Eucharistie : 5 septembre 2021

23ème dimanche du Temps Ordinaire — Année B

 

Aveugles, muets, pauvres…

 

Première lecture

Le livre d’Isaïe a été considéré comme une ‘bibliothèque ouverte’ dans laquelle on a inséré, à côté des textes du prophète du huitième siècle, des textes plus récents, composés deux siècles plus tard, au temps de l’exil à Babylone, et d’autres encore plus récents.

Parmi ces derniers, nous avons Isaïe 35, une page composée vers la fin du quatrième siècle[1]. Ici, un poète annonce une surprenante manifestation de Dieu. C’est un hymne à la joie[2], des versets dans lesquels on lit dix fois des mots comme « se réjouir », « réjouissance », « être dans l’allégresse » et « chants d’allégresse », « joie » et « crier de joie » ! De ce poème, nous allons lire la partie centrale : les versets 4-7ab.

Ici, nous avons un message très encourageant, l’annonce d’une intervention – très surprenante – de Dieu. Cette intervention est présentée en trois strophes. La deuxième, la strophe centrale, est dans les lignes 3-6. Dans cette strophe, le poète revient sur un mot très dur : « nâqâm », c’est-à-dire « vengeance ». Ce mot était utilisé, dans Isaïe 34,8, pour évoquer l’intervention de Dieu contre « Edom », une image pour parler de toutes les puissances tyranniques du monde[3]. Le poète du chapitre 35 revient sur ce mot avec une phrase très dure : « la vengeance viendra ». A cette phrase il en ajoute une autre qui met l’accent sur la justice : cette vengeance est l’intervention de Dieu, elle est « la rétribution de Elohim ». Ensuite, dans la ligne suivante, cette intervention de Dieu n’est plus présentée comme un châtiment. Elle est une intervention pour sauver. En effet, Dieu « viendra lui-même, et il vous sauvera »[4].

Ces quatre lignes qui décrivent l’intervention de Dieu sont la deuxième strophe du poème. Quant à la première strophe et à la troisième, elles présentent les conséquences pour le peuple, surtout pour celles et ceux qui sont marginalisé(e)s. En effet, dans la première strophe (vv. 4a-b), le poète pense à « ceux qui ont le cœur plein de peur ». Ces personnes faibles et craintives sont invitées à retrouver leur énergie : elles ont devant elles une vie nouvelle, à laquelle elles doivent s’ouvrir avec courage. D’ici les impératifs que le poète adresse à ces personnes : « Soyez forts, ne craignez pas ! ».

La troisième strophe (vv. 5-7ab) – avec les deux « alors » – va indiquer les conséquences de l’intervention de Dieu. Cette intervention de Dieu sera une guérison, une guérison totale : le boiteux pourra marcher mais aussi sauter comme une gazelle ; quant au muet, il pourra parler et sa langue « criera de joie ». Et, pour ces personnes totalement guéries, c’est un nouveau chemin que Dieu va ouvrir : un chemin dans le désert, un désert qui va refleurir et qui se transforme en terre promise, un paradis retrouvé[5].

 

Lecture du livre du prophète Isaïe (35,4-7ab)

4 Dites à ceux qui ont le cœur plein de peur :

« Soyez forts, ne craignez pas !

 

Voici votre Elohim :

la vengeance viendra,

la rétribution de Elohim.

Il viendra lui-même, et il vous sauvera ».

 

5 Alors, les yeux des aveugles verront clair

et les oreilles des sourds s’ouvriront.

6 Alors, sautera comme une gazelle le boiteux

et criera de joie la langue du muet.

Car des eaux jailliront dans le désert,

des torrents dans la terre sèche.

7a Le sable brûlant se changera en lac,

la terre de la soif deviendra (une région) de sources d’eau.

 

Parole du Seigneur.

 

Psaume

 Le psaume 146 est un poème parmi les plus récents du Psautier[6] : il date du deuxième siècle avant Jésus Christ. C’est une période dans laquelle, au Proche Orient, des souverains s’imposent comme des divinités. Notre poème conteste ces abus et affirme que le seul souverain est Yhwh : c’est lui seul le roi (v. 10). Et son règne ne veut pas transformer les hommes en esclaves. Au contraire, il fait sortir les hommes de l’obscurité de l’esclavage vers la lumière d’une vie en pleine liberté.

