Avent 2021: quatrième semaine

L’annonce de la naissance et de l’avenir de Jésus

 

Pendant ces jours qui nous conduisent vers Noël, je veux revenir sur la page où l’ange annonce à Marie la naissance et l’avenir de Jésus.

31 « Et voici que tu vas être enceinte, tu enfanteras un fils et tu lui donneras le nom de Jésus. 32 Il sera grand et sera appelé fils du Très Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; 33 il règnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin ». 34 Marie dit à l’ange : « Comment cela se fera-t-il puisque je ne connais pas d’homme ? » 35 L’ange lui répondit : « Le Souffle Saint viendra sur toi et la puissance du Très Haut te couvrira de son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera appelé Saint, Fils de Dieu. 36 Et voici que Élisabeth, ta parente, est elle aussi enceinte d’un fils dans sa vieillesse et elle en est à son sixième mois, elle qu’on appelait la stérile, 37 car rien n’est impossible à Dieu ». 38 Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur. Que tout se passe pour moi, comme tu l’as dit ! » Et l’ange la quitta. (Luc 1,31-38).

A Marie, qui est une jeune fille, l’ange annonce la naissance d’un enfant et il ajoute : « et tu lui donneras le nom de Jésus », un nom qui – en hébreu – signifie « Yhwh sauve ». Et les versets 32-33 évoquent quel sera l’avenir de cet enfant : « Il sera grand et sera appelé fils du Très Haut ». Et, si le mot « grand » pourrait avoir un sens générique[1], les mots suivants sont très précis : la grandeur de l’enfant qui va naître à Marie est une grandeur unique au point qu’il « sera appelé fils du Très Haut ».

Dans la suite du texte, notre récit évoque – avec de petites modifications – une page du Deuxième livre de Samuel[2]. C’est le chapitre 7 où le prophète Natan promet à David une descendance qui n’aura pas de fin, des descendants destinés à gouverner Israël pour toujours. Voici – dans les versets 9-16 – les mots que Dieu, à travers le prophète, communique à David :

9 je ferai grand ton nom

13 je rendrai stable pour toujours le trône de son règne

14 je serai pour lui un père et pour moi il sera un fils

16 et ta maison et ton règne seront stables pour toujours.

C’est à travers ces mots, que Luc nous permet de voir quel sera l’avenir du Fils de Marie et de son règne, évoqué avec le verbe « régner » et le substantif « règne » au verset 33[3].

Devant cette annonce, Marie ne peut que l’accueillir et déclarer sa disponibilité en affirmant : « Voici la servante du Seigneur. Que tout se passe pour moi, comme tu l’as dit ! » (v. 38). Et ici il faut préciser que le mot « servante » ne veut pas évoquer une relation de dureté entre la personne qui sert et celle qui est servie. Comme dans certains textes de l’Ancien Testament, la parole « serviteur » évoque une personne qui répond à l’amour de Dieu en servant et en amant son Seigneur[4].

Après ces considérations, c’est le moment de revenir, comme pendant les semaines précédentes, sur la sourate 3 du Coran :

45 En ce temps-là, les anges dirent : « O Marie ! Dieu t’annonce une parole de sa part, dont le nom est le Messie, Jésus fils de Marie, un honorable dans la [vie] ici-bas et la [vie] dernière, et au nombre des rapprochés [de Dieu]. 46 Il parlera aux humains dans le berceau comme un adulte et [il sera] au nombre des vertueux ». 47 Elle dit : « Seigneur ! Comment aurais-je un enfant, alors qu’aucun humain ne m’a touchée ? » [Dieu] dit : « C’est ainsi ! Dieu crée ce qu’il souhaite. Lorsqu’il décide d’une affaire, il n’a qu’à dire “Soit !” et cela est. 48 Il lui enseignera le livre, la sagesse, la Torah et l’Évangile. 49 Et [il sera] un envoyé aux fils d’Israël. [auxquels il dira] : “Je suis venu à vous avec un signe de votre Seigneur” » (Sourate 3,45-49)[5].

Un peu comme dans l’Évangile, le Coran évoque la personne et l’avenir de l’enfant qui va naître de Marie. D’abord, au verset 45, le fils de Marie est présenté comme la « parole », comme le « verbe » (kalima en arabe) qui vient de Dieu[6]. Dans les phrases suivantes, l’avenir de Jésus est celui d’une personne parmi les autres : Jésus sera « un honorable dans la [vie] ici-bas et la [vie] dernière, et au nombre des rapprochés [de Dieu] » (v. 45) et, au verset 46 « [il sera] au nombre des vertueux ». Enfin, au verset 48, Jésus sera la personne à laquelle Dieu « enseignera le livre, la sagesse, la Torah et l’Évangile ». En d’autres termes : les enseignements que Jésus donnera et l’Évangile que Jésus communiquera ont leur racines en Dieu lui-même ! Et, le verset 49 nous invite à voir Jésus comme « un signe », un signe du Seigneur ! Et cette affirmation revient aussi dans d’autres textes du Coran. Je pense à la sourate 19 où – à propos du fils de Marie – Dieu dit : « Et nous en ferons un signe pour les humains, et une miséricorde de notre part. C’est une affaire décidée » (v. 21). Voilà comment le Coran nous invite à regarder vers le Fils de Marie comme un signe pour nous et pour tous les humains, et comme la manifestation de la miséricorde de Dieu.

Voilà avec quelle attitude nous pouvons regarder vers Noël qui s’approche et vers Marie et vers son fils. Dieu nous l’assure : en Marie « Nous avons insufflé de notre esprit et l’avons faite, ainsi que son fils, un signe pour le monde » (sourate 21,91 ; cf. aussi 23,50). Vivons ensemble Noël et les jours qui viendront.

Renzo

 

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[1] Cf. O. Betz, Mégas, dans Dizionario esegetico del Nuovo Testamento, a cura di H. Balz et G. Schneider, Paideia, Brescia, 2004, vol. II, col. 311-316.

[2] Cf. R. E. Brown, Cristo nei Vangeli dell’anno liturgico, Elledici, Leumann, Torino, 2010, p. 112.

[3] Cf. F. Bovon, L’Évangile selon saint Luc. 1-9, Labor et fides, Genève, 1991, p. 76.

[4] Ainsi E. Borghi, Gesù è nato a Betlemme ? I vangeli dell’infanzia tra storia, fede, testimonianza, Cittadella, Assisi, 2011, p. 53.

[5] Pour cette traduction, cf. Le Coran. Texte arabe et traduction française, par ordre chronologique selon l’Azhaar, avec renvoi aux variantes, aux abrogations et aux écrits juifs et chrétiens, par S. A. Aldeeb Abu-Sahlieh, L’Aire, Vevey, 2009, p. 424.

[6] Pour les différentes interprétations de cette tournure, cf., Il Corano, a cura di A. Ventura. Commenti di A. Ventura, I. Zilio-Grandi e M. Ali Amir-Moezzi, Mondadori, Milano, 2010, p. 467. Cf. aussi Dictionnaire du Coran, sous la direction de M. Ali Amir-Moezzi, Éditions Laffont, Paris, 2007, p. 648ss.