Eucharistie 10 juin 2018
10ème dimanche du Temps Ordinaire — Année B
______________________________________________________________________________________________
Eucharistie 10 juin 2018
La première lecture est une page très connue du livre de la Genèse. L’auteur évoque l’intervention de Dieu après que le premier couple a désobéi à l’ordre de Dieu.
Pour parler de Dieu, le narrateur utilise une formule très solennelle : « Yhwh Elohim ». Le premier terme est un terme plein de respect, au point que les Juifs n’osent même pas le prononcer : ils se limitent à dire « Adonai » c’est-à-dire « Seigneur ». Quant au terme « Elohim », il signifie Dieu, et la terminaison « -im » en souligne la majesté.
Pour parler du couple, le narrateur utilise « Adam » et « ’ishâh ». Le deuxième mot est un terme commun, il signifie « femme », plus tard le narrateur indiquera son nom propre « Eve », qui signifie « vivante », « mère de la vie ». Au contraire, « Adam » est un terme… à mi-chemin ; il peut être utilisé comme un nom commun qui signifie « terrestre, lié à la terre (« adamah » en hébreu), fragile . Mais il peut être utilisé aussi comme un nom propre, comme c’est le cas dans la page de ce matin .
Dans le récit que nous allons lire dans un instant, Dieu interroge d’abord Adam et ensuite la femme qui n’ont pas respecté la parole de Dieu et ont mangé du fruit défendu.
Les interrogations à Adam veulent aider l’homme à prendre conscience de ce qu’il vient d’accomplir. L’homme s’est caché parce qu’il a eu peur, il a eu peur parce qu’il était nu. Il a pris conscience d’être nu, quand il a désobéi à Dieu et il a mangé du fruit. Enfin, pour justifier sa désobéissance, l’homme accuse la femme et, indirectement, Dieu lui-même : « La femme que tu m’as donnée pour compagne, c’est elle qui m’a donné (du fruit) de l’arbre, et j’ai mangé » (v. 12).
Si l’homme se déresponsabilise et accuse la femme d’être responsable de l’acte en question, la femme fait de même : elle accuse le serpent d’être le responsable : « Et dit, la femme : Le serpent m’a trompée, et j’ai mangé » (v. 13). Et avec cette déclaration de la femme, Dieu termine son interrogatoire. Le récit ne dit pas pourquoi le serpent s’est comporté ainsi et, de cette façon, l’origine du mal… reste inexpliquée .
La dernière partie de notre récit est une parole que Dieu adresse au serpent. Dieu exprime
sa malédiction : « Parce que tu as fait cela, tu seras maudit parmi tous les animaux et toutes les bêtes des champs » (v. 14). Voilà le châtiment pour le serpent. Et le dernier verset – à propos de la relation entre le serpent et les humains – utilise le terme « hostilité », « ’aibah » en hébreu. Dans Genèse 3,15, ce mot – très rare en hébreu – n’évoque pas une inimitié limitée dans le temps ; il s’agit d’une hostilité durable. Et cette hostilité n’existe pas entre les humains et les animaux ni entre les humains et les animaux sauvages. Elle est seulement entre les humains et le serpent . Enfin, pour le présent et aussi pour l’avenir, cette hostilité vise la mort de l’adversaire : la descendance de la femme « te meurtrira à ta tête, et toi, tu la meurtriras à (son) talon » (v. 15). Dans cette phrase, le même verbe (sûp » en hébreu et « têrêô » dans le sens de « guetter » en grec) convient aussi bien à l’humain qu’au serpent . Chacun des deux vise la mort de l’autre et est – l’un pour l’autre – une menace .
Lecture du livre de la Genèse (3,9-15)
9 Lorsque Adam eut mangé du fruit de l’arbre, Yhwh Elohim l’appela et lui dit : « Où es-tu ? »
10 Et (dit) Adam : « J’ai entendu ta voix dans le jardin, et j’ai pris peur car moi je suis nu, et je me suis caché ».
11 Et dit (Yhwh) : « Qui t’a appris que tu étais nu ? Est-ce que tu as mangé (du fruit) de l’arbre dont je t’avais ordonné de ne pas manger ? »
12 Et dit Adam : « La femme que tu m’as donnée pour compagne, c’est elle qui m’a donné (du fruit) de l’arbre, et j’ai mangé ».
13 Et dit, Yhwh Elohim, à la femme : « Quoi ? Tu as fait ça ? »
Et dit, la femme : « Le serpent m’a trompée, et j’ai mangé ».
14 Et dit, Yhwh Elohim, au serpent : « Parce que tu as fait cela, tu seras maudit parmi tous les animaux et toutes les bêtes des champs. Sur ton ventre tu iras et de la poussière tu mangeras tous les jours de ta vie. 15 Et une hostilité je mettrai entre toi et la femme, et entre ta descendance et sa descendance : celle-ci te meurtrira à ta tête, et toi, tu la meurtriras à (son) talon. »
Psaume
Le psaume que nous allons lire dans un instant fait partie d’un groupe de poèmes (Psaumes 120-134) qui portent le titre « Chant des montées ». Ce titre a probablement été choisi par les responsables du culte au temple de Jérusalem. Ils voulaient ainsi indiquer des psaumes qui
pouvaient accompagner les pèlerins qui, surtout dans certaines fêtes, montaient jusqu’au temple de Jérusalem.
Parmi les « chants des montées », le psaume 130, connu sous le titre latin « De profundis », est un des psaumes les plus lus et aimés. En effet, il peut nous accompagner dans les situations les plus tristes de la vie et aussi au moment de la mort.
La première strophe (vv. 1-2) de ce poème nous introduit directement dans la situation que le poète est en train de vivre : une situation de vide dans lequel une personne se perd. C’est de cette situation que le poète lance son appel à Dieu. En effet, il dit : « Des profondeurs je t’appelle, Yhwh! ». Les deux premiers mots, « des profondeurs », « mimma‘amaqîm » en hébreu, qu’on lit seulement cinq fois dans l’Ancien Testament, évoquent la profondeur des eaux, la profondeur de la mer, dans laquelle on se perd et on s’approche de la mort. Et pourtant, cet appel adressé à Dieu – on pourra le constater dans les versets suivants – est prononcé… avec confiance, une confiance qui naît de la foi dans la bonté de Dieu.
La deuxième strophe (vv. 3-4) nous permet de mieux comprendre les « profondeurs » dans lesquelles le poète – et l’humanité toute entière – se trouve : « les fautes ». Ces fautes nous enlèvent toute dignité. Le poète le dit très clairement : « Si tu gardes (dans ta mémoire) les fautes, Yah, Seigneur, qui pourra se tenir debout ? (v. 3). Et dans cette phrase, on doit remarquer les deux expressions : « Yah » et « Seigneur ». La deuxième nous présente Dieu comme un souverain dans sa grandeur, sa perfection, sa justice, une grandeur devant laquelle on ne peut que se prosterner en reconnaissant ses fautes. Mais, toujours à propos de Dieu, le poète utilise aussi le terme « Yah », une expression très intime et familière avec laquelle on s’adresse à Yhwh. Et cet aspect revient dans le verset suivant qui mentionne un thème nouveau : comme réaction à nos fautes, il y a le pardon de Dieu. Le poète déclare à Dieu : « Mais avec toi (est) le pardon ». Il s’agit d’un pardon immérité, un pardon qui nous surprend toujours et qui nous pousse à respecter Dieu et à l’aimer.
> Lectures pure l’Afrique … et toute la Terre 2018