Eucharistie, 25 octobre 2020

Dieu, nous l’aimons dans nos frères et sœurs

 

25 octobre 2020 : 30ème dimanche du Temps Ordinaire — Année A

 

Première lecture

Une page très connue, dans le livre de l’Exode, est certainement celle qui contient le décalogue, c’est-à-dire les dix paroles, les dix commandements (Ex 20,1-17). Moins connue est la section successive, le ‘code de l’alliance’ (20,18-23,33). Il s’agit d’un recueil de lois, des instructions qui concernent le culte à Dieu et aussi des normes visant à protéger les personnes : les esclaves, les étrangers, les veuves et les orphelins[1].

De ce code de l’alliance, qui a une structure complexe[2], nous allons lire deux petites sections.

La première (vv. 20-23) insiste sur le respect. Dans la communauté, le principe de l’égalité doit être lié au respect des personnes plus faibles. Parmi ces personnes, le texte mentionne d’abord l’étranger installé chez vous : il ne faut pas le molester, il ne faut pas l’exploiter. L’expérience que les Juifs ont vécue en Égypte leur a certainement appris combien triste est le fait de vivre comme étranger.

Après avoir parlé de l’étranger, notre texte évoque deux autres groupes de personnes marginalisées : la veuve et l’orphelin : « Vous ne maltraiterez aucune veuve ni aucun orphelin » (v. 21). Le fait de maltraiter ces personnes a des conséquences graves : leurs cris arriveront jusqu’à Dieu qui ne pourra que réagir.

La deuxième section (vv. 24-26) concerne l’attitude envers le pauvre. L’accent est sur la solidarité. Israël n’est pas n’importe quel peuple. Dieu le qualifie comme « mon peuple » (v. 24). Et le peuple de Dieu doit avoir une caractéristique fondamentale : le pauvre « est avec toi », il doit donc pouvoir vivre en communion avec toi[3].

Une dernière remarque. Dans la première partie, Dieu entend le cri de l’orphelin et de la veuve. Dans la seconde, Dieu entend le cri du pauvre. Dans le premier cas, le cri fait jaillir – en Dieu – la colère. Au contraire, dans la seconde partie, à la place de la colère il y a la compassion. « Je suis miséricordieux[4], moi », voilà la caractéristique fondamentale de Dieu.

 

Lecture du livre de l’Exode (22, 20-26)

Ainsi parle le Seigneur :

« 20 Un étranger installé chez vous, tu ne le molesteras pas et tu ne l’opprimeras pas, car vous aussi vous étiez des étrangers au pays d’Égypte.

21 Vous ne maltraiterez aucune veuve ni aucun orphelin. 22 Si tu le maltraites, oui, si tu le maltraites et s’il crie vers moi passionnément, j’entendrai, oui, j’entendrai son cri. 23 Et ma colère s’enflammera, et je vous ferai mourir à la guerre. Alors vos femmes deviendront veuves, et vos enfants seront orphelins.

24 Si tu prêtes de l’argent à quelqu’un de mon peuple, au pauvre qui est avec toi, tu ne seras pas – à son égard – comme un usurier. Vous n’exigerez pas de lui un intérêt. 25 Si tu prends le vêtement de ton prochain en échange de quelque chose, rends-le-lui avant le coucher du soleil. 26 Car c’est sa seule couverture, elle est son vêtement qui protège sa peau. Dans quoi se coucherait-il ? Et adviendra : quand il criera vers moi, je l’entendrai, car je suis miséricordieux, moi ».

 

Psaume

Le psaume 18 est le seul psaume qu’on lit aussi, avec de petites variantes, ailleurs dans l’Ancien Testament (en 2 Samuel 22). Ce psaume est un des poèmes les plus longs de tout le psautier[5]. Il est composé de 51 versets. Il s’agit d’un chant de remerciement, un remerciement que le premier verset du psaume attribue à David une fois libéré de tous ses ennemis et des menaces de Saül.

