Quaresima 2021
(seconda settimana)

Les chemins à travers lesquels Dieu vient à notre rencontre

 

Pendant cette deuxième semaine, je veux me pencher sur une autre page dans laquelle le Siracide revient sur le verbe réfléchir. Il s’agit d’une page dans laquelle l’auteur parle de « La providence de Dieu pour le cosmos et l’homme »[1].

17 Ne dis pas : « Je me cacherai loin du Seigneur

et de là-haut qui se souviendra de moi ?

Au milieu de la foule je ne suis pas reconnu,

qu’est-ce que mon âme dans une création immense ? »

18 Or le ciel et les cieux des cieux,

l’abîme et la terre seront secoués lors de sa visite.

19 Les montagnes et les fondements de la terre

seront saisis de tremblement dès qu’il les regarde.

20 Mais à tout cela le cœur ne réfléchira pas ;

qui donc méditera sur ses voies ? (Siracide 16,17-20).

 

Dans le verset 17 l’auteur nous présente une conception fausse de l’univers, une conception selon laquelle l’individu est une réalité anonyme et insignifiante à l’intérieur de toute la création, et surtout une réalité de laquelle Dieu ne prend pas soin. De cette conception le Siracide veut nous éloigner[2]. A chacune et à chacun de nous il adresse ces mots : ne dis pas cela !

Et dans la suite du texte, le Siracide regarde vers l’avenir. Au moment d’une intervention de Dieu l’univers entier est secoué : le ciel et ses espaces les plus reculés, la terre et les profondeurs des mers s’agitent à un simple regard de Dieu. En faisant ces affirmations, l’auteur revient sur certaines images qu’on peut lire dans le psautier[3]. C’est ainsi que le Psaume 104,32 nous présente l’intervention de Dieu en ces termes : « Dieu regarde la terre, et elle tremble, il touche les montagnes, et elles fument ». Et le Siracide peut terminer avec tristesse en disant : « à tout cela le cœur ne réfléchira pas ». Mais il laisse, pour nous, une petite porte ouverte : « qui donc méditera » sur les chemins à travers lesquels Dieu vient à notre rencontre ?

Sur l’action de Dieu dans la création et sur nos possibles réactions, même le Coran revient fréquemment. Et, en mentionnant aussi les faits les plus communs, il nous invite à réfléchir. Parmi ces textes, je veux revenir sur la sourate 16 mentionnée il y a une semaine. Cette fois, je pense aux versets 10-14 :

10 C’est Dieu qui, du ciel, fait descendre de l’eau dont une partie vous sert de boisson et une autre fait pousser la végétation que vous faites paître à vos troupeaux[4]. 11 Grâce à cette eau, il fait encore pousser les céréales, les oliviers, les palmiers, les vignes et toutes sortes d’arbres fruitiers. C’est là, en vérité, un signe pour ceux qui savent réfléchir !

12 Il a mis aussi à votre service la nuit et le jour, le soleil et la lune. Et les étoiles sont aussi soumises à son ordre. Que de signes à méditer pour ceux qui savent réfléchir ! 13 Et les multiples choses aux couleurs si variées que Dieu a répandues pour vous sur la terre, ne sont-elles pas un autre signe pour des gens qui raisonnent?

14 C’est lui qui a mis à votre service la mer dont vous tirez une chair fraîche pour vous en nourrir et de beaux joyaux pour votre parure. Et l’on voit aussi les vaisseaux y fendre les flots pour vous permettre d’aller à la recherche des bienfaits du Seigneur. Peut-être lui en serez-vous reconnaissants? (Sourate 16,10-14).

Ici, le Coran évoque la création : dans sa diversité, elle profite à tous les êtres[5]. Quant à nous, les humains, en voyant tout ça, nous pouvons y trouver des signes qui nous poussent à réfléchir (v. 11), à raisonner (v. 13), à devenir des femmes et des hommes « reconnaissants » (v. 14) ou, pour utiliser les mots du Siracide, à méditer sur les « voies », les chemins de Dieu qui vient vers nous. Prenons cette semaine – ma chère, mon ami – pour réfléchir sur ces « signes », sur ces actions à travers lesquelles Dieu prend soin de nous.

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[1] C’est l’expression utilisée par J. Marböck (Jesus Sirach 1-23, Herder, Freiburg – Basel – Wien, 2010, p. 207) pour présenter Si 16,17-17,23.

[2] Ainsi L’Antico Testamento. Siracide con testo e note di commento a cura di G. Vigini, Paoline, Milano, 2007, p. 96.

[3] Cf. J. Marböck (Op. cit., p. 212) qui mentionne les Psaumes 8,5 ; 68,8-9 ; 77,19s ; 97,4 ; 104,25. 32 ; 139,7-12.

[4] Pour la traduction de ce verset, cf. M. Gloton, Une approche du Coran par la grammaire et le lexique. 2500 versets traduits – lexique coranique complet, Albouraq, Beyrouth, 2002, p. 467s, numéro 0762.

[5] Pour cette remarque, cf. Le Coran. Traduction française et commentaire, par Si Hamza Boubakeur, Maisonneuve & Larose, Paris, 1995, p. 851.