Quant à la structure du psaume 146, elle est simple[7] : une invitation à la louange au commencement (vv. 1-2) et à la fin du poème (v. 10). A l’intérieur de cet encadrement, le poète oppose la confiance dans le pouvoir politique (vv. 3-4) et la confiance en Dieu (vv. 5-9). La première ne mène à rien : les hommes du pouvoir sont des hommes faibles, des humains qui vont retourner à l’humus. Ils ne peuvent pas « sauver » (v. 3).

Voilà pourquoi le poète nous invite à mettre notre confiance en Dieu : « en marche qui a le Dieu de Jacob à son aide ! » (v. 5). C’est un Dieu qui s’engage et qui t’engage pour les pauvres. Le poète nous en parle dans la seconde partie du psaume, celle qu’on lira dans un instant. Ici il mentionne les pauvres avec neuf termes : opprimés, affamés, enchaînés, aveugles, courbés, justes, étrangers, orphelin, veuve. Quant à Dieu, il vient à la rencontre de ces personnes. Et le psaume le souligne à travers huit expressions qui nous montrent Dieu agissant dans l’histoire de ces personnes. Et, à la fin, le poète ajoute encore trois phrases : Dieu « embrasse » l’orphelin et la veuve, Dieu « fait échouer » les projets des impies, Dieu « règne pour toujours ». En effet, Dieu se comporte comme un bon roi[8], un roi qui protège l’orphelin et la veuve qui sont les victimes du pouvoir et qui n’ont aucun soutien dans la société. Toujours comme un bon roi, Dieu réduit à rien le pouvoir des impies, des oppresseurs. C’est ainsi que Dieu intervient et va instaurer son royaume « pour génération et génération » (v. 10).

Devant ce royaume de Dieu et devant « les projets » des puissants, le poète du psaume a déjà fait son choix. Et nous ? Quel sera notre choix[9] ? Voulons-nous partager la décision du poète qui, au verset 2, avouait « Je veux louer Yhwh parmi les vivants, je veux célébrer mon Dieu, tant que je vis » ? Si oui, de cette déclaration nous pourrons faire notre refrain et dire, à la fin de chaque strophe :

            Je veux louer Yhwh, tant que je vis.

 

Psaume 146 (versets 6c-7. 8-9a. 9bc-10)

6c Yhwh est celui qui garde sa fidélité pour toujours,

7 qui fait justice pour les opprimés,

qui donne du pain aux affamés,

Yhwh est celui qui délie les enchaînés.

Refr. :  Je veux louer Yhwh, tant que je vis.

 

8 Yhwh est celui qui rend la vue aux aveugles,

Yhwh est celui qui redresse les courbés,

Yhwh est celui qui aime les justes,

9a Yhwh est celui qui protège les étrangers.

Refr. :  Je veux louer Yhwh, tant que je vis.

 

9bc L’orphelin et la veuve, il les embrasse

et il fait échouer les projets des méchants.

10 Il règne, Yhwh, pour toujours,

ton Dieu, ô Sion, pour génération et génération.

Refr. :  Je veux louer Yhwh, tant que je vis.

 

Deuxième lecture

 Après avoir parlé de « la religion pure et sans tache » (1,27), ce matin Jacques veut nous montrer que la foi et le favoritisme ne peuvent pas coexister. On ne peut pas mêler les deux. Jacques nous le dit dans la première phrase : « la foi que vous avez en Jésus Christ, notre Seigneur glorieux, vous ne devez pas la mêler à des discriminations et à la partialité » (v. 1). La foi nous donne le courage d’assumer un comportement différent dans le monde. On ne peut pas reconnaître Jésus comme Seigneur et se courber devant les notables qui font des apparitions dans les assemblées. La seule gloire qui mérite notre culte est celle du Seigneur Jésus, non la gloire insignifiante du riche et des puissants[10].

Pour expliquer cela, Jacques dresse un petit tableau : dans la communauté il y a un homme qui entre. Pour le décrire, l’auteur invente un mot composé : « chryso-daktýlios », littéralement « aux doigts d’or », donc avec des bagues d’or à ses doigts[11]. Cet homme se rend dans la communauté pour y offrir sa protection et, du même coup, y trouver une nouvelle clientèle. Mais, si un pauvre se présente à la communauté, on souligne sa pauvreté et on lui donne une autre place : « Assieds-toi là-bas », ou, et c’est encore pire, « par terre, à mes pieds » (v. 3). Mais, en se comportant ainsi, la communauté s’oppose au projet de Dieu qui aime les pauvres.

