Avent 2015_III-semaine

Miséricorde: un psaume et une page du Coran

(Avent 2015: troisième semaine)

 

La troisième partie de la Bible hébraïque, qu’on l’appelle « Ketubin », c’est-à-dire « les Ecrits », s’ouvre avec les psaumes. Parmi ces poèmes composés dans des époques différentes, le plus long est le psaume 119 : il est composé de vingt deux strophes, vingt deux comme les lettres de l’alphabet hébraïque. Et tous les huit versets de la première strophe commencent avec la première lettre de l’alphabet ; les huit versets de la deuxième strophe commencent avec la deuxième lettre de l’alphabet ; et ainsi de suite jusqu’aux huit versets de la dernière strophe. Au fond : le poète a besoin de toutes les lettres de l’alphabet, et répétés huit fois, pour chanter, pour chanter la parole de Dieu, ses décisions, sa fidélité, son amour.

73 Tes mains m’ont formé et modelé;
fais-moi comprendre et j’apprendrai tes commandements.
74 Ceux qui te respectent, me verront et se réjouiront,
car dans ta parole j’ai mis ma confiance.
et ta fidélité me prend intensément.
76 Que ton amour soit ma consolation, je t’en prie,
selon ce que tu m’as dit, à moi, ton serviteur!
77 Que ta miséricorde me pénètre, et je vivrai,
car ton instruction fait mes délices.
78 Qu’ils aient honte, les gens arrogants qui, à tort, me maltraitent!
Moi, je médite tes directives.
79 Qu’ils reviennent à moi, ceux qui te respectent,
ceux qui connaissent tes préceptes!
80 De tout mon cœur, je veux faire ta volonté,
ainsi je n’aurai pas honte devant toi (Psaume 119,73-80).

 Le poète qui compose ce psaume vit, probablement, au quatrième siècle avant la naissance de Jésus. Il s’engage pour vivre à fond sa relation avec Dieu. Par conséquent, les personnes qui ont du pouvoir s’opposent à lui, l’humilient et le maltraitent. Seulement les personnes qui respectent vraiment Dieu le rencontrent et partagent avec lui leur foi et leurs engagements.

Dans la strophe que je viens de traduire, le poète reconnaît d’abord que sa vie dépend totalement de Dieu : c’est Dieu qui, de ses mains l’a « formé et modelé » (v. 73). C’est Dieu qui, dans sa fidélité, le « prend intensément » (v. 75). Et, au centre de la strophe, il demande à Dieu : « Que ton amour soit ma consolation. Que ta miséricorde me pénètre, et je vivrai » (vv. 76-77). Et sa vie sera guidée et accompagnée par la parole de Dieu, ses commandements, ses préceptes. En effet, l’orientation que le poète a prise est claire : « De tout mon cœur, je veux faire ta volonté » (v. 80). Voilà ce qui lui permet de faire l’expérience de la joie, la joie au pluriel : « ton instruction fait mes délices » (v. 77).

En lisant la prière que le poète adresse à Dieu, il y a aussi une page du Coran qui me vient à l’esprit.

4 C’est Dieu qui a créé en six jours les cieux, la terre et ce qui est entre eux.
Ensuite, il s’est dressé sur le trône.
Vous n’avez hors de lui ni protecteur ni intercesseur. Ne vous rappelez-vous donc pas?
5 Il décide, dans le ciel, du sort de toute chose sur la terre, puis tout remonte vers Lui
en un jour qui vaut mille ans dans la durée humaine.
6 Tel est Dieu qui connaît le mystère du monde et ce dont les hommes peuvent témoigner.
Il est le puissant, le miséricordieux.
7  C’est Lui qui a créé toute chose à la perfection. Il a créé l’homme à partir de l’argile,
8 puis il a fait sa descendance à partir d’une humble eau,
9 puis il lui a donné une forme harmonieuse et a insufflé en lui de son esprit.
Il vous à fait l’ouïe, la vue et le cœur. Mais vous le remerciez peu ! (Sourate 32,4-9).

 

La page du Coran nous présente Dieu comme le créateur de l’univers tout entier et de chaque personne. Il est le seul protecteur pour les humains (v. 4). Et la suite du texte, un peu comme le psaume, met l’accent sur la miséricorde (v. 6), sur les entrailles maternelles de Dieu. C’est cette miséricorde, cette tendresse maternelle qui accompagne et soutient les humains dans leur faiblesse ; oui, car Dieu «a créé l’homme à partir de l’argile» (v. 7). Et ce soutient n’est pas un soutient quelconque. En effet, Dieu donne à l’homme ‘quelque chose’ de son esprit: oui, «a insufflé en lui de son esprit» (v. 9). Voilà ce que le Coran affirme avant d’évoquer le don de l’ouïe, de la vue et du cœur.

Le psaume et la page du Coran nous aident, mon amie, mon ami, à prendre conscience de la présence et de la miséricorde de Dieu dans notre vie. Et ces pages font jaillir en nous une prise de conscience de ce que nous sommes: une faiblesse soutenue et encouragée par Dieu. Et de cette prise de conscience ne peut que jaillir notre remerciement au Miséricordieux.

 

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