Eucharistie : 7 août 2022

 19ème dimanche du Temps Ordinaire — Année C

 

Travaillons, le regard tendu vers l’avenir de Dieu

 

Première lecture

Le livre de la Sagesse est le livre le plus récent de tout l’Ancien Testament. Il a été composé, en grec, deux ou trois décennies avant la naissance de Jésus. Il a vu le jour à Alexandrie, la ville sur le delta du Nil, parmi les Juifs et les Juives ouvert(e)s à la langue et à la civilisation grecque[1]. Et ces personnes, en Égypte, réfléchissent sur les temps de Moïse, lorsque Dieu est intervenu pour mettre fin à la politique du pharaon et des Égyptiens qui voulaient mettre à mort tous les nouveau-nés d’Israël. En effet, dit notre auteur à Dieu, « les Égyptiens avaient décidé de tuer les petits enfants de ceux qui t’appartiennent. Parmi ceux qui devaient mourir, un seul avait été sauvé, Moïse. C’est pourquoi, pour les punir, toi, notre Dieu, tu leur as enlevé un grand nombre de leurs enfants, et tu les as noyés tous ensemble dans la mer agitée » (Sa 18,5 et Ex 12,29). C’est ainsi que Dieu a accompli la promesse qu’il avait faite aux « ancêtres » (v. 6), donc aux patriarches aux temps d’Abraham[2].

En racontant l’intervention de Dieu en Égypte, notre texte évoque « la nuit » (v. 6), le mystère de cette nuit-là, lorsqu’Israël a vécu la délivrance, en devenant un peuple libre et consacré à Dieu[3].

Et la page continue, aux versets 7 et 8, en insistant sur le contraste : les fidèles à Dieu et les ennemis de Dieu, ceux qui s’appellent à Dieu et ceux qui le refusent, couvrir d’honneur les uns et punir les autres[4]. Voilà « la délivrance » (v. 6).

Et le texte termine en évoquant la volonté d’obéir à une loi divine : « les saints partageront également les biens reçus et les dangers ». Oui, une loi, la loi divine, demandait de partager, au désert, la manne, les cailles, l’eau, les biens et les obligations de l’alliance ; mais elle demandait aussi de partager les fatigues, les privations, la peur devant les menaces des ennemis[5].

Et pour nous ? Cette loi nous demande de partager : partager, dans nos quartiers, les petites choses que nous avons et partager, en même temps, la peur. Partager la peur, ne pas nous isoler et nous enfermer dans nos peurs, et ne pas laisser seuls les autres qui sont dans la peur. C’est ainsi que nous pouvons être vraiment des « saints » (v. 9).

 

Lecture du livre de la Sagesse (18,6-9)

6 La nuit [de la délivrance pascale], tu l’avais annoncée d’avance à nos ancêtres pour qu’ils se réjouissent intensément. En effet, ils savaient à quelles promesses ils s’étaient fiés.

7 Ton peuple attendait cette nuit : ils l’attendaient comme salut pour les justes fidèles à Dieu et comme ruine pour les ennemis. 8 Oui, tu as utilisé les mêmes moyens pour punir ceux qui te refusaient et pour nous couvrir d’honneur en nous appelant vers toi.

9 Dans le secret de leurs maisons, les fidèles descendants des justes ont offert des sacrifices. Ils se sont mis d’accord à propos d’une loi divine : les saints partageront également les biens reçus et les dangers. Et ils chantaient déjà les chants de louange qui nous viennent de nos ancêtres.

 

Psaume

Le poète du Psaume 33 appartient au groupe des abashingantahe actifs après l’exil à Babylone. Ce poète s’est formé grâce à la lecture des textes sacerdotaux composés pendant l’exil et il trouve son inspiration dans les écrits des prophètes[6].

Son poème est un hymne à Dieu, un poème duquel nous lirons trois strophes.

