Eucharistie 17-2-2019

« Heureux et en marche, vous les pauvres, car le Royaume de Dieu est à vous ! » (Luc 6,20)

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17 février 2019 : 6ème dimanche du Temps Ordinaire – Année C

Première lecture
Il y a deux semaines, nous avons écouté comment Dieu a appelé le jeune Jérémie à devenir prophète, porteur de la parole de Dieu. Et dans les chapitres 16-17, Dieu explique à Jérémie qu’il devra annoncer la parole de Dieu non seulement à travers sa parole mais aussi avec toute sa vie . A travers sa vie comme célibataire, Jérémie annonce – pour tout le royaume de Juda – une vie de solitude et sans avenir (Jér 16). Mais, en revenant sur ce thème, la page qu’on va lire ce matin modifie, au moins en partie, cette annonce. Une vie de solitude et sans avenir est la vie de celui qui refuse Dieu. Au contraire, la personne qui met en Dieu sa confiance aura une vie en plénitude. Le contraste entre ces deux façon de vivre marque toute notre page. D’un côté la malédiction, de l’autre la bénédiction. La distinction entre les deux est liée à l’attitude de la personne.
La vie de la personne qui ne met pas en Dieu sa confiance est une vie ‘maudite’, c’est-à-dire vide, totalement vide. Elle est la vie d’une personne qui, même si elle se sent forte, peut s’appuyer seulement sur un humain, un « ’âdâm », un être terrestre et fragile comme la terre, « ’adâmâh » en hébreu. Son point d’appui, la force – littéralement son « bras » – ne peut être que la « chair », un mot qui en hébreu est symbole de fragilité. Voilà à quoi fait référence celui dont le cœur s’éloigne de Yhwh. Et sa vie ne sera autre chose qu’un buisson, « un buisson sur un sol stérile », une vie sans bonheur et sans avenir. Bref : mettre sa confiance en soi-même signifie entreprendre une lutte dure et sans espoir de pouvoir survivre .
Bien différente est la vie d’une personne qui met en Dieu sa confiance. Sur cette confiance la page de Jérémie insiste : l’homme « met sa confiance en Yhwh» et « Yhwh sera son appui de confiance » (v. 7). La vie de cette personne ne sera pas celle d’un buisson sur un sol stérile. Cette personne « sera comme un arbre, planté près des eaux, qui pousse ses racines vers une rivière » (v. 8). Et, dans cette tournure, les « eaux » deviennent une image pour parler de Dieu, Dieu comme les eaux, les eaux indispensables – nous le savons bens – pour la vie, les eaux qui donnent la vie. Cette image, Jérémie la développe dans un autre passage

de son livre, là où il met sur la bouche de Dieu ces paroles adressées aux Israélites : « ils m’abandonnent, moi, la source des eaux vives, pour se creuser des citernes, des citernes fissurées, qui ne retiennent pas les eaux » (2,13).
Bref : un vrai culte à Dieu consiste dans le fait d’orienter à lui toute la vie. La personne qui se livre à lui entièrement fait l’expérience, en elle-même, d’être toujours nourrie et alimentée d’une force divine, une force qui nous pousse à accomplir des œuvres bonnes, une force qui, même dans les difficultés, ne faiblit jamais .

 

Lecture du livre du prophète Jérémie (17,5-8)

5 Ainsi dit Yhwh :
« Maudit soit l’homme qui met sa confiance dans un être humain
et prend la chair pour son appui
tandis que son cœur s’éloigne de Yhwh.
6 Il sera comme un buisson sur un sol stérile,
il ne verra pas venir le bonheur.
Il habitera dans les lieux arides du désert,
une terre salée, où personne n’habite.
7 Béni soit l’homme
qui met sa confiance en Yhwh,
Yhwh sera son appui de confiance.
8 Il sera comme un arbre, planté près des eaux,
qui pousse ses racines vers une rivière.
Il n’a pas peur quand vient la chaleur :
ses feuilles restent toujours vertes.
Dans l’année de la sécheresse, il ne se fera aucun souci
et il ne cessera de porter du fruit ».

Psaume
Le psaume que nous allons lire ce matin est le premier psaume de tout le psautier. Il est, pour ainsi dire, la page qui nous introduit dans cette collection composée de 150 poèmes. Et il nous introduit avec une déclaration et une exhortation : « Heureux et en marche ». L’auteur,

qui est un maître de sagesse et qui vivait – probablement – au troisième siècle avant la naissance de Jésus, veut nous aider à comprendre comment une personne réussit dans la vie . Dans ce but, il nous présente – dans la ligne de la page de Jérémie – deux chemins opposés, un bon, l’autre mauvais.
Le premier chemin, sur lequel le poète insiste particulièrement, est indiqué dans les deux premières strophes. La bonté de ce projet est synthétisé dans le premier mot : « ’èshèr », un terme hébreu qu’on peut traduire « heureux et en marche ». En effet, il s’agit d’un beau projet, un projet heureux en vue duquel il faut se mettre en marche. Ce projet est une invitation, une invitation adressée à chacune et à chacun de nous : une invitation à prendre les distances par rapport aux décisions des méchants qui détruisent une communauté et qui ridiculisent le respect dû aux autres. Au lieu d’aller dans cette direction, le psaume nous invite à prendre plaisir en accueillant l’enseignement de Yahvéh et en méditant, « jour et nuit », son instruction. Oui, dans l’instruction du Seigneur nous pouvons découvrir notre joie. Et cette instruction deviendra notre aimée, celle que nous préférons, celle que nous choisissons, elle sera notre choix de vie .
Les conséquences de ce choix sont indiquées dans la deuxième strophe : celle ou celui qui fait ce choix « est comme un arbre planté au bord des canaux d’irrigation », il donne ses fruits et ses feuilles restent toujours vertes.
Dans la troisième strophe, notre maître de sagesse mentionne aussi le choix opposé ; c’est le choix des gens « méchants ». Et le psaume nous met en garde : ces personnes « sont comme la paille dispersée par le vent ». Bref : ce second choix ne mène à rien. L’image est celle de celui qui ne réussit pas à bâtir, il voit toute chose échapper de ses mains, il reste… les mains vides. C’est un peu comme au moment de construire la tour de Babel : les constructeurs veulent construire une tour qui arrive jusqu’au ciel, mais leur confusion intérieure les disperse ; il ne réussissent pas à construire une ville, une communauté (Gen 11,4ss) . Un peu dans la ligne de ce récit, le poète du psaume termine en disant : « le chemin des méchants se perd ». Si ce chemin, le projet des méchants se perd, celui des justes Dieu le « connaît ». Et ici, le verbe « connaître » doit être compris dans toute son épaisseur : ce verbe nous assure que Dieu accompagne avec soin et avec amour le projet des justes, il accompagne avec amour celles et ceux qui mettent en lui leur confiance, il illumine leurs projets, il leur donne la force de le réaliser .
En reprenant le message de ce psaume et la page de Jérémie, nous pouvons intervenir, à la fin de chaque strophe, avec le refrain :

Heureux et en marche l’homme
qui met sa confiance dans le Seigneur.


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