Eucharistie, 12 août 2018

Attiré(e)s par Dieu et nourri(e)s par lui

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Eucharistie, 12 août 2018 : 19ème dimanche du Temps Ordinaire — Année B

Première lecture
Dans le Premier livre des Rois, il y a un long récit (1 Rois 17-19) sur la nourriture. Le narrateur nous parle d’une femme veuve, une femme non-juive, qui donne au prophète Elie de l’eau et du pain. Et Dieu, comme ‘réponse’ à cette générosité, va permettre à cette femme païenne la survie dans toute la période de la famine (17,8-16).
Le thème de la nourriture revient aussi dans la page que nous allons écouter ce matin. Ici, nous avons le prophète qui sort de la terre d’Israël. Cette fois, il va vers le sud, vers le désert du Sinaï. Il laisse sa terre parce que la reine d’Israël – son nom est Jézabel – veut le tuer. Le prophète abandonne sa patrie pour sauver sa vie, mais – au fond de soi-même – il veut abandonner sa vie. Et le narrateur souligne ce contraste intime du prophète, sa volonté de vie et de mort en même temps. Le texte nous dit : il veut « sauver son être » (v. 3), mais en même temps « il demande la mort de son être » (v. 4). Le prophète veut mourir, il demande à Dieu de « prendre son être » (v. 4), puis « il se couche » (v. 5) en attendant sa mort.
Le désir de mourir et la prière dans laquelle une personne demande à Dieu la mort sont attestés rarement dans l’Ancien Testament. Il y a Moïse qui, incapable de supporter les exigences et les fautes de son peuple, prie Dieu de cette façon (No 11,15 ; Ex 32,32s). Il y a Job qui, vivant une situation très pénible, avoue qu’il aurait préféré mourir à sa naissance (Job 3,13). Il y a aussi Jonas qui, après avoir annoncé la fin de Ninive, est déçu… parce que Dieu a permis aux Ninivites un avenir nouveau. Et « il demande la mort de son être » (Jonas 4,8) .
Pour ce qui en est d’Elie, il se dirige vers le désert : « Et il vient, et s’assied sous un arbuste et demande la mort de son être et dit : Assez, maintenant, Yhwh! Prends mon être ! Car moi-même je ne suis pas meilleur que mes pères ! » (v. 4). Dans sa mission prophétique, Elie ne se sent pas meilleur que les prophètes qui l’ont précédé . Après avoir demandé à Dieu la mort, il l’attend en se couchant et en s’endormant sous un arbuste.
Mais une surprise le relève : un messager de Dieu lui fait ouvrir les yeux sur un gâteau et sur

un bocal d’eau. Le prophète mange, boit, se couche à nouveau. Mais Dieu n’accepte pas la résignation du prophète. Il veut un homme qui, malgré sa faiblesse, sache se mettre à nouveau en route. Voilà donc une seconde fois le messager de Dieu. Il lui dit : « Lève-toi ! Mange, car grand – trop pour toi – le chemin ! » (v. 7). Si la première nourriture était la “réponse” de Dieu à Elie qui voulait la mort, la seconde nourriture veut donner à Elie la force pour la suite de son chemin, un chemin qui dépasse les possibilités humaines, un chemin qui permettra au prophète d’aller jusqu’à la montagne de Dieu . C’est ainsi que, grâce à cette nourriture, Elie pourra aller – un peu comme Moïse dans le désert (Ex 3,1ss) – à la rencontre de Dieu.

Lecture du Premier livre des Rois (19,3-8)

3 Et Elie, il se lève et va pour sauver son être. Et il vient à Beér Shèba, une localité du royaume de Juda. Il laisse là le jeune qui l’accompagnait. 4 Et va, Elie, au désert, le chemin d’un jour. Et il vient, et s’assied sous un arbuste et demande la mort de son être et dit : « Assez, maintenant, Yhwh! Prends mon être ! Car moi-même je ne suis pas meilleur que mes pères ! » 5 Et il se couche et il s’endort sous un arbuste.

Et voici, un messager le touche et lui dit : « Lève-toi, mange ! » 6 Et il regarde, et voici : tout près de sa tête, un gâteau sur des pierres chaudes et un bocal d’eau. Et il mange et il boit, et il retourne et se couche.

7 Et retourne, le messager de Yhwh, une deuxième fois et il le touche et il dit : « Lève-toi ! Mange, car grand – trop pour toi – le chemin ! » 8 Et il se lève et mange et boit et il va, dans la force de cette nourriture, quarante jours et quarante nuits, jusqu’au mont d’Elohim, à l’Horéb.

Psaume

Le Livre des Rois nous a présenté Elie dans une situation difficile, Elie menacé par Jézabel, la reine d’Israël. Une situation pas trop différente est celle du Psaume 34. Ici le poète évoque David qui, pour échapper à la haine du roi Saül, va vers l’ouest ; il va chercher refuge à Gat, une ville des Philistins. Et à Gat, pour ne pas inquiéter Abimélek le roi de la ville, David se fait passer pour fou (v. 1).
Quant au poète de notre Psaume, lui aussi a vécu la peur. Il le dit au verset 5, là où il parle

des « megourôtai », littéralement « mes terreurs » (v. 5), un mot que nous retrouvons seulement trois fois dans toute la Bible.
Le poète était dans les terreurs, il a cherché Yhwh et Yhwh lui a répondu, il l’a délivré. D’ici sa louange à Dieu.
C’est précisément par la louange que le poète ouvre sa première strophe : « Je bénirai Yahvéh en tout temps, sa louange sans cesse dans ma bouche » (v. 2). Ici, avec le verbe « bénir » le poète veut déclarer d’une façon solennelle les biens reçus de Dieu. Cette déclaration, cette « louange », va prendre toute la vie du poète, « en tout temps », « sans cesse » (v. 2). En effet, en Dieu le poète a retrouvé sa fierté au point qu’il peut dire : « En Yhwh mon âme se glorifie » (v. 3) ou, plus littéralement, « En Yhwh mon âme se transforme en louange (pour lui) ».
Toujours dans cette strophe, le poète ne se limite pas à évoquer son expérience. Il sait que cette expérience est – et peut être – l’expérience de chaque pauvre : en écoutant le récit de son expérience, les pauvres « se réjouissent » (v. 3), se sentent solidaires avec lui et lui avec eux.
D’ici les impératifs qui ouvrent la deuxième strophe : « Magnifiez avec moi Yhwh, exaltons ensemble son nom » (v. 4). Et, dans le verset suivant, le poète nous en donne la motivation en évoquant son expérience personnelle. Trois verbes lui suffisent : il a cherché Yhwh, et Yhwh « m’a répondu et m’a délivré ».
Dans la strophe suivante (vv. 6-7), le poète va au-delà de son expérience personnelle pour évoquer une expérience que chacune et chacun de nous peut faire : : « Ceux qui ont […]

 

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