Eucharistie: 2 juillet 2023

13ème dimanche du Temps Ordinaire — Année A

« Qui donnera à boire, même un simple verre d’eau fraîche, à l’un de ces petits… » (Mt 10,42)

 

Première lecture

La première lecture nous parle d’un prophète du neuvième siècle avant la naissance de Jésus. Il s’appelle Élisée, et ce nom signifie – en hébreu – « Dieu a aidé »[1]. De ce prophète, le Deuxième livre des Rois (2 Rois 4,1-6,7) nous présente plusieurs miracles.

Dans la page de ce matin, le prophète arrive à Shounem, dans la région septentrionale de la Palestine. Et, dans cette ville, une femme invite le prophète à venir « prendre de la nourriture[2] » chez elle. Depuis ce jour-là, chaque fois qu’Élisée passe par Shounem, il va prendre de la nourriture chez cette femme. La femme apprécie le prophète. Elle le considère « un homme saint de Dieu » et elle propose à son mari de construire, pour Élisée, une chambre dans leur maison.

En arrivant une nouvelle fois à Shounem, Élisée peut passer la nuit dans cette nouvelle chambre. Surpris par la générosité de cette femme, le prophète demande à son serviteur : « Que peut-on faire pour cette femme ? » (v. 14). Et, ayant su que cette femme n’a pas d’enfant, Élisée lui annonce : « A la même époque, l’an prochain, tu tiendras un fils dans tes bras » (v. 16). Et ici, avec l’expression « A la même époque »[3], Élisée utilise les mêmes mots que la Genèse met sur la bouche de Dieu qui annonce à Abraham la naissance d’Isaac (Gen 18,10.14).

 

Lecture du Deuxième livre des Rois (4, 8-11. 14-16a)

8 Il advint – un jour – qu’Élisée passait à Shounem. Et là, il y avait une femme de haut rang. Elle demanda avec insistance à Élisée de venir prendre de la nourriture chez elle. C’est pourquoi, depuis ce jour-là, chaque fois qu’Élisée passe par Shounem, il va prendre de la nourriture chez elle.

9 Cette femme dit à son mari : « Voici, je sais que celui qui passe toujours chez nous est un homme saint de Dieu. 10 Je t’en prie, faisons une petite chambre en dur à l’étage, et mettons-y pour lui un lit, une table, un siège et une lampe. C’est ainsi que, quand il viendra chez nous, il pourra s’y retirer ». 11 C’est ainsi qu’un jour Élisée vint chez eux. Il se retira dans la petite chambre haute et il s’y coucha.

14 Puis il dit (à son serviteur Guéhazi) : « Que peut-on faire pour cette femme ? ». Guéhazi répondit : « Hélas, elle n’a pas de fils, et son mari est âgé ». 15 Élisée lui dit : « Appelle-la ! » Le serviteur l’appela et elle se présenta à la porte. 16 Élisée lui dit : « A la même époque, l’an prochain, tu tiendras un fils dans tes bras ».

Parole du Seigneur.

 

Psaume

Le psaume 89 a été composé après l’exil à Babylone[4]. Israël vit une situation très difficile. En effet, le psaume évoque les insultes, les persécutions, la destruction de la ville, les déprédations subies et aussi la fin de la dynastie royale de David. Dans cette situation, on a l’impression que Dieu a oublié son peuple et aussi les promesses qu’il avait faites à David.

Et pourtant… le poète commence le psaume en mentionnant les « actes d’amour » de Dieu. Et, toujours à propos de l’amour de Dieu, la première strophe du psaume affirme : « C’est un amour bâti pour toujours ; voici les cieux : en eux tu as fixé solidement ta fidélité » (v. 3).

Dans la deuxième strophe que la liturgie nous propose (vv. 16-17), le poète veut rassurer ses contemporains et aussi nous, ce matin. En effet, il nous invite à nous mettre en marche. Si nous accueillons le Seigneur dans notre vie, nous pourrons marcher à la lumière de son visage. Et notre vie sera une danse de joie, une danse tous les jours. En effet, à cause de la justice de Dieu, nous pourrons nous redresser[5].

