Eucharistie, 5 juin 2022 : Pentecôte

Pentecôte — Année C. Solennité

 

Souffle de Dieu,
nous t’appelons avec des noms humains

 

Première lecture

Sept semaines après la Pâque qui évoquait la sortie d’Égypte, le peuple d’Israël célébrait la fête des (sept) semaines, « Chavouot » en hébreu, « Pentecôte », comme disaient les Grecs. On célébrait l’intervention de Dieu au mont Sinaï, le don de l’Esprit, le Souffle de Dieu pour renouveler le peuple et le tenir uni.

Et Luc, lorsqu’il parle de la naissance de la communauté chrétienne, revient sur la tradition juive. Le récit de l’Exode (19,16-18) mentionnait des coups de tonnerre, des éclairs, le tremblement de terre, le feu, la voix qui venait du ciel, des traits qu’on retrouve – au moins en partie – dans les Actes des apôtres.

Mais dans la même page, Luc raconte la Pentecôte et les premiers pas de la communauté chrétienne en rappelant aussi la première prédication de Jésus dans la synagogue de Nazareth. Jésus commençait en soulignant : « Le Souffle du Seigneur est sur moi » (Lc 4,18). Et c’est encore ce Souffle saint qui fait irruption le jour de la Pentecôte et qui fait parler les apôtres.

D’autre part, le discours de Jésus avait provoqué la surprise dans la synagogue : « tous étaient émerveillés pour les paroles de grâce qui sortaient de sa bouche » (Lc 4,22). Et on retrouve la même réaction le matin de Pentecôte, lorsque les apôtres parlent après avoir reçu le don de l’Esprit (Ac 2,7).

Enfin, une dernière remarque. La Pentecôte était, pour les Juifs, l’occasion de se réunir en provenant de toutes les régions autour de la Méditerranée, du Moyen et Proche Orient. Et, dans cette circonstance, le message que les apôtres adressent aux Juifs peut donc atteindre les régions les plus lointaines. Le Souffle, qui fait irruption sur tous (vv. 1.4.7) les apôtres réunis, leur permet de rejoindre, par leur message, toutes les personnes (vv. 5.12) venues des quatre coins du monde.

 

Lecture du livre des Actes des apôtres (2,1-13)

1 Et, comme le jour de la Pentecôte s’accomplissait, ils étaient tous au même lieu, ensemble. 2 Et il arriva tout à coup du ciel un bruit comme d’un souffle violent qui faisait irruption et il remplit la maison tout entière où ils étaient assis. 3 Et ils virent apparaître des langues comme des flammes de feu qui se partageaient, et elles se posèrent une à une sur chacun d’eux. 4 Et tous furent remplis d’un Souffle saint et se mirent à parler en d’autres langues, comme le Souffle leur donnait de s’exprimer.

5 Or, il y avait – résidant à Jérusalem – des Juifs, hommes pieux venus de toutes les nations qui sont sous le ciel. 6 Et comme était arrivée cette voix, la foule se réunit et se trouvait en pleine confusion, car chacun individuellement les entendait parler sa propre langue. 7 Or, ils étaient hors d’eux-mêmes, ils étaient émerveillés et disaient : « Voici, tous ceux qui parlent ne sont-ils pas des Galiléens ? 8 Et comment se fait-il que nous les entendions chacun dans sa propre langue, sa langue maternelle ? 9 Parthes et Mèdes et Élamites, et ceux qui habitent la Mésopotamie, la Judée ainsi que la Cappadoce, le Pont et l’Asie, 10 la Phrygie ainsi que la Pamphylie, l’Égypte et les régions de la Libye proches de Cyrène, et les Romains en résidence ici, 11 des Juifs et d’autres qui se sont convertis à la religion juive, des Crétois et des Arabes, nous les entendons annoncer dans nos langues les merveilles de Dieu ».

12 Or, tous étaient hors d’eux-mêmes et ne savaient plus que penser. Ils se disaient l’un à l’autre : « Qu’est-ce que cela signifie ? » 13 Mais d’autres se moquaient des croyants en disant : « Ils sont complètement ivres ! ».

