Eucharistie: 5 décembre 2021
2ème Dimanche de l’Avent — Année C
Dieu intervient, et nous devons changer
Première lecture
Avec la première lecture de ce matin, nous sommes vers les années 164 avant la naissance de Jésus. Les Syriens, avec le roi Antiochus IV Épiphane, veulent s’imposer sur Jérusalem. Des Juifs, en particulier les Maccabées, réagissent avec les armes, tandis que d’autres abandonnent la ville et cherchent refuge ailleurs. C’est dans ce contexte qu’un écrivain revient au sixième siècle, au temps de Jérémie, lorsque des habitants de Jérusalem ont été déportés à Babylone. Et cet écrivain se présente comme Baruch (Ba 1,1), le secrétaire de Jérémie[1].
Jérémie avait encouragé ses contemporains à accepter la domination des Babyloniens en mettant leur confiance non dans les armes mais en Dieu : Dieu seul – comme nous avons lu il y a une semaine – pouvait préparer un avenir différent pour Jérusalem. Et maintenant, quatre siècles après Jérémie, la page que nous allons écouter dans un instant souligne la même idée : la détresse actuelle invite non à prendre les armes, mais à mettre toute confiance en Dieu : la victoire et le salut ne peuvent venir que de Dieu[2]. Et la ville, la ville qui a vu la fuite et la déportation de ses habitants, est invitée à regarder vers l’orient. Elle verra ses fils ramenés à Jérusalem par Dieu lui-même. Dieu reconduira les fils d’Israël « dans la joie, à la lumière de sa présence glorieuse, avec la miséricorde et la justice qui viennent de lui » (v. 9). Et c’est grâce à Dieu que la ville pourra s’habiller, « comme d’un double manteau, de la justice venant de Dieu » (v. 2).
Voilà un message pour les habitants de Jérusalem au deuxième siècle et, en même temps, … aussi pour nous.
Lecture du livre du prophète Baruch (5,1-9)
1 Jérusalem, déshabille-toi de ta robe de deuil et de misère,
et habille-toi, pour toujours, de la belle parure de la glorieuse présence de Dieu ;
2 enveloppe-toi, comme d’un double manteau, de la justice venant de Dieu,
que la glorieuse présence de l’Éternel soit comme une couronne posée sur ta tête,
3 car – partout sous le ciel – Dieu va montrer la splendeur dont il t’habille.
4 Car, auprès de Dieu, ton nom sera pour toujours « Paix grâce à la justice »
et « Glorieuse présence de Dieu grâce à la fidélité à Dieu ».
5 Debout, Jérusalem ! Mets-toi sur la montagne
et regarde vers l’orient.
Vois tes enfants rassemblés, de l’est à l’ouest,
sur la parole du Dieu saint :
ils se réjouissent que Dieu se souvienne d’eux.
6 Ils étaient sortis de chez toi à pied, conduits par les ennemis,
mais Dieu te les ramène portés en gloire
comme des rois sur un trône.
7 En effet, Dieu a donné l’ordre
qu’on abaisse toutes les hautes montagnes et les collines sans fin ;
il a fait combler les vallées pour aplanir le sol.
Il a voulu ainsi permettre à Israël de marcher d’un pas sûr,
accompagné de la glorieuse présence de Dieu.
8 Sur l’ordre de Dieu,
les forêts et tout arbre parfumé vont offrir leur ombrage pour Israël.
9 Car Dieu conduira Israël dans la joie,
à la lumière de sa présence glorieuse,
avec la miséricorde et la justice qui viennent de lui.
Psaume
Le prophète Jérémie avait annoncé le retour des exilés. Et, environs cinquante ans après cette annonce, le retour a eu lieu.
Quant au psaume 126, il évoque ce même retour, mais dans une autre perspective. Après la joie et l’euphorie du retour, maintenant c’est le temps de la reconstruction, une reconstruction difficile et pleine de souffrance[3], comme chacun et chacune de nous a pu en faire l’expérience ‘sur sa peau’, ici chez nous, dans nos Quartiers.