La première (vv. 1 et 12) est une invitation à louer Dieu. A cette louange, le poète invite les « justes », des personnes qui, dans la vie de tous les jours, mettent leur confiance en Dieu et que Dieu considère comme des « justes », un peu comme Abraham (cf. Gen 15,6)[7]. Ces personnes sont aussi qualifiées comme des « gens droits », donc des personnes qui s’engagent à vivre la parole de Dieu.

Cette relation entre les fidèles et Dieu revient au verset 12 : cette relation est dans la joie : en effet « Il est heureux, le pays qui a Yhwh comme son Dieu ». Et cette joie naît de Dieu lui-même, parce que cette nation, ce peuple, Dieu l’a choisi « choisi comme son trésor »[8].

La deuxième strophe (vv. 18-19) revient sur la relation entre Dieu et son peuple. Dieu s’occupe des personnes qui le respectent. Elles sont sans importance et sans pouvoir dans le monde[9]. Elles ne comptent pas sur leur force mais elles mettent leur confiance en Dieu et « espèrent dans son amour ». Et cet amour est sauveur : il sauve « leur être de la mort » et les fait vivre même « durant la famine ».  

Enfin, la dernière strophe (vv. 20.22) s’ouvre avec une déclaration pleine de confiance : « Notre être attend Yhwh, notre secours et notre protection, c’est lui ». Ensuite, le poète termine son psaume s’adressant, avec les autres membres de la communauté, directement à Dieu : « Que ton amour, Yhwh, soit sur nous, comme notre espoir est en toi ! ».

Quant à nous, l’amour de Dieu et le fait de mettre notre espoir en lui ne peuvent que nous réjouir. Nous pouvons donc exprimer notre joie d’être son peuple. Et cette joie, nous allons l’exprimer en revenant sur les mots du verset 12. Notre refrain sera donc :

Heureux le peuple

dont le Seigneur est le Dieu.

 

Psaume 33 (versets 1.12. 18-19. 20.22)

1 Criez de joie pour Yhwh, hommes justes,

pour les gens droits il est bon de chanter sa louange.

12 Il est heureux, le pays qui a Yhwh comme son Dieu !

Il est heureux, le peuple que le Seigneur a choisi comme son trésor !

Refr. :                        Heureux le peuple

dont le Seigneur est le Dieu.

 

18 Voici, l’œil de Yhwh veille sur ceux qui le respectent,

sur ceux qui espèrent dans son amour,

19 pour délivrer leur être de la mort

et pour les faire vivre durant la famine.

Refr. :                        Heureux le peuple

dont le Seigneur est le Dieu.

 

20 Notre être attend Yhwh,

notre secours et notre protection, c’est lui.

22 Que ton amour, Yhwh, soit sur nous,

comme notre espoir est en toi !

Refr. :                        Heureux le peuple

dont le Seigneur est le Dieu.

 

Deuxième lecture

Celle qu’on appelle la « Lettre aux Hébreux » est un « discours d’exhortation » (Hé 13,22) à propos du Christ grand prêtre, un discours mis par écrit et envoyé – comme lettre circulaire – à différentes communautés chrétiennes (Hé 13,22-25). De cette lettre, composée vers la fin du premier siècle, nous allons lire deux sections du chapitre 11.

D’abord les deux premiers versets, où l’auteur introduit le thème de la « foi ». A propos de ce mot (« pistis » en grec) qui revient 24 fois dans ce chapitre, notre auteur écrit : « La foi est le fondement de ce que l’on espère ». Oui, la foi est le fondement, elle est la base de notre espoir, de notre tension vers les biens que Dieu nous a promis. A travers notre foi, à travers notre confiance en Dieu, nous sommes sûrs de recevoir un jour ces biens et, d’une certaine façon, nous les possédons déjà[10]. La foi, nous dit encore notre auteur, est « la preuve des réalités qu’on ne voit pas encore », elle est une façon de connaître que les réalités espérées existent vraiment[11].

