Quaresima 2020: seconda settimana

La nourriture : un don de la terre et… de Dieu !

Carême 2020 (deuxième semaine)

Toujours sur le thème de la nourriture, pendant cette deuxième semaine je veux m’arrêter sur l’autre récit de la création. Il s’agit de Genèse 2,4b-25. Ce récit – qui a été composé peut-être déjà au septième siècle avant la naissance de Jésus – nous présente d’abord l’origine de l’être humain.
4b Le jour où le Seigneur Dieu fit la terre et les cieux, 5 aucun arbuste des champs n’était encore sur la terre, et aucune herbe des champs n’avait encore germé, car Yahvéh Dieu n’avait pas fait pleuvoir sur la terre et il n’y avait pas un humain pour cultiver le sol ; 6 mais une sorte de source montait de la terre et irriguait toute la surface du sol. 7 Et le Seigneur Dieu modela l’humain, poussière prise du sol, il insuffla dans ses narines une haleine de vie, et l’humain devint un être vivant. 8 Et le Seigneur Dieu planta un jardin en Éden, à l’orient, et il y plaça l’humain qu’il avait modelé.
15 Et le Seigneur Dieu prit l’humain et l’établit dans le jardin d’Éden pour le cultiver et en prendre soin. 16 Et le Seigneur Dieu ordonna à l’humain : « De tout arbre du jardin tu mangeras, tu mangeras » (Genèse 2,4b-8 et 15-16).

Cette page a une épaisseur immense. La terre est pratiquement sans vie, car Dieu n’a pas encore donné la pluie. Quant à l’humain, il est pure faiblesse, il est « poussière ». Et Dieu le façonne comme poussière du sol. Et derrière l’action de façonner, de modeler, l’hébreu a un verbe qui caractérise l’action du potier. Le potier crée un objet en utilisant la poussière, l’argile ; il lui donne la forme voulue en la caressant. Bref : l’humain est fragile, une fragilité caressée par Dieu, une fragilité à laquelle le Seigneur donne l’haleine, un souffle de vie.
Ensuite, Dieu plante un jardin, « gan » en hébreu, un dérivé du verbe « ganan » qui signifie « protéger ». Et ici, l’image est un peu celle d’une maman qui crée un petit jardin, un espace protégé, pour son petit enfant. Mais cet espace est aussi l’espace dans lequel l’enfant devra devenir responsable. En effet, l’humain doit cultiver le sol et « en prendre soin » (v. 15). C’est ainsi qu’il pourra avoir de la nourriture.

Cette page de la Genèse me rappelle quelques pages du Coran. Je pense en particulier à ces versets :
N’avez-vous pas vu que Dieu vous a soumis ce qui est dans les cieux et la terre ? Il vous a fait largesse de ses grâces tant visibles que dissimulées. (Mais) parmi les humains, il en est qui dispute à propos de Dieu, sans connaissance, sans direction et sans (se référer à) une Écriture lumineuse (Sourate 31,20).
(C’est Dieu) qui, pour vous, a fait de la terre un berceau et y a tracé des sentiers afin que vous puissiez vous diriger (Sourate 43,10).
C’est Dieu qui nous a fait la terre soumise. Marchez donc dans ses étendues. Mangez de ce que (Dieu) a attribué. Vers lui la résurrection (Sourate 67,15).
Ces versets insistent sur la générosité de Dieu, sur ses dons visibles et sur d’autres que nous pouvons découvrir. Dieu nous a mis sur une terre qui est comme un jardin que nous pouvons parcourir d’un côté à l’autre. Et ce jardin, dont il nous a confié la responsabilité, est l’espace qui nous accueille comme un « berceau », « mahd » en arabe. Oui, Dieu, dans ses entrailles maternelles, pour nous est comme une maman. Il est plein de tendresse, il nous accueille avec nos faiblesses, il nous aime, il nous invite à grandir, à parcourir la terre – ou le jardin – en tous sens, à la cultiver, à nous en nourrir, à en tirer notre subsistance. Et ça en sachant que c’est à Dieu que nous devons tout. Et c’est lui qui nous ressuscitera, – toutes et tous – un jour.


A côté de ce verset, on pourra citer 45,13 : « Dieu vous a soumis ce qui est dans les cieux et la terre, le tout venant de lui. Il y a là des signes pour des gens qui réfléchissent ».
Cette image revient aussi dans la sourate 20,53.
Cf. Meriam-Herzog Tourki, Paroles du Coran pour aujourd’hui, Mediacom, Amiens, 1998, p. 415.

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