Eucharistie, 7 janvier 2018 : L’Épiphanie du Seigneur
S’ouvrir à l’Autre et aux autres
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Eucharistie, 7 janvier 2018 : L’Épiphanie du Seigneur
Première lecture
Avec la première lecture, nous sommes à Jérusalem vers les années 520-515 . La ville sort à peine de son humiliation. Elle avait été abandonnée par ses habitants conduits à Babylone. Exploitée, appauvrie, défigurée par ses murailles en ruine et son temple détruit. Maintenant, l’exil vient de terminer et certains de ses habitants ont osé revenir. C’est comme au Burundi : lorsque les déplacé(e)s rentrent, l’espoir semble renaître.
Dans ces conditions, un poète sans nom ose prendre la parole et compose un texte qu’on a ensuite accueilli dans le livre du prophète Isaïe.
Le poète interpelle une femme. Il l’interpelle avec deux impératifs : « Mets-toi debout et brille avec éclat » (v. 1). Et la suite du texte nous permettra de comprendre que cette femme est Jérusalem, une femme en deuil qui a vu ses enfants partir en exil . Mais maintenant, cette femme, au lieu de s’enfermer et de se replier dans la résignation, doit se mettre debout. Cette femme sans avenir est invitée à briller avec éclat ; elle doit être lumière pour ceux et celles qui rentrent. Cela est possible « car elle vient, ta Lumière : la glorieuse présence de Yahvéh se lève sur toi » (v. 1). Oui, la présence de Yhwh se lève comme l’aurore et apporte sa lumière. En plus, grâce à cette intervention de Dieu, la femme – ou la ville – va devenir, elle aussi, lumière pour les autres peuples : « Les peuples vont marcher vers ta lumière, et les rois vers la clarté qui s’est levée sur toi (v. 3).
Dans la suite du poème (vv. 4-6), la ville voit venir à elle ses enfants et aussi des étrangers. Des personnes venant de loin – des terres qu’on ne connaît pas – apportent aussi des dons, « de l’or et de l’encens » (v. 6) pour le temple qu’on projette de reconstruire.
Ensuite, encore une dernière surprise. Ces étrangers, qui ont découvert l’action de Dieu pour Jérusalem, en rentrant chez eux raconteront leurs expériences, et les louanges de Yhwh « ils les porteront au monde comme évangile » (v. 6) .
Du livre du prophète Isaïe (60,1-6)
1 Mets-toi debout et brille avec éclat,
car elle vient, ta Lumière :
la glorieuse présence de Yhwh se lève sur toi !
2 Voici qu’en effet les ténèbres couvrent la terre,
et l’obscurité les peuples.
Mais sur toi, Yhwh se lève
et sa glorieuse présence sur toi apparaît.
3 Les peuples vont marcher vers ta lumière,
et les rois vers la clarté qui s’est levée sur toi.
4 Soulève tes yeux autour de toi et vois :
tous se rassemblent et viennent vers toi :
tes fils viennent de loin,
tes filles sont portées, avec délicatesse, dans les bras.
5 Alors tu verras, tu seras radieuse,
ton cœur s’ouvrira et sera plein d’émotion,
car les trésors de la mer arriveront sur toi,
vers toi viendront les richesses des nations.
6 Des troupeaux de chameaux vont couvrir ton pays,
de jeunes chameaux de Madian et d’Éfa.
Tous les gens de Saba viendront,
ils apporteront de l’or et de l’encens,
et les louanges de Yhwh ils les porteront au monde comme évangile.
Psaume
Le psaume 72 se présente comme une prière de David qui, à la fin de sa vie, prie pour son fils Salomon. En hébreu, le nom « Salomon » signifie « Pacifique » ou « Homme de paix », et le psaume est une prière pour que le roi à venir s’engage pour la paix et la justice.
De ce psaume nous allons lire quatre petites sections.
Dans la première (vv. 1-2), le poète insiste sur deux mots : jugement et justice. Dans ses jugements, le roi ne doit pas se laisser influencer par ses amis ; il doit prononcer les jugements de Dieu, il doit être animé par le sens de la justice qui caractérise Dieu lui-même. Et la justice de Dieu est une justice qui sauve, qui sauve les pauvres.
La deuxième section (vv. 7-8) revient sur le mot « justice » en y ajoutant la paix. Et le poète voit ces deux réalités comme les caractéristiques des temps messianiques, lorsque viendra le Messie, prince de la paix. En effet, le psaume présente ici un message très proche du livre de Zacharie. C’est la page qui annonce le prince qui détruira toutes les armes de la guerre et apportera la paix « d’une mer à l’autre et du fleuve jusqu’aux extrémités de la terre » (Za 9,10).
La troisième section (vv. 10-11) nous présente ce roi de paix comme un souverain reconnu par tous les peuples. En occident, comme à Tarsis et dans les îles de la Méditerranée, en Ethiopie et en Arabie comme à Saba et Séba, les rois sont fascinés par ce roi de paix, ils lui apportent des offrandes et veulent se mettre à son service.
La quatrième section (vv. 12-13) revient encore une fois sur ce roi de paix. La voix, le cri même de l’indigent ne sera pas sans résultat. En effet, ce roi « délivrera l’indigent qui crie au secours ». Et le poète insiste : « il aura pitié de l’indigent, et des indigents il sauvera la vie ». Oui, il sauvera la vie de ceux et celles qui manquent de tout et sont menacés par la violence.
Dans ce psaume, le poète parlait d’un roi à venir, un roi devant lequel « les rois se prosterneront » (v. 11). Et nous, ce matin, en pensant aux mages qui sont venus de l’Orient pour se prosterner devant Jésus, nous voulons revenir sur ces mots du psaume. Je vous propose donc un refrain qui est – en même temps – un regard vers Jésus le nouveau-né, mais aussi à Jésus qui va revenir à la fin de l’histoire de l’humanité :
Toutes les nations, Seigneur,
se prosterneront devant toi. […]
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