Eucharistie: 16 juillet 2023

15ème dimanche du Temps Ordinaire — Année A

 

La parole de Dieu : une parole qui nous fait vivre

 

Première lecture

 
Avec la première lecture, nous sommes au sixième siècle avant la naissance de Jésus. Une partie importante des habitants de Jérusalem est exilée à Babylone. Mais un prophète sans nom, dont les poèmes ont été insérés dans le livre d’Isaïe, ose annoncer la fin de l’exil. Ce sera le fruit de l’intervention de Dieu dans l’histoire humaine[1].

A cette manifestation de Dieu, il faut se préparer en se mettant à la recherche du Seigneur (v. 6). Que l’homme méchant abandonne son chemin, et qu’il s’ouvre aux chemins de Dieu, un Dieu plein de tendresse (v. 7). Que l’homme mette sa confiance dans les chemins de Dieu, dans ses projets et ses pensées. En effet, les chemins de Dieu ne peuvent que nous surprendre : ils sont toujours différents et très éloignés par rapport aux nôtres. Ils sont loin des nôtres comme le ciel est loin de la terre (v. 8)[2].

Oui, les projets de Dieu se réalisent, et sa parole obtient toujours des résultats. C’est ce que le prophète nous dit dans la petite page que nous allons lire ce matin. Et, pour nous en parler, le poète évoque la pluie. L’efficacité de la parole de Dieu est comparable à l’efficacité de la pluie[3]. Elle descend des cieux, elle arrose la terre, elle féconde la terre, elle la fait germer : c’est ainsi que Dieu donne « semence au semeur et pain à celui qui mange ». Et comme la pluie qui donne la nourriture et la vie, ainsi la parole de Dieu : une parole qui nourrit, qui nous fait vivre et nous prépare un avenir nouveau[4]. Mettons donc toute notre confiance dans cette parole.

 

Du livre du prophète Isaïe (55,10-11)

Ainsi parle le Seigneur :

10 « La pluie et la neige descendent des cieux

et ne retournent pas là-haut sans avoir arrosé la terre,

sans l’avoir fécondée et l’avoir fait germer,

sans avoir donné semence au semeur

et pain à celui qui mange ;

11 pareillement se comporte ma parole

qui sort de ma bouche :

elle ne retournera pas vers moi sans résultat,

sans avoir fait ce que je désire

et sans avoir réalisé ce pour quoi je l’ai envoyée.

 Parole du Seigneur.

 

Psaume

Le psaume 65 est un hymne, un poème qui veut célébrer Dieu, Dieu qui prend soin de notre condition humaine et aussi de l’existence d’Israël dans la création et dans l’histoire[5].

Le poème s’ouvre avec une louange à Dieu qui écoute nos silences et nos prières. Cette louange est suivie d’une demande de pardon et d’une béatitude pour celles et ceux qui se présentent au temple (vv. 1-5).

La deuxième partie du poème est composée des versets 6-9. Ici, Dieu est présenté comme celui qui, répondant à nos prières, intervient : « Avec justice, tu nous réponds par des merveilles », dit le poète au verset 6[6]. Et, en poursuivant cette deuxième section, le poète nous présente le salut dans sa dimension universelle, jusqu’aux extrémités de la terre. Le Dieu créateur continue son action : il a mis de l’ordre dans la création et il maintient cet ordre[7]. Voilà pourquoi la strophe peut terminer par ces mots : « Tu fais crier de joie les portes du matin et du soir » (v. 9).

Enfin, la troisième, la dernière partie (vv. 10-14), celle que nous allons lire dans un instant. Ici, le poète évoque, avec enthousiasme, les éléments les plus communs et quotidiens de la puissance de Dieu : Dieu qui visite la terre, Dieu qui donne la pluie à la terre et, à travers la pluie, il prépare le blé pour les humains et les prés pour le bétail. C’est ainsi que les collines « prennent une ceinture de joie » (v. 13) et les vallées « poussent des cris de joie, bien plus, elles chantent » (v. 14). Ici, plus que de la puissance de Dieu, le poète parle de la tendresse de Dieu qui bénit la terre pour la joie de nous qui sommes ses enfants.

Et à travers les paroles du psaume nous pouvons reconnaître l’étonnement du poète[8], un étonnement qui nous réveille de notre tristesse et aussi de notre aridité, de notre fermeture en nous-mêmes. Je vous propose donc d’intervenir, à la fin de chaque strophe, et d’exprimer notre étonnement devant le fait que Dieu visite la terre et qui, bénissant les graines qui poussent, nourrit notre espoir.

