Eucharistie 15 juillet 2018

En chemin vers un changement

______________________________________________________________________________________________

Eucharistie, 15 juillet 2018 : 15èmedimanche du Temps Ordinaire — Année B

Première lecture
Amos est un berger et un cultivateur de Téqoa, une petite ville à sud de Jérusalem. Il vit au 8ème siècle, lorsque les Hébreux sont divisés : le petit Royaume du sud avec sa capitale Jérusalem, et le grand Royaume du nord avec sa capitale Samarie. Au 8ème siècle, sous le roi Jéroboam II (787-747), le Royaume du nord connaît la prospérité grâce au commerce et à la production de tissus. Il y a des riches dans des maisons splendides, mais il y a aussi les pauvres, victimes des usuriers. Du point de vue religieux, de nombreux sanctuaires du Royaume du nord s’ouvrent aux divinités païennes, aux cultes pour la fertilité et la prostitution sacrée. Parmi ces sanctuaires, il y a celui de « Béthel » : son nom signifie « Maison de Dieu ». Et ce sanctuaire, à 17 km à nord de Jérusalem, devient – pour le Royaume du nord – le sanctuaire royal, le centre national du culte.
Et, à ce sanctuaire du Royaume du nord… arrive un homme du Royaume du sud : Amos.
Amos prend la parole pour dénoncer le luxe des riches, oppresseurs des pauvres, pour dénoncer un culte extérieur qui n’a pas de conséquences sur la vie de tous les jours. Amos prend la parole et entre en conflit avec le prêtre Amacya. En effet, Amos dans son annonce ne se limite pas à dénoncer les injustices dans le peuple ; il dénonce aussi le mauvais comportement du roi et de la famille royale. Et la réaction du prêtre Amacya ne se fait pas attendre. Il parle au roi Jéroboam et lui dit : « A conspiré contre toi, Amos, au sein de la maison d’Israël. Ne peut pas, le pays, supporter toutes ses paroles. Car ainsi a dit Amos : “Par l’épée mourra Jéroboam et Israël sera exilé, oui, exilé loin de sa terre” » (7,10-11).
La suite du récit, dans la petite page que nous allons lire ce matin, nous présente le “dialogue” ou le conflit entre Amacya et Amos. Ici Amos et Amacya sont les porte-paroles d’une autorité supérieure : derrière leurs paroles il y a les décisions de deux autres “acteurs”.
La parole d’Amacya est inspirée ou ordonnée par le roi Jéroboam, tandis que la parole d’Amos a sa source en Dieu . Amacya donne des ordres avec autorité : « va, enfuis-toi vers le pays de Juda. Et … là-bas tu parleras en prophète » (v. 12). Et, de ces ordres, Amacya donne aussi le motif : Béthel n’est pas un sanctuaire ouvert à la parole de Dieu , Bethel est

« un sanctuaire du roi, une maison du royaume » du nord.
Quant au prophète Amos, il affirme de ne pas être prophète par profession. Sa profession est celle d’un « éleveur de bovins » et de « cultivateur de figuiers sauvages » (v. 14). Et sa profession, qui n’est certainement pas celle d’un riche, ne lui empêche pas de suivre l’appel de Dieu, d’être un prophète qui a – comme mission – de proclamer la parole de Dieu dans un monde marqué par les injustices et les abus du pouvoir. Et, pour raconter sa vocation prophétique, Amos reprend deux verbes utilisés par Amacya : « va » et « parle en prophète » . Les verbes sont les mêmes, mais celui qui donne l’ordre est bien différent : ce n’est pas Amacya, c’est Dieu qui commande. Et le destinataire auquel apporter le message n’est plus seulement le « pays de Juda » (v. 12), donc le Royaume du sud. Non, le destinataire sera « Israël » tout entier, Israël que Dieu qualifie comme « mon peuple Israël » (v. 15) .

