Eucharistie : 1 mars 2020

Le carême : une prise de conscience,
une nouvelle orientation

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Eucharistie : 1 mars 2020, 1er dimanche de Carême – Année A

Première lecture
La première lecture de ce matin nous propose deux pages du livre de la Genèse. Dans la première (2,7-9), le narrateur, qui écrit – peut-être – neuf ou dix siècles avant la naissance de Jésus, nous parle de l’origine de l’être humain. Le terme hébreu est « ’Adam », qui signifie terrestre, humain ; et ce mot est apparenté à « ’adamah », terre. Avec ce choix, le narrateur nous présente l’être humain comme fragile, lié à l’humus, à la terre .
Le deuxième détail de la narration est le verbe « façonner ». En hébreu, ce verbe qualifie l’action du potier, celui qui donne forme à ses objets en modelant et en caressant la terre, l’argile. A travers ce verbe, le narrateur nous présente donc l’être humain dans sa faiblesse, vraie poussière, mais une faiblesse aimée et caressée par Dieu.
Toujours dans la première page, le narrateur nous présente l’humain comme animé par « un souffle de vie ». C’est un souffle que Dieu nous donne et que Dieu seul possède, un souffle qui permet à l’humain de se comprendre et de s’orienter dans sa vie .
Enfin, dans cette même page, nous avons Dieu qui prend soin de l’humain et qui plante un jardin et qui fait pousser, pour l’humain, « tout arbre beau à voir et bon pour la nourriture » (v. 9). Et parmi ces arbres, il y a aussi « l’arbre de la connaissance du bien et du mal », donc l’arbre qui nous oriente dans nos décisions.
Sur cet arbre revient la page suivante dans le livre de la Genèse (3,1-7a). Ici, autour de l’arbre, il y a trois personnages : l’homme, la femme et le serpent. Avec ces trois personnages, le narrateur a devant ses yeux les temples du paganisme qui existaient à son temps : des temples des idoles, des fausses divinités. Dans ses temples, Astarte, la déesse de la fertilité, ou bien le dieu Baal, étaient servis par des femmes. Et il y avant aussi des représentations du serpent comme signe séducteur .
Quant au narrateur, il revient sur ces images. Il mentionne le serpent séducteur. Et ce serpent veut donner une image négative de Dieu, Dieu comme celui qui ne permet pas à l’humain de manger d’aucun arbre du jardin. La femme réagit et précise : on peut manger des fruits

des arbres. Mais à propos de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu nous a dit : « Vous n’en mangerez pas, vous n’y toucherez pas, de peur d’en mourir » (v. 3).
C’est à ce moment que le séducteur intervient en présentant une caricature de Dieu, un Dieu jaloux :
« Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et vous serez comme Elohim, les Elohim qui connaissent le bien et le mal » (v. 5). Quant à la femme, elle accepte cette explication qui la pousse à voir différemment l’arbre en question : au lieu d’accepter l’arbre comme un guide dans la vie, dans le choix entre le bien et le mal, elle veut décider elle-même – à la place de Dieu – quel est son bien et son mal . En plus, trompée par le séducteur, la femme voit l’arbre comme désirable « pour devenir intelligents et avoir du succès » (v. 6) . Et elle en mange et en donne aussi à l’homme à côté d’elle. Et c’est à ce moment que l’homme et la femme « se rendent compte qu’ils sont nus », nus comme le serpent, comme le faux dieu auquel ils ont cru .