Et la strophe suivante (vv. 18-19) nous assure : si on peut se redresser ou si un peuple peut se redresser, c’est grâce au Seigneur. Le poète le dit clairement : « Oui, leur force glorieuse, c’est toi ». Et, après cette affirmation, le poète s’unit à nous, en utilisant la première personne du pluriel, pour dire au Seigneur : « Grâce à ta faveur, nous relevons la tête ».

Quant à nous, nous pouvons partager cette conviction du poète. Je vous invite donc à faire nôtre l’affirmation initiale du psaume et à intervenir, à la fin de chaque strophe, avec cette phrase :

Tes actes d’amour, Yahvéh, je veux les chanter toujours.

 

Psaume 89 (versets 2-3. 16-17. 18-19)

2 Tes actes d’amour, Yahvéh, je veux les chanter toujours,

de génération en génération, je ferai connaître – par ma bouche – ta fidélité.

3 Car j’ai dit : « C’est un amour bâti pour toujours ;

voici les cieux : en eux tu as fixé solidement ta fidélité ».

Refr. : Tes actes d’amour, Yahvéh, je veux les chanter toujours.

 

16 Heureux et en marche le peuple qui sait t’acclamer !

Yahvéh, ils marcheront à la lumière de ton visage !

17 Dans ton nom, ils danseront de joie tous les jours,

à cause de ta justice ils se redresseront.

Refr. : Tes actes d’amour, Yahvéh, je veux les chanter toujours.

 

18 Oui, leur force glorieuse, c’est toi.

Grâce à ta faveur, nous relevons la tête.

19 Oui, notre protecteur est Yahvéh,

le Dieu saint d’Israël est notre Roi.

Refr. : Tes actes d’amour, Yahvéh, je veux les chanter toujours.

 

Deuxième lecture

La semaine passée, dans sa lettre aux Romains, Paul insistait sur le contraste « péché – grâce ». Au péché qui caractérise l’histoire de l’humanité, Dieu a répondu à travers « le don gratuit », et ce don « Dieu l’a accordé par un seul homme, Jésus Christ » (Rom 5,15.) Quant à la page de ce matin, Paul évoque un autre contraste : « mort – vie ». A la mort Dieu répond avec le don de la vie, une vie nouvelle, liée à la résurrection de Jésus, lorsque « la puissance glorieuse du Père a réveillé le Christ de la mort » (v. 4).

Pour nous, ce don de Dieu commence au moment de notre baptême. « Nous tous qui avons été baptisés en Christ Jésus, c’est en sa mort que nous avons été baptisés » (v. 3). Et, en poursuivant sa page, Paul se sert d’un verbe qui est utilisé seulement deux fois dans toute la Bible grecque[6] : « être enseveli avec quelqu’un » ou « être plongé dans la mort avec quelqu’un ». Mais, après cette expérience de mourir et d’être enseveli(e)s avec le Christ, Dieu nous fait participer, dès aujourd’hui, à la résurrection de Jésus. Et ça afin que « nous aussi, nous vivions d’une vie nouvelle » (v. 4). En d’autres mots : ce don de la vie nouvelle nous permet de conduire une existence différente, une existence dans laquelle nous ne sommes plus soumis(es) au pouvoir du péché[7], nous ne sommes plus aplati(e)s sur les habitudes de ce monde (Rom 12,2). Pour le dire avec l’exhortation que Paul adresse aux Philippiens (2,15), cette nouveauté de vie doit nous permettre d’être « sans défaut au milieu des gens faux et mauvais de ce monde et de briller, parmi eux, comme des étoiles dans le ciel »[8]. Et la page de ce matin termine avec cette déclaration : « vous êtes morts en étant totalement séparés du péché, mais, en étant unis à Jésus Christ, vous êtes vivants pour Dieu » (v. 11). Et cette condition de personnes mortes et ensevelies avec le Christ nous permet de croire que – après notre vie mortelle – « nous vivrons aussi avec lui » (v. 8).

 

De la lettre de saint Paul apôtre aux Romains (6,3-4. 8-11)

3 Frères, ne le savez-vous pas ? Nous tous qui avons été baptisés en Christ Jésus, c’est en sa mort que nous avons été baptisés. 4 Donc, par le baptême, nous avons été ensevelis avec lui dans la mort. Mais la puissance glorieuse du Père a réveillé le Christ de la mort, pour que, nous aussi, nous vivions d’une vie nouvelle.