C’est ce que Jacques nous dit s’adressant à ses lecteurs et à nous avec l’interpellation : « mes frères bien-aimés »[12]. Jacques nous assure : Dieu « a choisi ceux que le monde appelle pauvres pour les rendre riches dans la foi et pour en faire les héritiers du Royaume qu’il a promis à ceux qui l’aiment » (v. 5). De Dieu, Jacques souligne d’abord l’acte de choisir. Dieu – dans sa liberté, dans son amour et dans sa prédilection – « a choisi » les pauvres, il les a choisis pour les enrichir dans la foi, pour leur permettre une orientation différente. La deuxième action de Dieu est la promesse[13]. Dieu « a promis » son Royaume, son intimité. Si le premier verbe était une action en faveur des pauvres, la deuxième, la promesse, dépasse toute limite. Elle est une promesse que Dieu a faite pour « ceux qui l’aiment »[14]. A nous, maintenant, de réagir et de nous mettre parmi celles et ceux qui l’aiment.

 

Lecture de la Lettre de saint Jacques (2,1-5)

1 Mes frères, la foi que vous avez en Jésus Christ, notre Seigneur glorieux, vous ne devez pas la mêler à des discriminations et à la partialité. 2 Supposez ceci : dans votre assemblée entre un homme aux bagues d’or à ses doigts, dans de splendides vêtements ; un pauvre avec un habit misérable y entre aussi. 3 Si vous tournez vos regards vers l’homme qui porte les splendides vêtements et lui dites : « Toi, assieds-toi ici, à cette belle place » et au pauvre vous dites : « Toi, tiens-toi debout » ou « Assieds-toi là-bas, par terre, à mes pieds », 4 n’avez-vous pas fait en vous-mêmes une discrimination ? N’êtes-vous pas devenus des juges aux raisonnements criminels ? 5 Écoutez, mes frères bien-aimés ! N’est-ce pas Dieu qui a choisi ceux que le monde appelle pauvres pour les rendre riches dans la foi et pour en faire les héritiers du Royaume qu’il a promis à ceux qui l’aiment ?

 

Évangile

La page de Marc, qu’on lira dans un instant, nous présente Jésus en terre païenne. C’est dans ce milieu qu’il s’occupe d’un sourd qui, en plus, « parlait difficilement ». En grec, Marc utilise le mot « mogilálos » qu’on retrouve seulement ici dans tout le Nouveau Testament. Dans l’Ancien Testament ce mot revient seulement une fois, dans la traduction grecque d’Isaïe 35,6, là où l’original hébreu utilise « muet »[15]. L’action de Dieu – chantée par le prophète – en faveur du muet, Jésus l’accomplit maintenant, et il l’accomplit pour un païen.

Et Jésus l’accomplit à l’écart, en séparant le malade du cercle de ses familiers. On a l’impression que Jésus sépare le sourd de la foule pour lui permettre de communiquer, de dire sa propre parole[16].

Jésus accomplit la guérison en touchant, de ses doigts mouillés de salive, la langue du malade. Le geste est accompagné d’une parole riche de signification : « Ephphatha ! » c’est-à-dire « Ouvre-toi bien ! » (v. 34)[17]. En effet écouter, comme aussi parler, c’est s’ouvrir, bien s’ouvrir aux autres.

Une remarque encore au niveau de l’acclamation finale : devant l’action accomplie par Jésus, les païens utilisent l’expression que la première page de la Bible utilise pour l’action créatrice accomplie par Dieu : « Dieu vit toutes les choses qu’il avait faites. Et voici, elles étaient très belles » (Gen 1,31)[18]. Et, en même temps, Jésus réalise la promesse annoncée dans la première lecture : le Seigneur « viendra » et alors « les oreilles des sourds s’ouvriront… et criera de joie la langue du muet » (Is 35,4-6)[19].

 

De l’Évangile selon Marc (7,31-37)

31 Et, sortant de nouveau du territoire de Tyr, passant par Sidon, Jésus prit la direction de la mer de Galilée, en traversant les territoires de la Décapole. 32 Et on lui amène un sourd qui, de plus, parlait difficilement, et on supplie Jésus de poser la main sur lui. 33 Et le prenant à part, loin de la foule, à l’écart, Jésus lui mit les doigts dans les oreilles et, crachant, il toucha sa langue, 34 et, levant son regard vers le ciel, il soupira et lui dit : « Ephphatha ! » c’est-à-dire « Ouvre-toi bien ! » 35 Et aussitôt ses oreilles s’ouvrirent et sa langue se délia, et il parlait correctement. 36 Et il leur recommanda de ne le dire à personne. Mais plus il le leur recommandait, encore plus abondamment eux le proclamaient. 37 Et ils étaient surabondamment frappés d’étonnement, disant : « D’une belle manière, d’une façon définitive, il a fait toutes choses, et il fait entendre les sourds et parler les muets ».