 

Psaume

Dans le psaume 104, le poète contemple – plein d’admiration – l’univers dans ses différentes composantes. D’abord les composantes cosmiques : la lumière, les eaux et la terre, les nuages et les vents (vv. 1-9). Ensuite il chante l’eau comme une force qui nourrit le sol et le transforme en paysage riche de vie et de fertilité : un abri pour les oiseaux et les animaux, une terre qui permet à l’homme de travailler et de se réjouir de son travail (vv. 10-18). En poursuivant son chant, le poète revient sur la lumière qui permet le cycle harmonieux des jours et des nuits, tant pour les animaux que pour les humains (19-24). Le regard du poète s’arrête ensuite sur la mer peuplée par les poissons de toute dimension et traversée par les navires (25-26).

Dans les versets suivants (vv. 27-30), l’auteur entre plus en profondeur dans la réalité en célébrant la vie. A chaque instant elle est un don de Dieu, un don généreux de sa main. C’est ainsi que les vivants « sont comblés de biens » (v. 28). En effet, la présence de Dieu permet une vie entièrement épanouie ; mais si Dieu cache son visage, c’est la peur, et si Dieu retire son souffle, « ils meurent et vers leur poussière ils retournent » (v. 29). Après cette rapide mention de la mort, le poète revient sur Dieu qui envoie son souffle et qui renouvelle sa création tout entière. Avec une phrase unique dans l’Ancien Testament[1], le poète affirme : « tu renouvelles le visage de la terre » (v. 30). Que la ‘vieille’ terre soit chaque jour ‘jeune’ est une annonce – vraiment nouvelle – avec laquelle le poète résume sa réflexion sur le monde[2].

Enfin, dans les derniers versets (vv. 31-35), le poète souhaite que la « gloire » de Dieu, c’est-à-dire sa présence bénéfique et vivifiante, demeure pour toujours. D’autre part, et c’est le seul cas dans toute la Bible, le poète ose souhaiter « que se réjouisse, Yahvéh, dans ses œuvres » (v. 31)[3]. Elles sont des manifestations de sa présence dans le monde : parmi elles, les tremblements de terres et les éruptions volcaniques qui, dans la Bible, sont les symboles de son intervention dans l’histoire humaine. Mais le poète voit la présence de Dieu comme porteuse de joie, comme une présence qui permet de rêver un monde sans « méchants » (v. 35).

De ce poème d’une immense richesse, la liturgie nous propose trois strophes. Elles nous permettent de nous ouvrir au mystère, le mystère présent dans toute la création, le mystère grâce auquel le royaume de Dieu vient à nous[4] à travers le don de l’Esprit.

Laissons-nous prendre par cette « méditation »[5]. Et faisons nôtre la confiance que le poète a en Dieu qui envoie son Esprit, l’Esprit qui seul peut rénover la terre (v. 30) et la communauté humaine. Ce sera notre refrain à la fin de chaque strophe :

Ô Seigneur, envoie ton Esprit

qui renouvelle la face de la terre !

 

Psaume 104 (versets 1ab. 24ac. 29bc-30. 31.34)

1ab Bénis, ô mon âme, Yhwh;

Yhwh, mon Dieu, tu es si grand !

24ac Que tes œuvres sont nombreuses, Yhwh!

La terre est remplie de tes créatures.

Refr. :             Ô Seigneur, envoie ton Esprit

qui renouvelle la face de la terre !

                 

29bc Tu reprends leur souffle, ils meurent

et vers leur poussière ils retournent.

30 Tu envoies ton souffle, ils sont créés,

et tu renouvelles le visage de la terre.

Refr. :             Ô Seigneur, envoie ton Esprit

qui renouvelle la face de la terre !

                 

31 Que soit, la gloire de Yhwh, pour toujours,

que se réjouisse, Yhwh, dans ses œuvres !

34 Que ma méditation lui soit agréable,

moi, je me réjouirai en Yhwh.

Refr. :             Ô Seigneur, envoie ton Esprit

qui renouvelle la face de la terre !