Toujours dans le chapitre 11 de notre lettre, l’auteur nous parle de la foi d’Abraham et des patriarches. Il s’agit des versets 8-19 que nous lirons dans un instant. A propos d’Abraham, la lettre nous montre sa foi en trois moments : le départ, l’attente, l’épreuve.

La foi a permis à Abraham d’obéir à l’appel de Dieu, d’abandonner sa terre et de partir « vers un pays qu’il allait recevoir et posséder comme don de Dieu ». Il est parti « sans savoir où il allait ». En plus, dans la terre que Dieu lui avait promise, Abraham – grâce à la foi – « est allé habiter comme un étranger ». Cette terre est dans le territoire de Juda, à Hébron et à Mambré (Gen 13,18). Mais dans cette terre, Abraham vit comme un étranger ; en effet, nous dit notre Lettre, « Abraham attendait la ville qui a des fondations solides », il attendait la Jérusalem céleste[12].

Toujours à propos de l’attente, la Lettre mentionne l’attente d’une descendance. Et à ce propos, l’accent est surtout sur Sara : « Grâce à la foi, Sara, elle aussi, malgré son âge, fut rendue capable d’être à l’origine d’une descendance ; elle était sûre d’une chose : que Dieu est fidèle à ses promesses » (v. 11).

Après la mention de la foi dans la vie de Sara, notre auteur parle de la foi des patriarches : « C’est dans la foi que tous ces hommes sont morts ». Et la foi leur a permis de regarder en avant, vers les biens que Dieu leur avait promis. Ces biens, ils ne les ont pas eus, mais, grâce à la foi, « ils les ont vus et salués de loin ». Comme Abraham, ils ont vécu sur la terre promise comme des étrangers : « S’ils avaient pensé avec nostalgie au pays qu’ils avaient quitté, ils auraient eu l’occasion d’y retourner » (v. 15). Après cette affirmation, notre lettre parle des patriarches en utilisant le présent : « en réalité ils cherchent une patrie meilleure, celle des cieux » (v. 16). Et avec ce présent, notre auteur évoque aussi l’attitude de ses lecteur du premier siècle et aussi de notre temps : vivre le présent en cherchant « une patrie meilleure, celle des cieux » .

Et notre page se termine en revenant à Abraham et à l’épreuve suprême de sa foi : le sacrifice d’Isaac. Dans cette épreuve, la parole de Dieu à propos d’Isaac « C’est par Isaac que tu auras une descendance » semble s’anéantir. Et pourtant, Abraham obéit à Dieu pensant « que Dieu avait même le pouvoir de réveiller [quelqu’un] d’entre les morts » (v. 19). Mais Dieu intervient avec ce message : « N’étends pas la main sur le jeune homme. Ne lui fais rien, car maintenant je sais que tu respectes Dieu, toi qui ne m’as pas refusé ton fils, ton fils unique » (Gen 22,12). Grâce à la foi, Abraham a eu à nouveau son fils, mais il l’a eu comme un « symbole » (v. 19), comme un signe d’une réalité future : la résurrection du Christ.

 

Lecture de la lettre aux Hébreux (11,1-2.8-19)

1 La foi est le fondement de ce que l’on espère, c’est la preuve des réalités qu’on ne voit pas encore. 2 En effet, c’est à cause de la foi que les anciens ont reçu l’appréciation de Dieu.

8 Grâce à la foi, Abraham a obéi à l’appel de Dieu : il est parti vers un pays qu’il allait recevoir et posséder comme don de Dieu, et il est parti sans savoir où il allait. 9 Grâce à la foi, il est allé habiter comme un étranger dans le pays promis par Dieu. Il a habité sous des tentes avec Isaac et Jacob. Eux aussi ont reçu la même promesse qu’Abraham. 10 Abraham attendait la ville qui a des fondations solides. Et c’est Dieu qui a fait les plans de cette ville, c’est lui qui l’a construite.