En reprenant les mots des versets 10a et 11c, voici donc notre refrain :

Tu visites la terre, Seigneur, tu lui donnes de l’eau

et tu bénis les graines qui poussent.

 

Psaume 65 (versets 10abcd. 10e-11. 12-13. 14)

10abcd Seigneur, tu visites la terre et tu lui donnes l’abondance,

généreusement tu l’enrichis.

Ô Dieu, ta rivière est pleine d’eau,

c’est ainsi que tu prépares le blé pour les humains.

Refr. :  Tu visites la terre, Seigneur, tu lui donnes de l’eau

et tu bénis les graines qui poussent.

 

10e Ainsi, tu prépares la terre :

11 tu donnes de l’eau aux sillons,

tu aplanis le sol, tu rends la terre humide de pluie,

tu bénis les graines qui poussent.

Refr. :  Tu visites la terre, Seigneur, tu lui donnes de l’eau

et tu bénis les graines qui poussent.

 

12 Tu couronnes l’année de tes biens,

et sur ton passage l’abondance ruisselle.

13 Au désert, les pâturages ruissellent,

et les collines prennent une ceinture de joie.

Refr. :  Tu visites la terre, Seigneur, tu lui donnes de l’eau

et tu bénis les graines qui poussent.

 

14 Les prés se sont revêtus de petit bétail,

et les vallées sont couvertes de blé,

elles poussent des cris de joie,

bien plus, elles chantent.

Refr. :  Tu visites la terre, Seigneur, tu lui donnes de l’eau

et tu bénis les graines qui poussent.

 

Deuxième lecture

Comme la semaine passée, la deuxième lecture est une page de la lettre aux Romains. Et, dans la page de ce matin, le regard de Paul se tourne vers l’avenir. Paul le souligne déjà dans la première phrase, à travers le contraste entre le « temps présent » et « la gloire à venir qui sera révélée pour nous »[9].

Le temps présent, nous dit Paul dans sa lettre, est caractérisé par « les souffrances » : les souffrances de la création tout entière, « à une seule voix »[10], et nos souffrances personnelles. Et ces souffrances sont comparables au travail de l’accouchement (v. 22) En évoquant ces souffrances, Paul utilise le verbe « gémir » (vv. 22.23). Et ce verbe évoque une situation dans laquelle la souffrance prend totalement une personne, au point qu’elle ne trouve même plus les mots pour dire sa douleur. Mais le verbe grec contient aussi l’idée de « soupirer »[11], de regarder vers un avenir qu’elle est incapable d’atteindre toute seule. C’est ainsi que, à la fin de sa page, Paul unit deux verbes : « nous gémissons, nous attendons que Dieu… » (v. 23).

Quant à l’avenir, Paul le mentionne avec le terme « gloire » (v. 18). Ce mot, qui d’habitude évoque la gloire propre de Dieu, ici est utilisé avec une signification différente : il évoque la dignité, l’honneur, la pleine réussite et la pleine réalisation de nos espoirs[12] en tant que filles et fils de Dieu. En effet, dès maintenant, nous sommes les enfants de Dieu ; mais, pour l’avenir la création attend « la révélation de la pleine identité des fils de Dieu » (v. 19)[13].

Sur cette condition, Paul va revenir dans la suite de sa page, d’abord au v. 21, lorsqu’il mentionne « la glorieuse liberté des enfants de Dieu », et aussi au v. 23 en évoquant une libération qui caractérisera aussi notre corps. En effet, Paul écrit : « nous attendons que Dieu fasse de nous ses enfants et qu’il nous accorde une délivrance totale, même pour notre corps ».

Enfin, une dernière remarque : dans nos souffrances, dans nos gémissements, dans nos soupirs en attendant cette nouvelle condition que nous ne pouvons même pas imaginer, nous ne sommes pas seul(e)s. Nous sommes soutenu(e)s par l’Esprit. C’est dans cette condition que nous, « qui avons déjà l’Esprit Saint comme première part des dons de Dieu, nous gémissons » (v. 23). Voilà d’où vient notre force dans les souffrances et notre regard – en toute confiance – vers l’avenir que Dieu nous prépare.