Lecture du prophète Amos (7,12-15

12 Et dit Amacya à Amos : « Voyant, va, enfuis-toi vers le pays de Juda. Et mange là-bas du pain et là-bas tu parleras en prophète ! 13 Et à Béthel tu ne continueras encore à parler en prophète, car celui-ci (est) un sanctuaire du roi, une maison du royaume, celle-ci ».
14 Et répondit, Amos, et dit à Amacya : « Je (n’étais) pas prophète, et je n’(étais) pas fils de prophète, moi ! Mais éleveur de bovins moi (j’étais) et cultivateur de figuiers sauvages. 15 Et m’a pris, Yhwh, quand j’étais derrière le petit bétail, et m’a dit, Yhwh: “Va ! Parle en prophète à mon peuple Israël !” ».

Psaume

Le psaume 85 est un poème composé après le retour, à Jérusalem, des personnes qui avaient été exilées à Babylone. Et c’est l’idée du « retour » qui domine tout le psaume.
La structure du poème est simple.
La première partie est composée de deux strophes. Dans la première strophe (vv. 2-4), le poète évoque le passé : Dieu est déjà intervenu pour son peuple, il a « retourné le destin » du peuple, il l’a pardonné, il l’a reconduit sur la vallée du Jourdain, sur une terre de laquelle Dieu prend plaisir. Dans la deuxième strophe (vv. 5-8), le peuple demande à Dieu d’intervenir une nouvelle fois avec son pardon et son amour.
Après ces deux strophes que nous ne lirons pas ce matin, il y a la seconde partie du poème. Dans cette partie, une strophe (vv. 9-10) présente Dieu comme celui qui « parle de paix à

son peuple et à ses fidèles » (v. 9). Mais cette parole de paix se réalise seulement si les fidèles acceptent de ne pas « retourner à la folie » (v. 9). Enfin, dans les deux dernières strophes (vv. 11-12 et 13-14), le poète présente son rêve : une “marche” de la paix. A cette marche participent « Amour et Vérité », avec « Justice et Paix ». Cette marche de la paix a une dimension cosmique, elle dépasse les frontières d’Israël et prend tout le monde, la terre et le ciel. Et Dieu lui-même… participe à ce cortège. Et, devant Dieu, il y aura… la Justice. C’est elle qui précède Dieu dans ses pas. Le poète nous le dit dans le dernier verset : « Justice devant son visage marchera ». Oui, si nous voulons rencontrer Dieu, nous devons travailler pour la Justice.
Enfin, la dernière phrase du psaume : « et mettra sur le chemin ses pas ». Il s’agit d’une phrase dans laquelle le sujet n’est pas exprimé. C’est peut-être la Justice qui « mettra sur le chemin ses pas ». Mais on peut aussi penser que, sans le nommer, le poète évoque Dieu, Dieu qui « mettra sur le chemin ses pas ». En effet, à travers ce silence sur le sujet et sans le dire clairement, le poète veut nous permettre de découvrir que, à travers nos engagements pour la Justice, nous pouvons découvrir Dieu qui vient chez nous. En effet, Dieu continue à poursuivre son chemin à travers l’histoire ; et nous, qui sommes son peuple, nous pouvons marcher avec lui. C’est à nous de décider.

Nous qui – fréquemment – nous avons fait l’expérience de la « folie » de la violence et de la guerre, aujourd’hui nous sommes invité(e)s à nous engager vraiment pour la Justice. C’est le seul chemin sur lequel Dieu peut entrer dans l’histoire de l’humanité et nous montrer son visage.
Seulement si nous travaillons pour la Justice, nous pourrons faire l’expérience de son Amour. C’est notre engagement pour la Justice qui nous permet de prier avec le verset 8 du psaume :
Fais-nous voir, Seigneur, ton amour,
et donne-nous ton salut.
Et ces mots seront notre refrain à la fin de chaque strophe.[…]

> testo integrale (pdf)

> Lectures pure l’Afrique … et toute la Terre 2018