 

Deuxième lecture

 La lettre aux Romains a été composée vers les années 57-58 du premier siècle. Paul se trouve à Corinthe. Son activité apostolique dans l’est méditerranéen touche à sa fin. Maintenant, il veut porter à Jérusalem le fruit de sa collecte pour les pauvres de la communauté locale, avant de partir pour Rome et ensuite pour l’Espagne[6].

Et, en vue de ce projet, Paul écrit aux chrétiens de Rome : il veut les rencontrer, passer un peu de temps avec eux et « être comblé » (15,24) par leur présence.

Mais dans sa lettre, Paul ne se limite pas à préparer sa visite à cette communauté. Il affronte aussi des thèmes fondamentaux pour la vie de chaque croyant. C’est ainsi que, dans le chapitre 8, Paul parle de la vie et de l’espoir qui caractérisent ceux et celles qui appartiennent à Jésus Christ[7]. De ce chapitre, ce matin nous allons lire trois petites sections.

Dans la première (vv. 8-11), Paul développe le contraste entre deux façons de vivre : vivre « enfermés dans les désirs humains » (littéralement « dans la chair »), ou vivre « dans l’Esprit ». Et cette dernière est la condition des chrétiens, des chrétiens de Rome et aussi de chacune et chacun de nous. Voilà pourquoi Paul peut écrire : « vous, vous n’êtes plus enfermés dans vos désirs humains, vous êtes dans l’Esprit, car l’Esprit de Dieu habite en vous » (v. 9). L’Esprit est la force qui nous permet de ne pas rester enfermés dans les désirs humains, mais il est aussi un don : le don que Dieu fait aux personnes qui sont devenues croyantes, le don qui nous fera vivre même après la mort. En effet, « ce Dieu qui a réveillé le Christ de la mort donnera la vie – par son Esprit – à vos corps mortels » (v. 11).

Dans la deuxième section de la page (vv. 12-13), Paul décrit la nouvelle condition des chrétiens animés par l’Esprit. L’Esprit leur permet – et nous permet – de ne pas vivre enfermés dans leurs désirs humains. C’est ainsi qu’on s’ouvre, dès maintenant, à la vie en plénitude[8] : « si, avec l’aide de l’Esprit Saint, vous faites disparaître vos façons de faire égoïstes, vous vivrez » (v. 13).

Enfin, dans la troisième section (vv. 14-17), Paul évoque à nouveau la relation avec Dieu, relation rendue possible par l’Esprit. Maintenant la peur, la peur qui caractérise la relation entre un esclave et son maître, n’est plus possible. Comme Jésus s’est adressé à Dieu en l’appelant « abba » (Mc 14,36), nous aussi, grâce à l’Esprit, « nous crions vers Dieu en lui disant : Abba ! Papa ! » (v. 15). Et « abba » c’est le mot, plein de confiance, que les enfants utilisaient, en araméen, pour s’adresser à leurs pères, un mot plein de tendresse, comme papa en français[9].

Voilà l’invocation à Dieu que l’Esprit fait jaillir de notre cœur. De cette façon, l’Esprit témoigne, à notre conscience, que nous sommes vraiment « des enfants engendré(e)s par Dieu » (v. 16). Et ici, Paul n’utilise plus le terme « fils ». Pour éviter tout malentendu lié au masculin « fils », il utilise un terme qui vaut pour le masculin comme pour le féminin : « enfants »[10]. Oui, nous sommes des enfants, des enfants qui ont Jésus comme frère. Il nous accompagne dans nos souffrances et nous participons à ses souffrances. Et, « si nous participons à ses souffrances, nous participerons aussi à sa gloire » (v. 17).

