Carême 1-2017

La nuée qui protège et qui guide

Carême 2017 : première semaine

Pendant ces semaines de carême, je veux prendre mon temps – ensemble avec toi, mon ami et mon amie – pour réfléchir sur Moïse. De ce personnage, la Bible nous raconte son origine, sa naissance dans le clan de Lévi. Nous sommes en Egypte, au temps d’un pharaon qui impose de mettre à mort les enfants mâles nés dans les familles juives. Mais la maman de Moïse tient caché son enfant pendant trois mois. Ensuite, comme elle ne peut plus le garder caché, elle le met dans une corbeille et le dépose au bord du Nil. Mais la fille de pharaon, en allant se laver dans le fleuve, découvre l’enfant et le sauve, elle l’accueille chez elle. Et l’enfant « devint pour elle un fils et elle lui donna le nom de Moïse » (c’est-à-dire “tiré”), « car, dit-elle, je l’ai tiré des eaux » (Ex 2,10). Voilà comment le narrateur explique le nom de Moïse : celui qui a été tiré des eaux est celui qui tirera, hors des eaux de la mer Rouge, Israël.

L’action de Moïse qui va conduire Israël hors de l’Egypte et de la mer Rouge, et surtout l’action de Dieu qui – à travers Moïse – sauvera Israël, sera le point de référence pour mon carême. Je commence donc par un petit récit qu’on peut titrer : le voyage avec Dieu.

17 Et il advient, quand le pharaon laisse partir le peuple :
Elohim ne les conduit pas par le chemin du pays des Philistins, qui pourtant est le plus direct.
En effet, Elohim pense : « En voyant les combats à mener,
le peuple va peut-être regretter son départ et revenir en Egypte ».
>18 Et Elohim détourne le peuple, par le chemin du désert, vers la mer des Roseaux.
Et les Israélites montent, bien équipés, hors du pays d’Egypte.
19 Et Moïse emporte avec lui les os de Joseph, car il avait fait faire serment aux Israélites en disant :
« Elohim interviendra, il interviendra sûrement pour vous.
Et vous, vous ferez monter mes os avec vous loin d’ici » (Gen 50,25).
20 Et partent, les Israélites, de Soukoth, et dressent leurs tentes à Etam, au bord du désert.
21 Et Yhwh marche devant eux :
le jour dans une colonne de nuée, pour les conduire sur le chemin,
et la nuit dans une colonne de feu, pour les éclairer.
Ainsi ils peuvent marcher jour et nuit.
22 La colonne de nuée ne s’éloigne pas pendant le jour, ni la colonne de feu pendant la nuit,
devant le peuple (Exode 13,17-23).

 Au verset 19, le narrateur évoque la fidélité de Moïse par rapport à ce que Joseph avait demandé : « Vous ferez monter mes os avec vous loin d’ici ».  Mais il évoque aussi la certitude de Joseph au moment de mourir : « Elohim interviendra, il interviendra sûrement pour vous » (cf. Gen 50,25).

D’une façon très cohérente à cette affirmation située au centre de notre récit, le narrateur met l’accent sur Dieu, Dieu mentionné plusieurs fois avec le terme « Elohim » et une fois avec « Yhwh». Oui, Dieu est celui qui guide, qui conduit son peuple sur le chemin. Le narrateur le souligne : « Yhwh marche devant eux » (v. 21), « devant le peuple » (v. 22). Et cette présence est une présence constante : de jour et de nuit, nous répète trois fois le narrateur. Et c’est une présence puissante, puissante et irrésistible comme le feu, une présence, mystérieuse et cachée, qui nous dépasse et reste incompréhensible comme une nuée.

Même le Coran nous rappelle cette présence, là où on peut lire :
160 Nous avons réparti les fils d’Israël en douze tribus, douze communautés.
Et lorsque le peuple de Moïse lui demanda de l’eau, nous lui avons révélé :
« Frappe le rocher de ton bâton ».
Aussitôt douze sources ont jailli et chaque tribu a su à quelle source elle devait se désaltérer.
Nous les avons couverts de l’ombre d’un nuage
et nous avons fait descendre sur eux la manne et les cailles en disant :
« Mangez de ces bonnes choses que nous vous avons accordées » (Sourate 7,160).

 

Voilà la présence de Dieu qui nous accompagne et nous dépasse chaque jour. A nous, comme aux Israélites, de découvrir et d’apprécier, parmi les autres dons de Dieu, cette présence mystérieuse qui nous protège et nous conduit jour et nuit.


Il s’agit du pharaon Ramses II (1290-1224) ou de son successeur Mernepta (1224-1204). Cf. L. Moraldi, Esodo, dans La Sacra Bibbia. Tradotta dai testi originali e commentata a cura e sotto la direzione di S. Garofalo, Marietti, Torino, 1960, Vol. I, p. 155s. On pourra lire aussi M. Priotto, Esodo. Nuova versione, introduzione e commento, Paoline, Milano, 2014, p. 40s.

En hébreu, il y a un jeu de mot entre « Moïse » (« Moshèh ») et le verbe « tirer » (« mashah »). Mais cette relation est, probablement, une étymologie populaire. En effet, le nom « Moïse » dérive, très probablement, d’un verbe égyptien qui signifie « engendrer ».  Cf. La Bibbia di Gerusalemme. Antico Testamento. Pentateuco (Parte I). Genesi. Esodo, Commenti di G. Ravasi, Edizione speciale per il Corriere della Sera, Milano, 2006, p. 203. D’autres données dans M. Priotto, Esodo. Nuova versione, introduzione e commento, Paoline, Milano, 2014, p. 69 et 748.

Cf. ibidem, p. 69.

Ainsi ibidem, p. 245.

 

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