Avent 2016-1semaine

Un signe d’espoir: la pluie qui redonne vie à la terre morte

(Avent 2016 : première semaine)

 

Pendant ces semaines qui vont nous conduire à Noël, je veux réfléchir avec toi, chère amie, cher ami, sur l’espoir. Oui, dans ces temps difficiles, dans lesquels la tentation de se résigner est là, nous avons besoin d’être soutenu(e)s et encouragé(e)s par l’espoir. Pour être plus précis : j’ai pensé à la lecture des psaumes. Concrètement, je veux prendre mon temps pour lire, pendant cette semaine, une petite section du psaume 147.

Ce psaume est une louange, une louange joyeuse, à Dieu, le Dieu qui a tout créé et qui intervient : il intervient dans l’histoire des humains et aussi dans son peuple. Ces deux aspects – le Dieu de la création et aussi de l’histoire – on les retrouve dans chacune des trois strophes du psaume. Mais pendant cette semaine, je veux me limiter à la deuxième. Voici comment je peux la traduire :

7 Réagissez, devant Yhwh, en chantant avec reconnaissance,
célébrez notre Dieu aux accords de la guitare.
8 C’est lui qui couvre le ciel de nuages,
qui prépare la pluie pour la terre,
qui fait pousser l’herbe sur les montagnes.
9 Il donne leur nourriture aux troupeaux
et aux petits du corbeau quand ils crient de faim.
10 Ce n’est pas la force du cheval qu’il apprécie,
il ne s’intéresse pas aux muscles de l’homme.
11 Mais Yhwh s’intéresse à ceux qui le respectent,
à ceux qui espèrent en son amour (Psaume 147,7-11).

La strophe s’ouvre avec un verbe rare en hébreu, un verbe qui nous invite à réagir à la bonté de Dieu : à réagir, en chantant – à cœurs alternes – avec reconnaissance. Et le poète nous dit pourquoi nous devons chanter, à chœurs alternes et accompagnés des

accords de la guitare. Nous devons agir ainsi, parce que Dieu prend soin de la création. Et un signe, nous l’avons dans les nuages et dans la pluie. En effet, dans un paysage aride comme la Palestine, le premier signe de l’amour de Dieu pour sa création est la pluie. Un peu comme au Burundi à l’arrivée de la saison des pluies, la terre s’ouvre à la vie et elle fait naître des herbes et des fleurs sur toutes les collines et elle se prépare à nous offrir ses fruits. Mais le regard du poète ne se restreint pas seulement sur nous. Son regard voit Dieu qui prend soin aussi du bétail : aux troupeaux Dieu « donne leur nourriture ». Ensuite l’auteur, dans sa sensibilité de poète et de croyant, se regarde aussi les petits du corbeau. La tradition juive pensait que les corbeaux, père et mère, abandonnaient leurs petits. Eh bien : pour le poète, Dieu se préoccupe aussi des petits oiseaux qui, dans leur faim, crient vers le ciel en disant à Dieu leur peine.

Après avoir mentionné l’amour de Dieu pour sa création, les versets 10-11 font référence à l’histoire.

Dieu n’apprécie pas un pouvoir arrogant qui s’impose et terrorise, et qui aime se montrer et se glorifier à travers des défilés militaires (v. 10), avec des chevaux et des soldats qui marchent armés, des bottes jusqu’au casque. La préférence et l’amour de Dieu est pour « ceux qui le respectent » et « qui espèrent en son amour » (v. 11). Et cette dernière phrase évoque les pauvres d’Israël, celles et ceux qui ont le cœur brisé (v. 3), celles et ceux qui sont dispersé(e)s et déraciné(e)s (v. 2), victimes de la violence. Ces femmes et ces hommes, et toi mon amie, toi mon cher, nous n’avons qu’à regarder le ciel, quand la pluie arrive et renouvèle la terre. Ce don de Dieu est un signe de son amour. Voilà d’où jaillit, pour nous, l’espoir, l’espoir qui ne peut pas décevoir.

Avant de terminer cette page, je vœux aussi rappeler une page du Coran. C’est la sourate 30, qui parle des « signes » de Dieu. Lisons ensemble quelques versets :

20 Parmi ses signes : il vous a créés de poussière.
Et vous voilà des êtres humains répandus sur la terre.
21 Parmi ses signes : il a créé pour vous, à partir de vous-mêmes, des épouses
afin que vous demeuriez en pais auprès d’elles, et il a mis entre elles et vous affection et tendresse. Il y a là des signes pour des personnes qui méditent.
22 Parmi ses signes : la création des cieux et de la terre, et vos différentes langues et couleurs.

Il y a là des signes pour les connaisseurs.
23 Parmi ses signes : votre sommeil pendant la nuit et le jour, ainsi que votre recherche de sa faveur. Il y a là des signes pour des personnes qui savent écouter.
24 Parmi ses signes : il vous fait voir l’éclair qui provoque en vous la crainte et aussi l’espoir,
et il fait descendre du ciel une eau qui redonne vie à la terre morte.
Il y a là des signes pour des personnes qui savent comprendre (Sourate 30, ar-Rûm, versets 20-24).

Laissons-nous prendre par les signes de Dieu : par l’amour et la tendresse que Dieu fait naître dans un couple, par la différence des langues et des couleurs, par la pluie qui redonne vie à la terre morte. Et, quand nous sommes tenté(e)s de nous livrer à la résignation, laissons-nous prendre par l’espoir : Dieu nos accompagne et nous soutient toujours dans son amour.


Cf. D. Scaiola, Salmi in cammino, Messaggero, Padova, 2015, p. 217s.

Cf. F.J. Stendebach, ‘anâ, dans Grande lessico dell’Antico Testamento, a cura di G. J. Botterweck, H. Ringgren e H.-J. Fabry, vol. VI, Paideia, Brescia, col. 882.

Cf. L. Alonso Schökel (director), Diccionario bíblico hebreo-español, Editorial Trotta, Madrid, 1994, p. 577s.

Pour ce verbe, cf. J.-L. Vesco, Le psautier de David traduit et commenté, Cerf, Paris, 2006, p. 1355.

Cf. G. Ravasi, Il libro dei salmi. Commento e attualizzazione. Vol. III (Salmi 101-150), EDB, Bologna, 2015, p. 953.

Cf. A Weiser, I Salmi. Parte seconda: Ps 61-150, Paideia, Brescia, 1984, p. 918.

Cf. J.-L. Vesco, Le psautier de David traduit et commenté, Cerf, Paris, 2006, p. 1355.

La marche des soldats est évoquée avec un mot rare en hébreu, « shôq » (littéralement « cuisse »), un mot qui apparaît seulement ici dans tout le psautier.

Pour d’autres pages du Coran qu’on peut rapprocher de notre psaume, cf. G. Ravasi, Il libro dei salmi. Commento e attualizzazione. Vol. III (Salmi 101-150), EDB, Bologna, 2015, p. 953.

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