11 Grâce à la foi, Sara, elle aussi, malgré son âge, fut rendue capable d’être à l’origine d’une descendance ; elle était sûre d’une chose : que Dieu est fidèle à ses promesses. 12 C’est pourquoi un seul ancêtre, Abraham, qui allait bientôt mourir, a donné la vie à une grande famille. Les enfants de cette famille sont aussi nombreux que les étoiles du ciel ou que les grains de sable au bord de la mer, et on ne peut pas les compter.

13 C’est dans la foi que tous ces hommes sont morts. Ils n’ont pas reçu les biens que Dieu avait promis, mais ils les ont vus et salués de loin. Ils ont ouvertement reconnu qu’ils étaient des étrangers et des exilés sur la terre. 14 En effet, ceux qui parlent ainsi montrent clairement qu’ils recherchent une patrie. 15 S’ils avaient pensé avec nostalgie au pays qu’ils avaient quitté, ils auraient eu l’occasion d’y retourner. 16 Mais en réalité ils cherchent une patrie meilleure, celle des cieux. C’est pourquoi Dieu n’a pas honte d’être appelé leur Dieu ; car il leur a préparé une ville.

17 Grâce à la foi, quand il fut soumis à l’épreuve, Abraham offrit Isaac en sacrifice. Et il offrait le fils unique, alors qu’il avait reçu les promesses de Dieu, 18 et que Dieu lui avait dit : « C’est par Isaac que tu auras une descendance qui porte ton nom ». 19 Abraham pensait que Dieu avait même le pouvoir de réveiller [quelqu’un] d’entre les morts. C’est pourquoi il reçut à nouveau son fils : et ce fait a une valeur de symbole.

 

Évangile

La page de l’Évangile qu’on lira dans un instant nous présente Jésus qui prépare ses disciples à vivre l’absence de leur Seigneur et l’attente de son retour[13].

La première section (vv. 32-34) s’ouvre avec une phrase encourageante : « N’aie pas peur, petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume » (v. 32). Mais après cette invitation à la confiance, Jésus nous responsabilise : Dieu nous a donné le Royaume, mais dans ce Royaume nous devons être solidaires. D’ici l’impératif : « Vendez vos biens et donnez-les par des actes de compassion » (v. 33). Celui qui se dirige vers Dieu en accueillant le don du Royaume se détourne, dans le même mouvement, de ses richesses[14] et donne ses biens dans des actes de compassion. Jésus nous invite à nous demander : pour nous le plus important est l’engagement dans la solidarité ou bien le désir de posséder des richesses ? Celle-ci est une question fondamentale « Car là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur » (v. 34).

La partie suivante de notre page (12,35-48) nous exhorte à la vigilance, à attendre – d’une façon correcte – le retour de Jésus à la fin de l’histoire humaine. Nous avons deux paraboles (vv. 35-38 et 39-40) dans lesquelles Jésus nous dit comment vivre notre temps ; il y a ensuite une troisième parabole (vv. 42-48) – adressée surtout aux responsables des communautés – suivie d’un petit commentaire[15].

Ces trois sections sur le thème de la vigilance sont introduites par l’exhortation : « Restez en tenue de service, avec la ceinture serrée autour de la taille et vos lampes allumées » (v. 35). Le détail de la ceinture nous renvoie aux habitudes de l’époque. Les personnes avaient de longs habits : seulement la ceinture serrée autour de la taille permettait de remonter la partie inférieure de l’habit et ainsi de marcher rapidement et de mieux travailler[16]. Quant à la lampe allumée, elle évoque le comportement d’une personne qui veille et travaille pendant la nuit.

Pour ce qui est de la première parabole, elle s’ouvre avec les mots « Et vous » (v. 36). C’est ainsi qu’elle nous met en question, intensément. Le maître est parti pour une fête. Il retournera. Les serviteurs doivent être prêts pour son retour.