Le psaume 126 est un poème « des montées ». Comme en montant vers Bugarama, une des caractéristiques du poème est de poser le regard sur les mêmes lieux, sur les mêmes expériences mais d’un point de vue différent. C’est ce qui se vérifie, en particulier avec le mot « shibat », un mot qu’on retrouve – dans toute la Bible – seulement dans notre psaume. Ce mot, qu’on peut traduire avec « situation », évoque un changement, une situation nouvelle. Par conséquence, lié au verbe « shûb », il signifie « rétablir une situation ». Dans notre psaume, ce regard vers une situation rétablie prend en considération deux moments différents : la fin de l’exil à Babylone et un changement attendu pendant la période après l’exil. Le premier regard domine la première partie du psaume, le second la seconde partie.
Dans la première partie (vv. 1-3), le poète évoque l’intervention de Dieu qui a mis en œuvre la fin de l’exil : « Quand Yhwh a rétabli la situation de Sion[4], nous étions comme ceux qui rêvent ».
Et la joie liée au retour après l’exil nous est présentée comme inimaginable, comme la joie d’un rêve (v. 1). Mais cette joie n’est pas seulement rêvée. Elle est concrète, elle se manifeste dans un sourire et dans un cri de joie. D’abord le sourire : notre bouche qui se remplit de sourire, voilà comment nous exprimons à Dieu notre louange[5]. Avec le sourire à travers lequel nous louons Dieu pour ce qu’il accomplît en nous, le poète mentionne aussi « un cri de joie », une expression qu’on retrouvera aussi dans les versets 5 et 6.
Toujours dans la première partie du psaume mais dans la seconde strophe (versets 2cd-3), deux voix différentes se lèvent. D’abord la voix des nations païennes, ensuite celle d’Israël. Les deux proclament une profession de foi[6]. Les païens, en évoquant ce que Dieu a fait pour Israël, proclament : « Il a fait grandes, Yhwh, ses œuvres envers ceux-là ». Quant aux exilés qui rentrent après la déportation à Babylone, ils ne peuvent qu’avouer : « Il a fait grandes, Yhwh, ses œuvres envers nous ».
La seconde partie du psaume (vv. 4-6) reprend la déclaration que nous avons lue au début du psaume. Mais dans cette reprise, on passe à l’impératif : « Rétablis, Yhwh, notre situation » (v. 4). Le regard est sur les difficultés du présent et vers un changement qu’on attend. C’est un changement dans la vie quotidienne de la communauté qui prie le psaume[7]. Ce changement est comparable à la situation du paysan : la peine et les larmes en allant semer, la joie en rentrant après la moisson. C’est un changement qui peut se vérifier après des mois, mais il peut aussi se vérifier en peu de jours, comme le changement du Nyabagere après une nuit de pluie.
Quant à nous, ce matin, nous aussi nous attendons un changement, nous voulons entrer, de plus en plus, dans un mystère qui nous dépasse, le mystère de l’amour de Dieu. C’est ainsi que nous pourrons constater : « Combien de choses le Seigneur a fait pour moi ! Avec quelle tendresse il m’a accompagné(e) »[8]. Et, en rappelant tout ça, nous pourrons revenir sur les mots du poète au verset 3. Et ce sera notre refrain à la fin de chaque strophe :
Quelles merveilles le Seigneur a fait pour nous :
nous étions pleins de joie.
Psaume 126 (versets 1-2ab. 2cd-3. 4-5. 6)
1 Chant des montées.
Quand Yhwh a rétabli la situation de Sion,
nous étions comme ceux qui rêvent.
2ab Alors, se remplit d’un sourire notre bouche
et notre langue d’un cri de joie.
Refr. : Quelles merveilles le Seigneur a fait pour nous :
nous étions pleins de joie.