 

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Romains (8,18-23)

Frères, 18 j’estime qu’il n’y a pas de commune mesure entre les souffrances du temps présent et la gloire à venir qui sera révélée pour nous. 19 En effet, la création (entière) attend avec impatience la révélation de la pleine identité des fils de Dieu.

20 Car la création a été soumise au pouvoir de forces qui ne mènent à rien. Ce n’est pas la création qui a voulu cela, mais c’est (Dieu) qui l’a mise sous ce pouvoir. Il y a toutefois une espérance : 21 c’est que la création elle-même sera libérée un jour du pouvoir destructeur qui la tient en esclavage et qu’elle aura part à la glorieuse liberté des enfants de Dieu.

22 En effet, nous savons que, jusqu’à ce jour, la création entière gémit à une seule voix et, à une seule voix, elle souffre comme une femme qui accouche. 23 Mais pas seulement la création : nous qui avons déjà l’Esprit Saint comme première part des dons de Dieu, nous aussi, en nous-mêmes, nous gémissons. En effet, nous attendons que Dieu fasse de nous ses enfants et qu’il nous accorde une délivrance totale, même pour notre corps.

 Parole du Seigneur.

 

Alléluia. Alléluia.

La semence est la parole de Dieu ;

le semeur est le Christ ;

celui qui le trouve demeure pour toujours.

Alléluia.

 

Évangile

La page de l’Évangile de ce matin est structurée en trois sections.

Dans la première (vv. 1-9), Jésus sort de la maison et, à la foule qui se réunit au bord de la mer, il raconte la parabole du semeur. En grec, le mot « parabole » signifie rapprochement, comparaison, similitude, exemple. Dans cette page de l’Évangile, nous avons donc un récit qui, à côté de sa signification immédiate, en suggère une autre.

Le récit parle d’un semeur qui sort[14] pour aller semer. Dans la suite du récit, le semeur n’est plus mentionné et tout se concentre sur les graines. En effet, des graines tombent au bord du chemin (v. 4), d’autres dans les pierres (v. 5), d’autres parmi des plantes épineuses (v. 7), d’autres – enfin – dans la belle terre (v. 8). A une première lecture, en pensant surtout aux trois premiers endroits, on pourrait penser à un semeur superficiel, qui ne fait pas attention à ce qu’il fait. Mais, à travers ce récit, Jésus veut évoquer le comportement de Dieu qui sème partout et ne refuse sa parole à personne[15].

Encore une remarque sur le récit en tant que tel. Dans les trois premiers lieux, le narrateur nous parle des résultats différents. Les graines tombées sur le chemin n’ont même pas le temps pour pousser : tout de suite elles sont mangées par les oiseaux. Quant aux graines tombées dans les pierres, elles poussent, mais ensuite elles meurent par manque de terre. Quant aux graines tombées parmi les plantes épineuses, elles arrivent même à grandir, mais ensuite elles sont étouffées. Enfin, quant aux graines tombées sur la belle terre, elles donnent trois résultats différents, cent graines, soixante graines et trente graines, qui font un joli contraste par rapport aux trois résultats négatifs.

Et le récit se termine avec Jésus qui invite les foules à écouter, à prendre soin de son message.

La deuxième section de notre texte (vv. 10-17) s’ouvre avec les disciples qui s’approchent de Jésus, qui est sur la barque, et l’interrogent. Ici, le verbe s’approcher nous montre les disciples dans leur rapport intime avec Jésus, tandis que la foule est loin, sur la rive de la mer.