De ce psaume, nous allons lire trois strophes. La première (vv. 2-3) s’ouvre avec une déclaration d’amour : « Je t’aime, Yhwh, du fond de mes entrailles » (v. 2). Et ici c’est le seul cas, dans toute la Bible, où le verbe « aimer du fond de ses entrailles » a, comme sujet, un être humain qui s’adresse à Dieu. En effet, dans les autres attestations, ce même verbe a, comme sujet, Dieu lui-même[6]. Mais pourquoi cet amour pour Dieu ? Le poète nous le dit dans la même strophe. Dieu est “tout” pour le poète : il est « mon rocher où je me réfugie, il est la force qui me sauve » (v. 3).

L’idée de Dieu qui me sauve revient aussi dans la deuxième strophe (vv. 4.20). Mais ici le poète nous dit en quoi consiste cette action de Dieu. Dieu est celui qui « me sauve de l’ennemi, la mort ». Et ici le poète mentionne la mort en utilisant, en hébreu, « ‘oyebi », un pluriel d’excellence, pour indiquer l’ennemi le plus important et terrible, la mort[7]. Toujours dans la même strophe, cette libération est présentée avec une image : une “sortie”. En utilisant un verbe qui caractérise la sortie de l’esclavage en Égypte (Ps 114,1), le poète dit : « Il m’a fait sortir (pour me mettre) à l’aise » (v. 20). Et il ajoute aussi la motivation : Dieu m’a libéré « parce qu’il m’aime ». Oui, Dieu l’a libéré en raison de l’amour réciproque qui lie Dieu et le poète[8]. Mais attention : l’amour de Dieu pour le poète précède l’amour du poète envers Dieu[9]. Il en est la source.

Enfin la troisième strophe (vv. 47.51) avec l’acclamation : « Vivant est Yhwh ». Oui, Yhwh est le vrai et unique souverain. Qu’il soit donc béni et qu’il triomphe ! (v. 47).

Le psaume se termine avec un chant d’action de grâce, un chant dans lequel la communauté, après l’exil à Babylone, évoque son attente du messie : le roi attendu pour l’avenir sera un modèle de justice. Dieu le sauvera et lui soumettra tous les peuples.

Voilà comment – à une communauté dans l’angoisse comme la nôtre – le psaume apporte une espérance[10]. Et notre réaction peut être un peu comme celle du poète qui commence le psaume en avouant son amour pour le Seigneur. D’ici notre refrain à la fin de chaque strophe :

Je t’aime, Seigneur, du fond de mes entrailles : tu es ma force.

 

Psaume 18 (versets 2-3, 4.20, 47.51ab)

2 Je t’aime, Yhwh, du fond de mes entrailles : tu es ma force.

3 Yhwh est mon solide rocher, ma forteresse, mon libérateur.

Il est mon Dieu, mon rocher où je me réfugie,

il est mon bouclier, la force qui me sauve, mon refuge !

Refr. :  Je t’aime, Seigneur, du fond de mes entrailles : tu es ma force.

 

4 Je fais appel à Yhwh qui est digne de louange,

et il me sauve de l’ennemi, la mort.

20 Il m’a fait sortir (pour me mettre) à l’aise,

il m’a libéré, parce qu’il m’aime.

Refr. :  Je t’aime, Seigneur, du fond de mes entrailles : tu es ma force.

 

47 Vivant est Yhwh et béni soit mon rocher !

Qu’il triomphe, le Dieu de mon salut !

51ab Il fait de grandes choses pour le salut de son roi,

il montre son amour pour celui qu’il a choisi comme son messie.

Refr. :  Je t’aime, Seigneur, du fond de mes entrailles : tu es ma force.

 

 

Deuxième lecture

La deuxième lecture de ce matin est encore une page de la Première lettre aux Thessaloniciens. Dans la page de la semaine passée, Paul voulait remercier Dieu en voyant la communauté ‘fleurir’, fleurir dans la foi, l’amour et l’espoir. En effet, la foi pousse les Thessaloniciens à s’engager, leur amour « se met en peine pour les autres » (v. 3) et l’espérance leur donne la force d’affronter toutes les difficultés et les obstacles. Voilà le résultat dans ces personnes auxquelles l’Évangile a été annoncé, un résultat que l’action de l’Esprit Saint a fait jaillir dans leur vie (v. 5).