Dans la partie finale, la petite parabole dévoile son message. Les serviteurs sont les croyants : tous, et pas seulement celui qui a la responsabilité de la porte, « lui ouvriront ». Et le maître qui arrive n’est plus un maître quelconque. Le « maître » – « kyrios » en grec – se révèle être « le Seigneur », le Christ ressuscité et retourné chez le Père. Il reviendra chez nous et, comme Jésus l’a fait avant sa mort en lavant les pieds aux disciples (Jn 13,1-17), il se mettra à servir celles et ceux qui l’ont attendu. Il les servira à sa table, dans le royaume. Et le récit se termine en soulignant la nécessité de la constance des croyants : même si le retour de Jésus n’est pas immédiat, les serviteurs doivent rester éveillés. Voilà la condition pour que, à son retour, on puisse être « heureux » (vv. 37. 38).

La seconde parabole (vv. 39-40) insiste, elle aussi, sur la nécessité de rester vigilants. Dans ce deuxième récit, les croyants ne sont plus comparés aux serviteurs mais au « responsable de la maison ». Et, comme lui, ils ont la responsabilité de veiller. Quant à celui qui vient, maintenant c’est « le voleur ». Sous les traits d’un voleur, un voleur dont l’arrivée est imprévisible, Jésus évoque, d’une façon très surprenante, son retour dans le monde.

Dans la troisième parabole, celle du serviteur administrateur (vv. 41-48), Jésus répond à Pierre qui voulait savoir si la deuxième parabole concernait tout le monde ou seulement les disciples. Et, en répondant, Jésus nous dit que le discours sur l’attente du temps final vaut pour les disciples mais aussi pour toutes les foules (12,1). Il concerne chaque personne d’une manière différente, selon la responsabilité et la connaissance que la personne a du Seigneur. Chaque personne est un « administrateur » (v. 42), un administrateur qui administre des biens qui ne lui appartiennent pas. Ce que l’administrateur a est un don de Dieu et doit rester tel, pour que l’administrateur soit vraiment ce qu’il est, un vrai administrateur[17]. Et la suite du texte nous présente quatre façons différentes de vivre cette fonction d’administrateur. D’abord « l’administrateur fidèle et intelligent » (v. 42), ensuite celui qui n’attend pas le retour du maître et en profite pour mal agir (vv. 45-46) ; le troisième est celui qui connaît la volonté de son maître mais qui ne la respecte pas (v. 47), le quatrième est celui qui ne connaît pas la volonté du maître et qui se comporte mal. Et chacun de ces quatre aura ce qu’il a mérité, une récompense bonne pour le premier, une négative, plus ou moins grave[18], pour les autres trois.

Et Jésus termine son discours en nous responsabilisant. En effet, à chacune et à chacun de nous, Dieu « a beaucoup donné »[19]. Et « A qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a confié beaucoup, on demandera encore plus ».

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (12,32-48)

Jésus disait à ses disciples :

32 « N’aie pas peur, petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume. 33 Vendez vos biens et donnez-les par des actes de compassion. Faites, pour vous-mêmes, des bourses qui ne vieillissent pas, un trésor inépuisable dans les cieux ; là aucun voleur n’approche et aucun insecte peut les détruire. 34 Car là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur.

35 Restez en tenue de service, avec la ceinture serrée autour de la taille et vos lampes allumées. 36 Et vous, soyez comme des personnes qui attendent leur maître au retour d’un mariage. Et, quand il arrivera et frappera à la porte, les serviteurs lui ouvriront. 37 Ils sont heureux, ces serviteurs, si, en arrivant, le maître les trouve en train de veiller ! En vérité, je vous le dis : c’est lui qui, la ceinture serrée autour de la taille, fera asseoir ses serviteurs pour le repas et il passera pour leur servir à manger. 38 Et si le maître revient à minuit, ou plus tard encore, et s’il trouve ses serviteurs éveillés, heureux sont-ils !