Et à partir de cette différence locale entre les disciples et la foule, Jésus explique les conséquences différentes de son discours en paraboles : « A vous, Dieu a donné de connaître les mystères du Royaume des cieux, mais à eux cela n’a pas été donné » (v. 11). Aux disciples, Dieu a donné de comprendre et de vivre intimement les mystères du Royaume. Quant aux autres, aux Juifs, ils refusent Jésus et sa parole ; et – d’après Matthieu – ce refus apparaît incompréhensible à Jésus, voilà pourquoi il l’attribue à un choix mystérieux opéré par Dieu[16]. Aux Juifs qui refusent, « cela n’a pas été donné ». Et le verset suivant revient sur ce contraste : au disciple qui désire écouter la parole de Jésus, on donnera « encore plus ». Au contraire, à celui qui n’a pas ce désir, à celui en qui la parole ne porte pas de fruit, on enlèvera « même ce qu’il a », par exemple le fait d’appartenir au peuple élu[17]. Et, pour terminer, Jésus revient sur son discours en paraboles. Le choix de ce langage est lié au fait que Jésus a constaté la surdité et la cécité des Juifs : « parce qu’ils regardent sans regarder et qu’ils écoutent sans écouter ni comprendre ». C’est ainsi que se réalise ce que le prophète Isaïe avait annoncé d’après la traduction grecque : « En écoutant, vous écouterez mais vous ne comprendrez pas ; en regardant, vous regarderez, mais vous ne verrez pas. En effet, le cœur de ce peuple est devenu insensible ; ils ont écouté, mais avec des oreilles bouchées, et leurs yeux ils les ont fermés. Tout cela pour ne pas voir de leurs yeux, ne pas écouter de leurs oreilles, ne pas comprendre avec leur cœur, et pour ne pas changer leur vie » (vv. 14-15 ; cf. Is 6,9-10). Et pourtant, malgré cette cécité, cette surdité, ce cœur fermé, la traduction grecque d’Isaïe et Jésus dans l’Évangile présentent Dieu qui intervient quand même. En effet, Dieu affirme : « Et pourtant je les guérirai ».

Cette intervention de Dieu qui sauve, Dieu l’accomplit à travers Jésus[18]. Voilà pourquoi Jésus peut dire aux disciples : « heureux sont vos yeux, parce qu’ils voient, et vos oreilles, parce qu’elles écoutent » (v. 16). Oui, les disciples peuvent voir et écouter Jésus, celui que les prophètes et les justes ont désiré et attendu.

 Enfin, dans la troisième partie de la lecture (vv. 18-23), Jésus invite ses disciples à écouter : « Vous donc, écoutez ce que signifie la parabole du semeur » (v. 18). Et le verbe « écouter » va retentir plusieurs fois dans l’explication de la parabole, en particulier avec le complément « écouter la parole » (vv. 19.20.22.23). Mais dans son explication, Jésus évoque deux possibilités : écouter la parole et ne pas la comprendre (v. 19), ou bien l’écouter et la comprendre (v. 23). Et ici le fait de comprendre ce n’est pas seulement un acte d’intelligence : il s’agit d’une compréhension profonde, spirituelle, intime[19]. Sans cette compréhension profonde, la parole n’entre pas en nous en profondeur, et « le Mauvais arrive et arrache ce qui a été semé » (v. 19) dans notre cœur.

Il ne suffit pas non plus de recevoir la parole avec joie (v. 20), il faut qu’elle s’enracine en nous-mêmes et fasse de nous des personnes de constance, des personnes qui savent être fidèles même dans les moments difficiles et aussi dans les persécutions. Il faut aussi que « les soucis du monde et la séduction des richesses » ne s’imposent pas sur nous et n’étouffent pas la parole. Autrement elle reste sans fruit. Essayons, au contraire, d’être ceux et celles qui reçoivent la semence dans la belle terre. C’est seulement ainsi que nous pourrons « porter du fruit ». (v. 23).

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (13,1-23)