2cd Alors ils disaient parmi les nations :
« Il a fait grandes, Yhwh, ses œuvres envers ceux-là ».
3 Il a fait grandes, Yhwh, ses œuvres envers nous,
nous étions pleins de joie.
Refr. : Quelles merveilles le Seigneur a fait pour nous :
nous étions pleins de joie.
4 Rétablis, Yhwh, notre situation,
comme le lit des torrents dans le sud désertique.
5 Ceux qui ont semé dans les larmes
dans un cri de joie moissonneront.
Refr. : Quelles merveilles le Seigneur a fait pour nous :
nous étions pleins de joie.
6 En allant, il va et il pleure,
portant le sac de la semence ;
en revenant, il revient dans un cri de joie,
chargé de sa récolte.
Refr. : Quelles merveilles le Seigneur a fait pour nous :
nous étions pleins de joie.
Deuxième lecture
De l’année 53 à l’année 56 du premier siècle, Paul se trouve à Éphèse, une ville dans la partie sud-occidentale de l’actuelle Turquie. Et c’est probablement vers la fin de cette période que Paul passe quelque temps en prison et risque d’être condamné à mort. Et « en prison » (v. 7), Paul écrit une lettre à la communauté chrétienne de Philippes, la première ville d’Europe visitée par Paul. Là, Paul avait annoncé la Bonne Nouvelle à des païens qui se réunissaient chez Lydie, une femme sympathisante de la religion juive et ensuite convertie au christianisme.
Même après son départ de cette ville d’Europe, les relations entre Paul et les Philippiens continuent. C’est ainsi que pour deux fois, en allant à Corinthe, il passe rendre visite aux Philippiens[9]. Et ses relations avec les Philippiens, Paul les mentionne aussi dans la page que nous allons écouter dans un instant. C’est là que Paul avoue à ses destinataires : « je vous porte dans mon cœur » (v. 7), « j’ai une vive affection pour vous tous, dans la tendresse même du Christ Jésus » (v. 8).
Dans sa lettre, Paul mentionne aussi sa prière pour les Philippiens. Il prie pour que ces chrétiens puissent ‘grandir’ dans l’amour (v. 9) et que cet amour les aide à faire les bons choix dans la vie de tous les jours. Que votre amour – leur dit l’apôtre – « vous aide à voir clair et à vivre une vraie sensibilité pour discerner ce qui est important » (vv. 9-10). C’est ainsi que les Philippiens, après une vie remplie des « actions justes » (v. 11) que le Christ accomplit en eux, pourront se préparer à rencontrer le Christ.
Écoutons ces quelques lignes de Paul. Il les adresse – ce matin – à nous aussi. Personnellement !
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Philippiens (1,3-11)
Frères, 3 Je rends grâce à mon Dieu chaque fois que je pense à vous. 4 Toujours, dans toutes mes prières pour vous tous, c’est avec joie que je fais la prière, 5 parce que vous avez pris part avec moi, dès le premier jour jusqu’à maintenant, à (l’annonce de) la Bonne Nouvelle. 6 Je suis convaincu d’une chose : Dieu qui a commencé en vous un si bon travail va le continuer jusqu’au bout, jusqu’au jour où le Christ Jésus viendra.
7 Il est bien juste que j’aie ces sentiments-là pour vous tous, parce que je vous porte dans mon cœur. En effet, vous participez tous au don que Dieu m’a fait : aujourd’hui où je suis en prison, comme hier, quand je défendais la Bonne Nouvelle et quand je la répandais avec force.
8 Oui, Dieu m’est témoin : j’ai une vive affection pour vous tous, dans la tendresse même du Christ Jésus. 9 Voici ma prière pour vous : je demande que votre amour grandisse de plus en plus, qu’il vous aide à voir clair et à vivre une vraie sensibilité 10 pour discerner ce qui est important. Ainsi, en vue du jour où le Christ viendra, vous serez authentiques et sans défaut, 11 remplies d’actions justes produites en vous par Jésus Christ pour la gloire et la louange de Dieu.