8 Si nous sommes morts avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui. 9 Nous le savons bien : depuis que le Christ a été réveillé de la mort, il ne meurt plus ; la mort n’a plus de pouvoir sur lui. 10 En effet, le Christ est mort, et sa mort l’a séparé totalement du péché, une fois pour toutes. Maintenant il est vivant, et c’est pour Dieu qu’il vit. 11 De même, vous aussi, vous devez penser ceci : vous êtes morts en étant totalement séparés du péché, mais, en étant unis à Jésus Christ, vous êtes vivants pour Dieu.

Parole du Seigneur.

 

Alléluia. Alléluia.

Descendance choisie, sacerdoce royal, nation sainte,

annoncez les merveilles de Celui qui vous a appelés

des ténèbres à son admirable lumière (cf. 1 Pierre 2,9).

Alléluia.

 

Évangile

Dans l’Évangile de Matthieu, le chapitre 10 nous présente l’identité de l’apôtre : pour l’apôtre et pour chaque croyant/e, l’expérience familiale est subordonnée aux exigences de la relation avec Jésus[9]. Jésus nous dit : « celui qui aime son père ou sa mère, son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi » (v. 37).

Dans la suite du discours, Jésus nous montre que le disciple doit trouver sa propre identité… en Jésus lui-même[10]. Pour être digne de Jésus, le disciple doit prendre sa croix et suivre Jésus (v. 38).

Cette référence à la croix nous permet de comprendre aussi la phrase suivante : « Celui qui a trouvé son âme la perdra ; et celui qui a perdu son âme à cause de moi la gardera » (v. 39). En effet, la vie n’est pas un trésor à ravir ou à garder jalousement : puisqu’elle est un don, on ne peut l’obtenir qu’en la donnant[11].

Après ces versets qui insistent sur les difficultés que les disciples rencontrent en suivant Jésus, la partie finale mentionne les aspects positifs. Les disciples trouveront non seulement de l’opposition ; ils trouveront aussi accueil. Tous les disciples – prophètes, justes, petits – rendent présent le Christ. Voilà pourquoi ils recevront « une récompense » : ils seront sauvés. Et la dernière phrase ‘démocratise’ la condition du disciple missionnaire[12]: il s’agit d’hommes et de femmes qui ne vivent pas leur vie en s’appuyant sur des sûretés humaines ou sur des reconnaissances sociales ou politiques. Il s’agit des « mikroi », des « petits » qui se fient complètement à Dieu et à la générosité de celles et ceux qui les accueillent[13].

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (10,37-42)

Jésus disait à ses apôtres :

« 37 Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi. 38 Celui qui ne prend pas sa croix et qui ne me suit pas, celui-là n’est pas digne de moi. 39 Celui qui a trouvé sa vie la perdra ; et celui qui a perdu sa vie à cause de moi la gardera.

40 Qui vous accueille m’accueille moi-même, et qui m’accueille, accueille Celui qui m’a envoyé. 41 Qui accueille un prophète en sa qualité de prophète recevra une récompense de prophète, et qui accueille un juste en sa qualité de juste recevra une récompense de juste. 42 Et celui qui donnera à boire, même un simple verre d’eau fraîche, à l’un de ces petits en sa qualité de disciple, en vérité, je vous le déclare, il ne perdra pas sa récompense ».

Acclamons la Parole de Dieu

 

Prière d’ouverture

Seigneur, fais de moi et de ma vie un beau message, comme tu l’es.

Souvent, Seigneur, dans les moments décisifs,

je n’ai pas été un beau message mais un scandale !

Et combien de fois, voulant te proclamer Seigneur,

je n’ai pas su, tout d’abord, te proclamer

Seigneur de ma vie, de mon corps,

de mes pensées, de mes actions ;

et pourtant, seulement de cette manière je peux vivre la mission.

Jésus, fais de moi évangile et mission,

comme tu l’es sur la croix[14].