Et, en poursuivant sa lettre, Paul évoque, rapidement, son séjour à Thessalonique, un séjour très engagé que Paul souligne avec la tournure : « nous avons vécu parmi vous pour vous » (v. 5)[11]. Et le comportement de Paul a été un exemple. C’est ainsi que, à travers l’exemple de Paul, les Thessaloniciens ont suivi, en même temps, l’exemple du Seigneur. Paul le dit très clairement : « Vous, vous nous avez imités, nous et le Seigneur » (v. 6). En effet, Paul et ses compagnons ont enduré de mauvais traitements, avant d’arriver à Thessalonique. Et les Thessaloniciens ont eu à souffrir à cause de leur nouvelle foi[12]. C’est ainsi que les Thessaloniciens sont devenus les imitateurs des missionnaires et, en même temps, du Seigneur, qui a souffert jusqu’à sa mort sur la croix.

Cette façon de vivre « la Parole au milieu de bien des épreuves, avec la joie donnée par l’Esprit Saint » (v. 6) fait des Thessaloniciens de vrais modèles. Oui, les Thessaloniciens sont devenus un modèle pour tous les chrétiens des deux provinces romaines de la Grèce : la Macédoine au nord et l’Achaïe au sud[13]. La parole du Seigneur n’est pas restée enfermée dans la ville de Thessalonique ; elle s’est diffusée ailleurs. Et c’est ainsi que la foi des Thessaloniciens, connue et admirée dans toute la Grèce, est devenue, pourrait-on dire, “évangile”[14].

Enfin, en terminant la page, Paul revient sur le changement vécu par les Thessaloniciens : laisser les faux dieux, se tourner vers le Dieu vivant, attendre la nouvelle venue de Jésus, celui « que Dieu a réveillé de la mort » (v. 10). Et dans ces mots, nous avons la plus ancienne attestation de la résurrection de Jésus, une attestation qui remonte à l’année 51, une vingtaine d’années après la mort de Jésus[15].

Écoutons donc ce témoignage fondamental et essayons de suivre l’exemple des Thessaloniciens : de la jeune communauté de Thessalonique, nous pourrons ainsi apprendre comment notre relation à Dieu et à Jésus peut et doit se concrétiser, jour après jour.

 

Lecture de la Première lettre de saint Paul apôtre aux Thessaloniciens (1,5c-10)

Frères, 5c vous savez comment nous avons vécu parmi vous pour vous. 6 Et vous, vous nous avez imités, nous et le Seigneur : vous avez accueilli la Parole au milieu de bien des épreuves, avec la joie donnée par l’Esprit Saint. 7 Ainsi, vous êtes devenus un modèle pour tous les croyants en Macédoine et en Achaïe. 8 En effet, de chez vous la parole du Seigneur est partie pour se faire entendre en Macédoine et en Achaïe. Et la nouvelle de votre foi en Dieu s’est répandue partout, à tel point que nous n’avons pas besoin d’en parler. 9 Les gens racontent, à notre sujet, quel accueil nous avons reçu chez vous et comment vous vous êtes tournés vers Dieu. Vous avez laissé les faux dieux, pour servir le Dieu vivant et vrai 10 et pour attendre que son Fils vienne des cieux. Ce Fils, c’est Jésus que Dieu a réveillé de la mort et qui nous délivre du jugement de Dieu, qui est proche.

 

Évangile

Avec des mots différents, la page de l’Exode, le psaume et la lettre de Paul ont insisté sur la relation entre le croyant et Dieu et aussi entre le croyant et les humains. Mais la page de l’Évangile souligne comment la relation à Dieu et la relation au prochain sont liées.

