Eucharistie, 26 avril 2020

« Tu n’abandonneras pas mon âme à la mort »
(Psaume 16,10)

______________________________________________________________________________________________

Eucharistie : 26 avril 2020, 3ème Dimanche de Pâques — Année A

Première lecture

La première lecture est une page des Actes des apôtres, le second volume que Luc a composé après avoir écrit, dans son Evangile, « tout ce que Jésus a fait et enseigné » (Ac 1,1). Ce matin, dans le livre des Actes, nous allons lire une partie du discours de Pierre le jour de la Pentecôte.
La venue de l’Esprit Saint et le fait que les disciples parlaient en d’autres langues « comme l’Esprit leur donnait de s’exprimer » (v. 4) a surpris les habitants de Jérusalem. Et Pierre, dans son discours, veut donc expliquer ce qui s’est passé. Il parle d’abord de Jésus et de ce que Dieu, à travers Jésus, a fait : « des miracles, des choses extraordinaires et des signes » (v. 22). Pierre évoque aussi la mauvaise réaction des Juifs par rapport à Jésus : « cet homme, vous l’avez tué en le faisant clouer sur une croix par des gens qui ne connaissaient pas Dieu » (v. 23). Mais la plus grande partie du discours que Luc met sur la bouche de Pierre insiste sur la résurrection de Jésus.
Pour en parler, le texte applique à Jésus les paroles d’un psaume . Il s’agit d’un psaume composé, probablement, au cinquième siècle avant la naissance de Jésus ; mais Luc, comme la tradition ancienne juive et grecque, le considère composé par David, au dixième siècle. En composant son livre, Luc cite ce psaume en suivant des détails de la traduction grecque , des détails qui évoquent plus clairement – dans Jésus – l’espoir dans la résurrection . En effet, d’après ce psaume, Jésus a pu considérer ses expériences comme « les chemins qui conduisent à la vie » et il a pu affronter la mort en disant au Père : « tu me rempliras de joie par ta présence » (v. 28).
Après cette longue citation du psaume, dans la narration de Luc, Pierre s’adresse à nouveau aux Juifs, mais maintenant il les appelle « frères » (v. 29). Et, à travers ce détail, Luc nous montre Pierre comme une personne qui ne refuse pas son origine juive, son lien avec la communauté juive et avec le royaume de David.
Oui, David parlait de la résurrection, mais les paroles du psaume cité ne s’appliquent pas à David : David est mort, « on l’a enterré, et sa tombe est encore aujourd’hui parmi nous » (v. 29). Mais David était aussi un prophète : il savait que Dieu lui avait promis un descendant. Et c’est à propos de ce descendant que David a pu voir « d’avance ce qui allait arriver » (v. 31). Voilà pourquoi, dans son psaume, il a « parlé de la résurrection du Christ ». Et Pierre, dans son discours, met sur la bouche de David le même verset du psaume, mais avec les verbes au passé : Jésus « n’a pas été abandonné dans le monde des morts, et son corps n’a pas vu la décomposition ». Oui, les verbes sont au passé, car la résurrection a déjà eu lieu, et Pierre et les autres disciples en sont témoins.
Enfin le dernier verset. Après avoir insisté sur la résurrection, Pierre peut évoquer l’ascension de Jésus à la droite du Père. C’est là que Jésus reçoit l’Esprit et le donne, abondamment, à ses disciples. Et, à propos de ce don de l’Esprit, Pierre peut conclure : « C’est ce que vous voyez et entendez maintenant ».

Lecture des Actes des Apôtres (2,14.22b-33)
Le jour de la Pentecôte, 14 Pierre, debout avec les onze autres apôtres, éleva la voix et fit cette déclaration à la foule :
« Vous, les Juifs, et vous tous qui habitez à Jérusalem, sachez bien ceci, et prêtez l’oreille à mes paroles.
22b Dieu vous a montré qui était Jésus de Nazareth. Car, au milieu de vous, Dieu a fait – à travers Jésus – des miracles, des choses extraordinaires et des signes ; vous le savez bien. 23 Cet homme vous a été livré, et cela conformément à la décision que Dieu avait prise et au plan qu’il avait formé d’avance. Et cet homme, vous l’avez tué en le faisant clouer sur une croix par des gens qui ne connaissaient pas Dieu. 24 Mais Dieu l’a ressuscité, il l’a délivré des douleurs de la mort. En effet, il n’était pas possible que la mort le retienne en son pouvoir.
25 En effet, David a parlé de Jésus en disant :
“Je voyais sans cesse le Seigneur devant moi.
Oui, il est tout près de moi, pour que je ne tremble pas.
26 Alors mon cœur se réjouit et ma bouche chante de joie.
Et même dans la tombe, ma chair, ma fragilité s’abritera dans l’espoir.
27 Non, tu ne m’abandonneras pas dans le monde des morts,
tu ne permettras pas à moi, ton ami fidèle, de voir la décomposition.