Évangile
Dans les Évangiles, et dans l’Évangile de Luc en particulier, Jean Baptiste est celui qui va faire véritablement le passage entre l’ancienne et la nouvelle Alliance : il est, pour ainsi dire, la porte ouverte vers la nouveauté, vers Jésus.
En tant que fils d’un prêtre, Jean aurait dû fréquenter le temple de Jérusalem. Mais il fait un autre choix : il devient un ‘contestataire’[10]. En effet, vêtu d’une tunique en peau de bête comme jadis le prophète Élie (2 Rois 1,8), et se nourrissant de miel et de sauterelles, il s’installe dans le désert de Judée, près du fleuve Jourdain. C’est là que « la parole de Dieu » (v. 2) lui est adressée. Et Jean devient porteur d’un message nouveau : il faut changer, radicalement ! Ce changement est comparable à l’élimination de toute souillure. D’ici l’action symbolique : ‘baptiser’, un mot grec qui désigne une immersion totale, une purification complète de toute souillure. Ce geste du baptême doit exprimer une conversion, un « changement radical » (v. 3) : l’abandon de tous les errements, pour retrouver le bon chemin, le chemin vers Dieu, le Dieu qui sauve.
Pour évoquer le message de Jean, Luc cite une page du livre d’Isaïe (Is 40,3-5)[11]. La page annonce l’intervention de Dieu et, en même temps, la nécessité de se préparer à cette intervention à travers un changement. Le changement est d’abord comparé au tremblement de terre qui abaisse les montagnes et comble des vallées entières. Ensuite, il est comparé au comportement d’un peuple au moment de la visite d’un souverain. Le peuple se prépare en nettoyant les routes et en égalisant les chemins en mauvais état. Tout cela pour permettre l’arrivée du roi.
Enfin, la dernière phrase souligne comment cette arrivée et cette rencontre n’est pas le privilège de certaines personnes. Au contraire : tous, littéralement « toute chair », donc tout être humain, dans sa faiblesse et fragilité, « verra le salut accordé par Dieu » (v. 6).
Le message de Jean souligne la nécessité de ce changement radical qui seul peut nous libérer de la corruption et nous préparer à accueillir Jésus à Noël.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (3,1-6)
1 C’était la quinzième année du règne de l’empereur Tibère ; Ponce Pilate était gouverneur de la Judée, Hérode régnait sur la Galilée, et son frère Philippe sur le territoire de l’Iturée et de la Trachonitide, Lysanias régnait sur l’Abilène, 2 Hanne et Caïphe étaient grands-prêtres. La parole de Dieu se fit alors entendre à Jean, fils de Zacharie, dans le désert.
3 Et il vint dans toute la région du Jourdain, proclamant un baptême pour un changement radical en vue du pardon des errements, 4 comme il est écrit dans le livre des paroles du prophète Isaïe :
« Voix de celui qui crie dans le désert :
Préparez le chemin du Seigneur,
rendez droits ses sentiers.
5 Toute vallée sera comblée,
et toute montagne et toute colline seront abaissées ;
les passages tortueux seront redressés,
on remettra en bon état les mauvais chemins.
6 Et toute chair verra le salut accordé par Dieu ».
Prière d’entrée
Que ton amour, Seigneur,
nous fasse grandir dans la connaissance
pour discerner ce qui est meilleur,
ce qui est le plus important pour ton jour,
le jour qui de plus en plus approche ;
et que tu puisses nous trouver irrépréhensibles,
pleins de toute justice pour la gloire de ton nom. Amen[12].
[David Maria Turoldo, prêtre et poète, Italie, 1916-1992]
Prière des fidèles
* La page de Baruch nous parle d’un changement radical. Il est le fruit de l’intervention de Dieu dans l’histoire humaine. Mais il est, en même temps, le fruit de nos actions, de nos engagements pour vivre « la fidélité à Dieu » et pour réaliser la justice. C’est seulement ainsi que nos quartiers pourront être appelés « Paix grâce à la justice ».