Comme dans l’Évangile de la semaine passée, le contexte est celui des disputes à Jérusalem[16]. Les adversaires de Jésus ont entendu que Jésus, interrogé à propos de la résurrection, avait « réduit au silence les sadducéens » (v. 34). Les sadducéens étaient le groupe des prêtres et des laïcs aisés, et ils disaient qu’il n’y a pas résurrection. Maintenant ce sont les pharisiens, un autre groupe parmi les Juifs, des personnes qui observent scrupuleusement tous les commandements de la Loi de Moïse[17]. Parmi eux, il y a un juif expert en théologie, un « maître de la loi ». Cet homme demande à Jésus : « Quel est le grand commandement dans la Loi ? ». En effet, les théologiens juifs, en partant de l’Ancien Testament, avaient tiré 613 préceptes : 248 ordres et 365 interdictions[18].

 

Quant à Jésus, de tout l’Ancien Testament il rappelle d’abord – avec les mots du Deutéronome (6,5) – l’amour de Dieu. Ce texte du Deutéronome faisait déjà partie de la prière qu’un Juif, deux fois par jour, adressait à Dieu : « Écoute, Israël : le Seigneur est notre Dieu, le Seigneur est un. Tu aimeras le Seigneur de tout ton cœur »[19]. Mais à l’invitation à aimer Dieu, Jésus ajoute, avec une citation du Lévitique (19,18), l’invitation à l’amour du prochain. Avec ces deux références, Jésus ne donne pas deux ordres, deux lois auxquelles il faut obéir. Jésus nous donne l’atmosphère dans laquelle le croyant est invité à vivre toute sa vie[20]. En effet, aucune de nos actions ne peut être en contraste avec l’amour ; chacune doit être nourrie de l’amour, de l’amour envers Dieu et le prochain[21].

 

De l’Évangile selon Matthieu (22,34-40)

34 Ayant entendu dire que Jésus a réduit au silence les sadducéens, les pharisiens se rassemblent en groupe. 35 Et l’un d’eux, un maître de la loi, veut tendre un piège à Jésus et il lui demande : 36 « Maître, quel est le grand commandement dans la Loi ?».

37 Jésus lui déclare : «Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée. 38 C’est là le grand, le premier commandement. 39 Un second cependant lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. 40 De ces deux commandements dépendent toute la Loi de Moïse et les Prophètes ».

 

Prière d’ouverture

Jésus, que tu sois un ami tout proche

de celles et ceux qui sont dans l’affliction

et aide-les à avoir confiance en toi.

Suscite des amis pour les veuves et les orphelins,

pour celui qui est seul, marginalisé, maltraité.

Donne la patience aux malades,

réconforte les consciences qui sont dans l’incertitude,

soutiens, de ta force, ceux qui sont dans l’épreuve[22].

[John Wesley, prêtre britannique de l’Église méthodiste : 1703-1791]

 

Prière des fidèles

* La page de l’Exode nous montre Dieu comme celui qui écoute. Il écoute le cri de la veuve, le cri de l’orphelin, le cri du pauvre. Dieu écoute ces cris, il écoute et il réagit car il est miséricordieux. Et nous, Seigneur ? Fais jaillir aussi en nous une réaction semblable.

* Le poète du psaume s’adresse à Dieu et lui avoue : « Je t’aime, Yhwh, du fond de mes entrailles ». Et, dans cette affirmation, il utilise un verbe qui, dans l’Ancien Testament, a toujours Dieu comme sujet. En écoutant ce poète, naît – aussi en nous – le désir de t’aimer intensément, de t’aimer, Dieu notre Père, de t’aimer au moins ‘un peu’ comme toi tu nous aimes. 

* Paul nous a vraiment surpris en disant aux Thessaloniciens : « vous avez accueilli la Parole au milieu de bien des épreuves, avec la joie donnée par l’Esprit Saint ». La communauté de Thessalonique se comportait ainsi quelques semaines après avoir reçu la bonne nouvelle. Donne aussi à nous, Seigneur, de vivre un peu comme cette jeune communauté, en accueillant la Parole même au milieu des épreuves et en faisant aussi l’expérience de la joie donnée par l’Esprit Saint .

