Eucharistie 6 janvier 2019
Epiphanie : à la découverte d’un roi surprenant
______________________________________________________________________________________________
Eucharistie, 6 janvier 2019
Première lecture
Avec la première lecture, nous sommes à Jérusalem vers les années 537-520 . La ville sort à peine de son humiliation. Elle avait été abandonnée par les exilés conduits à Babylone : exploitée, appauvrie, défigurée par ses murailles en ruine et son temple détruit. Maintenant l’exil vient de terminer et certains de ses habitants osent revenir. C’est comme au Burundi : lorsque les déplacé(e)s rentrent, l’espoir semble renaître.
Dans ces conditions, un poète sans nom ose prendre la parole et compose un texte qu’on a ensuite accueilli dans le livre du prophète Isaïe.
Le poète interpelle une femme. Il l’interpelle avec deux impératifs : « Mets-toi debout et brille avec éclat » (v. 1). Et la suite du texte nous permet de comprendre que cette femme est Jérusalem, une femme en deuil qui a vu ses enfants partir en exil. Mais maintenant, cette femme, au lieu de s’enfermer et de se replier dans la résignation, doit se mettre debout et briller avec éclat.
Les deux impératifs « Mets-toi debout et brille avec éclat » (v. 1) font référence à la ‘résurrection’ de Jérusalem après le sommeil et l’abandon de l’exil. A travers ces mots, le poète suggère l’idée d’un nouveau jour : en effet, la ville s’habille de lumière lorsque le soleil se lève. Mais le poète, au lieu de mentionner le soleil, mentionne – très directement – « la glorieuse présence de Yhwh» qui « se lève sur toi », Jérusalem !
C’est ainsi que cette femme peut, à son tour, être lumière pour ceux et celles qui rentrent. Il s’agit de ses enfants qui rentrent de l’exil. Mais la ville voit venir, avec ses enfants, aussi des étrangers. Des personnes venant de loin – des terres qu’on ne connaît pas – apportent aussi des dons, « de l’or et de l’encens » (v. 6) pour le temple qu’on projette de reconstruire. Ensuite ces étrangers, après avoir constaté la présence de Dieu à Jérusalem, pourront rentrer chez eux en chantant « les louanges de Yhwh» (v. 6). Et ces louanges, « ils les porteront au monde comme évangile » (v. 6).
Lecture du livre d’Isaïe (60,1-6)
1 Mets-toi debout et brille avec éclat,
car elle vient, ta Lumière :
la glorieuse présence de Yhwh se lève sur toi !
2 Voici qu’en effet les ténèbres couvrent la terre,
et l’obscurité les peuples.
Mais sur toi, Yhwh se lève
et sa glorieuse présence apparaît sur toi.
3 Et les nations viendront vers ta lumière,
et les rois vers la clarté qui s’est levée sur toi.
4 Soulève les yeux et regarde autour de toi !
Tous se rassemblent et viennent vers toi :
tes fils viennent de loin,
et tes filles sont portées, avec délicatesse, dans les bras.
5 Alors tu verras et tu seras radieuse,
tu en seras tout émue et ton cœur éclatera de joie.
En effet, les richesses de la mer arriveront chez toi,
les trésors des nations viendront jusqu’à toi.
6 Des troupeaux de chameaux couvriront ton pays,
de jeunes chameaux de Madian et d’Éfa.
Tous les gens de Saba viendront,
ils apporteront de l’or et de l’encens,
et les louanges de Yhwh ils les porteront au monde comme évangile.
Psaume
Une première rédaction du psaume 72 remonte au septième siècle, une époque où, à Jérusalem, il y avait des rois que les prophètes critiquaient pour leur mauvais comportement. Mais, une nouvelle rédaction de ce même psaume a eu lieu après l’exil à Babylone et, plus précisément, vers le quatrième siècle . A ce moment, Jérusalem n’a plus de roi et le peuple n’a plus d’indépendance. On se souvient de Natan, le prophète qui avait annoncé à David un successeur (2 Sam 7), son fils “Salomon”, c’est-à-dire “Homme de paix”. Mais la paix réalisée par Salomon et aussi par ses successeurs avait ses limites : l’exploitation des pauvres et les privilèges des personnes à la cour. Et les conséquences de cette politique malheureuse pèsent lourdement sur le peuple.
Voilà pourquoi le psaume 72 demande à Dieu un souverain bien différent de Salomon et de tous les rois que l’histoire humaine a connus : un souverain qui s’engage pour la justice, en particulier pour les pauvres,
un souverain qui réalise la paix entre les peuples.
La forme que le poète donne à ce rêve est celle d’une prière de David pour un Salomon vraiment homme de paix. Et c’est, en même temps, le portrait d’un roi à venir, le messie de Dieu.
De ce psaume ce matin nous en lirons quatre strophes.
* La première (vv. 1-2) est une invocation adressée à Dieu pour qu’il donne au roi, à un « fils de roi », le don de la « justice ». Grâce à ce don, le roi « jugera ton peuple avec justice et tes pauvres selon le droit ». Et déjà à travers ces mots, on comprend que le roi en question est seulement un ‘instrument’ du vrai roi, le Seigneur lui-même , le Seigneur qui prend soin de son peuple et de ses pauvres, les pauvres qui lui appartiennent.
* La deuxième strophe (vv. 7-8) dessine la dimension universelle de cette royauté : la terre entière doit être un espace où tous, de génération en génération, « tant que la lune brillera », puissent vivre la justice et l’abondance de la paix.
* La troisième strophe (vv. 10-11) souhaite la rencontre entre Israël et les peuples. Ici, le poète mentionne d’abord « Tarsis ». Ce mot évoque, dans la Bible, le point le plus à l’ouest de l’occident, la « Tartessos » dans le détroit de Gibraltar en Espagne, ou la ville de Pula, tout près de Cagliari (en Sardaigne), là où arrivaient les grands navires de Tarsis. Le psaume mentionne aussi les villes de Saba et de Séba, deux localités dans la partie méridionale de l’Arabie . Eh bien : que les peuples, même les habitants de ces terres très éloignées, puissent reconnaître ce roi de justice, lui apporter une offrande, se mettre à son service.
* La quatrième strophe (vv. 12-13) donne la motivation : les rois se mettent à son service, « car il délivrera l’indigent » et il sauvera la vie de celles et ceux qui sont menacés par la violence.
Quant à nous, en pensant à ce roi que le Seigneur nous a donné à Noël, nous voulons revenir sur le vœu exprimé dans le verset 11. Voici donc quel sera notre refrain à la fin de chaque strophe :
Toutes les nations, Seigneur,
se prosterneront devant toi.
Psaume 72 (versets 1-2. 7-8. 10-11. 12-13)
1 Ô Dieu, confie tes jugements au roi,
ta justice à ce fils de roi.
2 Il jugera ton peuple avec justice
et tes pauvres selon le droit.
Refr. : Toutes les nations, Seigneur,
se prosterneront devant toi.
7 Pendant son règne, le juste fleurira,
et abondante sera la paix, tant que la lune brillera.
8 Qu’il gouverne d’une mer à l’autre,
et du fleuve jusqu’aux extrémités de la terre !
Refr. : Toutes les nations, Seigneur,
se prosterneront devant toi.
10 Les rois de Tarsis et des îles lointaines lui apporteront des cadeaux,
les rois de Saba et de Séba lui offriront des dons.
11 Tous les rois se prosterneront devant lui,
et tous les peuples le serviront.
Refr. : Toutes les nations, Seigneur,
se prosterneront devant toi.
[…]
> Lectures pure l’Afrique … et toute la Terre 2019