Le rêve d’une communauté fidèle et ouverte

Le rêve d’une communauté fidèle et ouverte

Eucharistie : 1 juin 2014

 

La première lecture est encore une page de la Première lettre de Pierre. L’auteur venait d’évoquer la fin de l’histoire de l’humanité. Il y revient rapidement : « L’accomplissement de toutes choses s’est approché » (v. 7). C’est l’achèvement de l’histoire et son résultat : la plénitude du salut, la gloire du Christ et de ses élus va se manifester1.

En prenant conscience de cette situation, les chrétiens ne doivent pas se laisser prendre par la panique ou une surexcitation. C’est un très grand calme intérieur qui va permettre une attitude correcte : « Alors soyez des sages et gardez l’esprit éveillé en vue de la prière » (v. 7).

Mais, « avant tout » l’auteur recommande l’amour, « un amour intense les uns pour les autres ». Malgré nos faiblesses et nos errements, voilà celle qui doit être notre caractéristique fondamentale. En effet, en revenant sur les enseignements des abashingantahe2, notre auteur écrit « l’amour efface une multitude d’errements ». L’amour efface et pardonne les errements de l’autre, mais il permet aussi à la personne qui pardonne d’être pardonnée par Dieu3.

L’amour doit se manifester concrètement en accueillant l’autre d’une façon cordiale, sans le gronder intérieurement, sans réagir comme si l’autre était en train de te déranger. Dans l’accueil de l’autre, dans le service de l’autre, dans la parole que nous lui adressons, nous ne faisons que mettre en œuvre ce que nous sommes comme personnes, avec nos qualités. Et ces qualités ne sont, au fond, que « des dons, aussi riches que variés » (v. 10), que nous avons reçus de Dieu. Et, mettant en œuvre ces dons de Dieu, nos activités les plus diverses constituent une liturgie de louange. A travers ces services aux autres et ces rencontres avec les autres, « tous rendront gloire à Dieu en toutes choses par Jésus-Christ » (v. 11).

De la Première lettre de Pierre (4,7-11)

7 L’accomplissement de toutes choses s’est approché. Alors soyez des sages et gardez l’esprit éveillé en vue de la prière.

8 Avant tout, ayez un amour intense les uns pour les autres, car l’amour efface une multitude d’errements. 9 Pratiquez l’hospitalité les uns envers les autres, sans vous plaindre en vous-mêmes.

10 Mettez-vous au service des autres, selon le don que chacun a reçu. Soyez comme d’excellents serviteurs qui prennent soin des dons – aussi riches que variés – de Dieu. 11 Si quelqu’un parle, que ce soit comme les paroles de Dieu ; si quelqu’un assure le service, que ce soit comme par la force que Dieu accorde. Alors, tous rendront gloire à Dieu en toutes choses par Jésus-Christ. A lui est la gloire et la puissance pour les siècles des siècles. Amen!

La structure du psaume 67 est simple. Après des données techniques (v. 1), il y a trois strophes.

La première (vv. 2-3) et la troisième (vv.7-8) se correspondent. Au début et à la fin (vv. 2 et 8), le poète invoque la bénédiction de Dieu : il demande que l’amour et la tendresse de Dieu nous accompagnent, nous soutiennent dans notre vie. Dès le début, le poète demande aussi à Dieu « qu’il fasse briller son regard auprès de nous » (v. 2). Un visage lumineux, un visage souriant, c’est le visage d’une personne heureuse de te voir, de t’accueillir, de t’aider4. Voilà Dieu, le Dieu que le poète nous invite à chanter.

Toujours dans la première strophe, mais aussi dans la dernière, le poète demande que ce Dieu soit « connu » (v. 3) aussi par toutes les nations, et que toutes les nations puissent mettre leur « confiance » (v. 8) en lui.

Cette ouverture aux nations domine la strophe centrale. Elle est une invitation – une invitation répétée (vv. 4.6)- à tous les peuples, afin « qu’ils te rendent grâce et qu’ils se réjouissent ». Et, au cœur de cette strophe, l’accent est sur Dieu qui intervient dans l’histoire : « tu juges les peuples avec droiture, et les peuplades sur la terre, tu les conduis ». Le verbe ‘conduire’ suggère fréquemment l’idée de Dieu comme le berger qui prend soin de ses brebis. Quant au verbe ‘juger’, il n’évoque pas la crainte. Au contraire l’action de Dieu qui juge avec droiture pousse les peuples à se réjouir et à crier de joie. Et le pluriel « les peuples », « les peuplades » fait tomber toutes les barrières et souligne que l’action de Dieu n’a pas de limites ethniques et religieuses5.

Bref. Le psaume est une invitation à nous ouvrir, à devenir une communauté toujours plus ouverte. Dieu n’est pas seulement notre Dieu. Nous pouvons l’appeler « notre Dieu » (v. 7) seulement si

nous sommes capables de reconnaître que Dieu aime aussi les autres, tous et toutes, tout près de nous et jusqu’à « toutes les extrémités de la terre » (v. 8).

Psaume 67
1 Du maître de chœur. Sur instruments à cordes. Psaume. Chant.
2 Que Dieu nous accorde sa grâce et nous bénisse,
qu’il fasse briller son regard auprès de nous.
Pause de réflexion.
3 Que soit connu sur la terre ton chemin,
dans toutes les nations ton salut.
4 Que les peuples te rendent grâce, Dieu!
Que les peuples te rendent grâce, eux tous!
5 Qu’elles se réjouissent
et qu’elles crient de joie les peuplades,
car tu juges les peuples avec droiture,
et les peuplades sur la terre, tu les conduis.
Pause de réflexion.
6 Que les peuples te rendent grâce, Dieu, que les  peuples te rendent grâce, eux tous!
7 La terre a donné sa récolte,
que Dieu, notre Dieu, nous bénisse!
8 Que Dieu nous bénisse,
et qu’elles aient confiance en lui,
toutes les extrémités de la terre.
Pendant les  dimanches passés, nous avons lu les paroles que Jésus, dans l’Evangile de Jean, a adressées aux disciples pour les préparer à son départ, à sa mort et à sa glorification (Jn 13-16). A la fin de ces paroles aux disciples, l’Evangile nous présente les paroles que Jésus adresse au Père pour les disciples.

Jésus s’exprime en levant les yeux au ciel, et ce geste suggère que la mort de Jésus ne sera pas l’anéantissement, elle sera son élévation vers le Père. Et le mot « Père » est le premier mot de la prière de Jésus.1 Pour les versets 7-11 de notre lettre,
cf. C. Spicq, Les Epîtres de saint Pierre,
Gabalda, Paris 1966, p. 148-153.

2 Pour la relation entre notre lettre
et le texte hébraïque de Prv 10,12, cf. J. Schlosser,
La première épître de Pierre,
Cerf, Paris 2011, p. 246.

3 Cf. L. Goppelt, Der erste Petrusbrief,
Vandenhoeck & Ruprecht, Göttingen 1978, p. 284s.

4 Cf. B. Maggioni, Davanti a Dio. I salmi 1-75,
Vita e pensiero, Milano 2001, p. 204.

5 Cf. E. Zenger dans F.-L. Hossfeld – E. Zenger, Psalmen 51-100,
Herder, Freiburg – Basel – Wien 2000, p. 241.

 

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