* Un grand merci à toi, Jésus notre frère, à toi qui nous as donné l’orientation fondamentale de notre vie. Chacune de nos actions peut être nourrie d’amour : l’amour de Dieu et des humains. Un grand merci, Jésus, et aide-nous à vivre selon ta parole.

Prière eucharistique

Hommes

Surtout dans les moments les plus difficiles de notre vie,

nous pouvons faire une découverte

semblable à celle du poète du psaume.

Avec ce poète, chacun de nous peut constater :

« Yhwh est mon solide rocher, ma forteresse, mon libérateur.

Il est mon Dieu, mon rocher où je me réfugie,

il est mon bouclier, la force qui me sauve, mon refuge ! » (Ps 18,3).

 

Femmes

Nous aussi, les femmes,

en regardant aux fond de nous-mêmes,

nous pouvons avouer :

« Je t’aime, Yhwh, du fond de mes entrailles : tu es ma force » (Ps 18,2).

Et en t’aimant profondément,

nous découvrons que notre amour pour toi est un don,

un don qui a ses racines en toi.

En effet, comme dans la vie d’un couple,

l’amour pour le partenaire est la réponse à l’amour que le partenaire a pour nous.

 

Ensemble

Mais ton amour, Seigneur, ta présence aimée,

est une présence qui nous échappe.

Si on la cherche seulement dans le temple,

elle se manifeste surtout comme silence, une absence, un vide.

Mais tu nous invites à te rechercher dans les œuvres de tes mains,

dans les humains que tu façonnes et tu caresses de tes mains.

Et la Bible nous l’apprend :

nous pouvons te rencontrer et t’aimer,

nous pouvons rechercher ce qui est bien à tes yeux,

en aimant nos frères et en construisant la paix.

« Pour l’amour de mes frères et de mes amis,

je dirai : “La paix soit chez toi !”.

Pour l’amour de la maison de Yhwh notre Elohim,

je veux rechercher le bien pour toi » (Ps 122,8s).

 

Hommes

Si cet amour pour nos frères manque,

nous faisons vivre aux autres

l’esclavage vécu par ton peuple en Égypte ;

et l’orphelin et la veuve qui vivent chez nous

ne pourront que crier,

crier passionnément, vers toi ;

et les pauvres de nos quartiers n’auront rien

pour se protéger pendant la nuit :

eux aussi, ils crieront vers toi,

et leur cri tu l’entendras

parce que bienveillant tu es (Ex 22,20-26).

 

Femmes

Devant ta présence, Seigneur,

une présence totalement inattendue

que nous pouvons découvrir dans nos frères,

devant ta présence que nous pouvons aimer en aimant nos frères,

dans nos cœurs naît la joie,

la joie qui nous pousse à chanter,

ensemble avec vous, nos frères : Saint, saint, saint…

 

Hommes

Jésus, tu es venu au nom du Seigneur notre Dieu.

Et tu nous as appris qu’aimer Dieu et aimer nos frères

c’est l’essentiel de notre vie, et de la Bible aussi.

En effet, « de ces deux commandements dépendent

toute la Loi de Moïse et les Prophètes » (Mt 22,40).

Tu nous l’as dit et tu l’as vécu, jour après jour.

 

Femmes

Jésus, le Dieu que nous découvrons dans nos frères,

le Dieu que nous aimons en aimant nos frères,

c’est en toi, surtout, qu’il se révèle.

D’autre part, dans l’Évangile tu nous apprends :

« Celui qui m’a vu, a vu le Père » (Jn 14,9).

 

Lectrice

Et tu nous as avoué : « Ma nourriture

c’est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé

et d’accomplir son œuvre » (Jn 4,34).

Et tu l’as accomplie, sa volonté,

et son amour pour le monde s’est révélé en toi (Jn 3,16),

jour après jour, jusqu’à la fin.