 

De la lettre de saint Paul apôtre aux Romains (8,8-17)

Frères et sœurs, 8 ceux qui restent enfermés dans leurs désirs humains ne peuvent pas plaire à Dieu. 9 Or, vous, vous n’êtes plus enfermés dans vos désirs humains, vous êtes dans l’Esprit, car l’Esprit de Dieu habite en vous. Si quelqu’un n’a pas l’Esprit du Christ, il n’appartient pas au Christ. 10 Mais le Christ est en vous. Bien sûr, votre corps va mourir à cause du péché. Mais, puisque vous avez été rendus justes, l’Esprit Saint vous donne la vie. 11 Dieu a réveillé Jésus de la mort. Si l’Esprit de Dieu habite en vous, ce Dieu qui a réveillé le Christ de la mort donnera la vie – par son Esprit – à vos corps mortels.

12 C’est pourquoi, frères et sœurs, nous avons une dette. Ce n’est pas envers nos désirs humains que nous avons une dette, nous ne devons pas vivre comme ils le demandent. 13 Si vous vivez en suivant ces désirs, vous allez mourir. Au contraire, si, avec l’aide de l’Esprit Saint, vous faites disparaître vos façons de faire égoïstes, vous vivrez.

14 En effet, tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu. 15 Et l’Esprit que vous avez reçu ne fait pas de vous des esclaves et ne vous ramène pas à la peur. Au contraire, il fait de vous des fils de Dieu. Et par cet Esprit, nous crions vers Dieu en lui disant : « Abba ! Papa ! » 16 L’Esprit Saint lui-même donne ce témoignage à notre conscience : nous sommes enfants, des enfants engendré(e)s par Dieu. 17 Alors, si nous sommes enfants de Dieu, nous recevrons en partage les biens promis par Dieu à son peuple, et ces biens, nous les recevrons avec le Christ. Oui, si nous participons à ses souffrances, nous participerons aussi à sa gloire.

 

Un hymne à l’Esprit Saint

Maintenant, avant la lecture de l’Évangile, je vous invite à lire, toutes et tous ensemble, un hymne à l’Esprit Saint. Il s’agit d’un chant composé au onzième siècle, un chant qui nous parle de la douceur de l’Esprit Saint : c’est lui le père des pauvres, c’est lui l’hôte – très doux – dans nos cœurs, celui qui peut nous réconforter dans nos peurs et guérir, en nous, ce qui est blessé.

 Viens, Esprit Saint, en nos cœurs

et envoie du haut du ciel

un rayon de ta lumière.

Viens en nous, père des pauvres,

viens, dispensateur des dons,

viens, lumière de nos cœurs.

 

Consolateur souverain,

hôte très doux de nos âmes,

adoucissante fraîcheur.

 

Dans le labeur, le repos ;

dans la fièvre, la fraîcheur ;

dans les pleurs, le réconfort.

 

Ô lumière bienheureuse,

viens remplir jusqu’à l’intime

le cœur de tous tes fidèles.

 

Sans ta puissance divine,

il n’est rien en aucun homme,

rien qui ne soit perverti.

 

Lave ce qui est souillé,

baigne ce qui est aride,

guéris ce qui est blessé.

 

Assouplis ce qui est raide,

réchauffe ce qui est froid,

rends droit ce qui est faussé.

 

À tous ceux qui ont la foi

et qui en toi se confient

donne tes sept dons sacrés.

 

Donne mérite et vertu,

donne le salut final,

donne la joie éternelle. Amen

 

Alléluia. Alléluia.

Viens, Esprit Saint !

Emplis le cœur de tes fidèles !

Allume en eux le feu de ton amour !

Alléluia.

 

Évangile

Avec l’Évangile, la liturgie de ce matin nous insère dans un climat de départ, de séparation. En effet, elle nous présente deux petites sections du discours d’adieu de Jésus à la veille de sa mort. Dans la première section (vv. 15-17), Jésus rassure ses disciples : après son départ, ils ne seront pas seuls. A la place de Jésus, au lieu de son compagnonnage, ils auront, comme don du Père, « un autre Paraclet » (v. 16). Ce mot grec signifie « celui qui est appelé auprès de, à côté de ». Le Paraclet sera donc à côté des disciples. C’est l’Esprit, le Secoureur, le Consolateur, le Souffle qui va soutenir les disciples – dans un monde parfois hostile – dans leurs efforts. Le texte qualifie ce Souffle, cet autre Paraclet, comme « l’Esprit de vérité ». Et le mot “vérité”, en grec “alétheia”, désigne une réalité qui ne peut pas rester cachée. L’Esprit de vérité va donc assurer, auprès des disciples, la présence de l’Absent. La présence divine, qui s’est manifestée dans la personne de Jésus, avec la mort de Jésus ne sera plus liée à l’espace et au temps[11] ; elle sera « avec vous, pour toujours » (v. 16), « auprès de vous » (v. 17), en vous » (v. 17).