* Le psaume nous parle du cultivateur. Lorsqu’il sort pour semer, « il va et il pleure, portant le sac de la semence ». Seulement après avoir accompli ce travail, il pourra – au moment de la moisson – arriver « dans un cri de joie, chargé de sa récolte ». Que ce regard sur le cultivateur puisse devenir, pour nous, une invitation à travailler toujours, même quand c’est dur.
* En écrivant aux Philippiens, Paul mentionne le travail qu’ils ont accompli pour annoncer la bonne nouvelle. C’est ainsi qu’ils ont pris part, « tous », à l’œuvre de Paul. Réveille donc en chacune et chacun de nous, Jésus notre frère, comme tu l’as fait dans la communauté de Philippes, la disponibilité à travailler pour la Bonne Nouvelle et à remplir notre vie « d’actions justes ».
* L’Évangile nous a rappelé le message prophétique de Jean, la nécessité de redresser les passages tortueux et d’aplanir les chemins rocailleux. Permets-nous, Seigneur, de comprendre que, sans ce travail, notre célébration de Noël n’aurait pas de sens. Seulement avec ce travail de redressement, « toute chair », ici et ailleurs, « verra le salut accordé par Dieu ».
Prière eucharistique
Femmes
Nos quartiers, Seigneur, ont vécu une expérience tragique
un peu comme Jérusalem qui avouait :
« Mes fils et filles que j’avais nourris avec joie,
avec pleurs et tristesse je les ai vus partir.
Que nul ne se réjouisse pour moi,
veuve et délaissée d’un grand nombre.
Oui, mes enfants se sont détournés de la loi de Dieu.
Ils n’ont pas marché sur les chemins de ses préceptes,
ils n’ont pas suivi les sentiers de discipline selon sa justice » (Ba 4,10-13).
Hommes
Et chez nous, ici, l’expérience a été la même :
le départ, la fuite, l’abandon des quartiers.
Et pour ceux qui sont restés, c’était la violence,
les tueries, les massacres, le sang partout,
comme dans une immense boucherie.
Et pourtant, malgré tout ça, un prophète…
un prophète osa annoncer à Jérusalem un avenir nouveau.
Lecteur
Jérusalem, déshabille-toi de ta robe de deuil et de misère,
et habille-toi, pour toujours, de la belle parure de la glorieuse présence de Dieu ;
enveloppe-toi, comme d’un double manteau, de la justice venant de Dieu,
que la glorieuse présence de l’Éternel soit comme une couronne posée sur ta tête,
car – partout sous le ciel – Dieu va montrer la splendeur dont il t’habille.
Car, auprès de Dieu, ton nom sera pour toujours « Paix grâce à la justice »
et « Glorieuse présence de Dieu grâce à la fidélité à Dieu » (Ba 5,1-4).
Ensemble
Ce message, Seigneur Dieu, est très clair :
pour Jérusalem, et pour toute autre ville,
tu prépares un avenir surprenant.
À la place de la robe de deuil,
tu vas donner ta belle parure, ta glorieuse présence.
Mais pour accueillir cette glorieuse présence,
la ville, Jérusalem et Bujumbura ensemble,
doit s’engager dans la fidélité
et elle aura la paix seulement grâce à la justice.
C’est ainsi que tu vas conduire ton peuple dans la joie,
à la lumière de ta présence glorieuse,
avec la miséricorde et la justice qui vient de toi (Ba 5,9).
Et devant cet avenir que tu prépares ainsi,
devant ce don qui nous engage personnellement,
nous ne pouvons que te dire notre surprise en chantant : Saint, saint, saint…
Hommes
Pour Israël et aussi pour nous, Jésus,
tu es le don de Dieu, un don gratuit,
mais un don qui nous engage.