Lecture du livre de la Genèse (2,7-9 et 3,1-7a)

27 L’être humain terrestre, Yhwh Elohim le façonne poussière de la terre. Puis il souffle dans son nez un souffle de vie, et l’être humain terrestre devient un être vivant. 8 Et plante, Yhwh Elohim, un jardin en Éden, vers l’est. Et là, il met l’être humain terrestre qu’il avait façonné. 9 Et de la terre fait pousser, Yhwh Elohim, tout arbre beau à voir et bon pour la nourriture. Et, au milieu du jardin, il place l’arbre de vie et l’arbre de la connaissance du bien et du mal.
31 Or le serpent était rusé, plus que tous les animaux des champs que Yhwh Elohim avait faits. Et il dit à la femme : « Vraiment, oui, Elohim a dit : “Vous ne mangerez d’aucun arbre du jardin” ».
2 Et dit, la femme, au serpent : « Nous pouvons manger les fruits des arbres du jardin. 3 Mais, pour le fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Elohim a dit : “Vous n’en mangerez pas, vous n’y toucherez pas, de peur d’en mourir” ».
4 Et dit, le serpent, à la femme : « Pas du tout ! Vous ne mourrez pas ! 5 Mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et vous serez comme Elohim, les Elohim qui connaissent le bien et le mal ».
6 Et la femme voit que l’arbre était bon pour la nourriture,
et un délice pour les yeux,
et désirable, l’arbre, pour devenir intelligents et avoir du succès.

Et elle prend de son fruit et le mange ;
elle en donne aussi à son mari qui est avec elle, et il en mange, lui aussi.
7a Et les yeux des deux s’ouvrent,
et ils se rendent compte qu’ils sont nus

Psaume

Le psaume 51 est un poème qui a été composé à Jérusalem, après l’exil à Babylone. Le peuple se trouve dans une situation difficile. Un peu comme au Burundi lorsque les déplacés ont pu rentrer, il y avait tout à reconstruire : les murs de Jérusalem, les maisons, la communauté et surtout la relation avec Dieu, une relation que le peuple avait anéantie par son mauvais comportement. C’est ainsi que le psaume mentionne fréquemment les mots « rébellions » (vv. 3.5), « tort » (v. 4), « échec » (vv. 4.5.6) et, dans une simple phrase, le poète dit à Dieu : « ce qui est mal à tes yeux je l’ai fait » (v. 6).
Mais, avant d’évoquer son mauvais comportement, le poète s’adresse à Dieu en lui demandant : « Prends pitié de moi ». Et ce verbe – « hanan » en hébreu – évoque le comportement de celui qui, plein de grâce, se plie vers son fidèle et prend soin du pauvre et du malheureux. Et, toujours dans sa première phrase, le poète évoque aussi l’amour, l’amour fidèle et constant de Dieu. Enfin, en terminant la phrase, le poète présente l’amour de Dieu comme l’amour d’une maman, amour et tendresse qu’elle ressent dans ses entrailles. Seulement en faisant confiance à ces trois caractéristiques de Dieu, le poète peut mentionner à Dieu ses fautes.
Dans la deuxième strophe, l’auteur revient sur ses fautes. Il les connaît et il les reconnaît, mais il n’entre pas dans les détails. En tout cas, au-delà de la forme concrète de ses fautes, l’aspect le plus tragique est qu’elles sont un échec, une rupture « par rapport à toi, particulièrement par rapport à toi » (v. 6).
Dans les deux strophes suivantes, le poète s’inspire du prophète Jérémie et de son annonce d’une alliance nouvelle. Jérémie annonçait le retour de l’exil comme une nouvelle création, comme une alliance écrite dans le cœur. Et le poète du psaume revient sur ces images pour demander à Dieu d’intervenir et faire de lui une personne entièrement renouvelée. Il demande à Dieu la grâce d’un « souffle ferme » au fond de soi-même ; il lui demande d’être animé, constamment par le « souffle saint » de Dieu. Enfin, il demande « un souffle généreux » pour pouvoir collaborer à construire une communauté plus juste et harmonieuse,

une communauté à laquelle il « annoncera ta louange » (v. 17).
Quant à nous, ce matin, laissons-nous prendre par les mots de ce psaume. Je vous invite donc à prier comme le poète (aux versets 3 et 14) en intervenant, à la fin de chaque strophe, avec le refrain :

Prends pitié de moi, efface mes rébellions
et soutiens-moi par un souffle généreux

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