Eucharistie: 23 décembre 2018

« Fais briller sur nous ton visage et nous serons sauvés » (Psaume 80,4)

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Eucharistie : 23 décembre 2018, 4ème Dimanche de l’Avent — Année C

Première lecture
Le prophète Michée est actif dans la seconde partie du huitième siècle. Israël vit une situation tragique : le Royaume du Nord est détruit et ses habitants dispersés ; et Sennachérib, roi des Assyriens, menace aussi les villes du Royaume du Sud et Jérusalem elle-même. Quant au prophète Michée, il annonce désolation, ruine et souffrances pour Israël, la Samarie et aussi pour le Royaume du Sud et sa capitale Jérusalem.
Plus tard, pendant l’exil des Juifs à Babylone et après l’exil, le message du prophète Michée a été relu et adapté aux nouvelles situations. C’est ce qu’on peut constater, en particulier, dans les chapitres 4 et 5 de son live, une section qu’on peut titrer « Le reste d’Israël parmi les peuples » . Et la liturgie de ce matin nous propose comme première lecture une section de cette partie du livre.
Ici, à Israël qui a eu confiance en des rites païens et en ses propres possibilités militaires, le prophète annonce que « Dieu va abandonner son peuple » (v. 2) . Mais, en même temps, si les gens ont fréquemment pensé à élaborer une stratégie de défense, Dieu… prépare le renouveau là où les hommes ne pensent pas. Et ce renouveau sera à partir d’un endroit minuscule, le clan d’Ephrata, un clan qui avait émigré à Bethléem. Dans ce groupe de familles, parmi lesquelles Dieu avait déjà choisi le roi David, Dieu choisira aussi un nouveau David. C’est ainsi que s’accomplira, d’une façon surprenante, le nom de cette localité. En effet, le mot « Ephrata » signifie « celle qui porte des fruits ». Et d’elle on attend qu’elle puisse donner un fruit extraordinaire,… le messie . Et si Bethléem avait donné naissance au roi David, maintenant, à travers le prophète, Dieu déclare : ce nouveau David sortira « pour moi » (v. 1). Et Dieu l’a choisi depuis les temps les plus reculés de l’histoire, « aux jours d’autrefois » (v. 1). Lorsqu’une femme donnera le jour à ce nouveau roi, « ceux qui – parmi ses frères – seront encore en vie après la dispersion et l’exil reviendront auprès des autres fils d’Israël » (v. 2). Il y aura donc le retour des dispersé(e)s et l’unité du peuple sera rétablie. Et le roi « se tiendra debout et il sera leur berger» (v. 3), et son rayonnement ira jusqu’aux

 

extrémités de la terre. Il sera, pour ainsi dire, la présence même du Seigneur. C’est ainsi que le peuple pourra s’établir en sécurité, un peuple réconcilié, en paix. Et lui-même, nous dit le dernier verset, « lui-même, il sera la paix».

Du livre du prophète Michée (5,1-4a)
Ainsi parle le Seigneur :
« 1 Et toi, Bethléem Ephrata,
tu es un petit village parmi ceux du territoire de Juda.
De toi sortira, pour moi, celui qui doit gouverner sur Israël.
Ses origines remontent au lointain passé,
aux jours d’autrefois ».
2 C’est pourquoi, (Dieu) va abandonner (son peuple)
jusqu’au temps où enfantera celle qui doit enfanter.
Alors ceux qui – parmi ses frères –
seront encore en vie après la dispersion et l’exil
reviendront auprès des autres fils d’Israël.
3 Et lui, il se tiendra debout et il sera leur berger
par la puissance de Yhwh,
par la majesté du Nom de Yhwh son Dieu.
Et (les gens de son peuple) auront une demeure (assurée)
car dès maintenant il sera grand
jusqu’aux extrémités de la terre.
4a Et lui-même, il sera la paix.

Psaume
Le psaume 80 est une supplication que le peuple a adressée à Dieu dans les moments les plus tragiques de son histoire. Mais en même temps, ce psaume est un témoin de la passion et de l’espoir que le peuple a mis constamment en Dieu .
Quant à nous, ce matin nous allons lire trois strophes de ce poème.
Dans la première (vv. 2ac-3bc), le poète évoque Dieu comme berger, comme « berger d’Israël ». Israël a perdu sa référence à Dieu et maintenant il ressent le besoin de retourner à Dieu. D’ici sa supplication : « manifeste-toi (dans ta splendeur) ». Et cette manifestation de Dieu sera une action dans laquelle Dieu vient « nous sauver ».

Dans la deuxième strophe (vv. 15-16a), le poète regarde l’histoire de son peuple comme l’histoire d’un vignoble. Au temps de l’exode, Dieu s’est occupé de son peuple, l’a libéré de l’esclavage en Égypte, lui a ouvert un chemin dans le désert, lui a permis de s’installer dans la vallée du Jourdain comme une vigne exceptionnelle, « celle que toi-même tu as plantée de ta main puissante » (v. 16a). Mais maintenant cette vigne est entièrement détruite, ravagée par ceux qui passent à côté d’elle et aussi par les animaux (vv. 13-14). D’ici la prière, une prière angoissée adressée à Dieu. Le peuple demande à Dieu : « Dieu tout-puissant, regarde des cieux et vois et visite cette vigne » (v. 15).
Quant à la troisième strophe (vv. 18-19), c’est la prière de l’espoir. Et l’espoir se concrétise dans un humain, littéralement un « fils d’un humain », « ben ‘âdâm » (v. 18) en hébreu, un fils fragile et terrestre comme chacun de nous. Mais ce fils d’un humain – dit le poète à Dieu – tu l’as « rendu fort pour toi » et maintenant il vit une intimité profonde avec Dieu ; en effet, il « est (assis) à ta droite », à la droite de Dieu. Grâce à cet humain, nous pourrons changer radicalement notre relation avec Dieu : « nous n’irons plus loin de toi », Seigneur ! Et la strophe se termine avec deux autres affirmations : « tu nous feras vivre et nous invoquerons ton nom ».
Ce verset est l’avant-dernier verset du poème. En effet, au verset 20, un peu comme au verset 4, le psaume souligne encore notre faiblesse en nous exhortant à prier Dieu et à lui dire : « Dieu, fais-nous revenir », interviens donc afin que nous puissions revenir à la plénitude de la vie et au salut . Nous pourrons ainsi vivre, nous diriger vers ton visage « et nous serons sauvés » (vv. 4 et 20). En revenant sur ces mots, nous pouvons intervenir, à la fin de chaque strophe, avec ce refrain :
Dieu, fais-nous revenir,
fais briller sur nous ton visage et nous serons sauvés !


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