Avent 2020:
première semaine
Accueillir Jésus
par Renzo Petraglio
Pendant ces quatre semaines qui nous préparent à Noël, j’ai pensé – chère amie, cher ami – à quatre thèmes liés l’un à l’autre : accueillir Jésus, l’écouter, accomplir sa parole, tenir vivante l’espérance en lui.
Et pendant cette première semaine, je pense à Jésus, celui qui nous apporte la parole de Dieu. Parmi les textes qui nous présentent Jésus porteur de la parole de Dieu, je veux lire avec toi une petite section de Jean 3. Voici une traduction:
31Celui qui vient d’en haut est au-dessus de tous. Celui qui est de la terre est terrestre et parle de façon terrestre. Celui qui vient du ciel est au-dessus de tous : 32de ce qu’il a vu et de ce qu’il a entendu, de cela il rend témoignage ; mais personne ne reçoit son témoignage. 33Celui qui a reçu son témoignage a certifié que Dieu est véridique. 34En effet, celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu, car il donne l’Esprit sans mesure[1].
Dans l’Évangile, on lit ces versets à la fin de l’entretien de Jean le Baptiste avec ses disciples (3,25-30). On peut donc les considérer comme l’ultime témoignage du Baptiste ou, en quelque sorte, comme son testament. Pour présenter l’identité de Jésus, le Baptiste utilise un contraste : «venir d’en haut» et venir «de la terre». Chaque être humain vient de la terre et est de la terre. Au contraire, Jésus «vient du ciel» et il «est au-dessus de tous»; il vient de Dieu et «de ce qu’il a vu et de ce qu’il a entendu » auprès de Dieu, «de cela il rend témoignage».
Quant au témoignage donné par Jésus, il nous dépasse totalement: nous, les humains, nous n’avons pas la force de l’accepter. Voilà pourquoi le Baptiste souligne que «personne ne reçoit» le témoignage donné par Jésus. En effet, l’acceptation du témoignage donné par Jésus relève de l’agir de Dieu; nous pouvons accepter ce témoignage seulement si nous permettons à Dieu d’agir en nous. C’est ce que le Baptiste a fait: il s’est ouvert à Dieu et c’est ainsi qu’il a accueilli le témoignage qui a pris chair en Jésus. En parlant de soi-même – et indirectement aussi des personnes qui croient en Jésus[2] -, le Baptiste peut donc déclarer: «Celui qui a reçu son témoignage a certifié que Dieu est véridique». Et, en parlant de Jésus, le Baptiste peut terminer en disant : «En effet, celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu, car il donne l’Esprit sans mesure». Oui, Jésus dit – et ce verbe est au présent – les paroles de Dieu ; il les dit aussi aujourd’hui, à chacune et à chacun de nous, et – avec ses paroles – nous recevons aussi le don de l’Esprit, l’Esprit donné (par Jésus et par Dieu)… «sans mesure».
Pour accueillir Jésus et son témoignage, même le Coran nous aide. En effet, la sourate 19 fait prononcer à Jésus – dès sa naissance – ces paroles, suivies d’un petit commentaire :
30«Je suis le serviteur de Dieu. Il m’a donné le livre et m’a fait prophète. 31Où que je sois, il m’a fait béni. Il m’a recommandé la prière, la pureté durant toute ma vie, 32et la bonté envers ma mère. Il n’a pas fait de moi un être violent, voué au malheur. 33Que la paix soit sur moi le jour où je fus enfanté, le jour où je mourrai, et le jour où je serai ressuscité vivant». 34Voilà Jésus, fils de Marie, parole de vérité dont ils doutent (Sourate 19,30-34)[3].
Comme fréquemment dans la Bible, les versets 30-33 que je viens de citer nous présentent Jésus comme le serviteur de Dieu, comme prophète qui porte le message de Dieu, comme une personne qui prie et refuse la violence[4]. Et le dernier verset dit d’une façon très claire: «Jésus, fils de Marie, parole de vérité». Oui, Jésus, parole de vérité, Jésus porteur d’un témoignage qui vient de Dieu, un témoignage accueilli par Jean le Baptiste mais refusé, fréquemment, par les Juifs de l’époque e Jésus. Et nous? Soyons disponibles, ma chère et mon ami, à accueillir ce témoignage dans notre vie de tous les jours.
[1] Cette traduction et certains points de mon commentaire reprennent la traduction et les remarques de Jean Zumstein, L’Évangile selon saint Jean (1-12), Labor et fides, Genève, 2014, p. 127ss.
[2] Cf. Y. Simoens, Evangelo secondo Giovanni, Edizioni Qiqajon, Comunità di Bose, Magnano (Bi), 2019, p. 155.
[3] Pour la traduction de ces versets et des remarques sur certaines expressions, on peut lire Le Coran. Traduction française et commentaire, par Si Hamza Boubakeur, Maisonneuve & Larose, Paris, 1995, p. 986s. Un commentaire plus vaste, lié à l’enseignement d’Ibn ‘Arabî (un musulman d’Espagne, né à Murcie en 1165), on peut le lire dans M. Gloton, Jésus fils de Marie dans le Coran et selon l’enseignement d’Ibn ‘Arabî, Albouraq, Beyrouth, 2006, pp. 310-316 et pp. 488-491.
[4] Pour Jésus comme « serviteur », cf. Mt 12,18 ; Ac 3,13.26 ; 4,27.30 ; Phil 2,7. Pour Jésus reconnu comme « prophète », cf. Mt 16,14 ; 21,11 ; Mc 6,15 ; Lc 7,16.39 ; 24,19 ; Jn 6,14 ; 7,40 ; Ac 3,22s. Pour Jésus qui prie, cf. Mt 14,23 ; 26,36.39.42.44 ; Mc 1,35 ; 6,46 ; 14,32.35.39 ; Lc 3,21 ; 5,16 ; 6,12.12 ; 9,18.28.29 ; 10,21 ; 11,1 ; 22,32.41.44 ; 23,34.46 ; Jn 14,16 ; 17,9.9.20. Pour l’attitude non-violente, la douceur et le pardon, cf. Mt 5,4.9.38-48 ; 11,29 ; 18,21-22 ; 21,1ss ; Lc 6,27-38 ; 17,3-4. Pour la réaction non-violente, Jésus reprend et approfondit le message du Baptiste mentionné dans Lc 3,14.