 

Prière d’entrée

Que personne ne s’avoue vaincu,

jamais, Seigneur,

même si espérer

c’est encore plus difficile que croire ;

qu’aucune page de tes Ecritures,

même si tragique, ne termine sans espoir.

Tu es un Dieu qui ne trahit jamais l’homme,

– n’importe lequel – même s’il est méchant.

Tu nous aimes même dans nos fautes.

Seigneur, donne un signe aux personnes

les plus désespérées,

le signe que tu es toujours avec elles,

même pour pleurer avec.

Amen[20].

[David Maria Turoldo, prêtre et poète, Italie 1916-1992]

 

Prière des fidèles 

* Ce matin, la première lecture nous a annoncé un changement radical, un changement, Seigneur, qui est le fruit de ton intervention dans l’histoire : « les yeux des aveugles verront clair et les oreilles des sourds s’ouvriront ». Que ce changement puisse se vérifier aussi dans notre vie : que nous puissions voir clairement le chemin que tu nous indiques et que nos oreilles puissent s’ouvrir pour écouter et pour mettre en pratique ta parole, Seigneur. Et alors notre langue « criera de joie ».

* Aussi le psaume 146 nous encourage en évoquant tes interventions, Seigneur. En effet, tu prends soin des opprimés, des enchaînés, tu redresses les courbés, tu embrasses l’orphelin et la veuve. Oui, tu nous rassures, tu es à notre côté. Que nous puissions, donc, mettre notre espoir en toi, Seigneur.

* La lettre de Jacques nous a ouvert les yeux sur le risque de se laisser dominer par les influences et l’oppression que les riches exerçaient sur la communauté chrétienne. Maintenant aide-nous, Seigneur, à découvrir que tu es à côte des pauvres, de ceux et de celles qui « t’aiment ».

* L’Évangile nous a gardé un mot araméen prononcé par Jésus : « Ephphatha ! », « Ouvre-toi bien ! ». Aide-nous, Seigneur Dieu, à prendre au sérieux cet impératif et à nous ouvrir, à nous ouvrir-bien, à ta parole, Jésus notre frère.

 

Prière eucharistique

Hommes

Ce matin, Seigneur Dieu,

nous ne pouvons pas nous taire,

tellement grande est notre surprise.

Dans le livre d’Isaïe,

– un livre écrit dans un temps tellement dépassé –

tu parles de nous, tu nous encourages en disant :

 

Lecteur

« Rendez fortes les mains affaiblies,

rendez fermes les genoux chancelants.

Dites à ceux qui ont le cœur plein de peur :

Soyez forts, ne craignez pas » (Is 35,3s).

 

Hommes

Oui, Seigneur, nous sommes comme des aveugles

et nos oreilles fréquemment, hélas, restent fermées à ta parole,

et la résignation nous prend, nous paralyse ;

mais ta promesse nous secoue,

nous invite à discerner dans le temps

quand sera l’ « alors » annoncé par le prophète :

 

Lecteur

« Alors, les yeux des aveugles verront

et les oreilles des sourds s’ouvriront.

Alors, sautera comme une gazelle le boiteux

et criera de joie la langue du muet » (Is 35,5s).

 

Femmes

Oui, le prophète nous a bouleversée, nous les femmes,

mais aussi le poète du psaume,

le poète qui nous invite à regarder, de nos yeux,

Dieu qui met en œuvre les cieux et la terre,

la création entière dans toute sa grandeur.

Mais Dieu, nous dit encore le poète,

prend soin aussi des petits, de celles et ceux qu’on oublie.

 

Lectrice

Le poète nous invite à regarder vers Dieu,

Dieu « qui fait justice pour les opprimés,

qui donne du pain aux affamés,

qui délie les enchaînés,

qui rend la vue aux aveugles,

qui redresse les courbés,

qui aime les justes,

qui protège les étrangers » (Ps 146,7-9).

 

Femmes

Dieu s’engage pour les derniers de la société :

seulement à ce Dieu nous pouvons faire confiance,

et sur lui repose notre espoir (Ps 146,5).

Mais le fait de savoir que

« l’orphelin et la veuve, il les embrasse » (Ps 146,9)

nous dépasse.

