Eucharistie, 1 janvier 2019, Solennité : Sainte Marie, Mère de Dieu
« Marie, elle vient de la terre, elle donne son fruit :
le prince de la paix » (saint Jérôme)
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Eucharistie, 1 janvier 2019, Solennité : Sainte Marie, Mère de Dieu
Première lecture
La première lecture est une page du livre des Nombres, un livre qu’on lit rarement dans la liturgie. En hébreu, ce livre porte le titre “Bemidbar”, c’est-à-dire “Au désert”. En effet, il raconte l’histoire d’Israël depuis la sortie de l’Egypte et pendant la traversée du désert, sous la conduite de Moïse.
Le désert est une situation dans laquelle une personne est faible et sans protection, impuissante, confrontée aux épreuves les plus dures, une situation dans laquelle elle risque continuellement sa vie. Et pourtant… ce livre situe au désert la bénédiction de Dieu pour son peuple.
Dans cette bénédiction (vv. 24-26), nous avons trois phrases, de plus en plus longues : en hébreu 3 mots, puis 5, puis 7. Et le dernier mot, « paix » – en hébreu « shalom » – résume tout le contenu de la bénédiction parce qu’il implique paix, joie, bien-être . Quant au peuple, il est interpellé à la deuxième personne du singulier, comme un “tu”, comme une seule personne. Derrière ce détail, l’idée est évidente : pour s’ouvrir à la bénédiction de Dieu, on ne peut pas s’isoler, on doit travailler ensemble, rechercher – à travers nos diversités – l’unité, une communauté unie et solidaire.
Encore une dernière remarque. Après les mots de la bénédiction, le verset 27 dit que les fils d’Aaron placeront le nom de Dieu sur les fils d’Israël. Ils apposent le nom de Dieu comme une signature, comme un cachet qui marque l’appartenance de chaque personne à Dieu et à son peuple. Cette appartenance, ce “oui” dit à Dieu est la condition, pour chacun et chacune de nous, pour accueillir la bénédiction divine. S’il y a ce “oui” de la part des croyant(e)s, « moi, je les bénirai » (v. 27).
Lecture du livre des Nombres (6,22-27)
22 Et parla, Yhwh, à Moïse en disant :
23 « Parle à Aaron et à ses fils et dis-leur :
Ainsi vous bénirez les fils d’Israël, vous leur direz :
24 “Que Yahvéh te bénisse et qu’il prenne soin de toi !
25 Que Yahvéh fasse briller sur toi son visage et qu’il t’accorde sa grâce !
26 Que Yahvéh tourne vers toi son visage et place en toi la paix !”.
27 Ainsi ils placeront mon nom sur les fils d’Israël, et moi, je les bénirai ».
Psaume
Avec le psaume 67, nous sommes, très probablement, entre les années 522 et 486, au temps de Darius Premier, roi de Perse. Ce souverain favorisait la reconstruction du temple de Jérusalem et permettait, dans tout l’Orient, de vivre une période de paix . C’est dans ce climat de paix qu’un poète compose le psaume 67, un petit bijou – 53 mots en hébreu – pour chanter Dieu qui intervient, comme lumière, pour la terre entière et pour tous les peuples.
De ce psaume, nous allons lire trois strophes. Dans la première (vv. 2-3) et dans la dernière strophe (vv. 7-8), le poète invoque la bénédiction de Dieu (vv. 2.8). Dans sa requête, le poète revient sur le livre des Nombres, en particuliers sur trois invocations que nous avons écoutées dans la première lecture : « Que Dieu nous accorde sa grâce et nous bénisse, qu’il fasse briller son visage sur nous » (v. 2. cf. No 6,25b. 24a.25a). En effet, un visage lumineux, un visage souriant, c’est le visage d’une personne heureuse de te voir, de t’accueillir, de t’aider . Voilà Dieu, le Dieu que le poète nous invite à chanter.
Toujours dans la première et dans la dernière strophe, il faut remarquer une perspective universelle : que Dieu soit « connu » (v. 3) aussi par toutes les nations, que tous les peuples puissent mettre leur « confiance » (v. 8) en lui.
Quant à la strophe centrale (v. 5), elle donne aux peuples une motivation pour louer Dieu : « tu juges les peuples avec droiture, et les peuplades sur la terre, tu les conduis ». Le verbe ‘conduire’ suggère fréquemment l’idée de Dieu comme le berger qui prend soin de ses brebis. Quant au verbe ‘juger’, il n’évoque pas la crainte. Au contraire l’action de Dieu qui juge avec droiture pousse les peuples à se réjouir et à crier de joie. Et le pluriel « les peuples », « les peuplades » fait tomber toutes les barrières et souligne que l’action de Dieu n’a pas de limites ethniques et religieuses.
Bref. Le psaume est une invitation à nous ouvrir, à devenir une communauté toujours plus ouverte. Dieu n’est pas seulement notre Dieu. Nous pouvons l’appeler « notre Dieu » (v. 7)
seulement si nous sommes capables de reconnaître que Dieu aime aussi les autres, tous et toutes, tout près de nous et jusqu’à « toutes les extrémités de la terre » (v. 8).
En nous laissant conduire par la bénédiction de Dieu qui nous ouvre envers les autres, nous pouvons faire du début du psaume notre refrain:
Que Dieu nous accorde sa grâce
et qu’il nous bénisse.
Psaume 67 (versets 2-3. 5. 7-8)
2 Que Dieu nous accorde sa grâce et nous bénisse,
qu’il fasse briller son visage sur nous,
3 pour que soit connu sur la terre ton chemin,
et dans toutes les nations ton salut.
Refr. : Que Dieu nous accorde sa grâce
et qu’il nous bénisse.
5 Qu’elles se réjouissent
et qu’elles crient de joie les peuplades,
car tu juges les peuples avec droiture,
et les peuplades sur la terre, tu les conduis.
Refr. : Que Dieu nous accorde sa grâce
et qu’il nous bénisse.
7 La terre a donné ses récoltes !
Que Dieu, notre Dieu, nous bénisse.
8 Oui, que Dieu nous bénisse,
et que toutes les extrémités de la terre mettent en lui leur confiance.
Refr. : Que Dieu nous accorde sa grâce
et qu’il nous bénisse.
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