Carême 2018 : première semaine

« Tu reviendras à Yahvéh, ton Dieu, de tout ton cœur et de tout ton être » (Deut 30,10)

Carême 2018 : première semaine

Le carême est une période de quarante jours, des jours pendant lesquels nous sommes invité(e)s à nous convertir ou, pour le dire avec des mots plus proches du texte biblique, à « revenir » à Dieu. Pour cette invitation qui traverse l’Ancien et le Nouveau Testament, pendant cette semaine je veux lire avec toi, ma chère amie, mon ami, une page du livre du Deutéronome. En grec, « deutéronome » signifie « deuxième loi ». Et les anciens Grecs ont créé ce mot pour indiquer le cinquième livre de l’Ancien Testament. Et ils l’ont appelé de cette manière parce que ce livre contient une nouvelle forme de la loi, en particulier une nouvelle forme des dix commandements.

Pendant cette première semaine, je veux prendre mon temps pour lire une page du chapitre 30, une page (30,8-10) qui appartient à une section plus grande (Deut 28,69-30,20), une section qui nous livre le dernier discours de Moïse avant sa mort. Voici comment peut-on traduire cette page :

8 Et toi, tu reviendras et tu écouteras la voix de Yhwh
et tu mettras en pratique tous ses commandements,
tels que je te les ordonne de sa part aujourd’hui.
9 Et te donnera prospérité, Yhwh ton Dieu, dans tout le travail de tes mains,
dans le fruit de ton ventre et dans le fruit de ton bétail et dans le fruit de ta terre.
En effet, Yhwh reviendra à se réjouir – à ton sujet – de ton bonheur,
comme il se réjouissait à propos de tes pères.
10 En effet, tu écouteras la voix de Yhwh, ton Dieu,
pour prendre soin de ses commandements et de ses prescriptions écrits dans ce livre de la loi;
en effet, tu reviendras à Yhwh, ton Dieu, de tout ton cœur et de tout ton être (Deut 30,8-10).

 

Cette page est un message pour un peuple dispersé parmi les nations. Cette situation douloureuse est la conséquence de l’infidélité du peuple envers Dieu, une infidélité qui s’est vérifiée plusieurs fois après la libération de la servitude en Egypte. Et à ces personnes Moïse rappelle la nécessité de choisir entre la fidélité ou l’infidélité à Dieu : l’infidélité a des conséquences négatives, la fidélité des conséquences positives. Et au peuple qui a vécu l’infidélité, Moïse annonce un changement radical, un changement que Dieu rend possible. Ce changement est lié au fait de « revenir » (v. 8), « revenir à Yahvéh » (v. 10). Concrètement, ce « revenir » consiste dans le fait d’écouter la voix du Seigneur. Le texte le dit deux fois : « tu écouteras la voix de Yahvéh » (v. 8), « tu écouteras la voix de Yahvéh, ton Dieu » (v. 10). Et cette écoute doit se faire concrète : « tu mettras en pratique tous ses commandements » (v. 8) ; tu écouteras sa voix « pour prendre soin de ses commandements » (v. 10).
A ce changement radical du peuple, à ce « revenir » correspond – dans notre texte – un changement au niveau de Dieu : « Yhwh reviendra à se réjouir – à ton sujet – de ton bonheur » (v. 9). La cause de cette joie de Dieu est la prospérité que Dieu donne à son peuple, la prospérité qu’il donne à son peuple parce que le peuple a changé son attitude.
La possibilité d’un changement, de revenir à Dieu après avoir vécu l’infidélité, nous est rappelée aussi dans le Coran. Comme dans la Bible (Exode 32,4-6 et Deutéronome 9,16), les Israélites tournent le dos à Dieu et se construisent un veau d’or et l’adorent comme une divinité. Et, quand Moïse descend de la montagne et constate ce fait, il réagit contre son frère Aaron qui n’est pas intervenu devant ce choix fait par le peuple. Et le Coran continue en ces termes :

151 (Moïse) dit : « Mon Seigneur !
Pardonne à moi et à mon frère, et fais-nous entrer dans ta miséricorde,
car ta miséricorde n’a point d’égale !»
152 Ceux qui ont pris le veau pour divinité
auront sur eux, de la part de leur Seigneur, une colère et une humiliation dans la vie ici-bas.
C’est ainsi que Nous rétribuons les menteurs.
153 Ceux qui ont fait du mal et qui, ensuite, sont revenus et retrouvent la foi,
ton Seigneur, après cela, est pardonneur et très miséricordieux (Sourate 7,151-153).

Laissons-nous prendre par ce message du Dieu « pardonneur et très miséricordieux », revenons à lui et retrouvons la foi. C’est la foi qui nous permettra d’écouter la voix de Dieu et de prendre soin – oui, de prendre soin – de ses commandements. Et sur ce chemin, mon ami, ma chère, nous serons ensemble.

 

 

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