Et nous, en tant que femmes,

devant ce Dieu qui embrasse la veuve,

nous ne pouvons que te dire notre surprise

et nous ne pouvons que nous adresser à nos frères

et les inviter à chanter avec nous : Saint, saint, saint…

 

Hommes

Jésus, notre compagnon de route,

tu as parcouru tous les chemins :

vers le sourd-muet que des païens t’ont présenté (Mc 7,32),

vers les boiteux qui gisaient sous les portiques

du quartier nord de Jérusalem (Jn 5,2-3),

vers la maison d’une fillette morte à douze ans,

vers une femme inconnue qui était

dans un écoulement de sang (Mc 5,21-43).

 

Femmes

Jésus, tu es la source de notre sagesse de femmes.

Tu demandes à celui ou à celle

qui veut t’avoir comme compagnon de table :

« quand tu fais un festin, invite les pauvres,

les estropiés, les boiteux et les aveugles» (Lc 14,13).

Tu rêves d’un festin auquel beaucoup viendront

du levant et du couchant

s’asseoir avec Abraham, Isaac, Jacob

et les prophètes de tout temps (Mt 8,11 ; Lc 13,28-29).

 

Prêtres

Ce regard en avant, à cette table ouverte,

a donné à Jésus le courage d’affronter sa mort.

Et c’est ainsi que, la nuit où il était livré,

« ayant pris du pain et prononcé la bénédiction,

Jésus le rompit, et le donna aux disciples, et dit :

Prenez, ceci est mon corps, ma vie solidaire.

Et prenant une coupe et rendant grâces,

il la leur donna, et ils en burent tous.

Et il leur dit : Ceci est mon sang,

le sang de l’alliance,

qui va être répandu pour beaucoup.

En vérité, je vous le dis,

je ne boirai plus du produit de la vigne

jusqu’à ce jour-là où je le boirai, nouveau,

dans le Royaume de Dieu.

Et, ayant chanté des psaumes,

ils sortirent pour le mont des Oliviers » (Mc 14,22-26)

et Jésus vers sa mort, vers le don de sa vie.

Il est grand le mystère de la foi :

Nous proclamons ta mort…

 

Hommes

Jésus, tu es notre Seigneur et c’est en toi

que nous mettons toute notre confiance.

Mais nous avons besoin de ton Esprit,

pour faire un peu comme toi et prendre soin

des plus démunis dans nos quartiers.

Nous devons être soutenus par ton Esprit

pour nous conformer à la parole

que nous avons reçue ce matin :

« la foi que vous avez en Jésus Christ, notre Seigneur glorieux,

vous ne devez pas la mêler à des discriminations et à la partialité » (Jc 2,1).

 

Femmes

Jésus, tu es notre frère, et en toi

nous avons vu s’accomplir l’action de Dieu,

« Dieu qui a choisi ceux que le monde appelle pauvres

pour les rendre riches dans la foi

et pour en faire les héritiers du Royaume

qu’il a promis à ceux qui l’aiment » (Jc 2,5).

Donne-nous ton Esprit, nous te prions.

Encouragées par ton Esprit et nourries par ton corps,

nous pourrons faire un peu comme toi :

nous engager pour une société dans laquelle

le pauvre ne soit plus privé de sa dignité (Jc 2,6).

 

Ensemble

La dignité du pauvre, la dignité de chaque personne,

on l’a foulée au pieds tellement de fois,

et cela pour soutenir et imposer une ethnie, un parti.

Combien de morts, de personnes tuées,

de personnes contraintes à la fuite !

Devant ce que nous avons vécu

et à l’avenir très incertain qui est devant nous,

nous ne pouvons qu’attendre avec impatience

un monde nouveau, une table nouvelle.

A cette table nous pourrons nous asseoir,

avec celles et ceux que nous avons connus et aimés,

avec les générations d’hier et de demain.

A cette table, nous pourrons boire, avec toi,

le vin nouveau dont tu nous as parlé.

Et ce sera le royaume,

le royaume de celui qui est ton Père et notre Père,

le royaume de celui dans les bras duquel

nous voulons nous livrer, pleine confiance,

en chantant : Notre Père…

 

Prière finale

Mon cœur désire te voir,

mon cœur est dans la joie, Dieu protecteur du pauvre.

Tu es le père de celui qui n’a pas de mère,

tu es l’époux de la veuve !

C’est chose douce de prononcer ton nom !