1 Ce jour-là, Jésus était sorti de la maison, et il était assis au bord de la mer. 2 Et des foules nombreuses se rassemblèrent autour de lui ; c’est pourquoi il monta dans une barque et il s’assit. Et toute la foule se tenait sur le rivage. 3 Il leur dit beaucoup de choses en paraboles.
« Voici que le semeur est sorti pour semer. 4 Comme il semait, des graines sont tombées au bord du chemin, et les oiseaux sont venus tout manger. 5 D’autres graines sont tombées dans les pierres, là où il n’y a pas beaucoup de terre. Là, elles ont poussé tout de suite, parce que la (couche de) terre n’était pas profonde. 6 Quand le soleil se leva, il brûla les jeunes plantes : elles se desséchèrent parce qu’elles n’avaient pas suffisamment de racines. 7 Une autre partie des graines est tombée parmi des plantes épineuses. Celles-ci grandirent et étouffèrent les bonnes pousses. 8 Mais d’autres graines sont tombées dans la belle terre et elles donnaient du fruit, un (grain) cent, un autre soixante, un autre trente ».
9 Et Jésus ajouta : « Celui qui a des oreilles, qu’il écoute ! ».
10 Les disciples s’approchèrent de Jésus et lui dirent : « Pourquoi leur parles-tu en utilisant des paraboles ? » 11 Et, en répondant, Jésus leur dit : « A vous, Dieu a donné de connaître les mystères du Royaume des cieux, mais à eux cela n’a pas été donné. 12 En effet, celui qui a quelque chose, on lui donnera encore plus et il sera dans l’abondance. Mais celui qui n’a pas, on lui enlèvera même ce qu’il a. 13 Voici pourquoi je leur parle en paraboles : parce qu’ils regardent sans regarder et qu’ils écoutent sans écouter ni comprendre. 14 Ainsi s’accomplit pour eux la prophétie exprimée par Isaïe en ces termes : “En écoutant, vous écouterez mais vous ne comprendrez pas ; en regardant, vous regarderez, mais vous ne verrez pas. 15 En effet, le cœur de ce peuple est devenu insensible ; ils ont écouté, mais avec des oreilles bouchées, et leurs yeux ils les ont fermés. Tout cela pour ne pas voir de leurs yeux, ne pas écouter de leurs oreilles, ne pas comprendre avec leur cœur, et pour ne pas changer leur vie. Et pourtant je les guérirai”.
16 Mais heureux sont vos yeux, parce qu’ils voient, et vos oreilles, parce qu’elles écoutent. 17 En vérité je vous le dis : beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous regardez, et ne l’ont pas vu ; ils ont désiré écouter ce que vous écoutez, et ne l’ont pas entendu.
18 Vous donc, écoutez ce que signifie la parabole du semeur.
19 Chaque fois qu’une personne écoute la parole du Royaume et ne la comprend pas, le Mauvais arrive et arrache ce qui a été semé dans leur cœur. Voilà celui qui a reçu la semence au bord du chemin. 20 Celui qui a reçu la semence sur un sol plein de pierres, c’est celui qui écoute la parole et la reçoit aussitôt avec joie, 21 mais il n’a pas de racine en lui-même, il est l’homme d’un moment et, dès que survient une tribulation ou une persécution à cause de la parole, il y trouve aussitôt une occasion de chute. 22 Celui qui a reçu la semence parmi les plantes épineuses, c’est celui qui écoute la parole ; mais en lui les soucis du monde et la séduction des richesses étouffent la parole et elle reste sans fruit.
23 Celui qui a reçu la semence dans la belle terre, c’est celui qui écoute la parole et la comprend ; il porte du fruit et un (grain) en donne cent, un autre soixante et un autre trente ».

Acclamons la Parole de Dieu.

 

Prière d’ouverture

La puissance de ta Parole

Donne-nous, Seigneur,

d’accueillir dans le cœur

la puissance de ta Parole ;

qu’elle porte fruit

dans notre cœur

et qu’elle puisse vaincre contre toutes les tensions

et les tentations

qui cherchent de la suffoquer en nous[20].

[Carlo Maria Martini, théologien et cardinal, Italie, 1927-2012]

 

Prière des fidèles

* La première lecture nous parle de ta parole, Seigneur. Tu nous assures : « elle ne retournera pas vers moi sans résultat, sans avoir fait ce que je désire et sans avoir réalisé ce pour quoi je l’ai envoyée ». Devant l’efficacité de ta parole, nous n’avons qu’à nous ouvrir, à l’accueillir et à nous laisser guider par elle. C’est ainsi que nous pourrons être comme la terre arrosée, fécondée et florissante grâce à ta parole.

* Le psaume nous présente la terre aride de la Palestine comme une terre qui, au printemps, naît à nouveau. Et ça, grâce à ton intervention, Seigneur. En effet, « Tu visites la terre et tu lui donnes l’abondance, généreusement tu l’enrichis ». Quant aux vallées, elles « sont couvertes de blé, elles poussent des cris de joie, bien plus, elles chantent ». Aide-nous, Seigneur, à reconnaître ton action dans la générosité de la nature et aussi dans notre vie, de jour en jour.

* Dans sa lettre, Paul évoque les gémissements de la création tout entière et aussi nos gémissements. Que nous puissions les vivre, nos gémissements, en regardant vers l’avenir, que nous puissions les vivre comme des expériences qui nous ouvrent à la « délivrance totale », à « la révélation » de notre pleine identité comme fils et filles de Dieu.

* Dans l’Évangile, Jésus notre frère, tu nous parles du semeur. Tu es le semeur qui « est sorti pour semer », et tu sèmes ta parole, de jour en jour, et d’un dimanche à l’autre ici dans le Centre. Fais que nous ne soyons pas comme « un sol plein de pierres » ; que nous ne soyons pas des personnes qui écoutent ta parole et la reçoivent avec joie, mais qui l’oublient dans des moments de tribulation et de souffrances. Que nous ne soyons pas comme des plantes épineuses, que nous ne soyons par des individus qui écoutent ta parole mais qui, pris par les soucis du monde et la séduction des richesses, l’étouffent et la réduisent au silence. Au contraire, que nous soyons des femmes et des hommes qui écoutent la parole et la comprennent et qui portent du fruit.