39 Vous le savez : si le responsable de la maison savait à quelle heure le voleur va venir, il ne le laisserait pas percer le mur de sa maison. 40 Vous aussi, soyez préparés. En effet, le Fils de l’homme vient à l’heure où vous n’y pensez pas ».

41 Pierre dit alors : « Seigneur, dis-tu cette parabole pour nous [seulement] ou bien pour tout le monde ? »

42 Le Seigneur [lui] dit : « Quel est donc l’administrateur fidèle et intelligent, que le maître établira sur l’ensemble de ses serviteurs pour leur donner au moment convenable leur part de nourriture?

43 Heureux ce serviteur, que son maître en arrivant trouvera en train de faire ce travail ! 44 Vraiment, je vous dis, il l’établira responsable de tous ses biens.

45 Mais, si ce serviteur se dit dans son cœur : “Mon maître tarde à venir”, et s’il se met à frapper les serviteurs et les servantes, à manger, à boire et à s’enivrer, 46 le maître de cet esclave viendra le jour où il ne s’y attend pas et à l’heure qu’il ne connaît pas, il le chassera et lui fera partager le sort des infidèles. 47 Ce serviteur qui, connaissant la volonté de son maître, n’a rien préparé et n’a pas accompli cette volonté, recevra un grand nombre de coups; 48 mais, celui qui ne la connaissait pas et a commis des actes dignes de châtiments, sera battu de peu de coups. A qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a confié beaucoup, on demandera encore plus ».

 

Prière d’ouverture

Que de nous aussi, de nous aussi on puisse dire un jour :

grâce à la foi ils ont parcouru le chemin du Christ,

grâce à la foi, ils ont libéré tous les opprimés,

ils ont agi avec justice envers les humbles,

grâce à la foi, ils ont partagé leurs biens avec les pauvres,

ils ont détruit toutes les armes

et ils ont œuvré pour la paix dans toutes les terres…

Amen[20].

[David Maria Turoldo, prêtre et poète; Italie : 1916-1992]

 

Prière des fidèles

* Le livre de la Sagesse nous parle des Juifs en Égypte et de la décision sur laquelle ils se sont mis d’accord : partager les biens reçus et les dangers. Que cette attitude de solidarité – une solidarité que la Bible qualifie comme la solidarité des « saints » – puisse être vécue aussi par nous, ici, dans la situation que nous sommes en train de vivre.

* Le psaume nous invite à affronter la vie et toutes nos difficultés… avec confiance : en effet, nous faisons partie du peuple « que le Seigneur a choisi comme son trésor ». Oui, le Seigneur est « notre secours » et « notre protection ». Mais nous devons nous engager comme des hommes justes, comme des gens droits qui attendent sons retour. Donne-nous la force, Seigneur, de vivre cette attitude de jour en jour.

* La Lettre aux Hébreux nous a parlé de la foi. Et cette foi permet à Abraham et à sa famille d’affronter un avenir sans aucune autre assurance. C’est ainsi qu’Abraham part vers un pays qu’il ne connaît pas. Il attend une ville dont l’architecte et le constructeur c’est Dieu lui-même. Que le regard d’Abraham vers cette ville puisse être aussi le nôtre.

* Apprends-nous, Seigneur Jésus, à attendre ton retour. Et notre attente ne sera pas une attitude passive, sans rien faire. Elle sera la mise en acte de ton exhortation : « Restez en tenue de service, avec la ceinture serrée autour de la taille et vos lampes allumées ». Car, seulement ainsi, tu pourras nous faire asseoir pour le repas que toi-même tu nous as préparé. 

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[1] Cf. S. Schroer, Il libro della Sapienza, dans E. Zenger (ed.), Introduzione all’Antico Testamento, Queriniana, Brescia, 2008, p. 606.

[2] Cf. C. Larcher, Le livre de la Sagesse ou la Sagesse de Salomon. Vol. III, Gabalda, Paris, 1985, p. 999.