Il est comme le goût de la vie,

il est comme le goût du pain pour l’enfant,

comme l’étoffe pour quelqu’un qui est nu,

comme le goût du fruit du manguier à la saison chaude[21].

[Prière d’un aveugle en Egypte vers 1400 avant la naissance de Jésus]

 

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[1] Cf. W. A. M. Beuken, Jesaja 28-39, Herder, Freiburg – Basel – Wien, 2010, p. 336.

[2] Ainsi L. Alonso Schökel – J.L. Sicre Diaz, I profeti, Borla, Roma, 1989, p. 276.

[3] Cf. W. A. M. Beuken, Jesaja 28-39, Herder, Freiburg – Basel – Wien, 2010, p. 306.

[4] Cf. U. Berges – W. A. M. Beuken, Das Buch Jesaja. Eine Einführung, Vandenhoeck & Ruprecht, Göttingen, 2016, p. 121.

[5] Ainsi L. Alonso Schökel – J.L. Sicre Diaz, I profeti, Borla, Roma, 1989, p. 276.

[6] Cf. E. Zenger, Exkurs : Die Komposition des sog. Kleinen Hallel bzw. Schluss-Hallel: Ps 146-150, dans F.-L. Hossfeld – E. Zenger, Psalmen 101-150, Herder, Freiburg – Basel – Wien, 2008, p. 808s.

[7] Cf. E. Zenger, Psalm 146, dans F.-L. Hossfeld – E. Zenger, Psalmen 101-150, Herder, Freiburg – Basel – Wien, 2008, p. 816.

[8] Cf. E. Zenger, Psalm 146, dans F.-L. Hossfeld – E. Zenger, Psalmen 101-150, Herder, Freiburg – Basel – Wien, 2008, p. 821.

[9] Cf. G. Ravasi, I Salmi. Introduzione, testo e commento, San Paolo, Cinisello Balsamo (Milano), 2006, p. 602.

[10] Cf. B. Maggioni, La lettera di Giacomo. Un itinerario di maturità cristiana, Cittadella, Assisi, 1991, p. 70-72.

[11] Pour ce mot grec, cf. J. Assaël et É. Cuvillier, L’épître de Jacques, Labor et fides, Genève, 2013, p. 188.

[12] Cette expression très aimée, Jacques l’avait déjà utilisée en 1,16 et 19 (cf. M. Nicolaci, Lettera di Giacomo. Introduzione, traduzione e commento, Edizioni San Paolo, Cinisello Balsamo (Milano), 2012, p. 76). Dans le Nouveau Testament on la retrouve aussi dans 1 Cor 15,58 ; Éph 6,21 ; Phil 4,1 ; Col 4,7.9 et 2 Pi 3,15.

[13] Cf. B. Maggioni, La lettera di Giacomo. Un itinerario di maturità cristiana, Cittadella, Assisi, 1991, p. 75.

[14] En évoquant la promesse du Royaume à ceux qui l’aiment, Jacques revient sur une expression utilisée en 1,12 : « la couronne de la vie que Dieu a promise à ceux qui l’aiment ». Cf. R. Fabris, Lettera di Giacomo. Introduzione, versione e commento, EDB, Bologna, 2004, p. 148.

[15] Cf. J. Mateos – F. Camacho, Il vangelo di Marco. Analisi linguistica e commento esegetico. Vol. 2, Cittadella editrice, Assisi, 2012, p.168.

[16] Ainsi C. Focant, L’évangile selon Marc, Cerf, Paris, 2004, p. 291.

[17] Pour la signification du mot araméen « Ephphatha », cf. J. Mateos – F. Camacho, O. cit., p. 169.

[18] Pour la relation entre Mc 7,37 et Gen 1,31 et Si 39,16, cf. R. Pesch, Il vangelo di Marco. Parte prima. Testo greco, traduzione e commento, Paideia, Brescia, 1980, p. 618.

[19] J. Mateos – F. Camacho, O. cit. p. 178. Cf. aussi A. Guida, Vangelo secondo Marco. Traduzione e commento, dans I Vangeli, a cura di R. Virgili, Ancora, Milano, 2015, p. 605.

[20] D. M. Turoldo – G. Ravasi, « Nella tua luce vediamo la luce ». Tempo ordinario, solennità del Signore, feste dei Santi. Commento alle letture liturgiche, San Paolo, Cinisello Balsamo, 2004, p. 368.

[21] Les 100 plus belles prières du Monde, choisies et présentées par A. Chafigoulina, calman-léwy, Paris, 1999, p. 34.