 

Prêtres

Et, quand l’heure fut arrivée, Jésus se mit à table,

et les apôtres avec lui. Il leur dit :

« J’ai vraiment désiré manger cette Pâque avec vous,

avant de souffrir. Je vous le dis,

je ne la mangerai jamais plus jusqu’à ce

qu’elle soit accomplie dans le royaume de Dieu ».

Et, ayant pris du pain et ayant rendu grâce,

il le rompit et le leur donna en disant :

« Ceci est mon corps, donné pour vous ;

faites ceci en mémoire de moi ».

Et la coupe de même, après le repas, disant :

« Cette coupe est mon sang,

le sang de la nouvelle alliance

qui est répandu pour vous » (Lc 22,15-20).

Nous annonçons ta mort, Seigneur Jésus…

 

Hommes

Jésus, en attendant ta venue, nous voulons faire un peu comme toi,

toi qui nous as donné ton corps, ta vie fragile et solidaire.

Mais nous avons besoin de ton Esprit,

l’Esprit qui t’a soutenu jusqu’à la mort.

Grâce à ton Esprit, nous pourrons vivre

– comme la jeune communauté de Thessalonique –

un amour qui « se met en peine pour les autres » (1 Thess 1,3).

 

Femmes

Ici chez nous, Jésus, nous vivons un temps difficile :

parfois nos nuits sont encore lacérées par des tirs,

la violence est là et des personnes,

surtout des jeunes, partent

pour aller se préparer à la guerre.

La seule réalité qui nous encourage c’est ta Parole,

une Parole que nous cherchons de vivre,

dans de grandes souffrances,

« avec la joie donnée par l’Esprit Saint » (1 Thess 1,6).

 

Hommes

Jésus, l’Évangile que nous avons reçu

« n’a pas été seulement discours,

mais puissance, action de l’Esprit Saint,

et merveilleux accomplissement » (1 Thess 1,5).

Et ce merveilleux accomplissement n’est pas seulement pour nous.

 

Femmes

C’est aussi pour celles et ceux qui viendront,

pour celles et ceux que nous avons connu(e)s et aimé(e)s

et dont nous faisons mémoire aujourd’hui,

et pour l’humanité entière que le Père attend

et accueille dans ses bras et dans son royaume.

En effet, comme le poète du psaume nous l’assure,

Dieu « me sauve de l’ennemi, la mort.

Il m’a fait sortir pour me mettre à l’aise,

il m’a libéré, parce qu’il m’aime » (Ps 18,4.20).

 

Ensemble

Avec ce regard confiant vers Dieu qui nous sauve

et vers l’avenir qui nous attend chez toi, Jésus notre frère,

nous voulons adresser au Père les mots que tu nous as appris,

les mots que nous chantons d’une seule voix

dans une accolade avec les sœurs et les frères à côté de nous : Notre Père…

 

Prière finale : A la rencontre de l’Essentiel

Une rencontre, la rencontre.

A la rencontre de cet autre,

à la rencontre de mon prochain,

à la rencontre de mon frère, de ma sœur.

A la rencontre de sa joie,

à la rencontre de sa tristesse,

à la rencontre de ses difficultés,

à la rencontre de sa souffrance,

à la rencontre de sa foi.

Cheminer ensemble dans la foi,

cheminer ensemble dans une foi ancrée, bien vivante,

cheminer ensemble à la rencontre de l’Essentiel[23].

[Florence Viellard, maman, comédienne et metteur en scène : France, 2012]


[1] J.-D. Macchi, Exode, dans T. Römer – J.-D. Macchi – C. Nihan (éd.), Introduction à l’Ancien Testament, Labor et fides, Genève, 2004, p. 176.

[2] Cf. Ch. Dohmen, Exodus 19-40, Herder, Freiburg – Basel – Wien, 2004, p. 150.

[3] Cf. ibid., p. 175.