Le Baptiste l’a dit à ses contemporains et à nous ce matin :
« Préparez le chemin du Seigneur,
rendez droits ses sentiers,
et toute chair verra le salut accordé par Dieu » (Lc 3,4.6).
Et le salut, le Sauveur en personne,
toute chair l’a vu.
Mais au lieu de rendre droits ses sentiers,
« les siens ne l’ont pas accueilli » (Jn 1,11).
Femmes
Celles et ceux qui l’ont accueilli,
qui l’ont suivi malgré leurs faiblesses,
ce furent des pêcheurs et des femmes,
des personnes de « Galilée », c’est à dire
« la région des peuples », « la région des païens » (Mt 4,15).
C’est avec ces hommes et ces femmes
que Jésus se mit en chemin.
Et sa rencontre, sa présence parmi les pêcheurs
et les collecteurs d’impôts
a poussé des personnes au changement,
à abandonner la corruption et le vol.
Ensemble
C’est ainsi que Zachée, le chef des collecteurs,
a décidé : « Si j’ai projeté
et mis en œuvre une fraude contre quelqu’un,
je lui rends le quadruple » (Lc 19,8).
Et c’est à ce moment que Jésus a pu dire :
« Aujourd’hui, le salut est venu pour cette maison » (Lc, 19,9).
Prêtres
Avec des personnes qui ont accueilli sa présence,
et son invitation à le suivre,
Jésus a partagé son chemin et sa vie
jusqu’à la fin, jusqu’à la dernière nuit.
En effet, « la nuit ou il a été livré,
le Seigneur Jésus prit du pain
et ayant rendu grâce, le rompit et dit :
Ceci est mon corps, ma vie pour vous.
Faites ceci en mémoire de moi.
Et de même la coupe, après le repas, disant :
Cette coupe est la nouvelle alliance dans mon sang.
Ceci, faites-le chaque fois que vous boirez
en mémoire de moi » (1 Cor 11,23-25).
Il est grand, le mystère de la foi…
Femmes
En mourant, Jésus notre frère,
tu es retourné chez le Père, ton Père et notre Père.
Mais tu ne nous as pas laissées orphelines et orphelins.
Tu nous as laissé ton Esprit, ton Souffle.
Donne-le-nous, ton Esprit, de jour en jour :
il nous aidera à faire grandir de plus en plus notre amour,
il nous aidera « à voir clair
et à vivre une vraie sensibilité pour discerner ce qui est important » (Phil 1,9s).
C’est ainsi que, le jour où tu viendras,
nous pourrons nous présenter à toi
comme des sœurs et des frères authentiques,
des personnes dont la vie est remplie « d’actions justes
pour la gloire et la louange de Dieu » (Phil 1,11).
Hommes
Seigneur Jésus, nous avons besoin de ton Esprit.
C’est lui qui peut donner – à nous et à nos sœurs –
la force de semer, semer même en pleurant,
semer même dans un sanglot,
semer la miséricorde et la non-violence,
le respect des autres, des enfants, des personnes âgées,
même des ennemis.
Et c’est ainsi que nous et les générations après nous,
nous pourrons un jour moissonner « dans un cri de joie » (Ps 126,5.6),
et la moisson sera la paix.
Ensemble
Dans ce travail en vue d’un avenir nouveau,
nous encouragent aussi toutes les victimes
de l’injustice et de la violence,
en particulier les personnes que nous avons connues
et desquelles nous avons une immense nostalgie.
Et ces personnes maintenant sont à côté de toi, toi qui es leur frère,
un frère engagé pour la justice et le pardon,
et mis à mort pour cet engagement.
En faisant mémoire de ces personnes
qui nous attendent avec toi dans le Royaume du Père,
nous voulons suivre ton enseignement.
Tu nous as appris que le pardon du Père
est lié au fait que nous nous pardonnons réciproquement.
C’est donc en pardonnant à vous, nos sœurs et nos frères,
que nous voulons dire : Notre Père…
Prière finale
Toi qui es au-dessus de nous,
toi qui es un de nous, toi qui est aussi en nous,
que tous puissent te voir, aussi en moi.
