Eucharistie 28 octobre 2018

« Ceux qui ont semé dans les larmes » (Ps 126,5)

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Eucharistie :28 octobre 2018 : 30ème dimanche du Temps Ordinaire — Année B

Première lecture
Le livre de Jérémie contient un écrit de consolation (Jér 30-31). Il s’agit d’un texte composé dans un moment tragique de l’histoire d’Israël, lorsque les armées de Babylone assiègent une première fois, en 597, et une deuxième fois, en 588, la ville de Jérusalem. Une partie des habitants à déjà été déportée à Babylone, d’autres personnes seront exilées au moment de la destruction de la ville (en 586) et un peu plus tard encore (en 582).
Dans ces années si sombres, Jérémie ose prendre la parole pour annoncer que Dieu n’oublie pas son peuple. Il interviendra et permettra aux exilés de rentrer, de se réunir avec les personnes restées à Jérusalem et aussi avec leurs frères du royaume du Nord qui étaient dispersés un peu partout.
Jérémie, cas unique dans la Bible, compose son écrit de consolation en six poèmes, alternant le masculin et le féminin. En effet, le peuple est interpellé au masculin, comme « Jacob » dans le premier poème, au féminin comme « Sion » dans le deuxième, comme « peuple » au masculin dans le troisième, comme la « jeune femme Israël » dans le quatrième, comme « Jacob » dans le cinquième. Enfin, dans le sixième poème, le peuple est interpellé d’abord au féminin comme « Rachel », ensuite comme « Ephraïm » au masculin, enfin comme la « jeune femme Israël ». C’est ainsi que Jérémie nous apprend que les hommes et les femmes sont à un niveau paritaire et ont une même importance et dignité devant Dieu.
Quant à nous, ce matin nous allons écouter une partie du cinquième poème. D’après le poète, Dieu invite les peuples – avec cinq impératifs – à se réjouir et à invoquer le Seigneur. Leur prière est en faveur d’Israël mentionné comme « la première des nations » ou, littéralement « la tête des nations ». A travers cette tournure, un titre propre de David est transféré à tout le peuple qui a survécu à la guerre et à la déportation à Babylone.
Les peuples sont invités par Dieu à le prier et à lui demander : « Sauve, Yahvéh, ton peuple, (sauve) les survivants d’Israël ! ».
Parce que Dieu exaucera cette prière des peuples, les Israélites – déportés à Babylone et aussi dispersés un peu partout – pourront rentrer. Ces personnes viendront du pays du Nord

et depuis tous les confins de la terre. Et parmi ces personnes, surtout les faibles : l’aveugle et l’invalide, ceux qui ont de la peine à marcher ; mais il y a aussi « la femme enceinte et celle qui vient d’accoucher » (v. 8). Et toutes ces personnes faibles feront leur voyage ensemble, elles sont une foule immense et… « reviendront ici », à Jérusalem.
Cette rentrée à Jérusalem sera un chemin difficile. Mais en chemin, les personnes ne seront pas abandonnées à elles-mêmes. Dieu accompagne ces personnes, et leurs supplications ne sont pas le cri d’un individu isolé, marginalisé, abandonné à lui-même. A travers les mots de Jérémie, Dieu déclare : « dans leurs supplications je les accompagnerai » (v. 9). Oui, Dieu prendra soin de ces personnes, l’eau ne leur manquera pas, et leur chemin sera droit, sûr. Ce chemin leur permettra de découvrir leur relation intime avec Dieu. C’est ce qu’on lit dans les dernières lignes du verset 9. Ici, notre page fait référence à deux textes.

Lecture du Livre du prophète Jérémie (31,7-9)
7 Oui, ainsi dit Yhwh:
Poussez des cris de joie pour Jacob,
poussez des acclamations à propos de la première des nations!
Clamez, jubilez, dites :
« Sauve, Yhwh, ton peuple,
(sauve) les survivants d’Israël! ».
8 Me voici: je les fais venir du pays du Nord,
et je les rassemble depuis les confins de la terre.
Parmi eux, l’aveugle, l’invalide,
la femme enceinte et celle qui vient d’accoucher :
ensemble – une foule immense – ils reviendront ici.
9 Ils viendront en pleurant,
et dans leurs supplications je les accompagnerai.
Je vais les conduire à des rivières pleines d’eau,
par un chemin facile,
où ils ne trébucheront pas.
Oui, je suis un père pour Israël,
et Ephraïm est mon premier-né ».

Psaume
Le prophète Jérémie avait annoncé le retour des exilés. Et, environs cinquante ans après cette annonce, le retour a eu lieu.
Quant au psaume 126, il évoque ce même retour, mais dans une autre perspective. Après la joie et l’euphorie du retour, maintenant c’est le temps de la reconstruction, une reconstruction difficile et pleine de souffrance , comme chacun et chacune de nous a pu en faire l’expérience ‘sur sa peau’, ici chez nous, dans nos Quartiers.
Le psaume 126 est un poème « des montées ». Comme en montant vers Bugarama, une des caractéristiques du poème est de poser le regard sur les mêmes lieux, sur les mêmes expériences mais d’un point de vue différent. C’est ce qui se vérifie, en particulier avec le mot « shibat », un mot qu’on retrouve – dans toute la Bible – seulement dans notre psaume. Ce mot, qu’on peut traduire avec « situation », évoque un changement, une situation nouvelle. Par conséquence, lié au verbe « shûb », il signifie « rétablir une situation ». Dans notre psaume, ce regard vers une situation rétablie prend en considération deux moments différents : la fin de l’exil à Babylone et un changement attendu pendant la période après l’exil. Le premier regard domine la première partie du psaume, le second la seconde partie.
Dans la première partie (vv. 1-3), le poète évoque l’intervention de Dieu qui a mis en œuvre la fin de l’exil : « Quand Yhwh a rétabli la situation de Sion , nous étions comme ceux qui rêvent ».
Et la joie liée au retour après l’exil nous est présentée comme inimaginable, comme la joie d’un rêve (v. 1). Mais cette joie n’est pas seulement rêvée. Elle est concrète, elle se manifeste dans un sourire et dans un cri de joie. D’abord le sourire : notre bouche qui se remplit de sourire, voilà comment nous exprimons à Dieu notre louange . Avec le sourire à travers lequel nous louons Dieu pour ce qu’il accomplît en nous, le poète mentionne aussi un « un cri de joie », une expression qu’on retrouvera aussi dans les versets 5 et 6.

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