[Carlo Maria Martini, théologien et cardinal, Italie, 1927-2012]

 

Prière des fidèles

* La première lecture nous présente une femme qui donne de la nourriture à un inconnu et, ensuite, elle sait le reconnaître comme « un homme saint de Dieu ». C’est pourquoi elle et son mari s’engagent pour accueillir cet homme, le prophète, dans leur maison. Et cet accueil changera la vie du couple. Seigneur, rends-nous aussi disponibles à nourrir un inconnu qui est peut-être porteur de ta parole. D’autre part, tu nous as appris : « Qui accueille un prophète en sa qualité de prophète recevra une récompense de prophète ».

* Dans une ville détruite, qui subit des déprédations et des persécutions, le poète du psaume trouve la force de chanter ton amour. Et nous qui, dans des situations de souffrance, parfois nous avons l’impression que tu nous oublies… Donne-nous, Seigneur, de pouvoir découvrir que tu es à côté de nous – comme « notre protecteur » – même dans des moments de souffrance.

* Dans l’eau du baptême, Jésus notre frère, nous sommes entré(e)s avec toutes nos faiblesses et nos misères pour y mourir en participant à ta mort. Mais – et c’est saint Paul qui nous l’a appris – « la puissance glorieuse du Père » qui t’a réveillé de la mort, maintenant nous permet de marcher sous le régime nouveau de la vie. Et que ce régime nouveau puisse donner des fruits, de jour en jour : l’amour pour le Père et, en même temps, l’amour pour nos frères et sœurs.

* Dans l’Évangile, tu nous parles d’un « simple verre d’eau fraîche », la plus urgente nécessité d’une personne qui est en chemin. Et en donnant ce simple verre d’eau nous pouvons devenir, même sans le savoir, des coopérateurs et des coopératrices de l’évangélisation. Et – tu nous l’assures – nous ne perdrons pas notre récompense. Fais de nous, Jésus notre frère, des personnes sensibles et ouvertes aux nécessités des autres.

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[1] Cf. O. Odelain et R. Séguineau, Dictionnaire des noms propres de la Bible, Cerf, Paris, 2002, p. 123, sous la voix « Élisée ».

[2] Pour cette signification de la tournure utilisée en hébreu, cf. L. Alonso Schökel (director), Diccionario bíblico hebreo-español, Editorial Trotta, Madrid, 1994, p. 389s, sous la voix « lèhèm ».

[3] Derrière l’expression « à la même époque », le texte hébreu a une tournure qui signifie, littéralement, « selon le temps de la vie » ou « selon le temps de la gestation ». Cf. M. Nobile, 1-2 Re. Nuova versione, introduzione e commento, Paoline, Milano, 2010, p. 295, note 2.

[4] Cf. F.-L. Hossfeld, Psalm 89, dans F.-L. Hossfeld – E. Zenger, Psalmen 51-100, Herder, Freiburg – Basel – Wien, 2000, p. 587.

[5] Pour l’interprétation du terme hébreu traduit avec le verbe « se redresser », cf. D. Barthélemy, Critique textuelle de l’Ancien Testament. Tome 4. Psaumes, Academic Press – Vandenhoeck & Ruprecht, Fribourg – Göttingen, 2005, p. 622s.

[6] Il s’agit de « syn-thaptomai », utilisé seulement en Rom 6,4 et Col 2,12.

[7] G. Barbaglio, Le lettere di Paolo. Traduzione e commento. Volume 2, Borla, Roma, 1980, p. 323s.

[8] Cf. R. Penna, Lettera ai Romani, II. Rm 6-11. Versione e commento, EDB, Bologna, 2006, p. 28.

[9] S. Grasso, Il Vangelo di Matteo: commento esegetico e teologico, Città Nuova, Roma, 2014, p. 346.

[10] Cf. S. Fausti, Una comunità legge il vangelo di Matteo, EBD, Bologna, 2007, p. 193.

[11] Ainsi A. Mello, Évangile selon saint Matthieu. Commentaire midrashique et narratif, Cerf, Paris, 1999, p. 197.

[12] Cf. L. Maggi, Matteo 10,34-42, dans Matteo. Nuova traduzione ecumenica commentata, a cura di E. Borghi, Edizioni terra santa, Milano, 2019, p. 120s.

[13] S. Grasso, Il Vangelo di Matteo: commento esegetico e teologico, Città Nuova, Roma, 2014, p. 348.

[14] C. M. Martini, Invocare il Padre. Preghiere, EDB, Bologna, 2012, p. 171.