Eucharistie-9 décembre 2018

Dieu intervient, et nous devons changer

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Eucharistie, 9 décembre 2018

Première lecture
Avec la première lecture de ce matin, nous sommes vers les années 164 avant la naissance de Jésus. Les Syriens, avec le roi Antiochus IV Épiphane, veulent s’imposer sur Jérusalem. Des Juifs, en particulier les Maccabées, réagissent avec les armes, tandis que d’autres abandonnent la ville et cherchent refuge ailleurs. C’est dans ce contexte qu’un écrivain revient au sixième siècle, au temps de Jérémie, lorsque des habitants de Jérusalem ont été déportés à Babylone. Et cet écrivain se présente comme Baruch (Ba 1,1), le secrétaire de Jérémie.
Jérémie avait encouragé ses contemporains à accepter la domination des Babyloniens en mettant leur confiance non dans les armes mais en Dieu : Dieu seul – comme nous avons lu il y a une semaine – pouvait préparer un avenir différent pour Jérusalem. Et maintenant, quatre siècles après Jérémie, la page que nous allons écouter dans un instant souligne la même idée : la détresse actuelle invite non à prendre les armes, mais à mettre toute confiance en Dieu : la victoire et le salut ne peuvent venir que de Dieu. Et la ville, la ville qui a vu la fuite et la déportation de ses habitants, est invitée à regarder vers l’orient. Elle verra ses fils ramenés à Jérusalem par Dieu lui-même. Dieu reconduira les fils d’Israël « dans la joie, à la lumière de sa présence glorieuse, avec la miséricorde et la justice qui vient de lui » (v. 9). Et c’est grâce à Dieu que la ville pourra s’habiller, « comme d’un double manteau, de la justice venant de Dieu » (v. 2).
Voilà un message pour les habitants de Jérusalem au deuxième siècle et, en même temps, … aussi pour nous.

Lecture du livre de Baruch (5,1-9)
et habille-toi, pour toujours, de la belle parure de la glorieuse présence de Dieu ;
1 Jérusalem, déshabille-toi de ta robe de deuil et de misère,
2 enveloppe-toi, comme d’un double manteau, de la justice venant de Dieu,
que la glorieuse présence de l’Éternel soit comme une couronne posée sur ta tête,

3 car – partout sous le ciel – Dieu va montrer la splendeur dont il t’habille.
4 Car, auprès de Dieu, ton nom sera pour toujours « Paix grâce à la justice »
et « Glorieuse présence de Dieu grâce à la fidélité à Dieu ».
5 Debout, Jérusalem ! Mets-toi sur la montagne
et regarde vers l’orient.
Vois tes enfants rassemblés, de l’est à l’ouest,
sur la parole du Dieu saint :
ils se réjouissent que Dieu se souvienne d’eux.
6 Ils étaient sortis de chez toi à pied, conduits par les ennemis,
mais Dieu te les ramène portés en gloire
comme des rois sur un trône.
7 En effet, Dieu a donné l’ordre
qu’on abaisse toutes les hautes montagnes et les collines sans fin ;
il a fait combler les vallées pour aplanir le sol.
Il a voulu ainsi permettre à Israël de marcher d’un pas sûr,
accompagné de la glorieuse présence de Dieu.
8 Sur l’ordre de Dieu,
les forêts et tout arbre parfumé vont offrir leur ombrage pour Israël.
9 Car Dieu conduira Israël dans la joie,
à la lumière de sa présence glorieuse,
avec la miséricorde et la justice qui viennent de lui.

Psaume
Le prophète Jérémie avait annoncé le retour des exilés. Et, environs cinquante ans après cette annonce, le retour a eu lieu.
Quant au psaume 126, il évoque ce même retour, mais dans une autre perspective. Après la joie et l’euphorie du retour, maintenant c’est le temps de la reconstruction, une reconstruction difficile et pleine de souffrance
, comme chacun et chacune de nous a pu en faire l’expérience ‘sur sa peau’, ici chez nous, dans nos Quartiers.
Le psaume 126 est un poème « des montées ». Comme en montant vers Bugarama, une des caractéristiques du poème est de poser le regard sur les mêmes lieux, sur les mêmes

 

expériences mais d’un point de vue différent. C’est ce qui se vérifie, en particulier avec le mot « shibat », un mot qu’on retrouve – dans toute la Bible – seulement dans notre psaume. Ce mot, qu’on peut traduire avec « situation », évoque un changement, une situation nouvelle. Par conséquence, lié au verbe « shûb », il signifie « rétablir une situation ». Dans notre psaume, ce regard vers une situation rétablie prend en considération deux moments différents : la fin de l’exil à Babylone et un changement attendu pendant la période après l’exil. Le premier regard domine la première partie du psaume, le second la seconde partie.
Dans la première partie (vv. 1-3), le poète évoque l’intervention de Dieu qui a mis en œuvre la fin de l’exil : « Quand Yhwh a rétabli la situation de Sion, nous étions comme ceux qui rêvent ».
Et la joie liée au retour après l’exil nous est présentée comme inimaginable, comme la joie d’un rêve (v. 1). Mais cette joie n’est pas seulement rêvée. Elle est concrète, elle se manifeste dans un sourire et dans un cri de joie. D’abord le sourire : notre bouche qui se remplit de sourire, voilà comment nous exprimons à Dieu notre louange. Avec le sourire à travers lequel nous louons Dieu pour ce qu’il accomplît en nous, le poète mentionne aussi « un cri de joie », une expression qu’on retrouvera aussi dans les versets 5 et 6.
Toujours dans la première partie du psaume mais dans la seconde strophe (versets 2cd-3), deux voix différentes se lèvent. D’abord la voix des nations païennes, ensuite celle d’Israël. Les deux proclament une profession de foi. Les païens, en évoquant ce que Dieu a fait pour Israël, proclament : « Il a fait grandes, Yhwh, ses œuvres envers ceux-là ».
Quant aux exilés qui rentrent après la déportation à Babylone, ils ne peuvent qu’avouer : « Il a fait grandes, Yahvéh, ses œuvres envers nous ».
La seconde partie du psaume (vv. 4-6) reprend la déclaration que nous avons lue au début du psaume. Mais dans cette reprise, on passe de l’indicatif à l’impératif : « Rétablis, Yhwh, notre situation » (v. 4). Le regard est sur les difficultés du présent et vers un changement qu’on attend. C’est un changement dans la vie quotidienne de la communauté qui prie le psaume. Ce changement est comparable à la situation du paysan : la peine et les larmes en allant semer, la
joie en rentrant après la moisson. C’est un changement qui peut se vérifier après des mois, mais il peut aussi se vérifier en peu de jours, comme le changement du Nyabagere après une nuit de pluie.
Quant à nous, ce matin, nous aussi nous attendons un changement, nous voulons entrer, de

plus en plus, dans un mystère qui nous dépasse, le mystère de l’amour de Dieu. C’est ainsi que nous pourrons constater : « Combien de choses le Seigneur a fait pour moi ! Avec quelle tendresse il m’a accompagné(e) ». Et, en rappelant tout ça, nous pourrons revenir sur les mots du poète au verset 3. Et ce sera notre refrain à la fin de chaque strophe :  
Quelles merveilles le Seigneur a fait pour nous :
nous étions pleins de joie.

 

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