Ramadan 2020: première semaine

«Je me réfugie auprès du Seigneur de l’aube naissante»

Ramadan 2020: première semaine

di Renzo Petraglio

Pendant ce mois de Ramadan, je veux m’occuper de la prière. Et pour cette première semaine, je pense à la sourate 113, nommée « al-Falaq », en français « L’aube naissante » ou « L’aurore ». La signification fondamentale du terme arabe est celle d’une fissure soudaine et d’une explosion violente. Mais ce terme peut aussi évoquer la plante qui émerge de la fissure d’une graine et, dans le langage quotidien, la lumière qui émerge de l’obscurité donc l’aube naissante, l’aurore.
Voici une traduction de la sourate:
Au nom de Dieu, le tout miséricordieux, le très miséricordieux.
1 Dis: « Je me réfugie auprès du Seigneur de l’aube naissante,
2 contre le mal (causé) par sa créature,
3 contre le mal de l’obscurité quand elle survient,
4 contre le mal de celles qui soufflent sur les nœuds,
5 contre le mal du jaloux quand il jalouse (Sourate 113,1-5).

Cette prière fait naître, en nous, l’espoir, une confiance profonde en Dieu qui est lumière, en Dieu qui nous protège « contre le mal de l’obscurité quand elle survient » (v. 3). Et ici « le mal » peut évoquer les catastrophes naturelles, les guerres, les bouleversements sociaux, les accidents, les maladies, les deuils imprévisibles. Mais la suite du texte, toujours à travers l’image de l’obscurité, peut évoquer aussi les manœuvres douteuses, les agressions, les complots, des rites de sorcellerie dirigés contre quelqu’un. C’est ce que nous dit le verset 4 qui parle des personnes « qui soufflent sur les nœuds ». C’est ce qu’on faisait aussi, depuis des millénaires, en Égypte et au Proche-Orient. On faisait des nœuds avec une ficelle et on récitait des formules magiques pour nuire à une personne. Enfin, le verset 5 évoque une dernière menace de laquelle on peut être victime: la jalousie. La personne jalouse, voyant dans l’autre des qualités qu’elle est convaincue de pas avoir, cède à la tentation de le

persécuter, de l’humilier, de le déposséder. Et l’autre risque de se laisser entraîner dans l’engrenage sinistre de la violence et des ressentiments réciproques. Et seulement Dieu peut désamorcer ce mécanisme infernal. D’ici la prière de cette sourate.

Et cette prière me rappelle une prière que je lis dans l’Ancien Testament, plus précisément dans le Psaume 71. De cette prière, voici les premiers versets:
1 En toi, Yhwh, je me refugie;
que jamais je ne sois dans la honte !
2 Dans ta justice, délivre-moi et libère-moi,
tends vers moi ton oreille et sauve-moi !
3 Sois le rocher où je m’abrite,
où je peux arriver à tout instant:
tu as décidé de me sauver,
car mon rocher et ma forteresse c’est toi.
4 Mon Dieu, libère-moi de la main du méchant,
de la poignée du criminel et du violent.
5 Car c’est toi mon espérance, Yhwh Seigneur,
ma confiance dès ma jeunesse (Psaume 71,1-5).

Cette prière a été composée par une personne âgée qui s’adresse à Dieu et, en même temps, regarde en arrière sur sa vie, une vie vécue, toujours, en mettant en Dieu son espérance. Maintenant, ce poète se sent menacé par «la main du méchant», il se sent enfermé dans «la poignée du criminel et du violent» (v. 4). Et pourtant… il sait qu’il peut chercher son refuge en Dieu. D’ici sa prière, ses impératifs: délivre-moi, libère-moi, tends vers moi ton oreille, sauve-moi! Mais cette prière naît de la certitude: Dieu est le rocher qui l’abrite, un espace sûr, où il peut arriver à tout instant. Voilà pourquoi ce poète peut déclarer à Dieu: «mon rocher et ma forteresse c’est toi».

Faisons nôtres la prière de la sourate et du psaume: faisons confiance, totalement, à Dieu qui est notre seul refuge devant toutes les difficultés et tous les dangers que nous rencontrons dans la vie.


Cf. Commentaire du Coran. Chapitre ‘Amma, préparé par T. Gaïd, IQRA et Librairie al-Ghazali, Paris, 2003, p. 398s.

Meriam-Herzog Tourki, Paroles du Coran pour aujourd’hui, Mediacom, Amiens, 1998, p. 63.

Pour ces pratiques dénoncées aussi dans l’Ancien Testament, cf. Le Coran. Traduction française et commentaire, par Si Hamza Boubakeur, Maisonneuve & Larose, Paris, 1995, p. 2049.

Cf. Meriam-Herzog Tourki, Paroles du Coran pour aujourd’hui, p. 65.

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