La seconde section (vv. 23b-26) nous a été proposé aussi il y a deux semaines. Ici le discours nous présente une promesse encore plus vaste : non seulement la venue du Paraclet, mais aussi celle du Père et de Jésus. A celui qui aime Jésus et qui observe sa parole, Jésus assure : le Père et moi, « nous viendrons à lui et nous ferons notre demeure chez lui » (v. 23). Et, à la fin de son discours, Jésus mentionne à nouveau la venue de l’Esprit, « l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, c’est lui qui vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout ce que je vous ai dit » (v. 26). L’Esprit nous enseigne et nous rappelle ce que Jésus a dit. Il nous montre comment vivre – dans notre vie de chaque jour – le message de Jésus.

Une dernière remarque. Les deux sections de l’Évangile que nous allons écouter commencent avec deux phrases presque identiques : « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements » (v. 15) et « Si quelqu’un m’aime, il observera ma parole » (v. 23). Le signe de la présence et de l’œuvre du Paraclet, du Père et de Jésus en nous… c’est l’amour, l’amour pour le Christ et pour sa parole, l’amour qui jaillit dans nos cœurs[12].

 

De l’Évangile selon Jean (14,15-17 et 23b-26)

Jésus disait à ses disciples : « 15 Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements ; 16 et moi, je prierai le Père et il vous donnera un autre Paraclet, pour qu’il soit avec vous, pour toujours, 17 l’Esprit de vérité, que le monde ne peut pas recevoir, parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas. Vous, vous le connaissez, parce qu’il demeure auprès de vous et qu’il sera en vous.

23b Si quelqu’un m’aime, il observera ma parole, et mon Père l’aimera ; et nous viendrons à lui et nous ferons notre demeure chez lui. 24 Celui qui ne m’aime pas n’observe pas mes paroles ; or, cette parole que vous entendez, elle n’est pas de moi : elle est du Père qui m’a envoyé. 25 Ces choses, je vous les ai dites – d’une façon définitive – tandis que je demeurais auprès de vous. 26 Quant au Paraclet, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, c’est lui qui vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout ce que je vous ai dit ».

 

Prière d’ouverture
 

Nous t’appelons avec des noms humains

Nous t’adorons, ô Souffle saint de Dieu,

tandis que, avec nos meilleures forces,

nous cherchons à deviner

qui tu es pour nous.

 

Nous t’appelons avec des noms humains,

avec des paroles humaines,

pour ne pas devoir nous taire.

Nous t’ouvrons notre cœur

pour t’accueillir et pour comprendre

de quelle manière, profondément,

sans être vu, tu es présent partout.

Tu es l’air que nous respirons,

tu es l’absence que nous cherchons de nos yeux,

tu es l’espace que nous avons reçu en don.

 

Tu parles dans le silence,

toutes les langues te proclament,

tu es la vérité de chaque parole,

et de chaque parole tu es la substance[13].

[Huub Oosterhuis, théologien et poète : Pays-Bas]

 

Prière des fidèles

* Les Actes des apôtres nous parlent d’une communauté unie : « ils étaient tous au même lieu, ensemble ». C’est dans cette situation que « tous furent remplis d’un Souffle saint ». L’Esprit n’est donc pas un privilège pour des privilégiés. Permet aussi à nous, Seigneur, d’accueillir ce don de l’Esprit et de nous laisser guider par lui, jour après jour.

