irai vers les fils d’Israël. Je leur dirai : “Le Dieu de vos pères m’a envoyé vers vous”. Mais ils vont me demander ton nom. Qu’est-ce que je dois dire ? ».
14 Et dit, Dieu, à Moïse : « JE SERAI QUI JE SERAI. Voici ce que tu diras aux fils d’Israël : “JE SERAI m’a envoyé vers vous” ».
15a Et dit encore, Dieu, à Moïse : « Tu diras aux fils d’Israël : Yahvéh, le Dieu de vos pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob, m’a envoyé vers vous. C’est là mon nom à jamais, c’est ainsi qu’on fera appel à moi d’âge en âge».

Psaume
Avec le psaume 103, nous sommes au cinquième ou au quatrième siècle. L’exil à Babylone est terminé depuis longtemps et les prophètes vécus après l’exil ont fréquemment insisté sur

l’amour et la compassion que Dieu a pour nous. Et maintenant, avec le psaume 103, c’est un poète qui revient sur Dieu qui nous aime et nous pardonne .
Quant à nous, ce matin nous allons lire seulement une partie de ce psaume.
Dans la première strophe (vv. 1-2), le poète exhorte soi-même à bénir le Seigneur. Et cette action de bénir Dieu n’est pas une simple louange verbale : elle est une action qui part de la vie, de l’intérieur de sa personne, de son intimité . Toujours dans cette strophe, le poète exhorte soi-même à ne pas oublier aucun des « bienfaits » que le Seigneur a accomplis dans sa vie.
La deuxième strophe (vv. 3-4) évoque d’abord notre fragilité humaine, nos fautes, nos maladies, nos expériences de la mort. A tout ça, Dieu répond avec le pardon, la guérison, avec son amour, sa tendresse, ses biens. Dans cette strophe, le poète insiste sur les actions de Dieu avec quatre phrases : Dieu est celui qui pardonne, qui guérit, qui libère, qui couronne d’amour. Toutes ces actions ne font que manifester les deux caractéristiques fondamentales de Dieu, son amour et sa tendresse, littéralement – en hébreu – ses entrailles maternelles.
Dans la troisième strophe (vv. 6-7), le poète évoque l’expérience fondamentale de l’exode : à travers Moïse, Dieu a libéré son peuple de l’esclavage en Égypte. Et cette intervention de Dieu est, pour le poète, le modèle de toutes les autres interventions de Dieu : Dieu qui libère celles et ceux qui étaient exilé(e)s à Babylone, Dieu qui s’engage pour la justice et « fait le droit de tous les opprimés » (v. 6).
Enfin, dans une quatrième strophe (vv. 8.11), le poète applique à la situation actuelle les expériences du passé. Dieu qui, dans le passé, a pardonné à son peuple et ne l’a pas châtié en mesure de ses infidélités, Dieu est « Plein de tendresse et bienveillant », « lent à la colère et riche d’amour » (v. 8). Et, en revenant une dernière fois sur le mot « amour », il en affirme la démesure : « Comme les cieux sont immenses au-dessus de la terre, son amour est grand pour ceux qui le respectent ».
C’est en partageant ces convictions du poète que nous voulons intervenir, à la fin de chaque strophe, avec le refrain :

Le Seigneur est tendresse et amour.[…]

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