Que je puisse te préparer le chemin
que je puisse te rendre grâce pour tout ce qui va m’arriver.
Que je n’oublie jamais les besoins des autres.
Garde-moi dans ton amour.
Que tout mon être puisse s’orienter vers ta gloire
et que je ne puisse jamais désespérer,
car je suis sous ta main
et toute force et toute bonté sont en toi.
Donne-moi un cœur pur – que je puisse voir,
donne-moi un cœur humble – que je puisse te découvrir à côté de moi
un cœur aimant – que je puisse te servir
un corps fidèle – que je puisse demeurer en toi[13].
[Dag Hammarskjöld, homme politique suédois (1905-1961), prix Nobel de la paix]
[1] Pour Baruch au temps de Jérémie, cf. Jér 32,12-16 ; 36,4ss ; 43,3-6 ; 45,1-5. Cf. la voix „Baruch“, dans O. Odelain et R. Séguineau, Dictionnaire des noms propres de la Bible, Cerf, Paris, 2002, p. 63s. Cf. aussi M. Bocian, Personaggi della Bibbia, Volume XIV, Corriere della sera, Milano, 2006, p. 103ss.
[2] A. Kabasele Mukenge, L’unité littéraire du livre de Baruch, Gabalda, Paris, 1998, p. 419.
[3] Cfr. B. Piacentini, I Salmi. Preghiera e poesia, Paoline, Milano, 2012, p. 662.
[4] Pour cette traduction cf. G. Ravasi, Il libro dei salmi. Commento e attualizzazione. Vol. III (Salmi 101-150), EDB, Bologna, 2015, p. 576s. Cf. aussi Ancien Testament interlinéaire hébreu-français, avec le texte de la Traduction Œcuménique de la Bible et de la Bible en français courant, Alliance Biblique Universelle, Villiers-le-Bel, 2007, p. 2153.
[5] Ainsi pape François en commentant notre psaume dans sa méditation du 16 octobre 2014. Cf. Francesco, E io sono preghiera. I Salmi nelle parole del Papa, Castelvecchi, Roma, 2018, p. 116.
[6] Ainsi G. Ravasi, Il libro dei salmi. Commento e attualizzazione. Vol. III (Salmi 101-150), EDB, Bologna, 2015, p. 583.
[7] Cf. E. Zenger, Psalm 126, dans F.-L. Hossfeld – E. Zenger, Psalmen 101-150, Herder, Freiburg – Basel – Wien, 2008, p. 509.
[8] Il s’agit toujours des mots du pape François dans sa méditation du 16 octobre 2014. Cf. Francesco, E io sono preghiera. I Salmi nelle parole del Papa, Castelvecchi, Roma, 2018, p. 117.
[9] Pour les relations entre Paul et les Philippiens, cf. R. Fabris, Lettera ai Filippesi. Struttura, commento e attualizzazione, EDB, Bologna, 1983, p. 15ss. Pour la date de la lettre aux Philippiens et pour le lieu où Paul l’a probablement rédigée, cf. aussi R. E. Brown, Que sait-on du Nouveau Testament, Bayard, Paris, 2000, p. 539-542.
[10] Cf. A. de Palmaert – J. Chabert, 100 personnages clés pour comprendre la Bible, Bayard, Paris, 2011, p. 117.
[11] Pour cette citation d’Isaïe 40, cf. F. Bovon, L’Évangile selon saint Luc. 1-9, Labor et fides, Genève, 1991, p. 167.
[12] D. M. Turoldo – G. Ravasi, « Viviamo ogni anno l’attesa antica ». Tempo di avvento e di natale. Commento alle letture liturgiche, San Paolo, Cinisello Balsamo, 2002, p. 82.
[13] Il libro delle preghiere, a cura di E. Bianchi, Einaudi, Torino, 1997, p. 199.