* Le psaume nous a invité(e)s à célébrer Dieu, Dieu qui intervient dans la création tout entière et dans la vie de tous les vivants. Grâce à cette intervention, Seigneur, « tu renouvelles le visage de la terre ». Donne-nous, Seigneur, ton souffle, ta force : elle nous permettra de nous ouvrir, dans notre vie, à ton action de renouvellement. Nous en avons tellement besoin, Seigneur, de ce renouvellement que tu seul tu peux accomplir.

* Donne-nous, Seigneur, la force de ne pas rester « enfermé(e)s » dans nos désirs humains. Rends-nous disponibles à être dans l’Esprit. Paul écrivait aux Romains : « vous êtes dans l’Esprit, car l’Esprit de Dieu habite en vous ». Que cette condition puisse devenir aussi la nôtre. Que chacune et chacun de nous puisse être libéré de la peur, pour pouvoir s’adresser à Dieu et lui dire « abba », c’est-à-dire « papa ».

* Jésus notre frère, donne-nous la force de t’aimer, de garder tes commandements, d’observer ta parole. C’est ainsi que, comme tu nous l’as promis, nous pourrons recevoir le don de l’Esprit, le Paraclet. Et il sera en nous. Il va nous secourir, nous consoler, il sera notre seule force pour affronter les souffrances qui pèsent lourdes, hélas trop fréquemment, dans notre vie.

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[1] Cf. F.-L. Hossfeld, Psalm 104, dans F.-L. Hossfeld – E. Zenger, Psalmen 101-150, Herder, Freiburg – Basel – Wien, 2008, p. 86.

[2] E. Zenger, I Salmi. Preghiera e poesia, vol. 2. L’aurora voglio destare, Paideia, Brescia, 2013, p. 38.

[3] Le psaume 104,31 est le seul texte biblique où Dieu est le sujet du verbe « se réjouir ». Ainsi remarque J.-L. Vesco, Le psautier de David traduit et commenté, Cerf, Paris, 2006, p. 963, note 2.

[4] E. Zenger, O. cit., p. 40.

[5] C’est le mot que le poète utilise au verset 34. Ce mot (« sîah » en hébreu) revient seulement 5 fois dans le psautier et 14 fois dans toute la Bible. Il dérive d’un verbe (« sîh » en hébreu), qui signifie « méditer », « murmurer doucement ». Cf. L. Alonso Schökel (director), Diccionario bíblico hebreo-español, Editorial Trotta, Madrid, 1994, p. 730.

[6] S. Légasse, L’épître de Paul aux Romains, Cerf, Paris, 2002, p. 44s.

[7] Cf. M. Wolter, Der Brief an die Römer (Teilband 1 : Röm. 1-8), Patmos Verlag, Neukirchen-Vluyn, 2014, p. 468.

[8] Très efficace, dans le v. 13, l’opposition entre les deux emplois du verbe « vivre » : le comportement éthique (en suivant, par exemple, les désirs humains), et le salut définitif, la vie en plénitude, eschatologique. Cf. Wolter, Op. cit., p. 492.

[9] J. Jeremias, Abba. Supplementi al Grande Lessico del Nuovo Testamento, Paideia, Brescia, 1968, p. 61. Cf. G. Ravasi, 500 curiosità della fede, Mondadori, Milano 2009, p. 7.

[10] Wolter, Op. cit., p. 492. Cf. aussi R. Penna, Lettera ai Romani. II. Rm 6-11. Versione e commento, EDB, Bologna, 2006, p. 166.

[11] Cf. J. Zumstein, L’Évangile selon saint Jean (13-21), Labor et fides, Genève, 2007, p. 72.

[12] Cf. G. Ravasi, dans : D. M. Turoldo – G. Ravasi, « Convertitevi e credete al vangelo », Tempo di quaresima, triduo pasquale, tempo di Pasqua. Commento alle letture liturgiche, San Paolo, Cinisello Balsamo (Milano), 2003, p. 369.

[13] Texte cité par A. Zarri, Il pozzo di Giacobbe. Raccolta di preghiere da tutte le fedi, Gribaudi, Torino, 1992, p. 206.