28 Tu m’as fait connaître les chemins qui conduisent à la vie,
tu me rempliras de joie par ta présence” (Ps 16/15,8-11).
29 Frères, je peux vous le dire très clairement : notre ancêtre David est mort, on l’a enterré, et sa tombe est encore aujourd’hui parmi nous. 30 Mais David était prophète et il savait que Dieu lui avait fait ce serment : “Je ferai asseoir sur ton siège royal un de tes descendants” (Ps 132/131,11). 31 David a vu d’avance ce qui allait arriver ; il a donc parlé de la résurrection du Christ quand il a dit : “Il n’a pas été abandonné dans le monde des morts, et son corps n’a pas vu la décomposition” (Ps 16/15,10).
32 Ce Jésus dont je parle, Dieu l’a ressuscité ; nous tous, nous en sommes témoins. 33 Dieu l’a donc fait monter à sa droite, il a reçu du Père l’Esprit Saint (qui avait été) promis et il l’a répandu sur nous. C’est ce que vous voyez et entendez maintenant.

Parole du Seigneur.

Psaume

Le psaume que la liturgie nous propose est le psaume 16. Il s’agit donc du psaume que, dans sa version grecque, nous avons déjà lu – en partie – dans la page des Actes des apôtres. De ce psaume, nous allons lire la forme la plus ancienne qui était composée de cinq strophes .
La première (vv. 1-2) contient la seule demande que le poète adresse à Dieu : « Prends soin de moi, Dieu, car je me réfugie en toi ». Le poète ne demande aucun bien à Dieu. Il veut seulement vivre, jour après jour, sa relation avec Dieu comme une relation intime « toi-moi ». En effet, le poète avoue : « J’ai dit à Yhwh : Mon Seigneur, c’est toi » . Et il veut continuer à vivre, constamment, cette relation avec Dieu. Il accepte sa dépendance envers Dieu, il reconnaît Dieu comme son « Seigneur ». Et il vit sa dépendance comme le plus grand bonheur. Et il avoue : « Je n’ai pas de bonheur plus grand que toi ».
Dans la forme la plus ancienne du psaume, la deuxième strophe (vv. 5-6) présente Dieu comme l’accomplissement de tous les désirs du poète. Dieu est tout pour lui, il est la chance de sa vie, il est sa part, comme un terrain reçu en don, en héritage : « c’est un sort qui m’enchante » (v. 6).
La troisième strophe (vv. 7-8) nous montre que l’intimité vécue avec Dieu se manifeste dans des actions. Dieu donne le courage d’agir et il aide à prendre des décisions qui préparent le

chemin vers son royaume . Voilà pourquoi le poète bénit Dieu, Dieu qui lui est proche et le conseille à travers sa conscience (v. 7).
La quatrième strophe (vv. 9-10) nous présente la vie nouvelle que Dieu donne à celui ou à celle qui s’ouvre à Dieu. Dieu est une présence qui traverse toute sa personne, son cœur, ses entrailles, littéralement « son foie », sa chair et sa fragilité. C’est une présence qui traverse sa vie tout entière, même les nuits les plus sombres. Et demain ? « Tu n’abandonneras pas mon âme à la mort » (v. 10). Le poète pressent ainsi que sa communion avec un Dieu qui lui est toujours proche ne peut être interrompue, même par la mort .
Enfin la dernière strophe (v. 11). L’avenir de ceux et celles qui s’ouvrent à Dieu n’est pas la mort, ou la peur ou l’angoisse. Au contraire, c’est la joie, la joie auprès du « visage » de Dieu, les délices « à perpétuité ». Voilà le chemin que Dieu nous fait et nous fera connaître, le même chemin que Dieu a ouvert pour Jésus le matin de Pâques. D’ici notre refrain à la fin de chaque strophe :

Tu m’apprends, Seigneur, le chemin de la vie,
le même chemin que tu as ouvert pour Jésus.

Psaume 160 (versets 1-2. 5-6. 7-8. 9-10. 11)
1 A mi-voix. Poème appartenant au recueil de David.
Prends soin de moi, Dieu, car je me réfugie en toi.
2 J’ai dit à Yhwh : « Mon Seigneur, c’est toi.
Je n’ai pas de bonheur plus grand que toi ».
Refr. :  Tu m’apprends, Seigneur, le chemin de la vie,
le même chemin que tu as ouvert pour Jésus.

5 Yhwh, tu es la chance de ma vie, et ma coupe,
toi, tu soutiens mon destin.
6 La part que j’ai reçue est belle,
c’est un sort qui m’enchante.
Refr. :  Tu m’apprends, Seigneur, le chemin de la vie,
le même chemin que tu as ouvert pour Jésus. […]

> testo integrale (pdf)
> Formazione biblica