[3] Cf. J. Vílchez Líndez, Sapienza. Traduzione e commento, Borla, Roma, 1990, p. 516.

[4] Le contraste, qui caractérise notre page, domine aussi toute la troisième partie du livre (Sa 11,2-19,22). Cf. S. Schroer, Il libro della Sapienza, dans E. Zenger (ed.), Introduzione all’Antico Testamento, Queriniana, Brescia, 2008, p. 602s.

[5] Cf. C. Larcher, Le livre de la Sagesse ou la Sagesse de Salomon. Vol. III, Gabalda, Paris, 1985, p. 1004.

[6] Cf. E. Zenger, Psalm 33, dans F.-L. Hossfeld – E. Zenger, Die Psalmen. Bd I, Ps 1-50, Echter, Würzburg, 1993, p. 206.

[7] Pour cette référence, cf. G. Ravasi, Il libro dei Salmi. Commento e attualizzazione. Vol. I (Salmi 1-50), EDB, Bologna, 2015, p. 602.

[8] Pour évoquer ce « trésor », le poète utilise l’image d’une terre possédée d’une façon durable et inaliénable. Cf. G. Wanke, nahalâ, dans E. Jenni – C. Westermann, Dizionario Teologico dell’Antico Testamento, vol. 2, Marietti, Casale Monferrato, 1982, col. 51ss. La traduction de ce terme hébreu avec le français “trésor », on peut la lire dans La Bible. Ancien Testament, intégrant les livres deutérocanoniques, et Nouveau Testament. Parole de vie, Alliance biblique universelle, Villiers-le-Bel, 2000, p. 760.

[9] Cf. E. Zenger, Salmi. Preghiera e poesia. Vol. 1. Col mio Dio scavalco muraglie, Paideia, Brescia, 2013, p. 176.

[10] Pour cette remarque et pour d’autres sur cette page de la Lettre aux Hébreux, cf. F. Urso, Lettera agli Ebrei. Introduzione, traduzione e commento, Edizioni San Paolo, Cinisello Balsamo (Milano), 2014, p. 153ss.

[11] Cf. F. Porsch, elenchos, dans Dizionario esegetico del Nuovo Testamento, a cura di H. Balz et G. Schneider, Paideia, Brescia, 2004, vol. I, col. 1138ss.

[12] Cf. Ch. Grappe, Épître aux Hébreux, dans Le Nouveau Testament commenté, sous la direction de C. Focant et D. Marguerat, Bayard – Labor et fides, Paris – Genève, 2012, p. 1042.

[13] Ainsi D. Marguerat et E. Steffek, Évangile selon Luc, dans Le Nouveau Testament commenté, sous la direction de C. Focant et D. Marguerat, Bayard – Labor et fides, Paris – Genève, 2012, p. 333.

[14] Cf. F. Bovon, L’Évangile selon saint Luc. (9,51-14,35), Labor et fides, Genève, 1996, p. 279.

[15] Cf. G. Rossé, Il Vangelo di Luca. Commento esegetico e teologico, Città Nuova, Roma, 2012, p. 511s.

[16] Cf. F. Bovon, L’Évangile selon saint Luc. (9,51-14,35), Labor et fides, Genève, 1996, p. 291.

[17] Cf. S. Fausti, Una comunità legge il Vangelo di Luca, Nuova edizione, EDB, Bologna, 2017, p. 476.

[18] Pour la punition mentionnée au verset 46, cf. D. Marguerat et E. Steffek, Op. cit., p. 334.

[19] Cf. S. Fausti, Op. cit., p. 477.

[20] D. M. Turoldo – G. Ravasi, « Nella tua luce vediamo la luce ». Tempo ordinario, solennità del Signore, feste dei Santi. Commento alle letture liturgiche, San Paolo, Cinisello Balsamo (Milano), 2004, p. 555.