[4] Pour cet adjectif, cf. M. Priotto, Esodo. Nuova versione, introduzione e commento, Paoline, Milano, 2014, p. 443. Cf. aussi E. Jenni – C. Westermann, Dizionario teologico dell’Antico Testamento. Volume I, Marietti, Torino, 1978, col. 509ss et, en particulier, col. 515.

[5] Plus long du psaume 18 est le psaume 78 et, surtout, le 119. Cf. F.-L. Hossfeld, Psalm 18, dans F.-L. Hossfeld – E. Zenger, Die Psalmen. Bd I, Ps 1-50, Echter, Würzburg, 1993, p. 118.

[6] Cf. G. Ravasi, Il libro dei salmi. Commento e attualizzazione. Vol. I (Salmi 1-50), EDB, Bologna, 2015, p. 331.

[7] « L’ennemi » mentionné dans le v. 4 est, très probablement, la mort dont le poète parle aussi dans les vv. 5-7. Cf. G. Ravasi, Il libro dei salmi. Commento e attualizzazione. Vol. I (Salmi 1-50), EDB, Bologna, 2015, p. 332.

[8] Ainsi J.-L. Vesco, Le psautier de David traduit et commenté, Cerf, Paris, 2006, p. 199.

[9] Cf. L. Alonso Schökel, I Salmi, vol. 1, Borla, Roma, 1992, p. 379. Cf. aussi B. Maggioni, Davanti a Dio. I salmi 1-75, Vita e pensiero, Milano, 2001, p. 63.

[10] J.-L. Vesco, Le psautier de David traduit et commenté, Cerf, Paris, 2006, p. 204.

 

[11] Cf. F. Manini, Lettere ai Tessalonicesi. Introduzione, traduzione e commento, Edizioni San Paolo, Cinisello Balsamo (Milano), 2012, p. 32.

[12] Cf. S. Légasse, Les épîtres de Paul aux Thessaloniciens, Cerf, Paris, 1999, p. 93.

[13] Cf. C. Coulot, Première épître aux Thessaloniciens, dans Le Nouveau Testament commenté, sous la direction de C. Focant et D. Marguerat, Bayard – Labor et fides, Paris – Genève, 2012, p. 919.

[14] Ainsi G. Barbaglio, Le lettere di Paolo. Traduzione e commento. Volume 1, Borla, Roma, 1980, p. 105.

[15] Cf. S. Légasse, Les épîtres de Paul aux Thessaloniciens, Cerf, Paris, 1999, p. 43.

[16] Cf. U. Luz, Vangelo di Matteo. Volume 3. Commento ai capp. 18-25, Paideia, Brescia, 2013, p. 320s.

[17] Cf. O. Odelain et R. Séguineau, Dictionnaire des noms propres de la Bible, Cerf, Paris, 2002, p. 324s (pour la voix « Sadducéens ») et p. 295s (pour la voix « Pharisiens »).

[18] Cf. J. Gnilka, Il vangelo di Matteo. Parte seconda, Paideia, Brescia, 1991, p. 383.

[19] C’est la prière du « Chema ». Cf. S. Grasso, Il Vangelo di Matteo : commento esegetico e teologico, Città Nuova, Roma, 2014, p. 649. Cf. surtout la voix « Chema » dans Dictionnaire encyclopédique du judaïsme, publié sous la direction de G. Wigoder, adapté en français sous la direction de S. A. Goldberg, Cerf, Paris, 1993, pp. 223-225.

[20] Cf. G. Ravasi, dans D. M. Turoldo – G. Ravasi, « Nella tua luce vediamo la luce ». Tempo ordinario, solennità del Signore, feste dei Santi. Commento alle letture liturgiche, San Paolo, Cinisello Balsamo, 2004, p. 200.

[21] Cf. J. Gnilka, Il vangelo di Matteo. Parte seconda, Paideia, Brescia, 1991, p. 385.

[22] G. Ravasi, Preghiere. L’ateo e il credente davanti a Dio, Mondadori, Milano, 2000, p. 142.

[23] F. Viellard, Prières pour grandir dans la joie de Dieu, Salvator, Paris, 2012, p. 72.

 

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