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 [1] Cf. P.-E. Bonnard, Le second Isaïe, son disciple et ses lecteurs. Is 40-66, Gabalda, Paris, 1972, p. 298ss.

[2] Cf. C. Westermann, Isaia. Capitoli 40-66, Paideia, Brescia, 1978, p. 350.

[3] Cf. P.-E. Bonnard, Le second Isaïe, son disciple et ses lecteurs. Is 40-66, Gabalda, Paris, 1972, p. 308.

[4] Cet avenir nous sera présenté, au verset 12, comme un ‘sortir’, un nouvel exode, une nouvelle sortie vers la libération. Cf. H.-W. Jüngling, Il libro di Isaia, dans E. Zenger (ed.), Introduzione all’Antico Testamento, Queriniana, Brescia, 2008, p. 660.

[5] Cf. F.-L. Hossfeld, Psalm 65, dans F.-L. Hossfeld – E. Zenger, Psalmen 51-100, Herder, Freiburg – Basel – Wien, 2000, p. 214.

[6] Pour l’interprétation de cette tournure, cf. G. Ravasi, Il libro dei salmi. Commento e attualizzazione. Vol. II (Salmi 51-100), EDB, Bologna, 2015, p. 315.

[7] Ainsi J.-L. Vesco, Le psautier de David traduit et commenté, Cerf, Paris, 2006, p. 571.

[8] Cf. B. Maggioni, Davanti a Dio. I salmi 1-75, Vita e pensiero, Milano, 2004, p. 200.

[9] Cf. R. Penna, Lettera ai Romani, II. Rm 6-11. Versione e commento, EDB, Bologna, 2006, p. 170.

[10] En grec, le verbe « su-stenazo », c’est-à-dire « gémir ensemble », « gémir à une seule voix », est ignoré dans la Septante et se lit seulement ici dans le Nouveau Testament. De même, le composé « sun-odino », donc « souffrir ensemble », « souffrir à une seule voix » comme une femme qui accouche. A propos de ces deux verbes, cf. H. Schlier, La lettera ai Romani, Paideia, Brescia, 1982, p. 434s.

[11] Cf. M. Schoeni, Épître aux Romains, dans Le Nouveau Testament commenté, sous la direction de C. Focant et D. Marguerat, Bayard – Labor et fides, Paris – Genève, 2012, p. 676. Cf. aussi H. Balz, Sténazo, dans Dizionario esegetico del Nuovo Testamento, a cura di H. Balz e G. Schneider, Paideia, Brescia, 2004, vol. II, col. 1410.

[12] Cf. R. Penna, Lettera ai Romani, II. Rm 6-11. Versione e commento, EDB, Bologna, 2006, p. 174.

[13] Pour cette tournure, cf. R. Penna, Op. cit., p. 177s.

[14] Le semeur se comporte donc comme Jésus qui est « sorti » (v. 1) de la maison pour ‘semer’ la parole aux foules.

[15] Cf. S. Grasso, Il Vangelo di Matteo: commento esegetico e teologico, Città Nuova, Roma, 2014, p. 414.

[16] Cf. O. Da Spinetoli, Matteo. Il vangelo della chiesa, Cittadella editrice, Assisi, 1983, p. 384.

[17] Ainsi E. Cuvillier, Évangile selon Matthieu, dans Le Nouveau Testament commenté, sous la direction de C. Focant et D. Marguerat, Bayard – Labor et fides, Paris – Genève, 2012, p. 77.

[18] La fin de la citation, avec l’indicatif futur à la première personne « je les guérirai », évoque l’intervention gratuite de Dieu qui, en Jésus, guérit son peuple. Cf. S. Grasso, Il Vangelo di Matteo: commento esegetico e teologico, Città Nuova, Roma, 2014, p. 422.

[19] Cf. S. Grasso, Il Vangelo di Matteo: commento esegetico e teologico, Città Nuova, Roma, 2014, p. 424.

[20] C. M. Martini, Invocare il Padre. Preghiere, EDB, Bologna, 2012, p. 165.